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Plusieurs retraites ecclésiastiques viennent d'avoir lieu en différens diocèses, et d'autres vont s'ouvrir. A Rennes, trois cents prêtres se sont trouvés réunis au séminaire. M. l'évêque a assisté à tous les exercices. La retraite a été donnée par MM. Gloriot et Caillat, qui ont établi là l'association de prières pour M. le duc de Bordeaux, qu'ils avoient formée précédemment à Autun, comme nous l'avons raconté. Les mêmes missionnaires donnent en ce moment la retraité ecclésiastique à Orléans. A Lyon, la retraite a été donnée par M. l'abbé Boyer, et a été aussi nombreuse qu'édifiante; une quête a été faite pour les incendiés de Salins, et a produit 900 fr. M. l'archevêque administrateur a aussi engagé les curés de la ville à faire des quêtes dans leurs églises pour le même objet; elles ont procuré une somme de plus de 5000 fr、 M. l'abbé Boyer donne en ce moment la retraite à Verdun, et doit la donner dans quelques autres diocèses avant de revenir à Paris, où il dirigera aussi les exercices de la retraite à la fin de septembre.

Alphonse-Marie Liguori, fondateur de la congrégation des missionnaires du Rédempteur, et évêque de Sainte-Agathe des Gots, dans le royaume de Naples, est, parmi les bienheureux récemment proclamés par le saint Siége, un de ceux qui doivent le plus nous intéresser. Il vivoit à une époque très-rapprochée de nous, puisqu'il n'est mort qu'en 1787; ses vertus et ses travaux nous touchent, ce semble, davane tage en nous offrant un modèle qui appartient à notre temps, qui connut les scandales de notre siècle, et triompha des mêmes périls auxquels nous sommes exposés. Aussi la répu-tation du bienheureux paroît s'accroître chaque jour, et ses écrits de théologie et de piété sont souvent réimprimés, tant au dedans qu'au dehors de l'Italie. M. l'évêque de Marseille vient de donner un témoignage public de sa dévotion à ce grand serviteur de Dieu, en mettant sous sa protection le clergé de son diocèse, dont Liguori étoit en effet si digne d'être le patron et le modèle. Le 2 août dernier, le prélat, en vertu d'un indult apostolique, a fait célébrer à Marseille la fête du bienheureux, et, le dimanche suivant, il a voulu la solenniser encore dans sa cathédrale; l'office pontifical a été terminé par le panégyrique du bienheureux. La même fête a eu également lieu à Aix, dans l'église des missionnaires de Provence; M. l'archevêque y est venu faire la bé

nédiction d'un autel élevé en l'honneur d'Alphonse, et il y a célébré les saints mystères; un panégyrique y a été aussi prononcé. Le Pape, dans le bref qu'il a adressé, à cette occasion, à M. l'évêque de Marseille, le félicite de son dessein, et se recommande à ses prières auprès du bienheureux, dont il fait un juste éloge. M. le cardinal Castiglione, grand-pénitencier, ne parle pas avec moins de respect de Liguori dans ses lettres au prélat, et le loue de chercher à augmenter la dévotion envers celui qui, non - seulement illustra l'ordre épiscopal par l'éclat de ses vertus, mais brilla encore par une doctrine saine et selon Dieu, en publiant sur les matières de religion tant d'ouvrages où un jugement respectable nous avertit qu'il n'a été rien trouvé qui fût digne de censure (1). M. de Mazenod, ayant sollicité les mêmes pouvoirs pour les missionnaires de Provence, S. Em. lui a encore répondu favorablement à cet égard, et a fini par des vœux pour que les soins du prélat soient récompensés, et pour que ses jeunes ecclésiastiques se forment sur les exemples et les leçons que Liguori leur a laissés dans ses actions et dans ses écrits.

-Des journaux ont publié une supplique présentée à Léon XII, au nom du gouvernement provisoire de la Grèce et de tous les sages ecclésiastiques de ce pays. Cette supplique est signée du capitaine Nicolas Keifala, Grec, et datée de Rome le 24-12 mai dernier. Elle a été, dit-on, remise par Jui à M. Barberini, maître de la chambre de S. S., qui a déclaré l'avoir placée sous les yeux du saint Père. On ne dit point quel parti a pris le Pape, et on ne voit pas trop en effet ce qu'il y auroit à faire. D'abord qu'est-ce que c'est que ce capitaine Keifala, qui prend le titre de commissaire. spécial de la Grèce, et qui lui a donné sa mission? Ensuite comment imaginer qu'on euvoie un capitaine auprès du souverain Pontife pour l'assurer de la soumission de l'église grecque à la primauté pontificale? Il semble que c'étoit le cas de députer des évêques, plus compétens sans doute pour rendre témoignage des dispositions de leurs collègues et de la foi de leurs églises. Jusqu'ici le gros de la nation grecque n'est

