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mais; les dames étrangères y sont admises. Les cafés sont des lieux de franchise pour tous ceux que les musulmans appellent des infidèles: aucun d'eux n'y est jamais insulté. Ces lieux partagent ce privilége avec les bains publics et les boutiques des barbiers *.

Les fabriques fournissent du maroquin, des étoffes de soie et de coton, des tapis, des armes, des arcs et des flèches, des ouvrages en or et en argent, et des broderies. Le commerce se fait principalement dans les bazars. Un de ces bazars, nommé Misr-Tchartchitsé, le marché égyptien, n'expose que des marchandises du Caire, surtout des minéraux et des médicamens. D'autres parties du bazar sont affectées aux joaillers et aux libraires. Les marchands de fourrures, les cordonniers, les fabricans de pipes, occupent des quartiers particuliers. Presque tout le commerce est entre les mains des Grecs, des Arméniens et des Juifs. Les Européens qui entretiennent des relations commerciales avec les musulmans sont désignés par le nom collectif de Francs, par opposition aux chrétiens nés sujets de la Porte, qu'on appelle rajas. W. S. III. Conciles de Constantinople. Dans l'histoire de l'église chrétienne, Constantinople joue un grand rôle par les conciles œcuméniques qui y furent tenus. Ce fut Théodose-le-Grand qui, après ses décrets contre les Ariens (voy.), fit convoquer le premier l'an 381, dans l'intention d'étouffer entièrement la voix des adversaires du symbole de Nicée. Cent cinquante évêques d'Orient, rassemblés à Constantinople, condamnèrent les Ariens et d'autres hérétiques; et, dans une apostille ajoutée au symbole de Nicée, ils attribuèrent au Saint-Esprit le même honneur qu'au Père et au Fils, dans la vue de ramener aux croyans orthodoxes les Macédoniens ou pneumatomaques, (*) Aux monumens qui ont été nommés dans cet article, on peut ajouter le Tsember-Tasch ou colonne cerclée, qui est ancienne et placée au milieu de la ville; la colonne du sarai, ancienne et en marbre, et surmontée d'un cube avec basreliefs; le Kris-Tasch ou colonne de la Vierge près de la mosquée du sulthan Méhémet; dans le quartier d'Albimermer on voit une statue ancienne et en marbre représentant deux jumelles, etc.

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qui avaient appliqué au Saint-Esprit la doctrine de subordination adoptée par les Ariens. Les canons de ce concile placèrent immédiatement après l'évêque de Rome celui de Constantinople, et abandonnèrent à l'empereur la décision des querelles entre les évêques d'Orient. Théodose ratifia les canons du concile et sut aussi leur donner force de loi dans les pays d'Occident. Quant aux Grecs, ils profitèrent de cette circonstance que le concile faisait procéder le Saint-Esprit du Père seulement pour exalter leur orthodoxie aux yeux des catholiques.

Le second concile de Constantinople eut lieu, par ordre de l'empereur Justinien, en 553, à l'occasion de la querelle des trois chapitres. Le nom des trois chapitres avait été donné à trois mémoires rédigés par les évêques Théodore de Mopsueste, Théodoret et Ibas d'Édesse, suspectés de Nestorianisme. Le concile, composé de 165 évêques, la plupart d'Orient, déclara ces écrits hérétiques, et exclut de la communion des fidèles Vigile, évêque de Rome, qui n'avait pas voulu condamner les trois chapitres d'une manière absolue. Il en agit de même contre plusieurs docteurs de l'église, partisans de cette opinion, même décédés, comme Origène.

Le troisième concile tenu, en 681, à Constantinople, dans le palais de Trullum (ainsi nommé à cause de son toit voûté), par ordre de l'empereur Constantin V Pogonat, et composé de 166 évêques, parmi lesquels les nonces de l'évêque de Rome Agathon exercèrent la plus grande influence, condamna la doctrine des monothélètes (sectaires suivant lesquels Jésus-Christ n'avait qu'une volonté), et déclara hérétiques les chefs de ce parti religieux. S'appuyant sur le raisonnement et la Bible, ce concile prouva par les témoignages des Pères de l'église que Jésus-Christ, s'étant fait homme, avait eu, selon ses deux natures, une volonté divine et une volonté humaine. Honorius, prédécesseur d'Agathon, fut aussi du nombre des monothélètes déclarés hérétiques.

