Page images
PDF
EPUB

1809.

immédiatement après son débarquement en France. Ce dernier Espagne était sous les ordres du général Junot, duc d'Abrantès. Le 5o corps, formé des divisions des généraux Gazan et Suchet, avait reçu l'ordre de se porter sur Saragosse, pour faire le siége de cette place conjointement avec les troupes du maréchal Moncey, et les deux divisions Laborde et Loison, composant le se corps, devaient provisoirement renforcer le corps d'armée du maréchal Soult, tandis que Junot allait remplacer momentanément, dans le commandement du 3o corps, le maréchal Moncey, auquel l'empereur se proposait de donner une autre destination. La dépêche française interceptée, en démontrant à sir John Moore l'inutilité ou plutôt le danger de sa marche sur Valladolid, lui révélait en même temps le mouvement que le maréchal Soult allait faire sur la Galice.

!

[ocr errors]

Dans cette conjoncture, le général anglais, pressé d'ailleurs par les instances des Espagnols et par les remontrances de l'envoyé du gouvernement britannique', crut pouvoir écraser facilement le corps d'armée qui lui paraissait se trouver, en raison de sa position présente, sans soutien immédiat. Il marcha en conséquence par sa gauche sur Toro, où il fit sa jonction avec les troupes de sir David Baird le 21 décembre. L'armée anglaise ainsi réunie formait une masse de 30,000 combattants.

L'empereur, informé de ce dernier mouvement de l'ennemi, quitta son quartier général de Chamartin le 22 décembre, et s'avança, ainsi que nous l'avons dit, avec sa garde, le corps du maréchal Ney et la cavalerie du maréchal Bessières, dans la direction de Valladolid. L'ordre du jour annonça à l'armée que le moment était enfin arrivé où le léopard anglais allait fuir devant les aigles françaises.

Le 25, le quartier impérial était à Tordesillas; mais déja l'armée anglaise effectuait rapidement sa retraite, afin d'éviter le sort que lui préparait Napoléon.

Le général en chef Moore, après s'être concerté avec le marquis de la Romana, dont les troupes devaient agir simultanément, était en marche par Villada sur Carrion, lorsqu'il apprit

1 C'était ce même commissaire anglais dont nous avons parlé en rendant compte de la bataille d'Espinosa. Il se nommait Frère.

Chemy

que le maréchal Soult, renforcé par les divisions' du 8 corps (celui de Junot), s'avançait par sa droite sur Léon et sur Astorga, conformément à ses instructions, et qu'un autre corps, conduit par l'empereur en personne, arrivait à marches forcées par la grande route de Madrid à Valladolid. Reconnaissant alors tout le danger de sa position, le général anglais donna sur-lechamp l'ordre à ses colonnes de rétrograder par les chemins de Mayorga et de Palencia sur Benavente, où elles furent réunies dès le 26.

Quelle que fût la rapidité de la marche des colonnes française, l'arrière-garde ennemie ne put être atteinte que le 26 sur les rives de l'Esla, devant Benavente, à Castro-Gonzalo.

Le général Lefebvre Desnouettes, à la tête de trois escadrons des chasseurs de la garde, ayant passé à gué cette rivière, dont les Anglais avaient détruit le pont, se trouva en présence de toute la cavalerie anglaise, aux ordres des généraux lord Paget et Stewart. Entourés par cette troupe nombreuse, les chasseurs français se défendirent avec toute la valeur qu'on devait attendre d'eux; mais ils furent forcés de repasser l'Esla. Près de 60 hommes blessés ou démontés, parmi lesquels se trouvait le général Lefebvre lui-même, restèrent entre les mains des Anglais. Les trois escadrons de la garde, promptement reformés sur la rive droite de l'Esla, se préparaient à tenter une charge désespérée pour délivrer leur colonel, quand l'ennemi fit avancer près du pont rompu deux pièces d'artillerie légère, qui tirèrent à mitraille et contraignirent les chasseurs à abandonner leur généreux dessein.

Sir John Moore fut informé par les prisonniers que l'empereur avait la veille son quartier général au village de Valderas, qui n'est qu'à six lieues de Benavente. Cette proximité de l'armée française, en redoublant les alarmes de l'ennemi, lui fit accélérer sa retraite. Les colonnes anglaises prirent la direction de Villafranca, après avoir rompu les ponts sur l'Orbigo. Cette marche s'effectuait par le temps le plus rigoureux, sur des routes montueuses, couvertes de neige et abimées en plusieurs endroits par des torrents grossis et débordés.

L'empereur, arrivé le 30 décembre à Benavente, ordonna au maréchal Bessières de continuer la poursuite de l'armée an

1809. Espagne.

1809.

glaise, tandis que le maréchal Soult marchait de son côté sur Espagne. Astorga, où le marquis de la Romana se retirait précipitamment avec son corps d'armée.

Le général Franceschi, commandant l'avant-garde du 2o corps (celui de Soult), atteignit, le 30, l'arrière-garde espagnole, au village de Mansilla, la mit en déroute, lui prit deux drapeaux et 1,500 hommes, parmi lesquels se trouvaient plusieurs officiers supérieurs. Le maréchal Soult entra le lendemain dans la ville de Léon, où les Espagnols avaient abandonné leurs blessés et leurs malades, et détruit une grande partie de leurs munitions.

Le 1er janvier 1809, Napoléon, qui avait suivi avec quelques escadrons de sa garde le mouvement du maréchal Bessières, vint établir son quartier général à Astorga, où l'ennemi ne s'était point arrêté. Le maréchal Soult y arriva dans la soirée, et reçut exclusivement de l'empereur la mission de poursuivre l'armée anglaise dans sa retraite sur la Galice, et d'empêcher, s'il était possible, son embarquement à la Corogne.

Cependant les colonnes françaises semblaient rivaliser d'efforts pour atteindre celles de l'ennemi sur les deux routes qui conduisent d'Astorga à Ponferrada. Dans leur marche précipitée, les Anglais abandonnaient leurs malades, coupaient les jarrets des chevaux qui ne pouvaient plus suivre, et détruisaient en grande partie leurs bagages et leurs munitions. Le 3 janvier les têtes de colonnes françaises arrivèrent en présence de l'arrière-garde anglaise, au défilé de Cacabellos, entre le village de ce nom et celui de Pierros. Le corps ennemi était fort d'à peu près 6,000 hommes, dont 700 de cavalerie. Quoique la position occupée par cette troupe fût belle et d'un accès difficile, le général Merle ne balança point à l'attaquer. L'infanterie française s'avança au pas de charge et culbuta les Anglais, qui perdirent plus de 300 hommes tant tués que prisonniers. Au moment de cette attaque, le général Auguste Colbert s'était porté en avant de sa brigade de cavalerie légère au milieu des tirailleurs fantassins, pour voir si le terrain s'élargissait et s'il pouvait former ses escadrons pour charger l'ennemi; il reçut dans le front une balle qui le renversa de cheval. Revenu un moment à lui, il se fit mettre sur son séant, et, apercevant

« PreviousContinue »