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la déclaration du comte de Bismarck relative aux tentatives que dans ces derniers jours a encore fait le roi Guillaume en vue d'un arrangement pacifique avec l'Autriche, et de celles qui sont toujours pendantes. Les unes ou les autres peuvent difficilement réussir, c'est vrai; mais la seule possibilité, quoique éloignée, d'un tel arrangement, doit faire réfléchir sérieusement l'Italie, et lui en faire mesurer de bonne heure les conséquences incalculables.

Signé: GOVONE.

No 184

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 3 juin 1866.

Bismarck m'a dit que ce n'était point en son nom qu'il avait fait demander par le comte d'Usedom s'il était vrai que nous attaquions le 10, mais que c'était simplement pour répondre à un bruit semblable que lui avait transmis.....

Malgré ces explications, il n'en est pas moins certain que le comte de Bismarck cherche par tous les moyens possibles à nous faire prendre l'initiative. Il m'a renouvelé pressantes instances à ce sujet.....

Je lui ai répondu par l'exposé des motifs de Votre Excellence, en ajoutant que la violation du Traité de Gastein, la récente déclaration de l'Autriche de soumettre la question des Duchés à la Diète de Francfort, me paraissaient fournir un casus belli parfaitement justifié.

Le comte de Bismarck n'en a pas disconvenu; seulement il attendra de connaître par d'exacts rapports la réponse autrichienne, par rapport au Congrès, pour déclarer à l'Autriche que sa démarche à Francfort était une violation de Gastein, créée par suite du rétablissement de l'anarchique possession commune.

Bismarck dit Prusse allait occuper également le Holstein. Bismarck compte beaucoup sur mise à exécution de cette résolution pour amener les hostilités. En attendant, il a donné ordre au ministre de Prusse à Paris d'insister auprès du gouvernement français pour faire considérer toute réserve de l'Autriche comme un refus radicalement incompatible avec la réunion du Congrès.

Signé BARRAL.

No 185

LE COMTE DE LAUNAY AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Saint-Pétersbourg, le 3 juin 1866.

Aujourd'hui les nouvelles atténuent celles d'hier. L'Autriche semble ne pas faire de sa déclaration une question préjudicielle; s'étonne, s'agissant du différend italien, qu'un délégué du Pape n'ait pas été invité à la Conférence. Stackelberg paraît croire que le cabinet autrichien veut la guerre.

Autriche aura 370,000 hommes vers les frontières prussiennes.

L'ambassadeur de France a été chargé de s'unir à l'ambassadeur de Prusse pour hâter la réunion de la Conférence.

Le prince Gortschakoff n'espère presque plus qu'elle se réunisse.

Signé LAUNAY.

No 186

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU CHEVALIER NIGRA A PARIS

Florence, le 3 juin 1866.

Je crois devoir vous avertir que, sur les difficultés que soulève l'attitude de l'Autriche, on semble mieux informé à Pétersbourg et à Londres que vous ne paraissez l'être à Paris.

Azeglio me télégraphie que les ambassadeurs d'Autriche, à Paris et à Londres, ayant fait connaître hier intention de leur gouvernement de rayer question vénitienne des délibérations, lord Clarendon a télégraphié à Vienne qu'à Paris comme à Londres on regarde la chose comme empêchement à la Conférence, dont un des buts essentiels serait manqué.

La raison de l'attitude récalcitrante de l'Autriche est sans doute qu'elle a réussi à donner une idée exagérée de ses forces. Ainsi, d'après ce que Launay me mande, l'Autriche aurait fait croire à Pétersbourg

qu'elle a 370,000 hommes à la frontière prussienne, tandis que je sais qu'elle a peine à en réunir 200,000 de ce côté-là.

Quant à nous, je tiens à ce que vous disiez à l'Empereur que nonseulement nous ne craignons pas les forces autrichiennes qui sont en Italie, mais que nous nous sentons assez forts pour entrer dans le Quadrilatère, et, si l'Empereur n'y voit pas d'inconvénients, nous pourrions nous avancer près de la frontière, bien entendu sans la dépasser.

Signé LA MARMORA.

N° 187

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 4 juin 1866.

Je fais de mon mieux pour vous informer exactement; mais je ne puis vous dire que ce que j'ai appris par Drouyn de Lhuys.

Je vous prie de ne pas oublier que je ne puis pas aller chaque jour chez l'Empereur, privilége qui n'est réservé qu'aux ambassadeurs. Je vous répète que la réponse de l'Autriche n'est arrivée qu'hier.

Je ne verrai Drouyn de Lhuys qu'aujourd'hui.

La réponse autrichienne réserve question vénitienne. Le Congrès est donc retardé et probablement n'aura pas lieu.

Je crois qu'en faisant un mouvement en avant vous commettriez une faute, à moins que vous ne soyiez décidé à prendre l'initiative de la guerre ce que je ne conseillerai pas.

En tout cas, veuillez songer que, si on demande conseil à l'Empereur, on ne pourra pas convenablement faire le contraire de ce qu'il aura conseillé.

Signé NIGRA.

No 188

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 4 juin 1866.

Drouyn de Lhuys vient de me dire à l'instant que la réponse de l'Au

triche rend la Conférence impossible.

Je vous télégraphierai le reste dans la journée.

Signé: NIGRA.

No 189

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 4 juin 1866.

Ce n'est qu'hier au soir que Drouyn de Lhuys a eu communication de la réponse autrichienne, dont il avait été informé comme vous de Londres et Pétersbourg avant que par Vienne.

En présence de cette réponse, le prince Gortschakoff et lord Clarendon ont déclaré le Congrès impossible.

Drouyn de Lhuys vient d'en faire autant. Il télégraphie aujourd'hui aux représentants de France que, du moment où l'Autriche a déféré la question des Duchés à la Diète germanique et exclu la question Vénitienne, et que la question de la Réforme fédérale n'est qu'éventuelle, la Conférence ne pourrait plus se réunir utilement; que la France se dégage et rend justice à l'esprit de conciliation et d'empressement des autres puissances.

L'Empereur est furieux contre l'Autriche.

Drouyn de Lhuys conseille de ne faire aucun mouvement en avant, et il m'assure que tel était l'avis de l'Empereur.

Goltz m'a dit que les hostilités en Allemagne commenceraient par l'occupation du Holstein.

Signé NIGRA.

No 190

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 4 juin 1866.

L'ambassadeur de France a reçu de son gouvernement un télégramme annonçant que l'Autriche est décidée à maintenir ses réserves, excluant toute cession de Vénétie et remaniement territorial.

Les cabinets de Londres et de Pétersbourg avaient reconnu avec la France que le Congrès n'avait plus d'utilité pratique.

Une note vient d'être expédiée par la Prusse à Vienne pour protester contre la proposition faite à Francfort et annonçant que le Traité de Gastein étant rompu et l'ancienne division des Duchés rétablie, les troupes prussiennes allaient entrer pacifiquement dans le Holstein. Or, comme l'Autriche en envoie elle-même pour renforcer sa pɔsition, conflit devient fort probable.

De toute manière, guerre est inévitable, et le moment de nous préparer est, je crois, arrivé.

N° 191

Signé BARRAL.

LE COMTE RATI AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Francfort, le 4 juin 1866.

Dans la réponse d'acceptation à l'invitation des trois cours, la Diète :

1o Réserve la question du Holstein comme question allemande; 2o Réserve la question de la Réforme comme question intérieure ; 3o Déclare la question italienne comme Intéressant les intérêts allemands.

Signé: RATI.

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