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tionnaires n'appartiennent point à cette réunion; comment se feroit-il qu'ils réservassent toutes les faveurs à un corps auquel eux-mêmes sont étrangers? Est-ce par ambition que des hommes riches ou d'un nom illustre, que des avocats, des médecins, des gens de lettres, des militaires, sont entrés dans la congrégation? Les uns ne demandent rien, les autres peuvent savoir que ce n'est pas là le moyen de capter la bienveillance de leurs chefs. Et ces jeunes gens qui se livrent aux bonnes œuvres, qui visitent les hôpitaux et les prisons, qui instruisent les savoyards, est-ce aussi ambitiou de leur part? Hélas! Dieu veuille que nous ayons beaucoup de tels ambitieux qui aspirent à soulager les misères publiques! Du temps qui court, ce n'est pas le genre d'ambition le plus contagieux.

Nous pourrions encore rendre hommage, avec de M. de Montlosier, au caractère distingué de beaucoup de membres de la congrégation; mais c'est assez nous arrêter sur un sujet que nous eussions mieux aimé passer sous silence. En résumé, ceux qui s'élèvent plus fortement contre la congrégation sont aussi les plus ardens à crier contre les Jésuites, contre les évêques, contre le clergé : dès-lors on peut apprécier leurs motifs et juger leur but.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES..

PARIS. Le jeudi 20 octobre, jour anniversaire de la mort de M. le cardinal de Périgord, archevêque de Paris, un service a été célébré pour lui à Notre-Dame; ce service est une fondation de Son Eminence. M. l'archevêque y a as

sisté.

-M. Cottret, évêque de Caryste, ancien chanoine de Notre-Dame et professeur à la faculté de théologie de Paris, a été nommé par le Roi, sur la présentation de M. le grand aumônier, membre du chapitre de Saint-Denis. Les évêques-chanoines du premier ordre, dans ce chapitre, sont aujourd'hui M. de Bovet, ancien archevêque de Toulouse; M. de Merinville, ancien évêque de Dijon; M. Enoch, ancien évêque de Rennes; M. de la Broue de Vareilles, ancien évêque de Gap; M. de Sagey, ancien évêque de Tulle;

M. de la Châtre, évêque d'Iméria; M. de Saint-Bauzille, évêque de Tempe; et M. Cottret, évêque de Caryste. Il y a deux places vacantes.

Les ecclésiastiques du diocèse du Mans, qui, par une fâcheuse circonstance, furent privés, l'an dernier, des avantages de la retraite, ont été plus heureux cette année. M. l'abbé Berger, prêtre du diocèse de Toulouse, a bien voulu seconder le zèle de leur respectable évêque, M. de la Myre, en donnant successivement deux retraites, chacune de sept jours. La première, qui a commencé le 1er septembre, a eu lieu au Mans, dans le grand séminaire, pour les prêtres du département de la Sarthe; la seconde à Laval, dans le local du collége, pour ceux de la Mayenne. Celle-ci a duré du 12 au 20 du même mois. Au Mans, les ecclésiastiques qui faisoient la retraite étoient au nombre de cent soixante-quinze, presque tous logés au séminaire; à Laval, ce nombre s'élevoit à cent cinquante-trois, dont une cinquantaine logeoient en ville, à cause de l'exiguité de la maison. Monseigneur s'étoit enfermé au séminaire pendant tout le temps de la retraite du Mans. Il présidoit à tous les exercices. Sa présence au milieu de ses prêtres a produit un trèsgrand effet. Il partageoit leurs repas, il étoit toujours avec eux, les animoit par son exactitude en même temps qu'il les édifioit par sa piété. A Laval, il assistoit aux principaux exercices, qui tous étoient dirigés par un de ses vicairesgénéraux. Ces deux retraites ont été remarquables par le silence et le recueillement qu'on y a observés, par la piété et les bonnes dispositions des ecclésiastiques qui en ont suivi les exercices; dispositions qui leur ont mérité les félicitations de leur évêque et celles de l'homme de Dieu venu de si loin pour leur annoncer la parole sainte. La rénovation des promesses cléricales et la communion générale ont produit une grande sensation sur les fidèles qui, au Mans et à Laval, assistoient en grand nombre à cette imposante cérémonie. M. Berger vivra long-temps dans la mémoire des prêtres manceaux, qui ont parfaitement goûté cet estimable ecclésiastique. Ils admiroient en lui une piété tendre, une éloquence naturelle, une rare modestie relevée par un beau talent, une grande connoissance et une application toujours heureuse des saintes Ecritures. Au Mans, il parloit cinq fois. par jour, quoiqu'il sortît de donner des retraites dans plu

