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qu'il pouvoit voir de ses fenêtres, et avoit marqué sa place à côté d'elle.

-Un sacrilége horrible a été commis, dans la nuit du 29 au 30, septembre, au Pin-Balma. Des voleurs se sont introduits dans l'église de cette paroisse et ont enfoncé toutes les armoires. Les vases sacrés ont été enlevés ainsi que les nappes, et, pour comble d'horreur, les hosties consacrées ont été jetées au vent.

-Dans le courant du mois dernier, il y a eu une révolte parmi les condamnés aux travaux forcés à Toulon. La force armée, pour les faire rentrer dans le devoir, a été obligée d'en venir aux dernières extrémités. Plusieurs ont été blessés, quelques-uns ont été

tués.

Le premier conseil de guerre permanent de la quatorzième division militaire a condamné à la peine de mort, le 26 septembre, le nommé Onfroy (Victor), chasseur au 120 régiment d'infanterie légère, accusé et convaincu d'outrages envers le Roi et la famille royale, et de propos injurieux envers ses supérieurs. Le nommé Duchesne qui, en affectant des sentimens de religion, étoit parvenu à se faire admettre dans plusieurs maisons religieuses, pour éviter les poursuites dirigées contre lui comme déserteur, a été condamné, dans la même séance, à cinq années de fer.

-Les débats relatifs au procès intenté contre le sous-intendant militaire Lambert commenceront, à la fin de ce mois, devant le conseil supérieur de guerre établi à Toulouse, sous la présidence de M. le baron Reynaud, commandant le département.

-Le 24 août dernier, le tribunal correctionnel de Bâle à condamné, comme réfractaire, à quinze jours de prison et aux dépens un habitant de cette ville qui, après avoir demandé la dispense légale pour épouser la soeur de sa femme défunte, a fait célébrer son mariage dans le canton de Berne avant d'avoir obtenu cette dispense, et en dépit de l'avertissement qui lui avoit été donné.

-Les Anglais, qui s'étendent de plus en plus dans l'Inde, ont enfin trouvé un peuple qui leur résiste vivement. Les troupes anglaises, au commencement de cette campagne, ont pris la voiture de cérémonie de l'empereur des Birmans. Si l'on en croit un journal anglais, cette voiture, qui est arrivée en Angleterre, est un chefd'œuvre admirable: elle est couverte d'or, d'argent, de plusieurs milliers de diamans, de rubis, de saphirs et autres pierres précieuses; enfin, elle réunit tant de grandeur et de magnificence, de simplicité, de délicatesse et de goût, qu'on ne pourroit obtenir un parcil travail en Europe. La voiture a de vingt-cinq à trente pieds de hauteur. Elle étoit traînée par des éléphans.

-Le roi de Prusse vient d'autoriser une quête générale parmi les catholiques du royaume, pour la reconstruction de l'église de SaintPaul à Rome.

-M. Caspar, docteur en médecine, à Berlin, vient de publier des fragmens d'une statistique médicale. On y voit que le nombre des suicides augmente considérablement. Dans les cinq années de

puis 1818 jusqu'à 1823, on en compte 3860 dans la monarchie pro sienne; sur cent mille habitans 7 se sont suicidés. A Berlin, il y a eu, de 1823 à 1822, un suicide sur 100 morts, A Londres, on compte 49 suicides sur cent mille habitans. Cette augmentation ra pide et effrayante est attribuée au goût toujours croissant des boissons spiritueuse.

Le couronnement de impératrice d'Autriche comme reine de Hongrie a eu lieu le 25 septembre. Vers huit heures du matin, l'empereur et l'impératrice, suivis d'un brillant cortége, se transportèrent à l'église collégiale de Saint-Martin, où ils furent reçus par le prince primat du royaume, qui leur donna la bénédiction. L'impératrice, au moment marqué, vint s'agenouiller aux pieds de l'âutel, portant la couronne impériale de la maison d'Autriche ; la couronne de Hongrie lui fut placée seulement sur l'épaule droite, et remise ensuite entre les mains de l'empereur. Au moment où les Hongrois virent leur reine ornée de la couronne de saint Etienne, ils firent entendre un triple vivat d'abord en hongrois, ensuite en latin. Après le couronnement, le prélat consécrateur oignit la reine deux fois au bras droit et entre les deux épaules; elle fut ensuite reconduite à son trône, ayant à la main droite le sceptre et dans la main gauche le globe du royaume. Arrivé au trône, le primat entonna le Te Deum, et une salve d'artillerie et le son des cloches annoncèrent que la cérémonie étoit achevée. Une foule immense, qui faisoit éclater les transports de la joie la plus vive, suivit les augustes per sonnages à leur palais, et le soir la ville fut illuminée.

