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anecdotiques

SUR

L'INTÉRIEUR DU PALAIS

ET SUR QUELQUES ÉVÉNEMENS

DE L'EMPIRE

DEPUIS 1805 JUSQU'EN 1816,

POUR SERVIR A L'HISTOIRE,

DK

NAPOLEON,

PAR L.-F.-J. DE BAUSSET,

ANCIEN PRÉFET DU PALAIS IMPÉRIAL.

TOME TROISIÈME.

PARIS

A. LEVAVASSEUR, SUCCESSEUR DE PONTHIEU ET Cic,

PALAIS-ROYAL.

1828-1829.

MEM AOBK

A PEINE les journaux eurent-ils annoncé l'impression des deux premiers volumes de ces Mémoires, qu'il s'éleva une rumeur facheuse. Mémoires sur l'intérieur du Palais !!! Quel champ plus vaste pour la malignité et pour la médisance! L'auteur aura-t-il pu se maintenir dans les limites d'une narration convenable? Mes éditeurs furent assaillis de questions, de lettres, de visites même.... On s'imaginait que le voile des intrigues les plus secrètes du sérail allait être levé : en un mot, on s'attendait à du scandale.... Mais, n'ayant jamais ambitionné un succès aussi peu honorable que facile, j'avais écarté avec un soin extrême tout ce qui avait quelque rapport avec les bavardages des

TOME III.

I

ruelles et des antichambres, pour ne m'attacher qu'à ce côté de la physionomie que néglige la sévérité de l'histoire. La bienveillance avec laquelle on m'a traité m'a prouvé, plus que jamais, que les mœurs, les goûts et les habitudes d'un personnage éminemment célèbre, ne sont pas sans intérêt pour ceux qui aiment à rapprocher, même les plus petits détails d'une vie privée, de ces grandes scènes qui influent sur la destinée des peuples. Il faut laisser à l'histoire le tableau des événemens importans qui changent les empires, les lois et les gouvernemens. Ce genre, nécessairement grave, exige impérieusement de l'éclat et quelque appareil. Plus modeste et plus simple, celui que j'ai choisi permet ces récits naïfs et familiers avec lesquels on est toujours sûr d'intéresser, quand ils sont vrais et fidèles.

On m'a presque fait un reproche sérieux d'avoir été trop indulgent, trop laudatif, et de n'avoir vu que le côté favorable. Je l'avoue de bonne foi mes sentimens m'ont toujours porté à me glisser au milieu des passions con

temporaines, en évitant de les froisser et de les heurter. Je voulais plaire sans blesser, je voulais être lu; et je n'ai jamais été plus content de moi que lorsque j'ai trouvé l'occasion de dire du bien de l'un de ces personnages que j'ai, pour ainsi dire, groupés autour de la figure principale dont je voulais faire mieux ressortir les traits et le caractère.

On a trouvé de l'exagération dans le récit que j'ai fait de diverses circonstances dans lesquelles Napoléon s'est montré pendant les dix années de ma vie qui lui ont été consacrées : mais l'époque que j'ai voulu dessiner fut à mes yeux brillante de tous les genres de gloire; elle parla si vivement à mon imagination, elle jeta dans mon ame des impressions si profondes, qu'il ne faut point s'étonner d'en retrouver l'empreinte dans des souvenirs qui se présentent encore à moi parés de toute leur fraîcheur. Ce cadre que j'avais à remplir se composait de la prodigieuse prospérité de la France, de l'éclat magique de tant de victoires, de tant d'élévation dans les beaux-arts,

I.

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