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minique Caraffa, de l'Académie ecclésiastique, a prononcé l'oraison funèbre du prince, en latin. Après la messe, S. S. fit l'absoute sans quitter son trône. Le corps diplomatique étoit présent.

-La fête de saint Vincent de Paul a été célébrée dans l'église des prêtres de la Mission, près, Montecitorio; M. le vicegérent a officié, et dix-sept cardinaux s'y trouvoient. Après les vêpres, le Père Joachim Ventura, procureur-général des Théatins, prononça le Panégyrique du saint.

-M. Antoine Codronchi, archevêque de Ravenne, prélat âgé de soixante-dix-sept ans, avoit donné sa démission; mais le Pape, sollicité par ses diocésains, a refusé de la recevoir. Une députation d'habitans s'est rendue pour cet effet chez l'archevêque, qui a fini par céder à leurs vœux et par retourner à Ravenne, où il a été accueilli avec de grandes démonstrations de joie.

BARIS. M. l'archevêque de Paris est arrivé à Paris le jeudi 11 août, à huit heures du soir. Le prélat est en bonne santé, ainsi que MM. ses grands-vicaires. Il est venu assez rapidement depuis Rome, et a passé quelques jours à Dijon. Le bourdon de Notre-Dame a annoné l'arrivée de M. Lundi prochain, jour de l'Assomption de la sainte Vierge, M. l'archevêque officiera pontificalement dans l'église métropolitaine, et donnera, à la fin de la grand'messe, la bénédiction papale, à laquelle est attachée une indulgence plénière. Cette indulgence peut être gagnée, même cette année, tant pour les vivans que pour les morts.

Le jeudi 11, la distribution des prix a eu lieu dans la petite communauté de Saint-Sulpice et des clercs de la chapelle du Roi, La séance s'est ouverte par un exercice littéraire, où deux élèves ont récité une pièce de vers latins de leur composition sur le sacre. Nous citerons quelques morceaux de ce dialogue, non moins remarquable par le style que par le fond des pensées. M. le cardinal prince de Croï présidoit la séance, et a distribué les prix aux élèves, parmi lesquels étoient plusieurs jeunes gens de familles distinguées. M. le ministre de la guerre et M. le ministre de la maison du Roi assistoient à cette distribution, et le premier a vu couronner ses deux fils. Mr. le nonce pontifical, des curés, des ecclésiastiques et un grand nombre de parens étoient venus encourager par leur présence les travaux des

élèves dans un établissement qui mérite la confiance dur clergé et l'intérêt des familles, autant par les succès des études que par l'esprit de piété qui y règne.

-Les ennemis du clergé continuent à lui montrer leur bienveillance, et recueillent avec un soin admirable les anecdotes, les accusations et les plaisanteries contre les prêtres. Ils enveniment les faits les plus simples, travestissent, enflent, exagèrent, versent à pleines mains le ridicule et le mépris. Leur gazette ecclésiastique ne raconte jamais ce qui peut être honorable pour le clergé; elle se tait sur les vertus des prê tres, sur les services qu'ils rendent, sur les bonnes œuvres qu'ils pratiquent ou conseillent. Non, cette gazette n'est point établie pour cela; son but est de faire rire sur les prêtres ou de les faire haïr, et tous les moyens sont bons pour arriver là. On dénonce comme des attentats les démarches les plus légitimes: ainsi M. l'évêque de Nevers a, dit-on, proposé au conseil général de la Nièvre deux votes l'un, pour demander que la sanction du contrat civil par la religion soit obligatoire; l'autre, pour la répression des livres impies. Il est difficile de voir ce qu'on peut trouver à blâmer dans cette demande si simple et si épiscopale: eh bien! le Constitutionnel découvre ici l'invasion sacerdotale et une attaque contre notre législation; il est clair que les évêques veulent être nos législateurs. Quoi! solliciter une loi, c'est vouloir étre législateur! proposer à un conseil général de demander une loi plus favorable à la religion, c'est une invasion sacerdotale! La proposition de M. l'évêque de Nevers, même telle que la présente le journal, nous paroît aussi mesurée pour la forme que louable pour le fond, et je souhaiterois que certaines feuilles voulussent bien montrer pour nos lois la moitié du respect que témoignent les évêques, et qu'elles ne déclamassent pas perpétuellement contre celles qui leur déplaisent.

