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niz, ni par leurs avis salutaires, ni par des exhortations at fectueuses, ni enfin par des menaces et l'application des peines canoniques, à ramener des hommes aveugles dans la voie du salut, et à les rappeler dans le sein de leur mère la sainte Eglise. Guillaume Vet, qui ose s'appeler évêque de Deventer, et n'a pas rougi de nous informer de son élection et de sa consécration, dans une lettre qu'il nous a écrite le 15 juin dernier, nous a donné récemment un nouvel exemple d'une si grande obstination. Sa lettre, il est vrai, est remplie de miel, et annonce le respect et l'obéissance envers nous; mais cette même lettre nous apprend assez quel cas nous devons faire de ces flatteries feintes et usées depuis long-temps; car Guillaume s'y montre engagé dans les mêmes erreurs, opposé avec la même opiniâtreté aux saints canons, en un mot entaché de toutes les souillures dont se couvrirent, dès le commencement, ses pareils les schismatiques d'Utrecht. Guillaume cependant n'a pas craint de les présenter comme pleins d'innocence et exempts de torts, et même de leur donner de grands éloges. Puis donc que Guillaume ne diffère en rien de ceux contre qui nos prédécesseurs ont cru avec raison devoir sévir, après avoir épuisé les ressources de leur tendresse paternelle, nous, marchant sur leurs traces respectables, nous avons résolu de lui faire éprouver les mêmes censures; car nous ne voulons pas, nos très-chers fils, que quelqu'un de vous, au milieu desquels le schisme d'Utrecht se glisse et dévore tristement les ames, trompé par les prestiges de ces fourbes, suive comme de bons pasteurs et se laisse prendre à la voix trompeuse des loups qui se couvrent de la peau des brebis pour désoler, enlever et massacrer plus facilement le troupeau. Ainsi donc, nous décrétons, par l'autorité apostolique dont nous sommes revêtus, et nous déclarons que l'élection de Guillaume Vet à l'évêché de Deventer est illicite, vaine, nulle, et son sacre illégitime et sacrilége. Nous excommunions et anathématisons le susdit Guillaume, et tous ceux qui ont eu part à sa coupable élection, et qui ont concouru par leur pouvoir, leurs soins, leur consentement ou leurs avis tant à son élection qu'à son sacre. Nous décidons, décrétons et déclarons. qu'ils sont séparés de la communion de l'Eglise comine schismatiques, et qu'on doit les éviter; en outre, que ledit GuilJaume est suspendu de l'exercice des droits et fonctions qui

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appartiennent à la juridiction ou à l'ordre des évêques, et nous lui interdisons, sous peine d'encourir l'excommunication par le fait même et sans aucune déclaration, de faire le saint chrême, de conférer le sacrement de confirmation, de donner les ordres ou de faire d'autres actes réservés à l'ordre des évêques, déclarant de plus vains, inutiles, d'aucune valeur et d'aucune importance tous et chacun des actes qu'il auroit la hardiesse d'entreprendre. Que ceux qui auroient reçu de lui les ordres ecclésiastiques sachent qu'ils sont liés par la suspense, et qu'ils deviendront irréguliers, s'ils ont exercé les fonctions des ordres qu'ils auroient reçus.

» C'est à regret et avec beaucoup de douleur que nous imposons ces peines aux coupables. Oh!'s'ils étoient eux-mêmes frappés et plongés dans la douleur par notre décret, s'ils pleuroient et se repentoient, quelle joie n'en aurions-nous pas! Quelles farmes de joie tireroit de nos yeux une conversion si désirée! avec quels transports nous serrerions dans nos bras des fils revenant vers leur père! quelles grâces nous rendrions au Dieu de miséricorde! Nous lui demandons tous les jours, par des prières ardentes, qu'il daigne accorder cette consolation à nous et à toute l'Eglise. Faites la même chose, nos très-chers fils, vous dont nous connoissons et louons à si juste titre la foi invincible et l'union indestructible avec le saint Siége apostolique, centre de l'unité orthodoxe. Pour vous aider à satisfaire plus volontiers, plus pleinement et avec plus de joie à ce devoir de la charité évangélique, nous vous donnons affectueusement la bénédiction apostolique. Donné à Rome, près l'église SaintPierre, sous l'anneau du pécheur, le 19 jour d'août 1825, seconde année de notre pontificat. >>

Un nommé Brignotti parcourt quelques diocèses, muni d'une attestation qui porte le nom de M. l'évêque d'Albenga; il sollicite la charité des fidèles pour racheter, dit-il, un frère prêtre qui a été fait esclave par les barbaresques. Il est bon de prévenir que ce Brignotti est un imposteur. Un prélat français a écrit à son sujet à M. l'évêque d'Albenga, dans l'Etat de Gênes, et celui-ci vient de répondre que le porteur de l'attestation ne peut être qu'un fripon, qui abuse de son nom et de son sceau ; qu'il n'y a point de Brignotti dans le diocèse; mais que malheureusement on a des exemples de fourbes qui s'étudient à contrefaire les signatures. Nous souhaitons que cet avis arrive assez à temps pour empêcher quelques personnes d'être trompées par le personnage ci-dessus indiqué.

(Samedi 15 octobre 1825.)

(N° 1167.)

Leures Vendéennes, ou Correspondance de trois Amis en 1823, par M. le vicomte Walsh (1).

