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Nous avons donc la confiance que le conseil général voudra bien solliciter du gouvernement l'exécution d'un projet auquel se rattachent les plus hauts intérêts de l'ordre public. et de la morale. Nous avons la conviction intime qu'en répondant à nos voeux, ils ne feront que répondre au vœu le plus général des religieux habitans de ce diocèse. Un instinct secret révèle, à ceux même qui ne pratiquent pas les devoirs sévères de la religion, qu'elle est un besoin pour eux et pour leurs familles. Témoins de leurs vives instances, leur inquiète sollicitude quand on ne peut les satisfaire, nous savons que les bons villageois soupirent après le moment où ils posséderont au milieu d'eux des pasteurs qui puissent y rallumer la foi éteinte, et y ressusciter les mœurs qui dépérissent de jour en jour. Le conseil général peut rendre plus certaine et plus efficace une régénération aussi désirable: la sagesse de ses membres, les sentimens religieux et monarchiques dont ils sont pénétrés, les sacrifices généreux qu'ils ont déjà faits pour le bien de ce département, la justice enfin de notre demande, tout nous fait espérer que notre confiance ne sera point déçue, et que le conseil général acquerra un nouveau titre à notre reconnoissance, à celle de notre clergé et de tous les hommes religieux qui désirent rendre le ministère du prêtre plus indépendant, afin qu'il soit plus utile.

J'ai l'honneur d'être, etc.

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JEAN-PIERRE, évêque d'Amiens.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le lundi 17, Mme la Dauphine est allée entendre la messe à la chapelle expiatoire, rue d'Anjou. Dans la chapelle des Tuileries, le service pour la Reine a été renvoyé à ce jour, à cause du dimanche. Ce service a commencé à onze heures. M. l'évêque de Coutances a officié, et M. l'évêque de Nanci a lu la lettre de la Reine. Le Ror, la famille royale," les ministres et les ambassadeurs assistoient à cette cérémonie. Mme la Dauphine étoit dans le bas de la chapelle.

Le samedi 15, jour de la fête de sainte Thérèse, il y a eu un grand concours dans l'église des dames Carmelites de la rue de Vaugirard. Les messes se sont succédées toute la

matinée, et il y a eu beaucoup de communions de fidèles. Le même jour, il a été célébré une messe pour le Roi et la famille royale dans la chapelle de la petite communauté des clercs de la chapelle du Roi, rue du Regard. Cette messe, qui a été suivie de l'Exaudiat, a lieu tous les ans, en vertu d'une fondation agréée par Mme la Dauphine, qui témoigne à cette maison un intérêt particulier.

-Aujourd'hui mercredi 19, il y a une réunion dans la chapelle de l'infirmerie de Marie-Thérèse, rue d'Enfer. M. l'abbé Guyon prêchera, et M. l'ancien évêque de Tulle donnera le salut du saint Sacrement. La quête sera faite Me la duchesse de Fimarcon et par Me la comtesse Davidoff.

me

par

-La mort de M. l'évêque de Viviers ayant laissé une place vacante dans la commission ecclésiastique créée par l'ordonnance du 20 juillet dernier, M. l'évêque de Quimper y a été appelé. Ce prélat appartenoit à l'ancienne Sorbonne. On croit que la commission pourra se réunir le mois prochain.