Un de nos journaux, le Drapeau blanc, a donné, dans ses numéros des 4 et 5 août, un Examen de la Lettre de M. Mollard-Lefèvre, dont nous avons déjà parlé, et depuis cet Examen a été réimprimé à part, avec un extrait assez étendu de la Lettre même. Cette Lettre, il faut l'avouer, a surpris beaucoup de gens; on s'est demandé où M. Mollard avoit pris tant d'érudition : il est toujours armé de textes; il cite les Pères en homme familier avec cette lecture, saint Ambroise, saint Chrysostôme, saint Clément d'Alexandrie, saint

Grégoire de Nazianze, et jusqu'au Pape Jean VIII. Il faut que M. Mollard ait une bibliothèque bien fournie, et que son commerce lui laisse bien du loisir, pour qu'il ait pu se livrer ainsi à l'étude de la tradition, quoiqu'il paroisse en faire assez peu de cas. Il n'a dû céder, dit-il, au sentiment d'aucune église ni d'aucun concile, et il ne veut écouter que l'Evangile, sa raison et sa conscience. Comme chacun peut en dire autant, qu'il y a mille manières d'interpréter l'Evangile, que chacun a sa raison, voilà toutes les religions autorisées. La raison de M. Mollard lui dicte une chose, la mienne m'en dicte une autre; que faire dans cette divergence d'idées sans une autorité à laquelle nous soyons tenus de déférer? Le Drapeau blanc fait de bonnes réflexions sur la Lettre de M. Mollard; nous en citerons ce passage:

«L'homme qui a médité la religion dans le sens de sa brochure doit avoir une opinion bien singulière des mystères du christianisme, ear sa raison indiduelle ne suffira pas pour les concevoir, si ce n'est en vertu du privilége spécial dont jouit M. Mollard. Nous le supplions de nous dire cominent il comprend mieux le mystère de l'incarnation qu'adoptent les protestans que celui de la transsubstantialion qu'ils rejettent, et par quel prodige le premier est plus conforme à sa raison que l'autre.

» Vous avez embrassé le protestantisme, affirmez-vous, parce que vous soupiricz après une religion qui parlât à l'esprit, et ne s' s'adressat pas aux sens. Mais la croyance catholique n'occupe les uns que pour parvenir à l'autre, et c'est parce qu'elle est réellement en esprit qu'elle se manifeste aussi aux sens. D'ailleurs une religion purement intellectuelle ne sauroit convenir qu'au petit nombre d'hommes capables de se nourrir du seul idéal, et encore ces hommes respecteront-ils les signes comme emblêmes de la pensée. Quoi qu'il en soit, certaines gens croient en être, quittes envers le culte par un déisme vulgaire, sans forme et sans couleur. Ils sont idolatres à leur manière, puisqu'ils se sont fait de leur raison une idole que leur orgueil encense, et dans laquelle leur amour-propre croit entrevoir la plus grande des merveilles. Nous connoissons beaucoup de supersti tieux de cette espèce.

» Vous avez abandonné le catholicisme, dites-vous encore, parce qu'il impose la privation des viandes dans certains jours, et des jeunes dans quelques autres. Certes, voilà une résolution héroïque! fuir une Ici d'abstinence, signe extérieur de la contrition de l'esprit, et qui a même des avantages sous le rapport purement physique, parce qu'elle nous ramène à la sobriété; quel courage! Il est vrai que quelques-uns n'aiment qu'un christianisme commode et facile, sans la moindre gêne, pas même pour leur appetit; et c'est ce qu'ils nous donnent pour une religion selon les lumières naturelles. En effet, de

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pareilles raisons sont capables de faire tomber la plume des mains à quiconque voudroit les réfuter.

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En recommandant cet Examen, nous rappellerons la Lettre de M. Laval à ses anciens coreligionnaires. Cette Lettre, que M. Mollard ne connoît peut-être pas, ne parle ni de bourreaux, ni d'échafauds; mais c'est un modèle de discussion serrée, et on ne sauroit trop la recommander à ceux qui veulent se faire une idée nette de la controverse entre les églises pro

testantes et nous.

