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OXI.

AVERTISSEMENT LIBRAIRE S.

DES

N donnant ces deux derniers Tomes du Dictionnaire de la Bible, du R. P. Dom AUGUSTIN CALMET, nous nous trouvons en quelque façon obligés de faire ici l'hiftoire de cette Edition ; nous la commencerons par les témoignages de reconnoiffance que nous devons à la confiance de ceux qui par leurs Soufcriptions fe font empreffés de favorifer nôtre entreprise; le nombre en a été plus grand que nous n'aurions ofé l'efpérer. Nous en fommes principalement redevables aux Eccléfiaftiques des deux Communions, auffi- bien qu'à la noble émulation de Nos MAGISTRATS, toûjours amateurs des bonnes chofes, & dont l'exemple n'a pû qu'être fuivi par les Personnes de bon goût. Ainfi animés par le zéle de Nos SEIGNEURS efpérons que le fuccès de cet Ouvrage, qui eft un des prémiers qu'on ait imprimé à Geneve, par Soufcription ne fervira pas peu à encourager ceux qui voudront déformais former de femblables entreprises.

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nous

Ce qui doit fur tout y contribuer, c'eft qu'il n'eft guéres de Païs plus propre à faciliter tout ce qui peut faire fleurir l'Imprimerie, qui eft T'ame & le foûtien des Sciences, & des beaux Arts. Nous jouïffons de tous les Priviléges d'une parfaite liberté, fans que cependant on en doive craindre les abus, puis qu'elle eft tempérée par les fages Réglemens de Nos MAGISTRATS dont la vigilance & la Religion éclairée, ne permettent pas qu'on imprime rien qui foit contre les bonnes Mœurs Tome III.

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contre

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contre la Religion en général, ni qui bleffe les égards que les Souverains obfervent reciproquement entr'eux.

Tous ces avantages font bien propres à mériter de plus en plus la confiance du Public, à laquelle nous ne croions pas d'avoir donné aucune atteinte, pour avoir retardé de quatre mois la publication de ces deux derniers Tomes. Ce petit contreteins a été causé par la néceffité indif penfable où nous, nous fommes trouvés, de finir promptement d'autres Ouvrages très confidérables, qu'on ne pouvoit plus renvoyer; plus renvoyer; au fonds c'est là une faute bien legére en comparaifon de celles où tombent fi fréquemment, à cet égard, plufieurs Libraires, ceux même de Paris plus que les autres. Nous fommes bien éloignés de vouloir nous autoriser de leurs exemples, & nous promettons pour la fuite en de femblables occafions, l'exactitude la plus fcrupuleufe.

Pour revenir maintenant à l'hiftoire de cette Edition, contre laquelle les Libraires de Paris fe font déchainés, de la manière du monde la plus injufte; nous n'avons qu'à rappeller ici l'Avertisement que nous avons mis à la tête du Prémier Tome; on y voit les raifons qui nous ont engagés à former cette entreprise, & à fupprimer les Figures, qui nous ont paru inutiles, & dont on avoit orné l'Edition de Paris. Nous avons lieu d'être perfuadés, que les Perfonnes équitables & fenfées, ont approuvé nos vuës, & nous ont rendu juftice; mais il n'en a pas été de même de Mrs. les Libraires de Paris, qui animés du zéle amer, qu'infpire un intérêt trop avide, publiérent contre nôtre Projet une Réponse pleine d'invectives, & de termes les moins mefurés. A cette fiere, & infultante Réponse, qu'on peut lire dans le Mercure du mois d' Août 1729., nous oppofames une Refutation, qui fut imprimée dans le IVe. Tome de la Bibliothéque Italique; & comme il nous parut en même tems qu'il étoit de l'honnêteté, de faire part de nôtre entreprise au R. P. Dom CALMET; nous primes la liberté de lui adreffer le Prémier Tome de fon Dictionnaire, dès que l'Edition en fut. achevée; il le reçut fort gracieufement, auffi- bien que le Second, que nous lui avons fait parvenir dans la fuite, & loin de nous reprocher, comme nous en accufent les Libraires de Paris, d'avoir tronqué, ou dé figuré fon Ouvrage, il nous marqua par fa Lettre obligeante, qu'il nous favoit bon gré de nôtre travail, dont nous favons qu'il a été très-fatisfait ; fa Lettre eft du 18. Décembre 1729. nous en donnons ici la Copie, &: nous offrons d'en faire voir l'Original à quiconque le souhaittera.

LETTRES

LETTRE du R. P. Dom CALMET aux Libraires de Geneve.

