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évêques de France, et en ce qu'elle appelle des évêques à présenter les statuts et à nommer les chefs de l'établissement. On voit donc ici partout le concours de l'épiscopat, au lieu dans l'arrêté des Pays-Bas, on ne voit qu'un gouverneque, ment protestant qui agit non-seulement sans l'intervention des évêques, mais malgré les réclamations de tout le clergé. C'est le gouvernement qui choisit les professeurs, qui rédige les statuts, qui indique les sciences à traiter et les auteurs à suivre; enfin, c'est l'autorité civile qui fait tout. Il est probable que les catholiques des Pays-Bas s'estimeroient fort heureux, si les arrêtés dont ils se plaignent étoient conçus dans le même esprit que l'ordonnance du Roi de France, et si leurs évêques étoient appelés à y concourir comme les nôtres.

L'Ami des hommes et de la religion, ou le Guide des gens sages et prévoyans pour les conduire directement à la fortune par des moyens certains et conformes aux lois religieuses et civiles, par M. Blanc (1).

L'auteur, après avoir donné une idée générale des établissemens de prévoyance, recommande spécialement l'Agence générale de placemens sur les fonds publics. Cette Agence a été autorisée par deux ordonnances royales des 28 avril 1820 et 21 mars 1821. Il y a deux manières de placemens : les uns par compagnie avec chance d'accroissement et de successibilité, les autres à terme fixe. M. Blanc explique les avantages de ces deux modes et assigne les différences entre l'agence générale et les autres établissemens analogues. Ces différences lui paroissent toutes en faveur de la première. Nous ne pouvons aujourd'hui donner une idée de ses calculs; tout ce que nous pouvons dire, c'est que l'auteur montre les vues les plus droites. Il a soumis son livre à des théologiens, qui n'ont rien trouvé à reprendre dans le mode de placemens qu'il conseille, et il a cherché à se rendre utile au clergé et aux personnes consciencieuses qui répugnent fau placement à intérêt. Nous reviendrons sur cet écrit.

(1) In-8°, prix, 1 fr. 50 cent. et 1 fr. 75 cent. franc de port. A Paris, chez Ad. Le Clere et compagnie, au bureau de ce journal.

(Mercredi 12 octobre 1825.)

(N° 1166.)

Défense du Christianisme, ou Conférences sur la religion, par M. D. Frayssinous, évêque d'Hermopolis, premier aumônier du Roi (1),

Au milieu de tant de faits affligeans qui se passent aujourd'hui, le succès de ce livre a quelque chose de consolant pour les amis de la religion Deaxeditions faites en même temps, en deux differens mats, ont

été enlevées rapidement. Deux autres editions paroissent en ce moment à la fois, et aussi en deux formats, et déjà les demandes sont telles que ces deux éditions ne tarderont pas à s'écouler avec la même rapidité. On en prépare une nouvelle qui ne sera peut-être pas encore assez tôt prête pour l'empressement du public. Ce succès est d'autant plus remarquable qu'à peine les journaux ont-ils annoncé les Conférences. Les uns n'en ont point rendu compte, les autres en ont parlé fort succinctement; quelques-uns même les ont critiquées. Beaucoup de lecteurs auront vu entr'autres, avec surprise, dans un journal qui a joui long-temps d'un assez grand crédit, deux articles où les Conférences sont jugées avec la légèreté la plus partiale et la plus maligne; ils se seront demandé comment une telle censure pouvoit se trouver dans le même journal qui, autrefois, avoit parlé avec intérêt des Conférences; quand elles étoient prononcées à Saint-Sulpice, qui se plaisoit à en rendre compte, à célébrer le talent de l'orateur, sa méthode, sa sagesse, et à remarquer l'af

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(1) 3 vol. in-8°, papier fin satiné, prix, 21 fr. et 26 fr. franc de port. Le même ouvrage, 4 vol. in-12, prix, 10 fr. ét 14 fr. franc dé port. A Paris, à la librairie ecclésiastique d'Adr. Le Clere et compagnie, au bureau de ce journal.

Tome XLV. L'Ami de la Religion et du Ror. S

fluence des auditeurs et la satisfaction qu'ils éprou voient en entendant ces éloquentes et doctes apologies. Comment ce que les rédacteurs paroissoient admirer si franchement, il y a dix ans, leur semble-t-il presque ridicule aujourd'hui ? Cette contradiction paroîtra un mystère à quelques-uns, mais au fond ce mystère n'est pas inexplicable. L'auteur des Conférences est devenu ministre, dès-lors ses discours ont dû perdre beaucoup de leur mérite. Il feroit beau vraiment trouver quelque chose à louer dans les ouvrages du collègue de M. de V. Ne voyez-vous pas que dès qu'un homme de talent, quel qu'il soit, a eu la foiblesse de s'associer avec un ministre puissant que l'on veut renverser, l'un et l'autre doivent être l'objet de la même animadversion de la part des mêmes adversaires. C'est là leur couleur, cette politique est toute simple dans les temps de parti, et on en trouveroit d'autres exemples.

