Page images
PDF
EPUB

N° 246

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU COMTE DE BARRAL ▲ BERLIN

Florence, le 17 juin 1866.

Reçu votre télégramme.

Je

pars immédiatement pour l'armée.

Le Roi s'y rendra dans deux jours.

Comme je ne doute pas que les hostilités soient réellement commencées, ainsi que vous l'annoncez de la part du comte de Bismarck, fidèles au traité nous déclarerons demain la guerre à l'Autriche.

Signé LA MARMORA.

No 247

M. JACINI AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Florence, le 18 juin 1866.

Sa Majesté me charge de vous dire qu'il n'y a pas ici de nouvelles précises de l'étranger, et que, par conséquent, il vaut mieux, pour le moment, suspendre l'envoi de la déclaration de guerre.

Le ministère n'est pas encore entièrement constitué.
.Aussitôt que nous aurons des nouvelles; vous serez prévenu.

Signé: JACINI.

Ne 248

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA A M. JACINI

Florence, le 18 juin 1866.

Dites au Roi que je n'enverrai pas de déclaration de guerre avant qu'il ne m'en donne l'ordre.

Il convient de voir que la Prusse ne nous puisse accuser de manquer à nos engagements.

[merged small][ocr errors]

No 249

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA A M. JACINI

Crémone, le 19 juin 1866.

J'ai reçu vos télégrammes.

Il me semble qu'on ne peut plus se passer d'envoyer la déclaration

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Reçu votre télégramme. Si je ne reçois pas ordre du Roi, j'enverrai demain la déclaration de guerre à Mantoue.

J'enverrai ce soir à Florence texte exact de la déclaration pour être inséré demain dans la Gazette officielle.

N° 251

Signé LA MARMORA.

LE ROI VICTOR-EMMANUEL AU MINISTRE DE LA GUERRE

Florence, le 19 juin 1866

Envoyez demain la déclaration de guerre à l'Autriche.

Signé VICTOR-EMMANUEL.

N° 252

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU MINISTRE DE LA GUERRE

Crémone, le 20 juin 1866.

Ce matin a été remise la déclaration de guerre à Mantoue par le colonel Bariola.

Tous les corps de l'armée et la flotte ont été avertis que les hostilités commenceraient le 23 au matin.

Le texte de la déclaration a été envoyé hier au soir au ministre Jacini.

Signé LA MARMORA.

N° 253

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA A L'ARCHIDUC ALBERT, COMMANDANT EN CHEF DES TROUPES AUTRICHIENNES EN VÉNÉTIE

Quartier général de Crémone, le 20 juin 1866.

L'empire d'Autriche a plus que tout autre contribué à tenir l'Italie dans la division et l'oppression, et a été cause des dommages matériels et moraux incalculables qu'elle a dû souffrir depuis plusieurs siècles. Aujourd'hui encore que 22 millions d'Italiens se sont constitués en nation, l'Autriche seule, parmi les grands Etats du monde civilisé, s'est refusée à la reconnaître.

Tenant encore dans ce moment dans l'esclavage l'une de nos plus nobles provinces, il l'a transformée en un vaste camp retranché, d'où il menace notre existence et rend impossible notre développement politiqué intérieur et extérieur.

Les tentatives et les conseils de puissances amies sont restés vains dans ces dernières années pour remédier à cet état de choses intolérable. Il était donc inévitable que l'Italie et l'Autriche ne se trouvassent en présence à la première apparition d'une complication européenne.

L'initiative que l'Autriche a. prise récemment à armer, et le rejet qu'elle oppose aux propositions pacifiques des trois grandes puissances, ont découvert au monde entier combien ses desseins étaient hostiles, et ont ému l'Italie d'un bout à l'autre.

C'est pour cela que Sa Majesté notre Roi, jaloux des droits de son peuple et défenseur de l'intégrité nationale, croit devoir déclarer la guerre à l'empereur d'Autriche.