Un soldat nommé Andrea Mancanelli, né à Naples le 30 novembre 1716, est mort à l'hôpital de Syracuse le 12 août dernier, à l'âge de 1og ans. Cette longévité est d'autant plús extraordinaire', que ce soldat a presque toujours mené une vie très-peu régulière et étoit sujet à une foule de maladies.

Les exercices du petit séminaire de Bazas ont encore attiré, cette année, un concours d'habitans et d'étrangers. Les trois derniers jours d'août et le 1er septembre, on a fait l'examen des différentes classes; les élèves expliquoient les auteurs et répondoient sur l'histoire et sur la géographie. M. d'Escures, sous-préfet, a ouvert les exercices par un discours. Plusieurs ecclésiastiques et magistrats encourageoient les jeunes gens par leur présence. On a eu à regretter l'absence de M. le comte de Marcellus, qui porte tant d'intérêt à cet établissement, et qui manquoit rarement de célébrer par quelque pièce de vers l'époque de la distribution des prix: il étoit aux eaux de Barèges pour raison de santé, et pour la première fois, depuis six ans, n'a pu prendre part à cette réunion. M. l'archevêque de Bordeaux, assisté de

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deux de ses grands-vicaires, M. l'abbé Barrès et M. l'abbé Carbon, et des directeurs des grand et petit séminaires de Bordeaux, présida aux examens de la seconde et de la rhéthorique, et distribua les prix le 1er septembre. Parmi les pièces de vers, on en remarqua une en vers français sur lá maladie et le rétablissement du prélat. Son étendue ne nous permet que d'én citer les derniers vers:

Alors le Tout-Puissant fait entendre ces mots :
Plus tard il recevra le prix de ses travaux.
En pareilles vertus, la terre est trop stérile;
A mon œuvre long-temps il est encore utile. »

Nous partageons bien sincèrement les vœux des élèves de Bazas et de tout le diocèse pour la prolongation des jours de l'illustre et vénérable prélat, qui court en ce moment șa quatre-vingt-dixième année.

Sur l'ordonnance relative à la Sorbonne.

Depuis que nous avons inséré dans ce journal, n° 1143, le texte de l'ordonnance du 20 juillet, relative à la formation d'une école des hautes études ecclésiastiques, nous n'avons point eu occasion de revenir sur un acte si important. On avoit dit que les bâtimens du Val-de-Grâce seroient cédés pour le nouvel établissement, et que l'hôpital militaire seroit transporté ailleurs: nous serions les premiers à applaudir à cette mesure; mais nous croyons que rien n'est encore dé-, cidé à cet égard. La commission même nommée par le Roi ne s'est pas encore assemblée; les évêques qui la composent sont dans leurs diocèses, et un d'eux, M. l'évêque de Viviers, est mort et n'a pas été remplacé. Il ne paroît pas que la commission doive se réunir avant le mois prochain : ainsi on aura eu le temps de mûrir le projet et de préparer les statuts et réglemens. Nous ne devons pas dissimuler que l'ordonnance a été fortement censurée dans un recueil périodique fort estimable, qui nous adresse même quelques reproches à ce sujet. L'auteur de l'article, M. N., regarde l'ordonnance comme une nouveauté funeste, et comme le renversement de tous les principes: ainsi nous aurions eu tort d'applaudir à cette mesure, et de dire qu'elle étoit récla

mée depuis long-temps par les besoins de la religion. Nous sera-t-il permis de montrer que l'ordonnance n'est point aussi contraire aux principes qu'on le suppose?

