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cette pierre je báurai. Jésus-Christ ne bátit pas ailleurs, nos chers enfans; si donc vous n'êtes pas dans cet édifice, vous n'êtes ceṛtainement pas dans sa maison. »

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Nous avons parlé dernièrement des traductions de la Bible dans des langues orientales, et de la précipitation et de l'inutilité de ce travail. Un journal anglais nous apprend à cet égard un fait curieux; il s'est élevé en Angleterre une discussion sur ces traductions. M. Fox, prédicant unitaire, s'est moqué de ces traductions, et M. Dyer lui a répondu Le premier vient de publier dans les journaux une seconde lettre, où il insiste de nouveau sur le charlatanisme des traducteurs, et sur la crédulité des souscripteurs qui donnent des fonds pour ce travail. Vers la fin de 1818, ou au commencement de 1819, dit-il, on publia le nouveau Testa-· ment traduit dans la langue Kunkun, qui étoit parlée, suivant les missionnaires, sur la côte occidentale de Inde depuis Bombay jusqu'à Goa. La société Biblique accorta 500 liv. sterl. pour achever cette traduction. Les missionnaires, dans un Mémoire publié en 1820, faisoient encore mention du Kunkun, comme de la langue la plus répandue," qui sert à la plus nombreuse population, et dont sont dérivés les dialectes voisins; on annonçoit en même temps que la traduction de l'ancien Testament dans cette langue avançoit beaucoup. Mais, vers le même temps, un missionnaire américain à Bombay, M. Bardwell, déclara qu'ayant fait beaucoup de recherches, lui et ses confrères, pour découvrir cette langue, il n'avoit pu la trouver. Depuis il a parti à Calcutta un Mémoire, où il est dit que le Kunkun est un dialecte corrompu du bas indoustan, une espèce de jargon qui ne sert que dans les marchés entre les gens du peuple lesquels ont chacun leur langue distincte, soit dans les écrits, soit pour les autres usagés de la vie. Ainsi cette version, faite à si grands frais, est une une version sans utilité, et on a pris pour une langue importante tin jargon populaire qu ne s'écrit point. Il est difficile de se moquer plus complete ment des souscripteurs bibliques, et les traducteurs qui se sont amusés à ce travail avoient apparemment aussi peu de conscience et de moralité que d'instruction. Quel exemple pour des missionnaires, et combien de tels gens sont propres à répandre et à faire aimer le christianisme!:

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Depuis son avénement au trône, S. M. a accordé neuf cent soixante-une pensions sur la liste civile. Par suite des intentions de S. M., n établissement catholique, à Emitsbourg (en Amérique), a obtenu quelques fonds pour l'aider à réparer un grand désastre. Les Français atteints par l'inondation de Pétersbourg ont été secourus, en même temps que les chrétiens de Constantinople se voyoient mis à même de rebâtir leur église par la bonté généreuse de notre Rat. Trente communes de nos départemens, victimes d'affreux incendies, ont reçu des secours, et les incendiés de Salins ont aussi éprouvé la générosité du Roi, qui leur a fait remettre 25,000 francs. S. M. se prescrit une sévère économie, et vient d'ordonner plusieurs réformes dans l'administration, pour être en état de donner encore plus tel est le but de l'économie d'un Roi de France. S. M. vient de plus d'accorder une somme de 1000 fr. pour l'acquisition de l'ancienne église de la Visitation, à Metz.

- Mgr. le Dauphin et Mme, la Dauphine ont donné chacun une somme de 2000 fr., et Mgr. le duc d'Orléans 1000 fr., pour les incendiés de Salins.

Par ordonnance du 10 août, six nouvelles places de pages sont créées; ces jeunes gens seront élevés, comme leurs condisciples, aux frais du Roi.

-Une dépêche télégraphique, datée de Brest, du 10 août, à cinq heures et demie du soir, annonce que l'ordonnance du Roi relative à l'indépendance de Saint-Domingue y a été reçue avec reconnoissance. Cette nouvelle a été apportée à Brest par la goëlette la Bearnaise, qui est arrivée après trente-deux jours de traversée.

- Les souscriptions ouvertes à Paris pour les incendiés de Salins ont produit un total de 7976 fr. Parmi les noms des souscripteurs, on remarque celui d'un enfant élevé dans un des colléges royaux de Paris, qui a déposé une somme qu'il économisoit depuis long-temps sur ses menus-plaisirs, à la réserve de 20 fr. qu'il veut donner à sa nourrisse, convalescente d'une longue maladie. Des bandes de volcurs se sont introduites dans les ruines de Salins pour enlever ce que le fen avoit épargné. Quatre à cinq mille rations de pain et de comes tibles sont distribuées chaque jour sur une place publique; les villes et les villages environnans ont jusqu'à présent fourni ces secours. Une souscription, ouverte à Besançon, a déjà produit 6000 fr., non compris celle de la cour royale, qui s'élève à 5000 fr.