Ainsi, sur l'ordre de mon Auguste Souverain, je signifie à Votre Altesse Impériale, comme commandant des troupes autrichiennes en Vénétie, que les hostilités commenceront trois jours après la date de la présente, à moins que Votre Altesse Impériale ne voulût pas adhérer à ce délai, dans lequel cas je la prierais de vouloir bien me le faire savoir.

Le général d'armée,

chef d'état-major de l'armée italienne,

Signé ALPHONSE LA MARMORA.

No 254

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA A M. JACINI

Crémone, le 19 juin 1866.

J'ai reçu aujourd'hui la lettre du ministre d'Usedom... Il dit que je n'ai pas le temps de lui répondre; mais la vérité est que si je lui avais répondu j'aurais dû lui dire des choses assez désagréables, et cela ne convient pas pour le moment. D'ailleurs, j'espère que les faits ne tarderont pas à nous donner raison.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

Le Soussigné, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. le roi de Prusse, a l'honneur de présenter à S. Exc. M. le général La Marmora, président.du Conseil et ministre des affaires étrangères, les observations suivantes :

En peu de jours, l'Italie et la Prusse, dans leur cause commune contre l'Autriche, en appelleront à la décision des armes. Le gouver

[ocr errors]

nement du Roi, mon Auguste Maître, croit par conséquent de toute urgence d'établir dès à présent entre leurs mouvements militaires l'entente la plus stricte et la coopération la plus efficace. Si une action en commun et sur le même théâtre de guerre leur est interdite par les distances dans le commencement, il faudra chercher à y suppléer par la simultanéité des coups qu'on portera. Ainsi attaquée, l'Autriche devra d'abord partager ses forces: elle ne pourra jamais se servir des mêmes réserves, tantôt contre l'une, tantôt contre l'autre partie. Enfin, les coups portés se feront sentir, non-seulement sur le champ de bataille, mais au loin.

En premier lieu, le gouvernement du Roi est persuadé que le commencement des hostilités en Allemagne sera suivi immédiatement de la déclaration de guerre italienne. La Prusse connaît trop les sentiments de loyauté qui animent le gouvernement du roi Victor-Emmanuel pour en douter. Mais cette solidarité et simultanéité d'action, devront, selon les vues du gouvernement prussien, se continuer et se reproduire dans tout le cours de la campagne; en bons alliés, les deux puissances devront vouer à leurs opérations respectives un intérêt constant et réciproque. Cette tendance sera approuvée et partagée, comme la Prusse aime à le supposer, de la part du gouvernement italien.

Le système de guerre pour la campagne prochaine, que la Prusse propose à l'Italie, est celui d'une guerre à fond. Si au commencement le sort des armes leur était propice, les deux alliés ne s'arrêteraient point aux obstacles intermédiaires : ils chercheront plutôt à pousser leur adversaire dans ses derniers retranchements et jusqu'à ses dernières ressources. Ils ne se contenteraient pas, après une victoire, d'occuper tel territoire qu'une paix favorable pourra leur faire garder. Au contraire, et sans égard pour la configuration territoriale future, ils tâcheront avant tout de rendre la victoire définitive, complète et irrévocable. Une telle défaite infligée à l'adversaire par leurs efforts réunis, leur donnerait, à chacun dans sa sphèrə, un ascendant moral et politique infiniment supérieur au gain matériel qui devrait également en résulter.

Ainsi, la Prusse ne devrait pas songer aux obstacles que la nature ou l'art oppose depuis Lintz jusqu'à Cracovie: elle poussera résolûment vers Vienne les succès qu'elle pourra obtenir.

Quant aux opérations analogues des forces italiennes, on ne s'occuperait pas à faire le siége du Quadrilatère: on préférerait de le traverser ou de le tourner pour battre l'armée ennemie en rase campagne. Il y a peu de doute que, vu surtout les proportions numériques, l'armée italienne se trouvera en peu de temps en possession du pays vénétien, Venise, Vérone et Mantoue exceptées, et dont les garnisons, il est

« PreviousContinue »