(1) Quem nedum virtutum splendore illustre episcopali ordini decus nostrå ætate intulisse, sed et sană ac secundùm Deum doctrinâ præfulsisse suspicimus, tot editis de re sacrá voluminibus in quibus bil dignum censurá, venerando judicio, almonemur.

point uni à l'Eglise romaine. Si cette nation veut renoncer au schisme, une telle démarche doit se faire avec quelque solennité, et le clergé doit y paroître en première ligne. Ici on ne voit qu'un capitaine; c'est un capitaine qui répond de l'orthodoxie de ses compatriotes, et qui se fait garant de l'adhésion des évêques. Ce n'est pas tout-à-fait ainsi qu'on procède en matières de foi et de religion, et l'histoire de l'Eglise n'offriroit pas beaucoup d'exemples d'unions opérées par de tels moyens. Le capitaine Keifala promet beaucoup; mais où est la garantie de ses promesses? Qui pourroit nous assurer qu'il n'y auroit pas ici quelque mystification? Seroit-ce la première fois qu'un Grec en auroit imposé à l'Europe? N'avons-nous pas eu récemment l'exemple de celui qui avoit proposé une souscription pour arracher, disoit-il, à la mort ses deux fils qu'un pacha vouloit obliger à se faire musulmans? Il étoit venu d'Italie avec de bons certificats, et nous crûmes devoir le recommander à nos lecteurs d'après les autorités les plus respectables. Un prince du sang et beaucoup de personnes généreuses souscrivirent pour cet étranger, et on avoit déjà recueilli plus de 5000 fr. quand on eut de fortes raisons de douter de la vérité de toute cette histoire. Le capitaine Keifala ne demande pas d'argent, il est vrai; il est chargé simplement, dit-il, de demander un roi et d'annoncer la soumission de son église. L'un et l'autre objets méritoient bien une députation plus imposante. Il y auroit encore d'autres observations à faire sur la pièce publiée dans les journaux nous pourrons y revenir, s'il y a lieu.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. A. R. 1. le prince de Saierne a donné pour les incendies de Salins 1000 fr.; la cour des comptes, 1000 fr., les employés de la direction des postes, 2181 fr.; le régiment suisse de Bésenval, 600 fr. Depuis, S. A. R. MADAME, duchesse de Berri, a fait remettre 2000 fr. pour le même objet; et une souscription ouverte à Grenoble a produit plus de 7000 fr.

La souscription ouverte par MM. les avocats de la cour royale de Paris en faveur des incendiés de Salins, a produit 2200 fr.; une somme de 60 fr. a été donnée pour le même objet par trois enfans qui la destinoient à célébrer la fête de leur mère; ils ont pensé que c'étoit la manière de la fêter selon son cœur.

S. A. R. MADAME, duchesse de Berri, est allée visiter l'ancien château d'Arques et ses environs, où son immortel aïcul remporta la

victoire qui porte le nom de ce château. L'affabilité qui lui avoit gagné tous les coeurs, l'année dernière, augmente, s'il est possible, les sentimens de respect et d'amour dont les habitans de ce pays sont pénétrés pour cette auguste Princesse..

- S. A. R. MADANE continue ses promenades en mer. Le 13, la Princesse s'est embarquée sur le Rodeur, à neuf heures du matin, MM. Samson, commissaire-général de la marine, et Daguenet, lieutenant de vaisseau, l'ont reçue à son embarquement. Lorsque S. A. R. a été arrivée à bord du Ródeur, ce batiment, le Pourvoyeur, la Constance, l'Aimée, ont mis sous voiles, et, après avoir manœuvré, ont tire une salve de vingt-un coups de canon. Après ces évolutions, on a jeté à la mer un filet, et on l'en a retiré avec du poisson. MADAME a pris beaucoup de plaisir à cet amusement. Tous les officiers et marins des équipages ont fait éclater à cette occasion l'expression de leur amour et de leur dévoûment pour la famille de nos Rois.

-Le Moniteur publie une ordonnance royale du 7 août, concernant les écoles d'hydrographie et la réception des capitaines de commerce. D'après cette ordonnance, il y aura deux examinateurs hydrographes de la marine, qui seront nommés par le Roi, sur les présentations du ministre de la marine, et après un concours. Un observatoire sera établi à Bordeaux, Marseille, Nantes, Saint-Malo, et le Havre. L'exécution de l'ordonnance est confiée à Mgr., le Dauphin, amiral de France.