Les deux derniers conciles n'ayant pas rédigé de canons, Justinien II en ordonna en 691 un quatrième, appelé

Quinisexta (voy. l'art. CONCILE, p. 503), parce qu'il devait compléter le cinquième et le sixième, et en même temps in Trullo, parce qu'il se tint encore dans le palais de ce nom; mais il n'est pas compté dans la série des conciles œcuméniques. Il confirma les décrets du concile précédent et établit une discipline sévère pour le clergé; mais, parmi ses canons, la détermination du rang des patriarches et la permission donnée aux prêtres de se marier choquèrent tellement l'église romaine qu'elle n'adopta pas les 105 canons de ce concile, qui sont cependant encore en vigueur dans l'église grecque.

Le cinquième concile de Constantinople, tenu en 754 par 338 évêques, ne fut point reconnu par celui de Rome et les évêques latins n'y assistèrent point. On y condamna, avec une extrême sévérité, toute adoration d'images, ce qui entraîna une foule d'exécutions d'iconolâtres; mais il perdit bientôt toute autorité par les décrets diamétralement opposés que lança le concile de Nicée en 787. Voy. ICONOCLASTES. C. L. CONSTANTINOPLE (CANAL DE ). Il en a été longuement traité au mot BOSPHORE et dans l'article ci-dessus. S.

CONSTELLATION. L'astronomie, à son berceau, n'était pas une science positive: ceux qui s'occupèrent les premiers des corps célestes croyaient pouvoir lire dans leurs mouvemens les destinées humaines. Ils se livrèrent avec ardeur à cette étude, et sentirent tout d'abord la nécessité de diviser le ciel en plusieurs parties, ne pouvant donner des noms à tous les astres. Ce sont ces groupes d'étoiles ainsi divisés que l'on appelle généralement constellations, et ce mot composé de stella et cum, signifie réunion de plusieurs étoiles. Ptolémée est le premier astronome qui nous ait transmis les noms des constellations admises à

son époque.

Le ciel est actuellement partagé en plus de cent constellations, dont une soixantaine environ appartiennent à l'hémisphère boréal. Parmi celles-ci il en est quelques-unes fort remarquables, telles que la Grande-Ourse (voy. OURSE), vulgairement appelée le Chariot de David. Cette constellation occupe dans le ciel

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un espace assez étendu et présente sept étoiles très brillantes quatre d'elles forment à peu près un carré; sur le prolongement de l'un des côtés de ce carré se trouvent les trois autres, disposées en arc et à distances égales. Ces étoiles figurent la queue et sont opposées directement aux deux premières du carré qu'on appelle les gardes, désignées en astronomie par les lettres grecques a et ß.

Si maintenant on fait passer par ces deux astres une ligne droite, on trouvera sur son prolongement l'étoile polaire, ainsi nommée parce qu'elle n'est éloignée du pôle que d'environ un degré et demi. La polaire est située à l'extrémité de la Petite-Ourse, constellation qui est semblable et parallèle à celle de la GrandeOurse, mais dans une situation renversée. Entre ces deux constellations on voit une traînée de petites étoiles qui forment la queue du Dragon. Après avoir presque enveloppé la Petite-Ourse, le Dragon va poser sa tête près d'une brillante étoile qu'on appelle a de la lyre, et se termine là par quatre étoiles disposées en losange.

En prolongeant une ligne qui passerait par les deux dernières étoiles de la queue de la Grande-Ourse on trouve la constellation du Bouvier, remarquable par une belle étoile rouge, qu'on nomme Arcturus. Plus bas est la Balance, qui n'offre rien de curieux; elle a pour voisine le Scorpion (voy.), composé de plusieurs étoiles très brillantes. A l'opposite de la Grande-Ourse, on aperçoit Cassiopée (voy.). L'intervalle compris entre ces deux constellations est divisé en deux parties égales par la polaire. Cassiopée renferme cinq étoiles remarquables dont la position représente à peu près un M très ouvert. Entre celle-ci et la Petite-Ourse on voit Céphée (voy.), qui forme un arc dont la convexité est tournée vers le Dragon.

