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-Dans l'après-midi du 29 juillét, il s'est formé dans la commune de Barbis, bailliage de Scharzfels, au royaume de Hanovre, une trèsforte excavation. L'ouverture a cent pieds de diamètre, et s'agrandit encore. On ne peut pas en sonder la profondeur; les pierres qu'on y jette produisent, après une minute et quelques secondes, le même bruit que si elles tomboient dans l'eau.

-Les chambres du royaume de Bavière ont voté, sans réduction, le budget présenté par les ministres, et qui s'élève à 29 millions et demi de florins. La chambre des députés a exprimé le vœu de voir une somme de 6000 florins employée à entretenir un institut de de sourds-muets. Tous les vœux qui accompagnent le vote du budget sont soumis au roi avant qu'il donne sa sauction aux travaux légistifs, sanction qui n'est donnée que dans la séance de clôture.

-L'empereur de Russie est de retour à Pétersbourg du voyage qu'il a fait dans les colonies militaires du gouvernement de Novogorod.

-Achille et Napoléon Murat, fils de l'ex-roi de Naples, vont 'établir dans la Floride. Ils ont annoncé l'intention de se faire naturaliser Américains.

Distribution annuelle des prix de l'Université.

Cette distribution s'est faite à la Sorbonne, dans la salle consacrée à cet usage, et que remplissoient, bien long-temps avant l'heure indiquée, les mères et les sœurs des élèves. LL. AA. RR. M. le duc, Me, la duchesse et Mile, d'Orléans assistoient à cette réunion dans une tribune qui leur avoit été préparée. A leur arrivée, des acclamations aussi vives que prolongées se sont fait entendre. De nouveaux applaudissemens ont éclaté à la vue de Mgr. l'archevêque de Paris, qui venoit, pour la première fois, témoigner par sa présence l'intérêt qu'il porte à la jeunesse et aux succès des études publiques. Un instant après, Mr. l'évêque d'Hermopolis, en rochet et camail, est entré, suivi du conseil royal de l'instruction publique. Lorsque tout le monde a été placé, M. Dalgues, professeur agrégé de rhétorique au collège de Charlemagne, a prononcé en latin le discours d'usage. L'orateur a choisi pour texte la nécessité d'un goût pur et de principes fixes dans les compositions littéraires; il s'est élevé avec énergie contre les doctrines nouvelles qu'on voudroit introduire parmi nous, et a ramené avec habileté, dans sa péroraison, l'éloge du Roi, des détails sur les cérémonies du sacre, et le bonheur que promet à la France un règne qui a commencé sous de si heureux auspices.

S. Exc. le grand-maître a ensuite prononcé le discours suivant : Jamais à aucune époque de notre histoire, l'instruction publique n'a été plus abondante ni plus variée qu'elle ne l'est aujourd'hui. De toutes parts les trésors des connoissances humaines sont offerts

à la noble avidité d'une laborieuse jeunesse, et pour la distribution la force, le développement des études classiques, je ne vois pas ce que nous pourrions envier aux âges passés.

» Vous ne l'ignorez pas, Messieurs, l'Université de France possède dans son sein des hommes qui, par leur vaste savoir, par leurs travaux scientifiques et littéraires, par l'éclat de leur enseignement, honorent notrie patrie aux yeux des étrangers comme à ceux de leurs concitoyens. La maison même où nous sommes réunis n'est-elle pas le sanctuaire des hautes sciences et de la haute littérature? et peutêtre le temps n'est-il pas loin où nous y verrons la science divine, qui a tant souffert de nos désastres, prendre un nouvel essor, et se préparer de nouveaux défenseurs dignes d'elle et de ses plus beaux jours.

» Mais si je me plais à rappeler ce qui console, ce qui rassure pour le présent et pour l'avenir, je dois aussi, sentinelle vigilante, signaler les dangers qui nous menacent; des ennemis redoutables assiégent nos écoles et cherchent à y pénétrer je veux parler des mauvaises doctrines et du mauvais goût.

» Le caractère sacré dont je suis revêtu, le poste honorable qui m'est confié, tout me commande d'élever la voix avec force, et de crier à la jeunesse qui m'entend : Fuyez ces doctrines de mensonge, qui tantôt avilissent l'homme en le faisant descendre à la condition de la brute, et tantôt lui prêtent une chimérique grandeur en exaltant son orgueil. Si peut-être ils ne bannissent pas la Divinité de l'univers, ils la banissent du moins de leur cœur; elle est pour eux comme si elle n'étoit pas : leur culte, c'est l'indifférence; leur morale, l'intérêt; leur espérance, le néant. En brisant le joug nécessaire de l'autorité divine, ils déchaînent toutes les passions et tous les vices, et ne semblent affranchir le genre humain que pour le faire tomber dans la plus honteuse servitude.