Une pareille école, dit l'auteur de l'article, ne peut être créée, canoniquement que par l'autorité du saint Siége, ou par celle du corps épiscopal, ou par celle de l'ordinaire or aucun de ces moyens, ne paroît avoir été pris. Nous nous flattons de n'avoir pas moins de zèle que M. N. pour l'observation des formes, canoniques; mais nous n'imaginons pas que ces formes soient violées par un projet d'établissement. Il n'y a encore rien de fait. L'ordonnance porte: Il sera établi..... Est-ce qu'on ne pouvoit former un tel projet sans l'autorisation préalable du saint Siége? est-ce une nouveauté funeste, est-ce le renversement de tous les principes que de préparer les bases, d'une, telle école et de charger les évêqués d'en rédiger les statuts? Quand ces statuts auront été concertés entre les évêques, qu'on les soumette à l'approbation du saint Père, et qu'on sollicite de lui une bulle qui autorise l'établissement, rien de mieux : nous espérons que c'est la marche que l'on suivra ; c'est celle qui est indiquée par les règles et par les usages de l'Eglise. Mais jusqu'ici il n'y a rien de perdu, et ce n'est pas le lieu de crier à la nouveauté pour un projet qui n'a pas encore d'exécution, et qui ne peut même en avoir de si tôt, puisqu'on n'a ni local, ni maitres, ni élèves, nî statuts, ni fonds, ni enfin les premiers élémens de l'établissement.

Où est, demande M. N., l'intervention du corps épiscopal? L'auteur ignoreroit-il que cet été les évêques qui avoient assisté au sacre, étant venus à Paris et s'étant réunis pour délibérer sur les besoins de leurs églises, ont résolu, entr'autres, de demander au Roi l'érection d'une école des hautes études ecclésiastiques? Un mémoire sur ce sujet a été rédigé et présenté au Roi, et c'est en conséquence de cette démarche que l'ordonnance du 20 juillet a été rendue. Il y a plus, dans les réunions d'évêques qui eurent lieu il y a trois ans, il avoit été aussi question d'une école des hautes études ecclésiastiques, et les évêques s'étoient accordés à solliciter cet établissement. On peut donc regarder la nouvelle mesure comme l'expression des voeux de tout le corps épiscopal, et comme le résultat d'une demande formelle et plusieurs fois répétée des évêques. Dira-t-on que les évêques ont

méconnu leurs droits en s'adressant au Ror sur un objet de cette nature? Mais c'est ici une matière mixte, où l'inter vention du Roi étoit nécessaire; car qui fournira les fonds pour la nouvelle école? qui donnera un local? qui assignera un traitement pour les professeurs? Nous ne croyons done point que les évêques répugnent à donner une approbation quelconque à un établissement où l'autorité ecclésiastique se trouve méconnue dans ses droits les plus importans. Les évê ques ne peuvent avoir de répugnance à approuver ce qu'ils ont sollicité eux-mêmes, et une ordonnance rendue sur des vœux manifestés plusieurs fois pár eux, et sur un mémoire présenté de leur part, ne peut être regardée comme une violation de leurs droits.

Enfin, M. N. est étonné de ne point voir dans l'ordonnance l'autorité de l'ordinaire. Il est dit pourtant dans l'ordonnance que les archevêques de Paris feront partie de la commission, et en effet, M. l'archevêque actuel est nommé le premier après M. le cardinal de La Fare. Si M. l'archevêque de Paris ne paroît pas seul ici, c'est qu'il est question d'un établissement qui doit être ouvert à tous les diocèses. Il est probable que du moins le prélat eût été nommé président de la commission, s'il n'eût pas paru convenable d'y mettre un cardinal. Certainement l'ordonnance n'a pas prétendu dépouiller, M. l'archevêque de sa juridiction naturelle sur un pareil établissement et sur les membres qui le composeront: c'est de lui que ces membres tireront leurs pouvoirs, et il aura nécessairement une inspection générale sur l'enseignement de l'école. L'ordonnance est contresignée d'un évêque, et cet évêque connoît les règles de l'Eglise et respecte les droits de l'ordinaire. Les deux prélats, on peut le croire, s'entendront aisément sur une affaire qui intéresse si fort l'église de France, et leur zèle, leurs lumières et leur piété sauront trouver les moyens de tout concilier et de hâter, par un heureux concert, l'exécution d'un projet qui peut avoir de si importans résultats.

Il nous semble donc que nous n'avons pas eu tant de tort d'applaudir à l'ordonnance et de trouver de grandes différences entre elle et l'arrêté du roi des Pays-Bas. Ces différences ne consistent pas seulement en ce que l'ordonnance est rendue par le Roi très-chrétien et rédigée par un évêque, mais en ce qu'elle a été sollicitée à plusieurs reprises par les

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