Le corps de Me Hocquart, après l'accident funeste qui l'a enlevée au mois d'août dernier, avoit été déposé provisoirement dans l'église de Saint-Aubin, diocèse de Sens, près du théâtre même d'un si douloureux évènement. M. l'archevêque de Paris ayant témoigné le désir de conserver plus près de lui les restes d'une parente si respectable, le corps a été amené à Conflans où il arriva le vendredi 14; on le déposa dans l'église paroissiale où les vêpres des morts furent chantées. L'église étoit tendue de noir. Le lendemain au matin, un clergé nombreux s'y trouva réuni. MM. les grands-vicaires, un assez grand nombre de curés de la capitale, d'autres ecclésiastiques et des parens et amis de la défunte, assistèrent au service, qui fut célébré par M. l'abbé Pisseau, curé du Saint-Sacrement, au Marais, paroisse de Mme Hocquart. M. l'archevêque fit l'absoute, après laquelle, le corps fut transporté dans la chapelle souterraine de la: maison que le prélat a racheté à Conflans, Le transport se fit processionnellement et en chantant des prières, et le corps. fut déposé dans son dernier asile. M. l'archevêque se propose. de décorer convenablement cette chapelle souterraine ou reposent les restes d'une femme si admirable par sa piété gé-. néreuse et par son dévoûment à toutes les bonnes œuvres..

Dans la chapelle haute, une pierre au-dessus de la sépulture

porte:

Hic jacet

Agatha Theresia Clouet,

Vidua Antonii-Ludovici-Hyacinthi Hocquart.

Hæc erat plena bonis operibus
et eleemosynis quas faciebat.

ACT. 9.

Dans la chapelle souterraine, on lit cette inscription:

Viduas honora quæ verè viduæ sunt.
Hic requiescit

corpus Agatha Theresia Clouet-Hocquart.

Et hæc vidua erat

in bonis operibus testimonium habens.
Hospitio recepit, pedes sanctorum lavit.
tribulationem patientibus subministravit,
omne opus bonum subsecuta est.

Un autre petit monument est érigé dans cette chapelle à la mémoire de M. de Juigné, archevêque de Paris, qui la fonda, et à la mémoire de tous les évêques et archevêques de Paris, décédés.

-Les protestans ont fait sonner bien haut quelques défections récentes dont nous avons parlé, mais ils se taisent sur les démarches de ceux de leur communion qui rentrent dans le sein de l'Eglise romaine. Les exemples n'en sont cependant pas rares, nous en avons déjà cité un assez grand nombre dans ce journal, entr'autres n° 845, 847, 867 et 921. Nous en avons encore de nouveaux à y joindre et dont nous donnerons incessamment la liste. Aujourd'hui nous ne parlerons que de la conversion de M. de Joux, génevois et ancien président du consistoire de Nantes. Il y avoit longtemps qu'il avoit entrevu la vérité, et il avoit eu des entretiens avec plusieurs catholiques distingués et avec quelques ecclésiastiques. Ces entretiens, ses lectures, ses voyages, ses réflexions, tout a contribué à le convaincre. Il a visité tour à tour Rome et l'Italie, l'Ecosse et l'Allemagne, observant les pratiques de chaque église, et vérifiant la fausseté des reproches que nous font les protestans. Etant venu à Paris il y a quelque temps, il a continué ses recherches, et s'est adressé à un respectable curé de la capitale, qui lui a donné les dernières instructions. Enfin il a fait abjuration

1 le mardi 11, entre les mains de M. l'archevêque de Paris, et se propose de publier un écrit où il exposera les motifs de cette démarche. M. Pierre de Joux, autrefois membre de la vénérable compagnie des pasteurs de Genève, a été douze ans président du consistoire de Nantes, et est connu par divers écrits, et entr'autres par son opposition au socinianisme, qui a fait, dans ces derniers temps, tant de ravages parmi les protestans, et qui a éclaté surtout à Genève d'une manière déplorable, comme nous avons eu lieu de le raconter dans ce journal. Nous reviendrons sur cette démar che d'un homme qui, à son âge, n'a pu sans doute céder qu'à une profonde conviction, et nous raconterons d'autres faits non moins édifians. A Paris, plusieurs personnes ont récemment abandonné le protestantisme, et les journaux ont annoncé l'abjuration de M. Baltazar de Castelberg, antistes ou président du consistoire, et ministre protestant à Ilantz, dans le canton des Grisons. La lettre latine par laquelle il a déclaré sa conversion et en a déduit les motifs, est imprimée, et pourra faire le pendant de celles de M. de Haller, de M. Laval, de sir Leopold, Wright, etc. Toute la famille de M. de Castelberg a suivi son exemple.

