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reine de Bavière, accueillit Marie-Louise avec une grâce remarquable.

à

Nous approchions de Vienne. S. M. fut reçue Molk par le prince Trauttmansdorff, grand écuyer de l'empereur, et, quelques postes avant Schoenbrunn, l'impératrice d'Autriche vint au-devant d'elle. A son arrivée au palais de Schoebrunn elle y trouva les archiducs ses oncles qui l'attendaient au bas de l'escalier avec toute la cour d'Autriche. L'archiduc Charles lui donna la main et mit sa nièce dans les bras de ses jeunes soeurs qui l'attendaient à l'entrée des appartemens qu'elle devait occuper; celui qui était réservé pour son fils communiquait au sien par son cabinet de toilette.

Peu de jours après notre arrivée à Schoenbrunn, la gazette de Vienne donna le premier avis d'un congrès, qui d'abord ne fut annoncé que comme un congrès de ministres plénipotentiaires. Quelques jours plus tard, il fut dit que les souverains alliés eux-mêmes composeraient le congrès. L'ouverture en était fixée à la fin de septembre.

Après dix jours d'épanchemens les plus intimes et de regrets les plus touchans, madame la du

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chesse de Montebello quitta l'impératrice, à laquelle elle s'était si tendrement attachée depuis l'instant de la remise de l'auguste fiancée à Braunau (1810). MM. de Saint-Aignan, Corvisart, etc., etc., partirent en même temps.

Les premiers jours du mois de juin s'écoulèrent pour Marie-Louise dans les charmes de l'intimité la plus douce et la plus uniforme. Ses jeunes sœurs habitaient avec elle le palais de Schoenbrunn.

Les chevaux de selle et d'attelage, les voitures de parade, et les fourgons chargés des objets qui étaient la propriété particulière de l'impératrice, et qui étaient partis de Rambouillet sous des escortes de troupes autrichiennes, arrivèrent à Vienne. Parmi les chevaux de selle réservés pour l'impératrice, il y en avait un de race arabe, du rang de ceux que Napoléon aimait à monter.

Les gazettes de la cour d'Autriche annoncèrent le retour de l'empereur François dans sa capitale pour le 15 de juin. Pendant son séjour à Paris ce prince se fit remarquer par une grande simplicité de mœurs, et par son amour des beaux-arts. Il visita avec un soin extrême tous les dépôts des

sciences, dont il admira la richesse, et ne parut étranger à aucune. Dans le nombre des phrases remarquables échappées à ce monarque, on avait cité celle-ci : Les peuples les plus heureux ne sont pas ceux dont les souverains ont eu le règne le plus brillant. L'opinion publique, toujours prête à donner une couleur favorable au parti qu'elle adopte, et une interprétation intéressée aux paroles même les plus indifférentes des souverains, supposa, sans doute à tort, que l'empereur François avait eu l'idée de blâmer le gouvernement de Napoléon. On ne doit pas le penser. Cette vérité politique était un sentiment qui, dans tous les temps, appartenait aux goûts personnels et au caractère modéré de ce prince. Il y aurait eu peu de générosité de sa part à vouloir déprécier la gloire d'un gendre dont il venait de décider la chute, en déchirant sans motifs les traités les plus sacrés. Une règle dont il ne faut jamais s'écarter quand il est question de l'Autriche, c'est d'éviter de confondre le souverain (François II), qui a mérité l'attachement et le respect de tous ses sujets par ses qualités et ses vertus privées, avec les ministres qui gouvernent en son nom.

Ce prince, ou plutôt ses généraux avaient donné l'ordre à toute l'armée autrichienne de porter la cocarde blanche avec la cocarde d'Autriche jusqu'à sa sortie de France. Ceci me rappelle qu'en traversant la France, les habitans d'une petite ville dont j'ai oublié le nom s'é

taient empressés d'échanger la cocarde blanche pour la cocarde aux trois couleurs, seulement pour le passage de Marie-Louise. Mais cette princesse les fit inviter à reprendre celle qu'ils venaient de quitter dans un accès de galanterie.

L'empereur d'Autriche arriva le 14 juin et descendit à Schoenbrunn. Il retrouva dans ce palais tous les objets de son affection. On avait fait de grands préparatifs pour l'entrée triomphale de ce prince dans sa capitale. Il avait même été question de faire servir dans cette circonstance le cheval arabe de Napoléon. Je ne sais quelle raison de convenance fit changer ce projet. Ce qu'il y a de certain, c'est que ce cheval ne fut monté par personne, et qu'il alla finir ses jours dans un des haras de l'empereur d'Autriche.

Ce fut en ce moment que nous cûmes connaissance de l'armistice qui avait été signé en Italie entre le feld-maréchal Bellegarde, le roi de Naples et le vice-roi1. De son côté le prince Bor

l'un

1 J'ai su qu'au mois de janvier 1814 le roi de Naples envoya de ses officiers au prince Eugène, pour lui proposer d'abandonner le parti de la France et de réunir leurs armées à celle du maréchal Bellegarde.

Le prince répondit au roi que par sentiment, par honneur et par devoir, il ne trahirait jamais l'empereur. Il faisait sentir au roi de Naples que le seul parti qu'ils avaient à prendre tous les deux était

ghèse, beau-frère de Napoléon, gouverneur général des provinces au-delà des Alpes, s'empressa d'ordonner aux militaires de tout grade d'envoyer leur adhésion au gouvernement provisoire, et de déposer la cocarde tricolore. Mais une proposition véritablement juste et courageuse, fut celle des états de Milan, dont le vœu ne fut pas écouté. Ils demandaient à former un état indépendant, à avoir une constitution libérale qui fût basée sur la division des trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, avec une indépendance absolue pour ce dernier pouvoir. Cette constitution devait établir une représentation nationale destinée à la formation des lois et des impôts, et à garantir la liberté individuelle, celle de la presse et du commerce. Les états finissaient par demander un gouvernement monarchique et héréditaire. Plus tard le congrès de Vienne classa la Lombardie, occupée déjà militairement, dans le nombre des provinces de l'empereur d'Autriche en Italie.

L'entrée de l'empereur François dans sa capitale fut brillante. Ce prince était à cheval, en uni

de réunir leurs armées, de renverser celle de l'Autriche, et de marcher ensuite au secours de la France.

Je n'ajoute pas un seul mot. Cette communication m'a été faite par un personnage élevé, qui était parfaitement instruit de tout ce qui s'était passé en Italie.

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