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No 135

LE GÉNÉRAL NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 16 mai 1866.

L'entente, entre la France, l'Angleterre et la Russie est très-probable, mais pas faite.

Ce n'est qu'aujourd'hui que Drouyn de Lhuys communique à Londres et à Saint-Pétersbourg la formule de la proposition du Congrès. La proposition est celle-ci :

Le Congrès se réunirait à Paris, serait composé des représentants d'Italie, France, Angleterre, Autriche, Prusse, Russie, et d'un représentant de la Confédération-Germanique.

Le Congrès examinerait trois questions: Vénétie, duchés et réforme de la Confédération.

Aucune proposition n'est proposée d'avance.

Jusqu'à présent, on ignore encore la réponse de l'Autriche.

N° 136

Signé NIGRA.

LE MARQUIS D'AZEGLIO AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

J'ai vu lord Clarendon à l'instant.

Londres, le 17 mai 1866.

Il allait délibérer en conseil sur l'opportunité d'adresser à Vienne et à Berlin une communication relative au Congrès.

D'après une conférence d'hier à Paris, les prédilections pour l'Autriche reparaissent, au moment d'imposer à l'Autriche la responsabilité du refus.

Nouvelles de Berlin sont moins à la guerre.

Il a (Clarendon) paru douter plus que jamais du succès de cette démarche.

Je lui ai rendu compte de la dépêche du 12, qui n'a plus soulevé d'observation.

Signé D'AZEGLIO.

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Govone arrivé m'a mis au courant de votre manière de voir (ne pas abandonner la Prusse).

Je la partage complétement, excepté que je préférerais aux chances de la guerre une solution obtenue pacifiquement et honorablement. Le Congrès devient douteux.

Ne 138

Signé: NIGRA.

LE COMTE D'USEDOM AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Florence, le 17 mai 1866.

Goltz écrit que la réunion de Cowley, Budberg, chez Drouyn de Lhuys, par rapport au Congrès, n'a eu aucun résultat.

Les deux premiers ont trouvé les propositions du dernier trop vagues, et ils demandent des instructions à leurs cours.

D'ailleurs, c'est surtout l'Autriche, à ce qu'il paraît, qui nous sauvera du Congrès, en refusant d'y traiter les trois questions connues. Du moins Werther le dit.

Signé: D'USEDOM.

No 139

LE COMTE D'USEDOM AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Florence, le 17 mai 1866.

La conférence préalable des ambassadeurs d'Angleterre et de Russie

n'ayant eu aucun résultat, il paraît qu'on propose maintenant le désarmement général comme un commencement du Congrès.

Cette idée ayant été rejetée à Vienne ne paraît non plus acceptable au comte de Bismarck. Il est d'avis que les négociations, après le rétablissement du pied de paix, ne pourraient aboutir qu'au statu quo ante, c'est-à-dire à rien.

Toutefois, il me charge de demander là-dessus l'opinion de Votre Excellence, comme j'ai l'honneur de le faire.

Signé D'USEDOM.

No 140

LE COMTE D'USEDOM AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Villa Capponi, le 18 mai 1866.

J'ai télégraphié immédiatement à Berlin, que Votre Excellence avait accepté dès le 8 mai le Congrès, mais sous condition de ne pas désarmer.

Le comte de Bismarck sera satisfait de cette condition, mais je n'ai pu lui donner aucun éclaircissement du fait que cette ouverture s'est adressée à tous les représentants de et près les cours européennes, tandis que depuis dix jours la Prusse n'en savait rien.

Signé: D'USEDOM.

No 141

LE COLONEL DRIQUET AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 17 mai 1866.

Ce matin, je me suis rendu chez le général de Moltke pour lui communiquer quelques informations sur les armements de l'Autriche dans la Vénétie. Mes communications furent accueillies avec plaisir, et le général me promit à son tour de m'informer de tout ce qui arriverait à sa connaissance sur ce sujet.

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Le bruit court, reprit-il, que l'Italie s'est arrangée avec l'Autriche. L'empereur d'Autriche aurait offert les limites du Rhin à Napoléon III, afin que l'Italie ne prenne pas part à la lutte, ce à quoi celle-ci se serait engagée, pourvu qu'elle obtienne la Vénétie. L'Autriche serait indemnisée en reprenant la Silésie et en détruisant la puissance prussienne.

Quoiqu'il me semble peu probable, poursuivit le général, que l'Autriche veuille céder, moyennant compensation, la Vénétie, en présence d'une puissance armée, je ne puis me dissimuler que pour nous il s'agit d'une guerre qui doit décider de notre existence.

L'Autriche n'a jamais armé aussi fort qu'elle arme aujourd'hui. Elle a formé les cinquièmes bataillons dans tous les régiments, et l'on dit qu'elle veut en former le sixième.

De notre côté, nous faisons tous les efforts que nous pouvons, et nous appelons en ligne jusqu'à la cavalerie de la landwehr.

Je demandai au général si la Prusse appelait sous les armes ce que l'on appelle vulgairement le second ban de la landwehr...

Après avoir rapporté ainsi en résumé à Votre Excellence la conversation que j'ai eue avec M. le général de Moltke, j'ai l'honneur d'ajouter que la mobilisation de l'armée prussienne marche avec la plus grande activité, et en même temps avec la plus grande régularité.

Signé DRIQUET.

No 142

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 19 mai 1866.

Bismarck me dit à l'instant que Prusse accepte Congrès proposé par France, Angleterre, Russie, mais sans désarmement.

Il pense que l'Autriche reviendra sur son premier refus.

Si elle accepte aussi, tout cela, a-t-il dit, ne nous mène à rien. Seulement, nous aurons le temps de terminer nos armements, et nous partirons du Congrès pour la guerre.

L'état financier de l'Autriche l'obligera à nous attaquer, et si, comme ses mouvements semblent l'indiquer, elle entre en Saxe, nous entrerons également, et la lutte commence.

Quant à ce qui se passe à Francfort, il ne faut pas trop s'en préoccuper, Il y a un mouvement d'hésitation chez les Etats secondaires, et nous espérons obtenir de quelques-uns une déclaration de neutralité.

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Les réponses de l'Angleterre et de la Russie sur le Congrès sont favorables.

La proposition aux autres puissances sera faite bientôt.

Signé NIGRA.

No 144

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Paris, le 20 mai 1866.

Jusqu'à présent on n'a rien reçu de Vienne à l'égard du Congrès. La question de compensation est la pierre d'achoppement.

Govone est parti.

Je suivrai les instructions qu'il m'a portées de votre part.

Je ferai le possible pour décider l'Empereur à une entente avec la Prusse et nous.

Signé: NIGRA.

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