sieurs diocèses de Normandie. A Laval, sa santé, épuisée par ses travaux précédens, l'avoit forcé de mettre des bornes à son zèle, et M. Thomas, supérieur des missionnaires de cette ville, faisoit, pour le soulager, deux conférences par jour, et s'en acquittoit avec autant de sagesse que de charité.

-Le diocèse d'Angoulême se ressent, de jour en jour, de la présence d'un évêque aussi sage que zélé. La retraite pastorale a eu lieu comme l'an dernier, et n'a pas été sans fruits et sans consolation; les exercices y ont été suivis avec recueillement par plus de soixante prêtres qui n'avoient pas été appelés l'an passé, et qui ont joint leur adhésion et leur signature à la profession de foi souscrite par leurs confrères, à la fin de la retraite précédente, et rapportée dans notre n° 1069. Ainsi tout le clergé du diocèse est maintenant uni par les mêmes sentimens, et toutes les traces des anciennes divisions sont effacées. Les soins et les exemples d'un prélat aussi vertueux, et des coopérateurs qui travaillent sous ses ordres, développeront dans ce pays le même esprit de foi et de religion que dans d'autres diocèses. On a pu en voir un premier exemple dans la petite paroisse de Balsac; une retraite qui vient d'y être donnée a eu les résultats les plus heureux. M. l'évêque à bien voulu la terminer lui-même et présider à une cérémonie édifiante. Il s'agissoit de baptiser quarante adultes, dont plusieurs avoient vingt-cinq ans, et de bénir une vingtaine de mariages. Ce retour éclatant à la religion a fait beaucoup d'impression; mais quel étoit l'état d'une paroisse où quarante adultes n'avoient pas reçu le baptême? Combien il est nécessaire de préparer de loin les moyens de donner des pasteurs à tant de paroisses qui en manquent! - Pendant que dans nos villes corrompues des déclamateurs travaillent de plus en plus à rendre le clergé odieux, dans des provinces éloignées, un peuple rempli de foi entoure ses pasteurs de témoignages d'attachement et de respect; dans ces contrées heureuses et paisibles, la vue d'un évêque met en mouvement toute une population et excite des transports unanimes d'allégresse. C'est ce qu'on a vu cet été dans une visite pastorale que M. l'évêque du Puy à faite dans la partie la plus montueuse de son diocèse, du côté du Vivarais. Cette visite avoit été annoncée dans les paroisses de Saint-Front, de Fay, des Vastres, des Étables, de SaintBonnet-le-Froid, de Tance et autres environnantes. Le

