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ligion et désavoua hautement les écrits qui pouvoient la blesser. Ce désaveu a été publié dans le Diario de Rome, et Gianni ne s'est plus occupé qu'à réparer ce qu'il appeloit les scandales de sa vie passée, non-seulement en traduisant des psaumes en vers italiens ou en composant des sonnets pieux; mais en se livrant aux pratiques de la religion avec autant de constance que de ferveur. Il suivoit assidûment les conférences de Saint-Salpice, et elles ne contribuèrent pas peu à l'éclairer et à l'affermir dans les principes de la foi. Le comte Corvetto, qui devint ministre des finances, et dans la maison duquel il étoit accueilli et aimé, lui obtint du Roi la continuation de sa pension; ce qui lui permit de faire des économies qui tournoient en grande partie au profit des

pauvres.

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Sa mort, arrivée le 17 novembre 1822, a été celle d'un véritable chrétien; son testament respire la piété la plus touchante. Son dernier souhait a été que les journaux fissent connoître combien il regrettoit d'avoir consacré son talent à des chants que la religion ne sauroit approuver; il vouloit que son désaveu et son repentir fussent aussi publics que possible. C'est pour seconder de si louables intentions que ses exécuteurs testamentaires nous out envoyé une no1 tice dont nous donnons ici la substance. Parmi les tombeaux nouvellement élevés dans le cimetière de l'Est, du côté du nord, on remarque celui que la famille de Gianni a fait élever à sa mémoire: c'est une simple pierre surmontée d'une croix, et sur laquelle se trouve gravée en italien l'épitaphe laissée par le poète dans son testament. Cette épitaphe, en huit vers italiens, atteste les pieux sentimens de Gianni. Un de ses amis en a fait la traduction en francais, et nous l'insérons ici :

Là git, dans la nuit des tombeaux,

De François Gianni la dépouille mortelle ;
Il fut un jour enflammé d'un saint zèle.

Hélas! les yeux couverts d'un funeste bandeau,

Depuis il épui-a la coupe mensongère

Des voluptés du monde; et bien qu'au fond du cœur.

Il sentit dn remords l'atteinte salutaire,

Ingrat envers son Dieu, fut quarante ans pécheur.

Enfin, vaincu par la grâce infinie,

It a quitté la vie

En plenrant son érreur.

AU REDACTEUR.

Monsieur, la situation où se trouve la France est un just sujet d'inquiétude pour tous les esprits sages. Assaillis d mauvaises doctrines, livrés au délire de l'orgueil et à un amour effréné de l'indépendance, nous voyons les plus haute vérités méconnues. L'audace des ennemis de notre repos s'ac croît dans une progression effrayante, et l'autorité, timide et impuissante, hésite ou recule devant l'imminence du danger. Dans cet état de choses, ceux qui ne peuvent rien peuvent du moins recourir à celui qui commande aux vents et aux tempêtes; il est peu de crises plus faites pour rappeler le besoin que nous avons de son secours. Lors de la guerre d'Espagne, on répandit de petits imprimés avec des formules de prières pour invoquer la protection de Dieu sur nos armes; récemment, dans une sécheresse prolongée, les veques ordonnèrent des prières publiques. La calamité morale qui nous menace est plus grave et plus alarmante; il ne s'agit point d'une guerre au dehors, mais de la guerre que l'on fait au dedans de nous aux doctrines et aux institutions que nous devons le plus révérer et chérir; il ne s'agit point des ardeurs d'un soleil brûlant qui dessèche la terre, mais d'une effervescence et d'une exaltation dans les esprits qui nous annoncent de terribles orages. Dieu seul peut dissiper ces présages sinistres; lui seul peut calmer cette agitation croissante, et donner aux pilotes la prévoyance, la force et la sagesse qui sauveront le vaisseau de l'Etat au milieu de tant d'écueils. C'est donc lui qu'il faut invoquer: que les fidèles s'unissent pour cet objet; que de pieuses associations se forment pour réciter des prières. Peut-être seroit-il mieux de convenir d'une formule commune pour une quarantaine. par exemple. En attendant, chacun peut diriger tous les jours quelque prière à la même intention, et appeler la protection divine sur le Roi, sur l'église de France et sur nous

tous.

