ils ont donné l'exemple. Quelle vie en effet que cette union continuelle avec Dieu, cet esprit de pénitence et de prières, ce détachement absolu de toutes les choses d'ici-bas, cet oubli entier du monde et de ses vaines joies! Quel spectacle à offrir à un siècle comme le nôtre! quelle opposition avec nos mœurs, nos opinions, nos habitudes! Concevons-nous que des milliers de solitaires se soient enfoncés dans les déserts pour vaquer à la contemplation, pratiquer des austérités, ne vivre qu'avec Dieu! Les vertus des Paul, des Antoine, des Pacôme, des Hilarion, des Arsène, n'ont guère moins honoré la religion que le courage et le dévoûment des martyrs, ceux-ci n'ont souvent_souffert que pendant quelques instans, tandis que les solitaires consommoient lentement leur sacrifice au milieu des privations les plus dures.

On ne s'étonnera donc pas que le Père Marin se soit si fort étendu sur l'histoire des solitaires; ce sujet lui a paru sans doute fécond et utile. Il parcourt tous ces déserts habités par des anges plutôt que par des hommes, il va de retraite en retraite, il passe d'Egypte en Arabie, de Syrie dans l'Asie mineure; il visite tous les monastères, et il y découvre des vertus dignes de nous toucher et de nous confondre. Si, dans cette histoire détaillée, une critique sévère peut trouver quelques taches, si le style est foible et peu coloré, si les récits de l'auteur offrent quelque monotonie, ces légers défauts n'empêchent pas que l'ouvrage ne soit très-édifiant, et toutes les classes de chrétiens peuvent y puiser d'importantes leçons et de touchans exemples. Nous avouons cependant que nous aurions mieux aimé que l'auteur eût abrégé quelques détails sur la discipline monastique de Tabenne, sur la doctrine spirituelle de saint Basile et sur les règles de quelques monastères, d'autant plus qu'il n'a pu éviter quelques répétitions. La préface du premier volume et l'avant-propos du septième méritent d'être lus. On regrette que l'éditeur

n'ait pas joint à l'ouvrage une table générale des matières. Il a réimprimé l'ouvrage sans y rien ajouter, pas même un petit mot d'éloge pour le Père Marin, qui cependant le méritoit assez.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. S. S., voulant favoriser les progrès des bonnes études, a résolu d'établir un collége philologique (1), composé d'hommes distingués par leurs connoissances dans les lettres, dans les antiquités et dans les langues. Ce collége aura la culture de tous les ouvrages en ce genre, y compris les inscriptions; il prendra rang parmi les autres colléges des universités de Rome et de Bologne, et prendra part aux examens annuels des jeunes gens qui se livrent à l'étude de la littérature, et aux concours publics des maîtres qui se livrent à cette partie de l'enseignement. Les membres du college philologique de Rome sont le prince Augustin Chigi, président, le savant prélat Mai, le commandeur Odescalchi, le chevalier J. G. de Rossi, l'abbé Santucci, de l'académie des arcades; J. A. Guattani, de l'académie de S. Luc; le baron Gilles Van de Vivere, l'avocat Guadagni, le Père Piccadori, et les professeurs Amati, Nibby et Molza. En même temps, le saint Père a adjoint au college théologique de Rome les Pères Capellari, Zecchinelli, Ventura et Orioli.

PARIS. Aujourd'hui 14 septembre, fête de l'Exaltation, anniversaire du jour où le feu Roi accorda le Calvaire aux missionnaires, M. l'évêque de Nantes y officie, assisté de MM: les curés et du clergé de Saint-Germain-l'Auxerrois et de Saint

(1) Un de nos journaux en annonçant la formation de ce collége, l'a nommé, par mégarde, college philosophique, ce qui le faisoit ressembler un peu à un établissement du même nom qui vient d'être décreté dans un royaume voisin. Ces deux établissemens ne se ressemblent pas plus par le nom que par l'esprit et le but. Le collége philologique a pour objet de favoriser les études d'érudition, d'antiquités et de critique. Ce ne sera point ce que nous appelons en français un college; ce seroit plutôt une nouvelle faculté que le Pape crée dans les universités, et qu'il joint aux anciennes facultés de théologie, de droit, de médecine et autres. (Voyez le no. 1058.) (Note du Rédacteur.)