MESSIEURS,

J'a Al reçû avec beaucoup de reconnoiffance le prémier Tome de mon Dictionnaire de la Bible, Bible, que vous m'avez fait l'honneur de m'envoyer. Je Je ne puis que vous favoir très bon gré de l'avoir imprimé d'une manière qui le rend à portée d'être acheté par plufieurs bons Eccléftaftiques qui ne pouvoient trouver les fommes pour avoir l'Edition de Paris. Je prie Dieu qu'il verfe fa bénédiction fur cet Ou vrage, & qu'il vous comble de fes lumiéres & de fes graces. Je fuis de tout mon cœur,

MESSIEURS,

A Senones, le 18.
Decembre 1729.

Vôtre très-humble & très-obéïffant Seviteur,
D. AUG. CALMET, Abbé de Senones.

Munis d'une approbation fi abfoluë, & fi autentique, nous crûmes que les Libraires de Paris n'auroient plus rien à nous dire, mais comme la paffion qui les avoit d'abord animés, n'eft pas de celles qui fe calment facilement, on n'a pas été furpris de les voir revenir à leurs prémiéres declamations, dans l'Avis qu'ils ont fait inferer dans la Bibliothèque Raifonnée de l'Europe, pour les Mois d'Avril, May & Juin de cette année 1730.

Nous ne tranfcrirons pas ici cette Piéce, qui ne contient que des redites pitoyables des mêmes invectives, auxquelles nous avions folidement répondu; nous n'en parlerions pas même, fi nous n'avions craint que les Perfonnes qui font peu au fait, ne fe laiffaffent éblouïr par la pouffière qu'on leur jette aux yeux; nous mettons à part toutes les fanfaronades qu'ils ont étalées, pour faire retomber la fuppreffion que nous avons faite de leurs Figures fur l'impoffibilité où ils nous croient d'en faire la dépense; ce font là autant de traits d'une vanité comique, qui prouveroit

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que,

veroit qu'un peu de fortune peut faire tourner la tête; s'il avoit été queftion de faire preuve de fes facultés, nous aurions trouvé dans l'étenduë de notre Commerce de quoi rabattre ces airs fi fanfarons; mais tout le monde fait que nous n'avons retranché les Figures de la Bible, que pour contribuer à l'utilité publique, par la modicité du prix où nous avons mis le Livre; nous avons prouvé d'ailleurs, & même fans replil'inutilité & le ridicule de cette forte d'embeliffement; nous y avons montré les plus groffiéres contradictions; nous en avons enfin indiqué la fource dans le Livre d'HOTTINGER; & crainte qu'il ne leur prenne encore envie de contefter ce dernier Fait, on veut bien leur déclarer, qu'on le tient de D. GUARIN, Bibliothécaire de l'Abbaye de S. Germain. C'eft de ce favant Religieux qu'on a appris, que les Libraires de Paris, peu contents des Figures que leur avoit indiquées le P. Dom CALMET, s'addrefférent à lui, pour augmenter le nombre de ces rares Antiquités, & pour empêcher toûjours mieux par-là, qu'on ne tentât de contrefaire un Ouvrage fi chamaré de clinquant; mais D. Guarin, qui étoit très- versé dans la Littérature Hébraïque, fe mocqua d'eux, & leur dit, que toutes ces Figures ne contenoient que des fauffetés; c'eft ce même Religieux qui communiqua le Livre d'Hottinger, où fe trouve le jugement du favant Abbé RENAUDOT, cité dans nôtre prémier Avertiffement. Il est vrai que D. Guarin pria qu'on ne le nommât point de fon vivant pour ces fortes de Faits, ne voulant pas fe brouiller avec D. Calmet, qui paroiffoit tolerer ces ridicules ornemens; fi les Libraires de Paris en font toûjours auffi curieux, ils trouveront de quoi fe contenter dans une nouvelle découverte indiquée à la fin de la Seconde Partie du XVme. Tome du Journal Littéraire où il eft parlé d'une collection d'onze mille Eftampes tant de l'Ancien que du Nouveau Teftament.

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Ce n'eft pas que nous prétendions que toutes fortes de Gravures foient inutiles; nous reconnoiffons au contraire, qu'elles peuvent être quelque fois d'un grand fecours, & qu'ordinairement même elles embeliffent & procurent de l'agréement, mais ce n'eft que lors qu'elles repréfentent quelque chofe de vrai; or, on conviendra de bonne foi, que la plupart de celles, dont on a chargé le Dictionnaire de la Bible n'ont guères d'autre fondement que la fantaisie, & le caprice des Peintres, & des Deffinateurs; l'Ecriture ne fait ordinairement qu'énoncer la chofe, fans en faire la déscription. Elle dit, par exemple, en par ant du Tombeau de Rachel, que Facob érigea un Monument fur le lien de fa Sépulture, voilà tout ce qu'elle nous apprend, & tout ce que nous en favons ; mais elle n'exprime ni la forme, ni les dimenfions de ce Tombeau; de

même

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