Si l'on prolonge la diagonale du carré de la Grande-Ourse, on rencontre la tête de Persée et un peu plus loin celle de Méduse, remarquable par une étoile nommée Algol. Cette étoile, située sur la limite des deux constellations, change de lumière tous les deux jours et demi. Brillante aujourd'hui, la lumière dimi

Entre la Lyre et Céphée se montre un peu plus bas le Cygne et au-dessous l'Aigle, composé de trois étoiles en ligne droite; la plus brillante est au milieu. A gauche de l'Aigle on voit le Dauphin, sous la forme d'un petit quadrilatère. Beaucoup plus loin on aperçoit Pé

mé d'étoiles assez brillantes. L'une de ces étoiles appartient à Andromède qui s'étend jusque vers Persée. Au-dessous d'Andromède se lèvent le Triangle et le Bélier (voy.), et plus près de l'horizon, la Baleine et les Poissons. Ces derniers font partie des constellations zodiacales, qui sont le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, l'Écrevisse, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et les Poissons. Voy. ZODIAQUE.

nue graduellement jusqu'à la faire paraître une étoile de quatrième grandeur; elle augmente ensuite peu à peu jusqu'à ce qu'elle ait atteint l'éclat qu'elle avait le premier jour. Un peu plus bas se trouvent les Pléiades et les Hyades qui font partie du Taureau (voy. ces noms), dont la plus belle étoile se nomme Alde-gase, remarquable par un carré forbaran, c'est-à-dire l'œil du taureau. Audessus de cette constellation se montre le Cocher (voy.), composé de cinq étoiles; la plus brillante est la Chèvre. Inférieure ment au Cocher et au Taureau on trouve une constellation qui est sans contredit la plus remarquable de tout le ciel: c'est celle d'Orion (voy.). Elle se compose d'un grand carré formé par quatre belles étoiles; au milieu est le baudrier d'Orion, appelé vulgairement les trois Rois, ou le Rateau, ou encore le báton de Jacob. Au-dessous d'Orion, et un peu à gauche, on rencontre le GrandChien: cette constellation possède Sirius (vor.), la plus brillante de toutes les étoiles. A côté et un peu plus haut on voit le Petit-Chien, et au-dessus la constellation des Gémeaux (voy.), remarquable par deux belles étoiles, Castor et Pollux. Castor est une étoile double qui fait sa révolution dans un espace d'environ 253 ans.

En prolongeant la ligne qui passe par la polaire et les gardes de la GrandeOurse, du côté du midi, on trouve à gauche des Gémeaux la belle constellation du Lion : Régulus en est la principale étoile. Continuons à considérer le ciel du même côté, et nous trouverons près de l'horizon la Vierge, constellation très étendue, mais peu remarquable: une étoile seulement, qu'on appelle l'Épi, brille d'un éclat assez vif.

Si, par la polaire et la plus brillante du carré de la Petite-Ourse, on mène une ligne droite, elle ira rencontrer le Serpent, composé d'un grand nombre de petites étoiles. Au-dessus et à droite se trouve la Couronne formée de sept étoiles assez belles, rangées en demi-cercle. Plus haut, à gauche du Serpent, on voit Hercule, et au-dessous Ophiucus ou le Serpentaire. Hercule est plus rapproché de la Lyre et pose un de ses pieds sur la tête du Dragon,

C'est ainsi que, par des alignemens successifs, on peut reconnaître les principales constellations de notre hémisphère. Celles de l'hémisphère austral offrent généralement moins d'intérêt ; il y a cependant quelques étoiles fort brillantes, surtout dans la Croix.

En parcourant les noms des principales constellations, on voit évidemment qu'elles tirent leur origine des usages, des mœurs et des croyances des anciens peuples. Ainsi la saison des pluies et des orages était bien représentée par les Pléiades, les Hyades et le fougueux Orion. La constellation du Lion et celle du GrandChien désignaient la saison chaude de l'été. Chaque constellation en général est une allégorie ingénieuse. On pourra, pour plus de détails, consulter l'ouvrage de Dupuis sur l'Origine de tous les cultes: on y trouvera des développemens très curieux et très instructifs; on y verra surtout les idées astrologiques que les anciens rattachaient à chaque constellation, idées qui ont fait place à d'autres plus raisonnables et plus positives.E. B-D.