prélat partit du Puy le lundi 25 juillet; à son approche, les bons montagnards quittoient leurs cabanes et leurs troupeaux, là les mères lui apportoient leurs enfans pour qu'il les bénit, ici des vieillards et des pauvres malades se faisoient porter sur son passage et réclamoient aussi sa bénédiction. C'étoit à qui le verroit, à qui toucheroit ses vêtemens. Les jeunes gens venoient par troupes de cinquante ou soixante cavaliers au-devant de leur évêque, et quand ils l'avoient rencontré, escorté de son cortége de pauvres et d'enfans, ils faisoient retentir les montagnes de leurs acclamations et se jetoient à bas de leurs chevaux, pour recevoir sa bénédiction; puis ils alloient annoncer au loin la bonne nouvelle. Des protestans (il y en a environ quatre mille dans le diocèse), oubliant tout à coup leurs préjugés et les leçons de leurs ministres, s'abandonnoient aux mêmes transports de joie et escortoient le prélat à cheval. Aux Vastres, c'étoit un protestant qui ouvroit, à cheval, le triomphe pacifique d'un évêque. Au Chambon, une pauvre femme protestante vint supplier M. de Bonald de visiter sa chaumière, et de toucher son enfant malade. Que Dieu guérisse le corps et l'ame, dit le bon évêque, attendri en voyant cette pauvre cabane. Cependant if poursuivoit sa route au milieu des témoignages de joie et de respect, répandant partout des aumônes et édifiant par sa piété et sa charité. Il s'arrêtoit dans les églises pour donner la communion, et la confirmation à nombre de fidèles et d'enfans. Il y avoit telle église de ces montagnes où la cérémonie duroit plusieurs heures, et un jour la communion seule dura quatre heures, et sans interruption. Là le prélat entre dans la chaumière d'un vieillard pour le visiter sur son grabat; ici il montoit à une méchante échelle pour bénir un pauvre petit pâtre étendu sur la paille, et que' la maladie avoit empêché de se rendre à l'église pour être confirmé. La confiance de ces bonnes gens alloit jusqu'à lur demander des miracles; mais c'étoit au départ surtout que les naïfs épanchemens de ce respect filial éclatorent avec plus de force. On s'emparoit du cheval du prélat, et on le forçoit de descendre à pied pour jouir plus long-temps de sa vue. Des acclamations prolongées le suivoient encore quand on avoit été contraint de se séparer de lui. Rien n'étoit si touchant, nous dit un témoin oculaire dont nous abrégeons à regret le récit; rien n'étoit si touchant que ce pieux em

pressement de cette multitude, et le souvenir de tout ce que j'ai vu parmi ce bon peuple me laisse encore les plus douces impressions. Heureux pays où les livres, les pamphlets et les journaux n'ont pas porté une froide indifférence ou un mépris superbe pour tout ce qui tient à la religion!

-C'est l'usage dans l'Eglise catholique que, dans les difficultés et les embarras qui surviennent, on recoure à l'autorité du chef de l'Eglise, et qu'on lui demande ou des règles de conduite, ou des conseils, ou un appui. Le clergé des Pays-Bas s'est donc adressé au souverain pontife dans les circonstances pénibles où le placent les nouveaux décrets. M. l'archevêque de Malines ayant fait prévenir le saint Père de ce qui s'étoit passé, Mr Mazio a eu ordre d'écrire à un, intermédiaire la lettre suivante :

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« Monseigneur, je me fais un devoir de vous rendre compte de l'examen qui a été fait, par ordre du saint Père, des deux arrêtés pris par le gouvernement belge le 14 juin dernier. J'ai appris avec satisfaction que tous les chefs des diocèses s'étoient réunis à M. l'archevêque de Malines pour faire une réclamation commune, et que M. Ciamberlani en a agi de même avec les archiprêtres de la Hollande. Le souverain pontife a, de son côté, fait adresser une trèsforte réclamation au gouvernement du' roi des Pays-Bas, au moyen d'une note officielle remise à M. le chevalier Reinhold, son envoyé en cour de Rome.

>> S. S. jugera ultérieurement, et selon les circonstances, ce qu'il conviendra de statuer. En attendant, elle est d'avis que tous les ordinaires doivent agir de commun accord et se tenir purement passifs, si le gouvernement belge procédoit à l'exécution de ses ordres. »S. S., dont le cœur a été pénétré de la douleur la plus vive par la lecture des deux arrêtés, est convaincue que la réclamation commune sera digne des chefs des diocèses, qu'elle sera rédigée sur le modèle de celle qui fut faite par les ordinaires de la Belgique, en 1787, contre le séminaire général érigé à Louvain par l'empereur Josch II, et qu'ils n'auront pas perdu de vuc la déclaration donnée par S. M. le roi des Pays-Bas le 18 juillet 1815, en vertu de laquelle elle assure à l'Eglise catholique son état et sa sûreté. R. Mazio. »

Conformément à cette lettre, tous les ordinaires de la Belgique et de la Hollande sont restés étrangers à la suppression des séminaires qui s'est faite d'autorité. En Hollande, les procureurs du roi et les gendarmes s'en sont mêlés et ont fait évacuer les lieux. Ces établissemens avoient été créés par de pieux ecclésiastiques, qu'on a ainsi dépouillés du fruit de leur zèle. Le collége d'Alost a aussi partagé cette disgrâce. Les maîtres étoient des ecclésiastiques pieux et instruits, qui

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