-M. Bellart, procureur-général près la cour royale de Paris, a déposé entre les mains de M. le premier président, Séguier, un réquisitoire tendant à faire prononcer la su pension du Courrier français pendant trois mois, et du Constitutionnel pendant un mois, attendu que ces journaux auroient, dans une série d'articles, manifesté un esprit de nature à troubler la paix publique. On dit que la cause ne sera jugée qu'après les vacances. Le Constitutionnel s'étoit déjà empressé de rassurer ses lecteurs, à qui il espère que cette nouvelle ne causera pas plus d'inquiétude qu'à lui-même. Cette feuille n'avoit pas besoin de nous assurer de son zèle pour la monarchie, nous en avons tous les jours sous les yeux des preuves trop convaincantes.

- Les travaux du pont des Invalides s'avancent depuis quelque temps; on espère qu'il sera terminé dans un an au plus tard. Le pont sera suspendu sur deux chaînes formées de barres de fer qui seront attachées des deux côtés de la Seine au sommet de quatre colonnes hautes de cinquante pieds; leur longueur surpasse huit cents pieds. Le plancher du pont, lié par des bandes de fer, offrira deux voies pour les voitures, et deux trottoirs seront établis sur les côtés pour les piétons. Ce plancher aura quatre cent soixante-sept pieds de long. Les colonnes seront décorées de palmes, et les piedestaux supporte ront des lions dans l'attitude du repos.

- Pendant la tournée que M. de Clermont - Tonnerre doit faire dans le midi et dans l'est, M. le baron de Damas aura le porte-feuille de la guerre. M. de Clermont-Tonnerre ne sera de retour à Paris que le 12 octobre prochain. S. Exc. part de Paris le 22 août,

- M. Je général Curial, qui avoit été blessé le jour de l'entrée du Roi à Reims, est en pleine convalescence. Déjà il est allé plusieurs fois à Saint-Cloud, et on espère le voir en état de prendre son service auprès de S. M., le 25 de ce mois. M. Curial est grand-maitre de la garde-robe.

Le duc de Wellington est arrivé, le 12 de ce mois, à Paris. Il est accompagné du général Alava, son aide-de-camp.

-M. le marquis Oudinot, commandant l'école royale de cavalerie de Saumur, les officiers et fonctionnaires de son état-major, voulant célébrer l'inauguration du portrait de S. M., peint par M. Gérard, et que le Roi a donné à cette école, ont réuni, le 13 de ce mois, dans une fort belle fête, les autorités de la division militaire du département de Maine et Loire, et les principaux habitans de la ville de Saumur et des environs, au nombre de huit cents personnes.

— M. le máréchal-de-camp Papin est décédé, le 5 de ce mois, à Agen, et ses obsèques ont eu lieu à Bordeaux, où son corps a été transporté. Ce général abandonna le commerce pour le métier des armes, qu'il quitta de même bientôt en réfléchissant qu'il combattoit pour les ennemis du Roi. Il revint à Bordeaux, et s'attacha à l'institut royaliste, qui avoit pour but l'intérêt de la royauté. Condamné à mort par contumace, il se retira en Amérique, où il acquit une fortune qu'une tempête engloutit, lors de son retour en France, à la restauration. Le Roi l'avoit nommé commandant du département de Lot et Garonne, et c'est dans cette fonction qu'il est inort. Ses obsèques ont eu lieu dans l'église de Sainte-Croix, à Bordeaux.,

Des détails plus exacts sur le malheureux évènement arrivé au Ripault sont publiés aujourd'hui, Huit personnes ont été blessées dangereusement, et non pas seulement deux, comme nous l'avions annoncé. M. le lieutenant-général Donnadieu s'est rendu, le lende main, dès le point du jour, sur les lieux du désastre. Il a fait doubler le détachement de vingt-cinq hommes stationnés ordinairement au. Ripault. Les membres dispersés des douze malheureux ouvriers victimes de l'explosion, et qui laissent sans ressources vingt-trois en fans et douze femmes dont deux sont enceintes, ont été ramassés par lambeaux, déposés dans une caisse, et conduits au cimetière par M. le curé de Monts. L'aspect d'un vieillard que cet horrible évènement prive d'un fils et d'un gendre, et qui marchoit l'esprit égaré au milieu de ces désastres, affligeoit tous les cœurs. M. le vicomte Donnadieu s'est empressé de solliciter les secours du gouvernement pour ces familles désolées.

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S. S. Léon XII, voulant récompenser d'une manière particulière la famille Clermont-Tonnerre des services qu'elle a rendus au saint Siége, a nommé, lors de son exaltation, M. le vicomte de Clermont-Tonnerre prince romain. Le Rot, par ordonnance du 27juillet, l'a autorisé à en porter le titre, lui et ses descendans, en conservant leurs droits de Francais.

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On assure que l'entrée du Journal des Débats est interdite dans les Etats du roi de Sardaigne.

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