Voulez-vous bien publier cette lettre, et me croire.....
Votre très-humble.....

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(Samedi 10 septembre 1825.)

(No. 1157.)

Lettre à M. Bellart, procureur - général, sur son réquisitoire contre les journaux de l'opposition, 1825; in-8°. de 16 pag.

Tous les amis de l'ordre et de la religion ont applaudi au zèle et à la prévoyance qui ont dicté la démarche de M. Bellart. En déférant à la justice des journaux qui semblent se faire un jeu de flétrir tout ce qui tient à la religion, l'estimable magistrat a montré autant de sagesse que de courage; on a été touché surtout du ton ouvertement chrétien de son réquisitoire, de la franchise de son langage, de la pureté de ses principes, de la chaleur et de la juste indignation avec lesquelles il signale les excès de la liberté de la presse. Plus les amis du trouble se permettent d'audacieuses déclamations ou de misérables railleries sur une démarche qui honore son auteur, plus tous ceux qui ont à cœur les intérêts de la religion et de la monarchie doivent d'estime et de reconnoissance à celui qui a déjà rendu tant de services à l'Etat et au bon ordre, et qui n'a pas craint d'affronter encore la haine des partis. L'auteur de la Lettre ne paroît pas partager nêtes envers M. le procureur-général; il vient aujourd'hui, non pas appuyer le réquisitoire par de nouvelles considérations, mais au contraire suggérer aux journaux attaqués des moyens de défense, et adresser au magistrat de graves reproches.

ces sentimens des ames droites et hon

Et quel est donc cet auteur? C'est, le croiroit-on, un prêtre, un théologien, un homme qui a beaucoup écrit sur de son initiale, et il ne l'auroit pas signée qu'on le reconles matières de religion; c'est M. T. Il a signé sa brochure noftroit aisément à une foule de traits. Entrons dans l'analyse de cet écrit. D'abord, à la vérité, M. T. paroît ne pas approuver tout le contenu des deux feuilles déférées. « Je suis affligé, ainsi que tous les gens raisonnables, dit-il en commençant, de l'indiscrétion des journaux incriminés qui, Sous l'apparence d'attaquer des abus réels, paroissent en vouloir aux choses respectables auxquelles ces abus sont Tome XLV, L'Ami de la Religion et du Roi. 1

attachés; il est à craindre qu'en faisant dégénérer la liberte de la presse, qui tient essentiellement à la nature du gouvernement représentatif, en une liccece répréhensible, on né fournisse des prétextes aux ennemis de nos libertés pour nous ramener sous le joug de cette odieuse censure qui est l'instrument le plus dangereux du despotisme. >>