» On ne sauroit trop le répéter, Messieurs, la religion est pour le monde intelligent ce qu'est la lumière pour le monde visible; par elle tout s'anime; sans elle tout languit et meurt, le talent comme la vertu. Si elle venoit à perdre son empire, l'homme perdroit sa dignité, les ames s'affaisseroient, le sentiment de l'honnête et du beau s'affoibliroit; les œuvres de l'esprit ne seroient plus échauffées de cette flamme céleste qui leur donne la vie; le dérèglement des opinions passeroit dans le langage; à l'antique et noble simplicité succéderoit une affectation puérile; les heureuses hardiesses de nos grands écrivains seroient remplacées par de monstrueuses innovations. Ainsi la ruine des mœurs entraineroit celle des bonnes lettres, et l'ou verroit s'ensevelir inévitablement dans le même tombeau les mœurs, les lois, la liberté, les lettres et les arts.

» Mais, non, Messieurs, le ciel ne nous a pas condamnés à cet excès d'opprobre et de calamité; il est assis sur le tróne de France, ce Prince si aimant et si digne d'être aimé, qui n'a pas juré en vain aux pieds des autels de maintenir la religion, la justice et les lois, et de se dévouer au bien de ses peuples. Roi par sa naissance, Roi par l'af

fection des Français, qu'il vive pour régner sur nous avec gloire; qu'il vire pour être heureux de la félicité publique; qu'il vive autant que notre amour. »

La liste des prix a été lue par M. l'abbé Thibault, inspecteur de l'académie de Paris. Le prix d'honneur a été remporté par le jeune Carrette, élève du collège Henri IV. Le second a été obtenu par le jeune Binant, élève du collège Stanislas. Le collége de Henri IV a obtenu quinze prix et soixante trois accessit ; le collége Charlemagne, onze prix et cinquante accessit; le collége Bourbon, dix prix et trente-six accessit; le collège Sainte-Barbe, huit prix et vingt-cinq accessit; le college Louis-le-Grand, sept prix et vingt-sept accessit; le collège Saint-Louis, six prix el vingt sept accessit; le collége Stanislas, sept prix et treize accessit; le collége de Versailles, un pris et quatre accessit. M. le duc de Chartes, fils aîné du duc d'Orleans, a obtenu le quatrième accessit d'histoire.

AU RÉDACTEUR.

Cherbourg, 15 août 1825.

1

Monsieur, il manque, aux pièces relatives à l'enterrement de M. Noël, à Cherbourg, publiées par le Courrier, dans son numéro du 10 août, la réponse faite par M. le curé aux plaintes qu'on lui avoit adressées contre son vicaire. Voici cette réponse que l'impartialité du journaliste n'auroit pas dû omettre, et que vous êtes prié de vouloir bien publier :

Cherbourg, le 18 mai 1825.

Messieurs, je suis plus affligé que personne du scandale causé à l'enterrement de M. Noël. Je ne l'ai' attribué qu'à la mauvaise intention des porteurs, et de quelques personnes, peut-être, qui leur avoient donné des ordres. Jamais je n'ai pensé que les personnes recommandables qui faisoient partie du convoi y eussent d'autre part que de s'en indigner.

Comme le convoi s'avançoit vers l'église, il me venoit des avis de la lenteur que l'on affectoit dans la marche, et de la position pénible où se trouvoit le prêtre en fonction. Bientôt j'eus occasion de remarquer moi-même cette excessive lenteur, attestée d'ailleurs snffisamment par la longueur du temps que l'on avoit mis à se rendre à l'église.

M. le vicaire, de son côté, me fit avertir de ce qui se passoit, et me demanda quel parti il y a avoit prendre. Je lui fis dire de respecter la dignité de son ministère, et, en cas que l'on affectât la même lenteur en se rendant au cimetière, d'achever scul les cérémonies saintes au bord de la fosse, et de se retirer.

Ainsi, Messieurs, si le prêtre officiant a fait une faute, c'est sur moi seul que doit peser toute la responsabilité; il n'a fait que suivre mes instructions.

Voici le principe d'après lequel, ce semble, la question présente doit être décidée dans une procession religieuse, c'est au clergé qu'il appartient nécessairement de diriger la marche, et il ne peut. sans compromettre son ministère, se laisser dominer et conduire selon le gré ou le caprice des assistans.