- Le procès entre les villes de Besançon et d'Arbois, qui prétendent tontes deux à l'honneur de voir élever au milieu d'elles un monument à Pichegru, a été appelé pour la deuxième fois au tribunal de première instance. Me. Bonnet fils a plaidé pour Arbois d'une ma mière rapide et lumineuse. Après avoir entendu les parties, M. de Tarbe, avocat du Roi, a résumé l'ensemble de l'affaire avec beaucoup de précision. Le tribunal a renvoyé la cause à huitaine.

Un courrier du cabinet, parti, vers le milieu du mois dernier, de Constantinople pour se rendre à Paris, a passé, le 5, à Strasbourg. Il est porteur des réponses de M. le comte Guilleminot à la commission rogatoire qui lui avoit été adressée, relativement au procès Ouvrard.

- Des révoltes ont eu lieu dans plusieurs filatures du département de la Seine - Inférieure. Les ouvriers, depuis quelque temps, réclamoient une augmentation de salaire, et allèrent jusqu'à menacer les propriétaires des établissemens où ils travailloient. Ces menaces en effrayèrent quelques-uns, qui consentirent à augmenter la paye. Un seul ayant refusé, la révolte éclata, les ateliers furent désertés, et ceux même qui n'avoient point pris part à ce mouvement ne purent se rendre à leurs ateliers. Le lendemain, des rassemblemens se formèrent, et un grand nombre d'ouvriers, armés de pierres et de bâtons, attentèrent aux jours de M. Levasseur, qui n'avoit pas cru devoir céder à la violence. Enfin un détachement de la garde royale, envoyé de Rouen, est parvenu à arrêter les efforts de ces furieux; on en a arrêté une quarantaine, et la justice instruit actuellement cette affaire, dans laquelle plusieurs gendarmes et soldats ont été blessés.

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La sécheresse a diminué beaucoup de rivières au point qu'on peut en trouver le fond. Les habitans du hameau d'Ehl (Bas-Rhin), en faisant des fouilles dans l'un des bras de l'Il, out trouvé des més dailles romaines, des bagues, des clefs, des agraffes en cuivre. M. le préfet a envoyé un ingénieur pour empêcher que ces objets ne soient perdus.

- Sidi Mahmout s'est embarqué, le 27 juillet, à Marseille pour retourner à Tunis.

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Les journaux anglais contiennent un extrait de la Gazette mexicaine, qui annonce que le vaisseau de ligne l'Asia et le brick Constantia, venus de Cadix au Pérou pour soutenir la cause du roi d'Espagne, se sont livrés eux-mêmes au gouvernement mexicain. On lit dans ces journaux des documeus officiels relativement à cette défection.

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La ville de Berne compte actuellement trois ecclésiastiques catholiques en fonctions. M. Christophe Tschan de Soleure, nommé curé, a obtenu une pension du gouvernement, ainsi que son vicaire, M. Sury, élève du séminaire de Saint-Sulpice. Au cas que M. Tschan ne puisse plus remplir ses fonctions, une retraite de 800 fr. lui est assurée. L'ancien curé, M. Fontanes, re te à Berne en qualité de chapelain du corps diplomatique.

Le gouvernement de Bade, vient de changer son système de douanes, et de rétablir à peu près celui de 1812. Toutes les mesures prohibitives contre les productions françaises ont été révoquées, à l'exception des droits d'entrée fort considérables sur les vins et eauxde-vie.

· On assure que le Trapiste a été arrêté à Logrono, et conduit sous bonne escorte à Pampelune. Voilà les pauvres royalistes espagnols bien plus heureux que nous ne l'étions spus certain ministère, en France. Chez nous, on se contentoit de destituer ecux qui s'é

loient toujours montrés les plus ardens défenseurs du Roi; en Espagne, on fait mieux, on les emprisonne.

-Un vol a été commis dans l'église du couvent de Saint-Antoine, à Oporto. Le tabernacle a été brisé, lé ciboire et les hosties consacrées enlevés. Des prières publiques ont été ordonnées dans toutes églises. Toutes les autorités civiles, celésiastiques et militaires y ont assisté avec un concours nombreux de personnes de tout rang,

Notice sur le Père Andres.