On ne se plaindra pas sans doute que M. T. se soit laisse entraîner ici par un excès de zèle. Il a pesé ses expressions pour ne pas blesser trop vivement les journaux inculpés; il ne leur reproche que de l'indiscrétion or l'indiscrétion n'est point un crime, et ne sauroit être punie par les tribunaux. suppose que ces journaux attaquent des abus réels, et il juge qu'ils paroissent seulement en vouloir aux choses respectables. Les journaux attaqués ne seront certainement pas mécontens de la sévérité du grave théologien; aussi ils se prévalent de sa lettre et ils en citent avec complaisance des passages ou l'auteur tient absolument le même langage qu'eux, et paroît préoccupé des mêmes terreurs sur les progrès de l'ultramontanisme, et sur les dangers dont nous menacent les Jésuites. Mais ce qui nous paroît très-curieux dans le passage qu'on vient de lire, c'est la crainte qu'exprime M. T. que la licence de la presse ne fournisse des prétextes pour nous ramener sous le joug de cette odieuse censure qui est l'instrument le plus dangereux du despotisme. Oh! oh! me suisje dit, M. T. est devenu bien vif sur ses vieux jours; il n'a pas toujours eu autant d'horreur pour la censure; il trouva bon sous l'empire d'accepter une place de censeur, il en exerca les fonctions sous l'aimable M. de Pommereul; i consentit donc alors à se faire l'instrument du despotisme, et il travailla de tout son zèle à mutiler ou à prohiber les ouvrages qui lui déplaisoient. Il recevoit pour cela un traitement très-honnête qu'apparemment il n'estimoit pas si odieux. Depuis la restauration, il a encore obtenu le titre de censeur honoraire, et il a été gratifié en cette qualité d'une pension. Comment M. T. a-t-il oublié tout cela? comment de tels antécédens vient-il se gendarmer si fort contr la censure? comment ce qui étoit si doux sous Buonaparte devient-il si odieux sous le Roi, et comment un censeur ho noraire, celui qui s'est résigné à être l'instrument du zèle un peu brutal de M. de P., vient-il affecter inopinément tant d'horreur pour les fonctions qu'il a lui-même remplies

avec

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Il est vrai, car il faut être de bonne foi, que les temps ne se ressemblent guère; sous un prince aussi débonnaire que Buonaparte, le despotisme n'étoit point à craindre, et on pouvoit en conscience se faire l'instrument d'un tel homme, au lieu que sous les Bourbons cela est bien plus dangereus et doit répugner à une conscience délicate. M. T. est vrai ment très-plaisant avec ses scrupules:

Ce qui occupe ce brave homme, ce n'est pas le mal que les deux journaux peuvent faire et font en effet à la reli gion; ce n'est pas la continuité et la violence de leurs dé clamations qui s'en vont poursuivant les prêtres dans tous les coins du royaume; ce n'est pas leur facilité à accueil r woutes les plaintes et toutes les calomnies contre le clergé: non, M. T. n'en dit pas un mot. Ce vétéran du sacerdoce, c'est le titre qu'il a pris ailleurs, ne montre aucune sensibilité pour les injures qu'on adresse à ses confrères, pour les plaisanteries dont on les accable, pour les mépris qu'on verse sur eux. Ce qui le touche uniquement, ce qui absorbe soni attention, c'est l'ultramontanisme et ses progrès; l'ultramontanisme, dit-il, nous enveloppe de toutes parts: in ipso vivi mus, movemur et sumus. Cette citation est de M. T.; c'est hui qui applique fort indiscrètement à la chimère qu'il poursuit ce que saint Paul disoit de Dieu même devant Paréopage. Le lecteur jugera ce qu'il doit penser de ces sortes d'applications que la Chronique religiense traitoit autrefois de profanation du texte sacré. Nous ne voulons citer à M. T. que des autorités qui ne lui soient pas suspectes.

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L'auteur va cherchant partout des preuves des progrès de l'altramontanisme; je veux lui fournir des armes. Pourquoi n'a-t-il pas cité une brochure qui parut il y a vingt-quatre ans, et qui avoit pour titre: Adresse au gouvernement, là France en danger par l'ultramontanisme; 1801, in- 8o ? Cette brochure auroit pu lui fournir des traits curieux; uti anteur qui, en 1801, étoit effrayé des dangers de l'ultramontanisme, étoit sûrement doué d'une perspicacité peu commune, et M. T. n'auroit pas dû négliger d'invoquer un appui qui fortifie si puissamment ses justes alarmes.

Au fond, quelles sont donc les preuves qu'il donne des progrès du fléau que nous enveloppe de toutes parts? Ecoutons bien: ces preuves, c'est la bulle Auctorem fidei, c'est le nouveau Bréviaire de Paris, c'est une thèse récente où

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