Vincent-de-Paul. Le jeudi 15, M. l'évêque de Tempe officiera, assisté de MM. les curés de Saint-Séverin et de SaintLouis-en-l'Ile et des séminaires de Versailles. Après la messe, stations pour les militaires. Le vendredi 16, les offices par le clergé de Saint-Paul et de Saint-Antoine. M. le curé de SaintPaul prêchera le matin, et M. le curé de Saint-Antoine fera les stations le soir. Le samedi et le dimanche, les offices et les instructions par les missionnaires. Ce dernier jour, les trois associations de Sainte-Geneviève se rendront au Calvaire. Le lundi, les offices et instructions par le clergé de Bonne-Nouvelle. Le mardi, M. l'évêque de Nanci officiera, assisté du clergé de Saint-Sulpice, qui fera toutes les instructions. Le mercredi 21, l'office et les instructions par les missionnaires. Le jeudi, office et instructions par M. le curé de Méry-surOise. Le vendredi, service pour les ames des bienfaiteurs du -Calvaire. M. l'évêque de Nanci officiera. Durant toute la neuvaine, les fidèles pourront visiter les chapelles dites de l'Ange et du Saint-Sépulcre, faites à l'imitation de celles de Jérusalem, et dont le Roi a fait présent au Calvaire. Le cimetière du Mont-Valérien ayant été ouvert depuis peu à la piété des fidèles, et ayant déjà reçu la dépouille de plusieurs personnes recommandables, on s'y rendra chaque jour avant vêpres, et un missionnaire fera une exhortation, qui sera suivie du De profundis et des oraisons. Ceux qui vou- droient s'y assurer une concession de terrain, dont le prix est entièrement consacré à la construction de l'église, pourront s'adresser à la sacristie. Pour la commodité des fidèles, il a été établi des voitures, qui partiront toutes les demi-heures de l'Abbaye-aux-Bois et de la rue de Valois. Il y a aussi un bateau à vapeur qui partira tous les matins du quai d'Orsay, à six heures et demie, et le soir à quatre heures; il reviendra le matin à huit heures, et le soir à six.

- La fête et l'oetave de l'Exaltation seront célébrées aussi dans l'église de Saint-Roch, le mercredi 14. M. l'abbé Gallard, grand- vicaire de Paris et curé de la Magdeleine, ouvrira l'octave, assisté du clergé de sa paroisse. Il y aura chaque jour un sermon le matin, et un autre le soir. Le jeudi 15, l'office, le sermon et les stations par le clergé de la paroisse des Missions-Étrangères, le vendredi par celui de Bonne-Nouvelle, le samedi par les ecclésiastiques du collége Stanislas. Le dimanche, M. l'évêque d'Iméria officiera pon

tificalement matin et soir; le sermon par M. l'abbé Gabrief. et les stations par MM. Paradis et Marduel; le lundi, l'office, les sermons et stations par le clergé de Sainte-Valère et celui de l'Abbaye-aux-Bois; le mardi par le clergé de SaintGermain-des-Prés, et le mercredi, jour de l'octave, par le clergé de Saint-Germain-l'Auxerrois. Tous les matins, la messe sera célébrée dans la chapelle du calvaire. L'indulgence plénière à cause du jubilé n'est applicable qu'aux ames du purgatoire; pour la gagner, il faut s'être confessé, communier, et faire les douze stations ensemble ou en particulier.