Voilà donc tout le secret, et vous avez la clef des articles de M. T. L. Dans le journal cité, M. T. L. fait la guerre à M. de V. Il ne peut pas décemment approuver les écrits d'un autre ministre. Ainsi il se gardera bien de parler du talent de l'orateur, de son esprit de discussion, de sa parfaite modération, de sa brillante facilité. Lisez les deux articles du 13 et du 22 septembre, vous n'y trouverez pas le plus petit mot d'éloge; mais, en revanche, vous y apprendrez que l'auteur des Conférences est en contradiction avec Bossuet et avec lui-même, que ses discours pouvoient être utiles, il y a vingt ans, mais qu'ils ont aujourd'hui beaucoup d'inconvéniens, qu'il ne faut point prêcher la religion philosophiquement, etc. La raison qu'en donne le critique n'est pas moins singulière que le conseil, c'est que la religion n'est plus discutée dans ses dogmes; et chaque jour il paroît quelque ouvrage où elle est attaquée avec violence dans ce qu'elle a de plus sacré! Mais M. T. L. n'en paroît point effrayé; ce qui l'inquiète, ce sont les ultramontains, les hypocri

tes, ceux qui veulent faire de la religion un moyen de domination, ou qui aspirent à faire reculer l'esprit humain. Ce sont ces gens-là qui causent tout le mal, c'est leur faute si les livres irréligieux ont eu quelque succès, comme le dit M. T. L. en employant à peu près le même sophisme que les partisans de la révolution qui en rejetoient les malheurs sur les prêtres et les émigrés.

Il y a long-temps qu'on a remarqué que M. T. L., dans ses articles, parloit de tout, excepté de l'ouvrage dont il doit rendre compte; ses articles sont pour lui un cadre commode pour développer ses idées, et l'auteur de l'ouvrage est bien heureux, si, sur trois ou quatre colonnes, il obtient trois lignes. Sous ce rapport, M. d'Hermopolis a été beaucoup mieux traité que bien d'autres; son nom revient souvent dans les deux articles du journal, mais les chicanes qu'on lui fait sont entremêlées de beaucoup d'autres choses et de digressions, parmi lesquelles il y en a une assez longue sur le réquisitoire de M. Bellart. M. T. L., distrait par tout cela, n'a pas eu le temps de donner une idée nette des Conferences, de faire remarquer le nombre et l'importance des sujets qui y sont traités, de montrer comment ces sujets se lient et s'enchaînent les uns aux autres et forment un cours complet de religion, d'inspirer enfin le désir de connoître l'ouvrage. Non, cela eût été contre la couleur du journal et contre les intérêts de la cause, et c'est le comble de l'adresse d'avoir su remplir neuf grandes colonnes d'un journal sans dire précisément ce qu'attendoit le lecteur, et sans toucher un seul mot du plan de l'ouvrage, de l'ordre des discours, du choix des preuves et du mérite du style.

Nous espérons que nous n'aurons pas besoin d'excuse pour cette petite discussion, qui n'est point ici un horsd'oeuvre, puisqu'elle tend à faire connoître le motif secret d'une critique sévère contre un ouvrage aussi ho

norable qu'utile à la cause de la religion. Quoi qu'on en dise, nul ouvrage n'étoit plus convenable aux temps où nous sommes et aux besoins de la société. Une foule d'hommes ne connoissent point la religion ou nourrissent contre elle les plus déplorables préjugés; ils l'ont vue attaquée ou travestie dans des livres nombreux, hardis et plus ou moins séduisans. Il importoit d'opposer à ces attaques un ensemble de réponses également concluantes et modérées, solides pour le fond et intéressantes pour la forme. C'est ce que M. l'évêque d'Hermopolis a fait dans quarante-quatre discours où il passe en revue les principes de la loi naturelle, les vérités de la révélation, les principales preuves da christianisme et les difficultés des incrédules. Nous avons indiqué ailleurs (n° 1121) l'ordre et le sujet de ces Conférences.

Cette deuxième édition est revue avec soin; il s'étoit glissé dans la première beaucoup de fautes typographiques. Ces négligences ont été réparées dans l'édition nouvelle; le texte a été revu, quelques incorrections ont disparu, les citations de l'Ecriture ou des auteurs ont été indiquées, et on espère que l'exécution typographique sera trouvée plus digne de l'importance de la matière et de la réputation de l'auteur.

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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. La retraite ecclésiastique, qui s'étoit ouverte le lundi 5 au séminaire St-Nicolas, a continué toute la semaine. Plus de cent ecclésiastiques logeoient au séminaire, et environ soixante qui n'avoient pu trouver place dans la maison, ou que les soins du ministère appeloient dans les paroisses, assistoient néanmoins aux discours du soir et du matin. M. l'archevêque présidoit à tous les exercices, et ses occupations ou sa santé n'ont pu le détourner de se montrer constamment à la tête de son clergé. Trois prélats ont suivi

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