-Peu de jours avant que M. l'évêque de Grenoble cût ⚫ été enlevé au diocèse, il avoit encore procuré une retraite à son clergé et en avoit suivi tous les exercices. Les retraites ecclésiastiques sont établies depuis plusieurs années à Grenoble, et elles s'y font régulièrement; pendant quatre années consécutives, on y entendit avec autant de fruit que de satisfaction un homme rempli de l'esprit de Dieu, le vénérable M. Rey, aujourd'hui évêque de Pignerol. L'année dernière, ce fut M. Boyer qui prêcha; cette année, M. l'abbé Donnet, supérieur des missions de Tours, a été chargé de la retraite, et à parlé pendant dix jours deux fois tous les jours et souvent trois fois. Ses discours n'avoient pas moins de force et de noblesse que d'à-propos et d'onction. Il y avoit à la retraite plus de deux cents curés qui étoient venus de toutes les parties du diocèse. Le mardi 6 septembre a eu lieu la procession à la cathédrale; tous les prêtres ont communié de la main de M. l'évêque et ont renouvelé les promesses cléricales. A l'Evangile, M. l'abbé Donnet monta en chaire; son texte étoit tiré d'Isaïe: Filios exaltavi et enutrivi, ipsi autem spreverunt me. La division étoit les bienfaits du

sacerdoce envers la société, et l'ingratitude de la société envers le sacerdoce. L'orateur a parfaitement traité ce sujet et a répondu à l'attente de l'immense auditoire qui remplissoit l'église. Le soir, M. l'évêque voulut aller, à la tête de son clergé, témoigner sa reconnoissance au zélé missionnaire, qui fut touché d'une telle démarche. Qui auroit pu croire que quelques jours après le vertueux prélat seroit enlevé à son diocèse?

-Les journaux ont parlé d'une encyclique adressée par le Pape aux archevêques et évêques de l'Amérique espagnole, pour les engager à exhorter les peuples à reconnoître l'autorité du roi d'Espagne. Nous n'avons point vu cette éncyclique, et nous ne savons si elle est authentique; seule ment un journal anglais vient de publier une déclaration du congrès mexicain relativement à l'encyclique, et nos journaux, en rapportant différens extraits de cette déclaration, y ont joint des réflexions, chacun suivant l'esprit qui l'anime. L'un d'eux s'est étonné que la cour de Rome s'arrogeât encore le droit de délier les sujets de leur fidélité envers leur souverain; mais il faut convenir que le reproche est bien mal appliqué dans la circonstance, puisque, loin de délier les sujets de leur fidélité envers le souverain, le Pape les exhorte au contraire à rester fidèles à ce souverain. La démarche de Leon XII, si elle est vraie, n'a rien que de légitime et d'honorable; elle est conforme à la conduite de ses plus sages prédécesseurs et au vou de la religion. Quand, après la révolte des Pays-Bas, Pie VI écrivit aux évêques de ces provinces pour les exhorter à se soumettre à Joseph II, cette intervention du pontife fut regardée comme aussi digne de son caractère qu'elle étoit généreuse. Rien ne convient plus aux ministres de l'Eglise que de prêcher la soumission à l'autorité. Ce n'est pas, sans doute, usurper le pouvoir temporel que d'exhorter les chrétiens à rester fidèles à l'autorité qu'ils ont eux-mêmes long-temps reconnue. Ce n'est pas affecter l'indépendance que de recommander la dépendance, et une intervention qui se borne à des conseils et à des exhortations n'est point une suprématie ambitieuse. Cependant la déclaration du congrès mexicain semble avoir confondu deux choses si distinctes; elle rappelle d'anciennes luttes entre les papes et les princes, se plaint des envahissemens du clergé, et cite les noms d'Innocent III, de Boni

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