Pendant que des déclamateurs ignorans et passionnés accusent les Jésuites de tous les crimes, et leur reprochent, entr'autres, d'être ennemis des lumières, les lettres et les sciences publient les services de plusieurs de ces hommes recommandables qui, dans les derniers siècles, et même à une époque très-rapprochée de nous, se sont illustrés par leurs talens, par leurs recherches et par leurs ouvrages. Dans ce nombre il faut compter le Père Andres, Jésuite espagnol, mort il y a seulement huit ans. Peu d'hommes ont laissé une plus éclatante réputation littéraire; et ce ne sera pas s'écarter de notre objet que de retracer sommairement les travaux d'un homme si distingué, dont nous avons parlé trop succinctement n°. 863.

Jean Andres naquit le 15 février 1740, à Planes, dans le royaume de Valence, d'une famille noble et vertueuse. H fit ses études au collége des Nobles, à Valence, et justifia par ses progrès les espérances que sa piété et son heureux caractère avoient fait naître. Le 24 décembre 1754, il entra dans la compagnie et suivit ses études dans l'université de Gandie. Quelques années après arrivèrent les orages qui frappèrent la société, d'abord en Portugal, puis en France, et enfin en Espagne. Nous avons raconté ailleurs les circon stances qui accompagnèrent ces décrets de proscription, et nous avons montré quel esprit et quelles causes provoquérent ces mesures violentes. Le 2 avril 1767, tous les Jésuites espagnols furent arrêtés, conduits aux frontières et embarqués pour l'Italie, où on les envoyoit dans les Etats du Pape. Clément XIII regarda ce procédé comme une insulte. Il avoit déjà reçu les Jésuites portugais; mais les Jésuites espagnols étoient bien plus nombreux, ceux d'Amérique alloient venir aussi; tant d'exilés seroient une charge pour un Etat pauvre et peu étendu le Pape refusa donc d'admettre les Jésuites

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espagnols, et les bâtimens qui les avoient emmenés rebroussèrent chemin et allèrent en Corse.

Au bout de quelque temps, le général Paoli permit aux Jésuites de débarquer, et rendit un décret assez favorable pour eux. Andres résida d'abord à Ajaccio, puis à Saint-Boniface, et rédigea en latin une relation des désastres soufferts par les Jésuites pendant leur déportation. Après un an de séjour en Corse, il se rendit à Ferrare avec ses compagnons d'exil, et y donna des leçons de philosophie aux élèves de l'institut. Ce fut dans cette ville qu'il fit sa profession solennelle des quatre voeux, le jour de l'Assomption 1773. Déjà Clément XIV avoit signé le bref de suppression de la société; mais ce bref, date du 21 juillet 1775, ne fut publié que le 16 août suivant. C'étoit la veille de ce jour qu'Andres se lia par les derniers vœux; et cette démarche de sa part, dans un temps où l'on prévoyoit aisément le parti qu'alloit prendre Rome, montre autant de courage que d'attachement à son corps. Il trouva un asile à Mantoue, dans la famille Bianchi, qui s'honora d'accueillir dans sa personne un proscrit, un religieux, un littérateur distingué. Le repos dont il jouissoit étoit favorable à ses études, et il se fit bientôt un nom par ses travaux, son goût et ses ouvrages. Son Essai sur la philosophie de Galilée attira l'attention des savans. L'académie de Mantoue l'admit au nombre de ses membres; les Italiens et les étrangers recherchoient également ses entretiens. Joseph II, passant par Mantoue, voulut le voir, et d'autres princes lui donnèrent des marques d'estime.

Le goût d'Andres pour les études philologiques, et le désir d'accroître ses connoissances, le portèrent à voyager : il visita Turin, Rome, Naples, Vienne, Genève, examinant avec soin les plus riches bibliothèques, recueillant des notes, et se liant avec les littérateurs et les savans.de tous les pays. Sa douceur, sa modestie, sa modération dans la dispute, contribuèrent à lui faire de nombreux amis. Tiraboschi et lui, quoique divisés sur quelques points, professoient l'un pour l'autre une estime particulière. En 1796, craignant de se trouver au milieu des horreurs d'un siége, Andres abandonna Mantoue et se retira à Colorno, commie pensionnaire dans le collége qu'avoit établi le dernier duc de Parme. Il consentit ensuite à diriger les études de la jeune noblesse, et ce fut là qu'il termina, en 1799, le grand ouvrage qu'il

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