Si l'on veut des cérémonies funèbres auxquelles le clergé ne préside point, il ne faut pas l'y appeler si l'on veut qu'il s'y trouve et qu'il y préside, il faut donc suivre la direction qu'il donne.

:

Lors même donc que M. le vicaire eut marché trop rapidement, ce qui, sans doute, cût été blamable, mais ce qui étoit loin de sa pensée et de mes intentions; dans ce cas-là, dis-je, le devoir du convoi étoit de suivre à une juste distance et de conformer sa marche à celle du prêtre, sauf aux personnes offensées à porter, s'il y avoit lieu, des plaintes à l'autorité compétente.

Agir autrement, c'est désordre et insubordination. Les porteurs donc, en se tenant constamment à une distance de la croix qui rendoit la procession ridicule, ont méconnu l'autorité légitime qui devoit les conduire, et troublé par leur faute l'ordre d'une cérémonie religieuse.

Vous me demandez, Messieurs, si l'on doit marcher plus rapidement à un enterrement à la charité qu'à un autre.

Je pourrois d'abord répondre que certainement l'on ne doit point mettre la même pompe et la même solennité à un enterrement à la charité qu'à un enterrement de première classe.

Mais permettez-moi de retourner la question, et de vous demander à mon tour doit-on, parce que l'on affectera, peut-être en haine du clergé et de la religion, de faire enterrer à la charité un homme riche et d'un rang distingué, marcher avec plus de lenteur et plus de pompe à cet enterrement à la charité qu'à un enterrement ordinaire? et le clergé doit-il, dans ce cas, se soumettre aux lois et à la contrainte que le bon plaisir ou la malveillance des porteurs voudront lui imposer, au risque d'exposer son ministère à la risée publique?

Je me flatte, Messieurs, que, revenus des préventions que l'on vous a fait prendre, vous conviendrez des principes que j'ai l'honneur de vous exposer; au moins que vous rendrez justice à la pu. reté des vues et des motifs qui m'ont guidé dans cette malheureuse affaire.

Agréez, etc.

Signé, LAISNÉ.

Nous ne ferons d'autre réflexion sur cette lettre, sinon que c'est ici une nouvelle preuve de la précipitation et de l'acharnement de certains journaux dans les jugemens qu'ils portent contre le clergé, ainsi que de leur partialité qui leur fait supprimer la défense des prêtres qu'ils avoient accusés. C'est assez montrer que ce n'est pas 'amour de la vérité qui les dirige.

Prêtre

2

Mercredi 24 août 1825.)

(No. 1152.)

Requisitoire de M. le procureur-général contre deux journaux.

Ce réquisitoire est une pièce trop importante pour que nous ne la donnions pas en entier à nos lecteurs; lê zélé magistrat v signale avec énergie l'esprit, le but et les moyens de deux feuilles contre lesquelles nous nous sommes plus d'une fois élevé. Il s'effraie, avec tous les amis de l'ordre et de la paix, de la tendance de tant de déclamations, d'anecdotes et de plaisanteries, et il appelle des moyens de répression contre cet abus de la liberté de la presse. Non-seulement tous ceux qui chérissent la religion, mais tout ce qui a l'esprit droit, tout ce qui est honnête et modéré, désire qu'on mette un terme à un système pernicieux à la société; nous laissons parler M. le procureur-général :

AM. le conseiller d'Etat, pair de France, premier président de la cour royale de Paris.

Nos dissensions politiques ont cessé; la démagogie, vaincue par la sagesse et les vertus de nos Rois, a perdu toutes ses coupables espérances; elle a dû renoncer à tous ces rêves insensés d'un autre gouvernement, d'une autre dynastie.

Le peuple français s'est éclairé par ses malheurs : il veut la liberté, c'est-à-dire, le règne des lois, et non pas cette licence qui mène au despotisme par l'anarchie. Quelques brouillons s'agitent bien encore, qui cherchent à raviver des erreurs révolutionnaires définitivement jugées par le bon sens de la France. La France se souvient des échafauds, des glacières, et de tout le bonheur dont nous avons joui sous les hommes qui tenoient le même langage que les nouveaux protecteurs des droits du peuple.

» Le peuple se confie dans cette race auguste et française qui a juré nos institutions, placées naguère par notre Ror lui-même sous la garantie céleste. Le peuple laisse la voix des désorganisateurs se perdre dans le désert. Il sait que son protecteur naturel est le trône, parce que le trône est au-dessus de tous les intérêts, de toutes les passions, et il souffre désorTome XLV. L'Ami de la Religion et du Ror.. D

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