La guerre de la Vendée est un épisode si intéressant de la révolution française, soit par les grands exemples de fidélité et de courage qu'elle a donnés au monde, soit par l'atrocité des excès qu'exercèrent les armées républicaines, que plus d'un historien s'est empressé de traiter ce sujet avec plus ou moins d'étendue. Déjà tous les coeurs chrétiens et royalistes se sont attendris aux récits de Mme de Larochejaquelein et aux tableaux de M. de Beauchamp. M. Walsh, émigré vendéen lui-même, n'a pas cru la matière épuisée. Il a parcouru la fidèle Vendée, comme nous l'apprenons dans sa préface, se faisant raconter, par les gens du pays, les histoires de leurs villages, et par les propriétaires, les malheurs de leurs châteaux. Ceux qui ont lu les écrits dont nous venons de parler trouveront encore, dans les Lettres Vendéennes, des souvenirs touchans et plusieurs faits qui n'étoient pas encore connus: On y voit tomber sous la hache révolutionnaire, après avoir si généreusement défendu leur religion et leur Roi, Cathelineau, le saint de la Vendée; le prince de la Trémouille que soixante combats contre les républicains n'avoient pas fait trembler; Charette, le dernier rempart de son pays, et tant d'autres illustres héros de la fidélité, qui, après la prise d'une ville, à la suite d'une victoire, accouroient dans les églises, des chapelets à leur boutonnière, de pieuses images sur la poitrine, et prosternés devant les autels, remercioient

(1) 2 vol. in-8°, prix, 12 fr. et 15 fr. franc de port. A Paris, chez Egron; et à la librairie ecclésiastique d'Ad. Le Ĉlere et compagnie, au bureau de ce journal.

Tome XLV. L'Ami de la Religion et du Ror. T

le dieu des armées, pendant que de nombreux drapeaux, tout noircis de poudre, tout déchirés de balles, s'inclinoient et se relevoient toutes les fois que le nom de Jésus étoit prononcé.

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Il vivra le nom de ce paysan vendéen, soldat des armées royales et catholiques, dont le dévoûment bien vraiment sublime, semble appartenir aux plus beaux temps de l'Eglise; fait prisonnier par les bleus; il est amené devant une croix. « Tu as été pris les armes à la main, lui dirent les républicains; ton arrêt de mort est prononcé. Voilà la chaumière où tu es né; ton père y est encore; tu vivras si tu veux obéir. — Le Vendéen regarda sa cabane, les larmes lui vinrent aux yeux Pour obtenir la vie, que faut-il faire? Un soldat de la république lui répondit: Prends cette hache et abats cette croix. Ripoche (c'est le nom du Vendéen) prit la hache; ses compagnons de malheur, ceux qui avoient été faits prisonniers comme lui, détournèrent la tête; ils crurent que le Vendéen alloit abjurer son Dieu, ils frémissoient. Ripoche, brandissant la hache dont on venoit d'armer ses mains, s'élance sur le piédestal de la croix, et, élevant son arme, il s'écrie d'une voix qui retentit au loin: Mort à celui qui insultera la croix de Jésus-Christ; je la défendrai jusqu'à mon dernier soupir. Adossé au bois sacré, il agite sa hache; une divine ardeur brille dans ses yeux; une force surnaturelle semble l'animer. Pendant quelques instans il parvient à éloigner les sacriléges. Tant de courage les frappe de stupeur, n'osent avancer; mais bientôt, rougissant d'être arrêtés par un seul homme, ils fondent sur le vaillant chrétien; le nombre l'accable; il est blessé de toutes parts. Il tient encore la croix, les monstres en détachent ses bras, ils le couchent sur le piédestal, ils appuient leurs baïonnettes sur son cœur, et lui répètent : Abats ce signe de la superstition, et tu vivras. C'est le signe de ma rédemption, s'écria le Vendéen; je l'embrasserai

ils

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encore.... Et, par un dernier effort, ses bras se rattachèrent à l'arbre du salut; ses bras se roidirent à l'entour car ce fut ainsi qu'il reçut la mort. Les meurtriers laissèrent leur victime, et abattirent la croix. »

Quel exemple! quel courage! quel héroïsme! Ne peut-on pas dire de ce généreux chrétien ce que Tertullien disoit d'un martyr: Corona premit vulnera, palma sanguinem obscurat, plus est victoriarum quàm injuriarum; il ne reçoit aucune-blessure qu'il ne couvre par une couronne, il ne verse pas une goutte de sang qui ne lui mérite de nouvelles palmes; il remporte plus de victoires qu'il ne souffre de violences?

Après la déplorable bataille de Savenay, qui fut si funeste à la cause de la fidélité, « une troupe de cinq cents Vendéens est entourée par les républicains; on leur crie de se rendre; il n'y avoit pas moyen de résister, les royalistes jettent leurs armes et demandent quartier; une décharge de mousqueterie est la seule réponse des soldats de la révolution. Que ceux qui ne sont pas blessés se lèvent, s'écrie l'officier qui avoit commandé le feu; la république, grande et généreuse, leur pardonne. Alors ceux qui n'avoient pas été atteints, alors ceux qui avoient été blessés, mais qui respiroient encore, se lèvent une seconde décharge part, les abat: voilà le pardon de la république. »

Détournons nos regards de ces scènes de sang, et cherchons des émotions plus douces. Nous les trouvons dans l'histoire d'un prêtre vendéen échappé aux noyades de Nantes.

Comme tant d'autres prêtres, l'abbé Landau, curé de Saint-Liphard, avoit été amené dans les prisons de Nantes. Il en fut bientôt tiré, pour être précipité dans la Loire, attaché à un vieux religieux, compagnon de sa prison. Heureusement la corde qui les lioit se relâcha. Le curé de Saint-Liphard étoit fort et savoit nager; il lutte quelque temps contre le courant, dans l'espérance de se sauver lui et son compagnon; mais

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