- Le Ror, dont la bonté s'étend à tous les genres de bonnes œuvres, vient de donner un témoignage signalé d'intérêt et de bienveillance à un établissement dont nous avons parlé quelquefois, la Bibliothèque chrétienne, publique et gratuite de Grenoble. S. M. lui a accordé une somme de 800 fr. Ce bienfait n'excitera pas seulement la reconnoissance de quinze cents lecteurs de cet établissement, il sera apprécié par tous les habitans de Grenoble, et sera un nouvel encouragement pour l'estimable ecclésiastique qui est à la tête de cette œuvre. M. l'abbé Rousselot, fondateur et directeur de la Bibliothèque, méritoit par son zèle cette marque de protection; il a réuni près de sept mille volumes qu'il distribue gratuitement, il a acheté un local, et a ouvert un cercle religieux et littéraire, et a formé une société des bonnes études. On trouve dans l'emplacement non-seule ment des livres et des journaux, mais de la société, un jardin pour la promenade, un billard et des jeux de trictrac et d'échecs. M. l'abbé Rousselot se propose même d'étendre son établissement et de louer une grande maison et un jardin dans le voisinage de la Bibliothèque pour loger et nourrir tous les étudians qui sont de la société des bonnes études. La faveur royale ne peut que le mettre à même d'exécuter son projet en appelant sur lui l'intérêt de tous les amis du bien.

-La société catholique des Bons Livres vient de terminer les travaux de sa première année: elle ne pouvoit les couronner par un ouvrage d'un intérêt plus général que le Journal de ce qui s'est passé à la tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI, in-12. Ce Journal est celui de Cléry, valet de chambre du Roi, et qui est resté avec ce prince

jusqu'à sa mort. On y a joint d'autres pièces, qui en sont comme le complément, les dernières Heures de Louis XVI, par l'abbé Edgeworth, et des Notices sur la Reine, sur Ma. Elisabeth, sur Louis XVII et sur MADAME. Tout cela forme un ensemble complet sur les prisonniers du Temple. La Notice sur la Reine est terminée par une pièce qui n'est pas sans intérêt on sait qu'on a récemment contesté le fait de la communion de la Reine, malgré la déclaration si précise de M. le curé de S. Germain-l'Auxerrois. M. Monnin, autrefois aide-de-camp du général Henriot, commandant de la garde nationale de Paris, interrogé sur ce fait, a répondu

en ces termes :

Il est non-sculement possible, mais même très-probable que Marie-Antoinette a reçu la communion à la Conciergerie. Pourquoi aroit-elle sollicité la permission de recevoir un prêtre dans cette prison, si elle n'eût pas en l'intention d'obtenir de lui les secours de la religion? Cette permission, je me suis chargé, à la sollicitation de Mme. Richard, de la demander au comité de salut public: elle m'a été accordée, et adressée à Fouquier-Thinville, à qui je l'ai remi e, et cet accusateur public l'a transmise ou gardien de la Conciergerie. Voilà les faits que j'alteste. Paris, le 19 juin 1825. Signé, Moxnin. »

La société catholique des Bons Livres a publié, dans sa première année, huit ouvrages, formant 11 volumes, dont 6 in-18 et 5 in-12. Les in-18 sont l'Histoire de la Religion, de Lhomond, 2 vol.; les Paraboles du Père Bonaventure et les Actes des Martyrs de Ruynart, 5 vol. Les in-12 sont les Preuves de la Religion de Beauzée, la Vie de saint Louis, an extrait des Anecdotes chrétiennes de Reyre, la Doctrine chrétienne de Lhomond et le Journal de Cléry. Tous ces ouvrages font 141 feuilles d'impression; et, comme chaque ouvrage a été livré triple, chaque souscripteur a reçu 33 volumes, formant 423 feuilles d'impression; ce qui est beaucoup relativement au prix de la souscription. Chaque`ouvrage ayant été tiré à 25, 26 ou 27,000 exemplaires, il en résulte que le nombre total des volumes distribués dans l'année est de 285,500. Un tel résultat doit encourager les souscripteurs à soutenir une œuvre qui s'est annoncée d'une manière si favorable, et qui peut rendre des services plus grands encore par la suite. Avec la dernière livraison on a envoyé aux souscripteurs quatre petites gravures représentant des sujets de piété. Nous parlerons une autre fois de la Bibliothèque catholique.