Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

crime puissant, enfanta le Tugend-Bund pour résister à l'oppression; enfin cette religion du secret pour toute confédération qu'il croit juste.

Ne parlons ici ni des folies immorales de Weisshaupt, ni de celles assez niaises de Bichofwerder; celles-ci n'étaient que ridicules et le ridicule en fit justice; celles-là eussent bouleversé la société et l'indignation publique les flétrit. Cependant, si les esprits n'étaient pas séduits, ils étaient du moins émus, et cet état de choses pouvait produire des résultats sérieux. Aussi, dès que Napoléon eut subjugué les princes par l'ambition, les courtisans par la cupidité, les agitateurs par de vaniteuses espérances, et que tout cela eut abouti à l'humiliation des rois et à laruine des peuples, tout ce qu'il y avait de puissance dans l'illuminisme, et de noblesse dans les amis de la vertu fit explosion; nous en avons déjà vu les effets dans des insurrections partielles, sans unité, sans liens. Il fallait donc régler ces mouvemens subits et inconsidérés, les calmer même jusqu'au temps favorable à leurs succès. Voilà ce que pensèrent et exécutèrent deux hommes supérieurs, Stein et Stadion: celui-ci avec la prudence, qui le caractérisait et qui eût voulu laisser s'user son ennemi; celui-là avec une verve de haine qui ambitionnait de le frapper dans sa force. Stein y travailla donc sans relâche,

et c'est pour cela qu'il avait cherché à satisfaire les intérêts, les passions et les vanités de l'ordre intermédiaire; c'est pour cela aussi qu'il ne cessa de réchauffer le patriotisme de toutes les classes sociales. Mais il fallait un centre d'union qui n'éveillât pas un ennemi soupçonneux. L'illuminisme était déshonoré; la franche-maçonnerie avait l'inconvénient d'offrir nombre d'individus étrangers à la ligue teutonique, suspects et peutêtre nuisibles; cependant, faute de mieux, on la choisit d'abord, car il fallait un noyau et elle le procurait. Le fougueux Blücher fut un des premiers adeptes; son influence sur l'armée l'en rendait un membre précieux; le général Gneisenau, officier des plus distingués, et le ministre de la guerre Scharnhorst s'y affilièrent; le prince de Wittengstein, malgré sa timide prudence, en fit également partie; l'exalté docteur Jahn, avec son aspect cynique et son éloquence agreste, lui faisait des partisans dans ses courses vagabondes à travers la forêt de Thuringe, les montagnes escarpées et les recoins les plus obscurs de ces contrées; le partisan Schill ne fut pas des derniers à s'y réunir. Mais comme le roi craignait de compromettre lui et son peuple; que la cour était partagée entre des créatures de Napoléon, des conseillers timides et les partisans zélés du

Tugend-Bund; que ceux-ci avaient à redouter et les premiers, et même certains fidèles serviteurs du monarque, tels que M. de Schuckmann, qui s'effrayait de tout ce qui pouvait nuire à une sage temporisation; enfin comme, dans le premier choix desinitiés, l'on n'avait pas été assez sévère, il fallut recourir à une organisation modelée sur celle des sociétés secrètes d'Irlande en 1791. Le Tugend-Bund eut alors un comité central et des comités provinciaux; ces derniers n'avaient entre eux aucuns rapports; ils ne reconnaissaient, dans leur sphère d'activité au-dessous d'eux, que des associations particulières, et au-dessus que le comité central. La noblesse immédiate, dont la Confédération du Rhin avait anéanti le pouvoir, et tout ce qui existait de basse démocratie, ennemie invétérée de Napoléon, s'y jetèrent, ainsi que la faction anglaise, recrutée des négocians irrités du décret de Berlin. Les jeunes gens s'y portèrent avec toute l'ardeur de leur âge et s'exaltèrent dans la discussion des questions les plus épineuses sur le droit politique des nations et en particulier sur celui d'Allemagne. Avec des élémens si divers on marchait cependant vers un but commun; car les conjurés de toute espèce ne se divisent jamais qu'après la victoire; on espérait, après l'avoir obtenue par eux, en jouir en dépit d'eux.

[ocr errors]

Stein envisageait avant tout l'affranchissement de l'Allemagne et les moyens propres à l'obtenir, rassuré sur tous résultats ultérieurement funestes par la certitude que l'esprit révolutionnaire n'avait point pénétré dans les masses. Enfin l'espérance fit place à la crainte, le courage à l'abattement, le patriotisme à une coupable indifférence. Voilà ce qu'en peu de mois le baron de Stein avait péré, secondé dans ses efforts par l'oppression générale que Napoléon faisait peser sur les peuples, pour réaliser son prétendu blocus de l'Angleterre. Tel était l'état des choses à l'époque où nous sommes parvenus; nous nous y arrêterons et nous en exposerons plus tard les, presque miraculeux effets. Quittons donc les contrées septentrionales pour considérer les résultats produits aussi par ce faux système au Midi de l'Europe.

[ocr errors]

Système continental. - Projets contre la Péninsule. Intrigues de Godoi. — Il désavoue ses proclamations.Combinaison contre l'Espagne. Conduite de Talleyrand. - Ruses de Napoléon. - Le prince de la Paix. Le prince des Asturies. Charles IV. - Ferdinand. -Son épouse. Mort de cette princesse. - Traité de Fontainebleau. Ses stipulations.- Conventions accessoires.-Expédition de Portugal.-Lanne refuse. —

[ocr errors]
[ocr errors]

- Son caractère. - Ses instructions.

[ocr errors]

Junot accepte. Notification faite au Portugal. Secours offerts par l'Angleterre. On les refuse. On veut négocier. — Situation critique. Le prince régent.-Son caractère. Marche de Junot.

[ocr errors]

- Ses proclamations.

marche. — Incurie du régent. l'entendre. Départ du

Regrets du peuple.

- Sa

Barreto. Refus de

prince régent pour le Brésil.

Arrivée de Junot. Sa fu

[ocr errors]

reur de manquer sa proie. Escadre russe. Effet de l'émigration du prince régent. — Elle sauve les colonies et favorise l'Angleterre. La flotte part. Forces de Junot. Arrivée de ses troupes.

[ocr errors][merged small][merged small]

Il remplace le drapeau portugais par le drapeau français. Consternation. - Ordres sévères.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Séquestre des biens des absens. Affaires de l'Espagne. - Prison du prince des Asturies. - Vues de Napoléon. — Révolution d'Aranjuez. Voyage du roi à Bayonne.Lettre de Napoléon infidèlement publiée. Intrigue de Bayonne. - Scène

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors]
« PreviousContinue »