«sentant de la nation c'est l'Empereur; après l'empereur c'est le Sénat; après le sénat le « conseil d'État, et ensuite le corps législatif; «< car s'il y avait un corps représentant la nation, «ce corps serait souverain. La Convention, et « même le corps législatif (qui lui a succédé) « ont été représentans l'un comme l'autre. Nos « malheurs sont venus en partie de cette exagé«ration d'idées. Ce serait une prétention crimi« nelle que de vouloir représenter la nation avant «l'empereur. Le corps législatif, improprement appelé de ce nom, devrait être appelé conseil «législatif, puisqu'il n'a pas la faculté de faire « des lois. Dans l'ordre de toute hiérarchie cons<< titutionnelle, le premier représentant de la na<<tion est l'empereur, et ses ministres organes de « ses décisions; la seconde autorité représenta«tive est le sénat, la troisième le conseil d'état, « qui de véritables attributions législatives; le « conseil législatif a le quatrième rang. Tout ren«trerait dans le désordre si d'autres idées cons« titutionnelles venaient pervertir les idées de nos « constitutions monarchiques. ». Un des ministres prussiens les plus distingués disait en lisant ce passage du Moniteur : « Ce qu'il « y a de curieux à remarquer dans les affaires de « France, c'est la facilité avec laquelle les hom " <mes se laissent bien plus entraîner par les mots que par les choses. La contre-révolution, par exemple, offrit long-temps aux imaginations effrayées l'image de tous les maux, et elle vient « de s'opérer complètement, sans le plus léger << obstacle, sans que personne s'en aperçût; << sans que ceux qui la redoutaient sachent peut« être aujourd'hui qu'elle est faite.» Passons maintenant aux affaires de Prusse, de Russie et de Suède, avant de tracer le tableau des événemens d'un ordre majeur dont l'Autriche, l'Italie et l'Espagne allaient devenir le théâtre. 1809. Voyage du roi de Prusse à Saint-Pétersbourg, Ordonnances fiscales relatives à la liquidation avec la France. Irritation. Désir Affaires de Suède. Gustave III. de la guerre. Naissance de Gustave-Adolphe. Son éducation. Ses opinions. Attaques par les Russes et les Danois. Proclamations du comte Buxhowden. Déclaration de guerre du Danemarck et de la Prusse. Le roi. Ré ponse du roi de Suède. Alopoeus. Bodisco. Kanikoff. Conjuration. Brown. Perceval et Canning se refusent à protéger les conjurés. Les troupes se révoltent. Gustave est arrêté. Pamphlet justificatif des conjurés. La Suède traite avec la Russie, le Danemarck et la France. Accède au système continental.—Se donne une nouvelle constitution. Guerre des Russes en Turquie. Le dernier des Ottomans. Effet de cette révolution. Autriche. Rupture apparente de l'Autriche et de l'Angleterre.-Rapprochement de ces deux cabinets. L'Autriche menacée de nou Négociations. Le prince de Sa famille. Son caractère. Metternich. Son caractère. L'ambassadeur de France quitte Vienne. Proclamation de l'archiduc Charles. Son adresse aux volontaires de Vienne. Manifeste de l'Autriche. Réponse de Napoléon. Nouvelles proclamations de l'archiduc Charles. Déclaration de guerre de l'Autriche. - Loi révolutionnaire contre les absens. Napoléon expose incomplètement les négociations antérieures à la rupture.— Trahison du commissaire autrichien. -Les hostilités sont dénoncées en Autriche, en Pologne, Vicieuses dispositions de Berthier. Italie. en Armée Il arrive à Bataille d'As pern ou d'Essling. - Marche des Russes, des archiducs Ferdinand et Jean. la Prusse. · Elle est sans résultat. Négociation avec Autres insurrections étouffées. Chasteler. Insurrection de Schulmeister. Jamais année n'avait été aussi fertile en événemens d'un ordre majeur que celle de 1808, dont nous venons de tracer l'esquisse politique et militaire; l'année 1809 ne sera pas moins fé¬ conde en catastrophes éminemment remarquables, car elle présente en regard cette Angleterre, si active à susciter des ennemis à Napoléon, le détrônement du roi de Suède, le dernier des princes de race ottomane monté sur le trône de Constantinople, les nouveaux et brillans triomphes de Napoléon sur l'Autriche, qui ne sauve les débris d'un sceptre brisé que par les plus pénibles sacrifices personnels, le premier échec militaire éprouvé par le plus grand capitaine contem→ porain, l'usurpation de l'État pontifical, dont l'effet sera de relever en Espagne les esprits récemment abattus, et de prononcer l'arrêt de mort de trois à quatre cent mille Français; enfin la séparation des colonies espagnoles d'outre-mer, au profit de l'Angleterre seule, et l'accroissement de ces sociétés secrètes germaniques, propres bien plus à préparer et à seconder un mouvement libérateur de l'Europe qu'à le produire. Nous allons donc passer en revue ces divers objets, mais commençons par parler du voyage que le roi et la reine de Prusse firent à Saint-Pétersbourg au moment où Berlin attendait leur retour, et les appelait de tous ses vœux. Ce voyage, entrepris à l'époque même où la cour de Vienne, se préparant à une guerre qu'elle regardait comme inévitable, pressentait à cet égard les intentions des différens cabinets, en même temps qu'elle ne restait pas étrangère à la fermentation générale des esprits, et qu'elle correspondait par les agens du ministre Stadion avec ceux de Stein; ce voyage, disons-nous, prenait aux yeux de tous une couleur politique dont à la vérité il n'était pas totalement exempt. Tel était alors l'abaissement de la monarchie du grand Frédéric, que Frédéric-Guillaume se crut obligé de notifier, le 17 décembre 1808, par ses ambas |