CONSTIPATION, du latin constipare, resserrer, boucher. La constipation est l'état d'une personne chez qui l'excrétion des matières fécales est retardée pendant un temps plus ou moins long, ce qui produit des accidens proportionnés à l'importance de la fonction entravée. Elle n'est considérée comme

maladie que quand elle sort des habitu- | ral, il vaut mieux combattre la constipation par des habitudes régulières que de la surmonter brusquement par des moyens actifs dont l'effet n'est que passager. On ne saurait trop recommander aux personnes disposées à cette infirmité de ne jamais résister au besoin de la défécation, et de tâcher au contraire d'y satisfaire à des heures fixes, de manière à établir dans cette fonction la périodicité salutaire qui se remarque dans toutes les autres. Il n'y a pas de spécifique contre la constipation, comme veulent le faire croire les charlatans: on remarque au contraire qu'il faut varier les moyens, sous peine de les voir devenir insuffiF. R. CONSTITUANTE (ASSEMBLÉE). On donne le nom de constituante à l'assemblée des États-Généraux qui se proclama nationale en 1789. Cette assemblée prit le titre de constituante, parce qu'elle anéantit les vieux principes de la monarchie et fonda les élémens d'une constitution nouvelle.

sans.

des du sujet ; mais la rétention opiniâtre des matières fécales peut reconnaître pour cause soit un obstacle mécanique à leur cours, soit une paralysie de l'intestin, soit, plus ordinairement, un état d'irritation générale, que l'on désigne avec justesse par le mot d'échauffement; elle est, dans ce cas, la conséquence d'une autre affection. Une des causes les plus fréquentes de la constipation est la vie sédentaire des gens de cabinet, surtout à cause de l'habitude qu'elle entraîne presque constamment de résister au besoin d'évacuer les résidus de la digestion. Quant à la constipation produite par certains alimens, comme les œufs, le riz, etc., elle dépend seulement de ce que ces substances ne contiennent rien que de nutritif. Quoi qu'il en soit, c'est toujours au moins une incommodité, qui❘ détermine le mal de tête et une morosité sur laquelle s'est si plaisamment égayé Voltaire. Plus tard les digestions se détériorent; enfin, lorsque la maladie est poussée à l'extrême, il survient des douleurs de ventre, et une inflammation du péritoine peut se déclarer. Rarement le mal arrive jusque là; cependant on a vu la constipation durer pendant plusieurs semaines, et l'on ne saurait croire la quantité de matières fécales endurcies qui peuvent séjourner dans les intestins. Le plus ordinairement cet état se dissipe de lui-même, par le changement de ré-pratiques dans la constitution. Elle avait gime, le renouvellement des saisons, etc. Chez les vieillards et les sujets nerveux la constipation exige quelquefois les secours de l'art, parce qu'elle se renouvelle et qu'elle tend à devenir de plus en plus considérable.

On conseille alors le régime végétal et l'abstinence des excitans, les bains, les boissons acidulées, le bouillon de veau, le bouillon aux herbes; quelques personnes se trouvent bien du lait, surtout mêlé d'un peu de café. Mais le moyen le plus direct consiste dans l'emploi des lavemens (voy.) simples ou purgatifs, dont il faut néanmoins craindre l'abus, parce qu'ils tendent à augmenter et à perpétuer le mal. Les purgatifs (voy.) produisent aussi un bon résultat, pourvu qu'on en use avec modération. En géné

Quand on apprécie les travaux de l'Assemblée constituante, il ne faut jamais les séparer de l'esprit de son époque, des difficultés de la situation, de l'effervescence des idées. On sortait du chaos: pour reconstruire, il fallait l'expérience et la sagesse. L'Assemblée constituante céda trop aux entrainemens du xvi11 siècle; elle ne mit pas assez de principes

toute la générosité de la jeunesse, ce noble entraînement pour les choses de liberté et d'imagination; elle marcha vers la perfectibilité humaine et voulut ramener la société à des proportions naturelles; elle ne tint pas assez compte des faits, des préjugés inculqués dans la vieille société française; elle fit des expériences comme à priori. Aussi faut-il toujours distinguer dans l'histoire de l'Assemblée constituante les principes qu'elle posa, et qui sont restés comme la base du droit public français, d'avec le mécanisme administratif que la loi du 28 pluviòse an VIII a complètement refondu. La plupart des principes posés par l'Assemblée constituante vivent encore dans nos lois constitutionnelles ; quant au système administratif, quel

ques-unes seulement ont survécu. On est revenu à l'unité.

