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bourgs et fait travailler les habitants au perfectionnement de toutes les défenses extérieures. Cette mesure de précaution n'était point intempestive, car à peine les travaux dont nous parlons étaient-ils achevés, que l'armée française, déjà sur la Vistule, menaçait de faire le siége de Dantzig, l'une des places de la Prusse dont la prise importait le plus à Napoléon, en ce qu'elle offrait à sa ligne d'opérations un excellent appui, et que sa garnison nombreuse pouvait inquiéter les derrières de l'armée.

Nous avons dit que le 10 corps de la grande armée était destiné au siége de Dantzig et des places de Graudenz et Colberg. Il se composait des divisions polonaises sous les ordres du général Dombrowsky, du contingent du grand-duché de Bade, d'un corps saxon, de la division des troupes italiennes aux ordres du général Teulié, enfin de troupes françaises de différentes armes.

Au 1er février, les troupes du général Dombrowsky s'étaient seules approchées de Dantzig, et avaient pris position à Mewe, sur la rive gauche de la Vistule. Le général Mesnard, qui commandait le corps badois, arriva sur le même point vers le milieu du mois et repoussa un détachement de la garnison de Dantzig qui était venu de Dirschau à sa rencontre. Le général Dombrowsky, ainsi renforcé à Mewe, résolut de se débarrasser, par une affaire sérieuse et décisive, des attaques continuelles faites sur lui par les troupes prussiennes de la garnison de Dantzig qui occupaient une position avantageuse à Dirschau et aux environs.

Après avoir commencé par une reconnaissance faite dans la direction de Gremblin par le colonel Dombrowsky son fils à la tête d'un régiment de cavalerie, de quatre compagnies de chasseurs et de deux pièces de canon, le général polonais mit toutes ses troupes en mouvement, le 23 février, et donna au général Mesnard l'ordre de se porter avec les siennes par la route de Dirschau, et de tourner cette petite ville sur la gauche pour couvrir la route de Dantzig. Les Polonais devaient suivre le chemin qui conduit de Kaskawa à Dirschau, par la rive droite de la Vistule.

Les deux colonnes marchèrent ainsi à la même hauteur jus

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Allemagne

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qu'à portée de canon de Dirschau; l'avant-garde du général Allemagne. Mesnard, commandée par le général Puthod, marcha alors à la rencontre d'une colonne ennemie, qui accourait pour renforeer les troupes postées dans la ville, et le gros de la colonne badoise prit position sur la route qui conduit à Dantzig.

Cependant les Prussiens, qui étaient sortis de Dirschau pour venir à la rencontre de la colonne polonaise, ne tardèrent pas à être attaqués par l'avant-garde aux ordres du général Nimiewski. L'agression des Polonais fut si brusque, que l'ennemi, culbuté, rentra presque aussitôt dans le faubourg. L'infanterie prussienne, soutenue par de l'artillerie, se défendit longtemps dans cette position; mais elle y fut encore forcée, et elle rentra dans Dirschau après avoir mis le feu aux maisons qu'elle abandonnait.

La troupe ennemie renfermée dans la ville pouvait s'élever à 1,500 hommes, presque tous d'infanterie. Le commandant en plaça la meilleure partie dans une église et dans un cimetière, qu'il avait eu la précaution de faire fortifier, et il s'y défendit avec d'autant plus de résolution, qu'il conservait l'espoir d'être secouru par un détachement qu'avait dû lui envoyer en toute hâte le gouverneur de Dantzig, à la première nouvelle de la marche des troupes polonaises et badoises. En effet on a vu que cette colonne de secours s'avançait alors vers Dirschau; mais elle se trouva coupée par l'avant-garde du général Mesnard.

L'artillerie prussienne répondit d'abord avec succès aux coups des Polonais, et l'infanterie défendit vigoureusement l'église, le cimetière et les maisons de Dirschau mais, malgré tous ces efforts, les troupes polonaises, appuyées par celles de Bade, finirent par s'emparer de cette ville. Un grand nombre de Prussiens escaladèrent les murailles pour essayer de se sauver dans l'île de Nogat en traversant la branche gauche de la Vistule, sur laquelle Dirschau est situé; mais ils trouvèrent la mort dans le fleuve, dont les eaux n'étaient pas assez fortement gelées pour leur donner passage: tout ce qui ne se noya point fut obligé de se rendre. La ville de Dirschau présentait un horrible spectacle; le sang ruisselait dans les rues, jonchées de cadavres. Dans les premiers moments, les Polonais et les Badois,

irrités de la longue résistance de leurs adversaires, avaient refusé de leur donner quartier.

Pendant que ceci se passait dans la ville, le général Puthod était aux prises avec la colonne que le gouverneur de Dantzig avait envoyée au secours des siens. Elle était composée de 2,000 hommes d'infanterie et de quatre escadrons, avec trois pièces d'artillerie. La résistance fut assez vive tant que les troupes renfermées dans Dirschau y tinrent; mais lorsque cette ville fut entièrement occupée, et que le général Mesnard put disposer du gros de ses troupes, cette colonne fut mise en déroute et fit sa retraite sur Dantzig, en laissant sur le champ de bataille 800 hommes tués ou blessés grièvement, parmi lesquels douze officiers.

Le gouverneur de Dantzig, découragé par les pertes qu'il venait d'essuyer, renonça à défendre désormais au loin les approches de cette place, et fit replier ses troupes à une moindre distance des remparts. Les Polonais et les Badois s'établirent alors à Dirschau, en avant de cette ville, et occupèrent les hauteurs de Rosenberg. Le général Mesnard tenait la droite, appuyée à la Vistule. Le maréchal Lefebvre, qui avait pris le commandement du 10° corps, établit son quartier général à Dirschau, et y resta jusqu'au 9 mars, en attendant les renforts qui devaient lui arriver.

Il s'occupa pendant ce temps à resserrer davantage les approches de Dantzig. L'ile de Nogat, Fürstenwerder, Kæsensmarck, Rostau, Mönchen-Grebin et Hertzberg furent successivement occupés. Le maréchal porta ensuite son quartier général ȧ Rosenberg.

Sur ces entrefaites, les troupes qui devaient compléter l'armée de siége arrivèrent successivement par détachements, et le parc d'artillerie commença à se rassembler. Le 12 mars, le maréchal se crut en mesure de s'approcher plus près de la place, et les troupes de la garnison ayant encore reculé devant lui il distribua les siennes dans les positions suivantes :

Un bataillon d'infanterie légère française fut placé à Ohra; un bataillon saxon à Saint-Albrecht, deux à Borckfeld, et deux autres à Tiefensée et Kemlade. Le corps polonais occupa Schönfeld, Kowall et Zankenczin; les Badois prirent poste à Wonnenberg,

1807. Allemagne.

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