Comme il serait impossible de résumer en un seul tableau l'esprit, l'histoire et les travaux de l'Assemblée constituante, nous diviserons cette esquisse en quatre parties distinctes, savoir: 1° histoire politique de l'Assemblée constituante; 2o travaux de l'Assemblée constituante; 3° personnel et portraits; 4° esprit des actes et des travaux de l'assemblée.

I. Histoire politique de l'Assemblée constituante. L'assemblée des notables, convoquée par M. de Calonne, n'ayant pas produit les résultats qu'on en avait espérés, et le parlement de Paris ayant déclaré qu'il n'avait pas le droit d'enregistrer les impôts s'ils n'étaient consentis par la nation, le roi Louis XVI se décida à convoquer les États-Généraux (voy.), vieille assemblée de la monarchie française. Ce fut le 5 mai 1789 que s'ouvrirent ces États à Versailles, et dès leur réunion une discussion vive s'engagea sur la forme, la tenue et le vote de chacun des ordres qui composaient la grande assemblée, c'est-à-dire le clergé, la noblesse et le tiers-état. Voterait-on par ordre ou par tête? L'assemblée formerait-elle trois chambres séparées, ou bien se réunirait-elle dans une commune délibération?

D'après les vieux usages, la délibération par ordres devait être préférée; elle était inhérente aux préjugés de l'ancienne monarchie. Mais, depuis, les idées avaient marché; la brochure de l'abbé Sièyes: Qu'est-ce que le tiers? avait produit une impression profonde et révélé une vérité philosophique : « Le tiers, avait dit M. Sièyes, c'est la nation. » Et l'enthousiasme public avait salué la proclamation de ce principe d'une politique

avancée.

Toutefois, l'ordre du clergé et celui de la noblesse tentèrent d'abord de se réunir dans des salles particulières, tandis que le tiers se groupait dans la salle générale, comme pour y attendre l'adhésion des deux autres ordres. Dans cette circonstance le clergé voulut se rendre médiateur; mais la noblesse refusa de se réunir. Alors le clergé proposa de nommer des commissaires conciliateurs, et,

renonçant à ses priviléges de vote, il se divisa par bailliages pour l'examen de ses cahiers (voy. ce mot).

Pendant que les commissaires conciliateurs cherchaient à effacer les différends qui existaient surtout entre l'ordre de la noblesse et le tiers, ce tiers-ordre s'organisait avec activité sous la présidence de Bailly; il formait vingt bureaux, attendant ainsi que les deux ordres fissent quelques démarches pour se rapprocher de lui.

On vérifiait les pouvoirs, lorsque trois curés de Poitou, désertant leur ordre, vinrent déposer leurs titres et se faire vérifier par le tiers. Ce fut la première défection parmi les privilégiés. Le 16 juin, l'abbé Sièyes proposa de se constituer en assemblée nationale, motion qui fut adoptée le lendemain. Quand cette attitude dessinée fut une fois bien prise, la majorité du clergé vota spontanément la réunion au tiers, ce qui détermina le coup d'état du 29 juin, c'est-àdire la fermeture de la salle ordinaire où se réunissait l'assemblée.

Ici se place cette puissante réunion du Jeu de Paume (voy.), le serment prêté par tous de ne se dissoudre qu'après avoir donné une constitution à la France. Le 21 juin eut lieu la séance royale, où Louis XVI, avec toute la majesté du trône, vint casser les arrêtés du tiers; il était trop tard. Le tiers s'était constitué; il avait déclaré la personne des députés inviolable, et Mirabeau avait dit à M. de Dreux- Brézé ces paroles fameuses qui retentiront dans la postérité : « Nous sommes ici par la volonté du peuple, etc... » L'Assemblée nationale continua ses travaux sans s'arrêter aux actes de la cour. La majorité du clergé avait persisté dans sa réunion; 47 membres de la noblesse, ayant à leur tête le duc d'Orléans, vinrent saluer aussi le pouvoir de l'Assemblée nationale. Bientôt la réunion des trois ordres eut lieu: l'impulsion était donnée. Les idées tendaient à une chambre unique; la pondération des pouvoirs n'était point comprise encore. Le 30 juin il n'y avait plus d'États-Généraux, mais une Assemblée nationale et constituante, possédant la plénitude de tous les pouvoirs. La présidence fut déférée au duc

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