-Une Lettre pastorale de M. Rey, évêque de Pignerol, en date du 7 juin dernier, annonce la visite générale du diocèse; on y reconnoît aisément l'élocution douce et l'onction pénétrante du prélat:

«La connoissance que nous avons acquise des sentimens religieux qui animent les fidèles de notre ville épiscopale, et ceux des paroisses où nous avons déjà été dans le cas d'exercer quelques fonctions, a doublé dans notre ame le penchant déjà si vif qui nous portoit à vous donner cette preuve de notre affection et de notre sollicitude; nous savons d'ailleurs tous les avantages qui sont attachés à ces saintes visites, qui servent également et pour la sanctification des peuples et pour la consolation du pasteur. Les Actes des apôtres, leurs Epitres. l'histoire de l'Eglise, notre propre expérience (car nous avons été témoin pendant de nombreuses années et dans un vaste diocèse de tout le bien que produisent ces courses apostoliques); tout nous a convaincu que, parmi les moyens qui étendent ou affermissent le règne de la foi et le triomphe de la religion, la visite des évêques a ́ toujours été le plus puissant et le plus efficace. Vous l'aurez éprouvé vous-mêmes, N. T. C. F., et le souvenir des saintes visites et du zèle infatigable de notre vénérable prédécesseur est encore présent à votre mémoire. Il vous a tons visités, il vous a tous connus, et voilà pourquoi il vous chérissoit si tendrement, et qu'il a fallu la volonté bien prononcée du chef de l'Eglise pour se séparer de vous. 11 poursuit maintenant sa carrière apostolique dans son nouveau diocèse; il visite dans le plus grand détail un people religieux, qui avoit pleuré son éloignement avec des larmes assez brulantes pour que le viel ait consenti à consoler ces pieux fidèles, en le rendant aux inépuisables regrets et aux vœux ardens par lesquels ils le redemanloient. Chaque jour, quand nous apprenons tout le bien qu'il opère sur son passage, pertransit benefaciendo, une vive jalousie s'empare de notre cœur, sans blesser notre conscience; car c'est une jalousie de Dieu, ainsi que l'appelle le grand apôtre, et que ce sentiment, qui va parfois jusqu'à nous faire répandre des larmes, est produit par celui de l'ardente charité, qui le notre ame à l'église de Pignerol, que nous avons épousée, pour la chërir et la soigner de tout motre cœur et de toutes nos facultés, pour la sanctifier et la conserver

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comme une vierge chaste, qui soit toujours agréable à Jésus-Christ: Emulor enim vos Dei æmulatione, despondi enim vos uni viro virginem castam exhibere Christo. >>

Après avoir retracé les avantages et les fruits de la visite pastorale, le prélat s'adresse aux Vaudois qui habitent les vallées de son diocèse. Déjà M. Bigex, prédécesseur de M. Rey, et aujourd'hui archevêque de Chambéri, avoit cherché à ramener au giron de l'Eglise ces frères égarés; nous avons parlé a. 455 de sa Lettre pastorale du 29 juin 1818, et n°. 505, de la réponse qu'il fit à quelques critiques de cette Lettre. M. Rey ne montre pas moins de zèle pour les persuader; il leur parle avec l'affection la plus touchante; il leur montre l'exemple des hommes généreux qui, dans ces derniers temps, ont reconnu et embrassé la vérité, et il continue en ces termes:

Dans le symbole même, dont vous vous servez aiusi que nous, vous faites profession de croire à l'Eglise catholique ou universelle, sanctam Ecclesiam catholicam: eh! quelle est, je vous le demande, l'église qui, depuis dix-huit siècles, a toujours porté ce nom? Et comment a-t-elle fait pour le conserver, malgré tous les sobriquets (qu'on nous pardonne cette expression), que les hérétiques de tous les temps se sont efforcés de lai donner, en se séparant d'elle? Julien appeloit les catholiques Galiléens; les disciples de Calvin et de Luther les nommoient papistes, et, à travers tous ces faux noms, toutes les nations de la terre les ont toujours appelés, et, sans exception, les appellent encore catholiques. Et pourquoi cela, nos chers enfans? Et comment la Providence a-t-elle permis qu'un si beau nom, consacré par la profession de foi de toutes les communions chrétiennes, soit resté aux seuls enfans de l'Eglise romaine? Pourquoi? parce qu'eux en effet sont catholiques, et que vous ne l'êtes pas : semblables aux Athéniens qui avoient dressé un autel au Dieu inconnu, vous faites chaque jour profession de croire l'Eglise catholique, sans vouloir la reconnoître. Ah! nos chers enfans, vous dirons-nous avec saint Paul, nous vous annonçons donc encore aujourd'hui cette Eglise catholique og universel'e, que vous honorez sans la reconnoitre: Quod ergo Ignorantes colitis, hoc annuntio vobis. Cette Eglise, fondée sur les premiers évêques, super fundamentum apostolorum, est encore éta ble sur leurs successeurs; elle est assise sur la pierre angulaire posée par Jésus-Christ lui-même, qui a dit: Tu es Pierre, et sur cette pierre je, bátirai. Montrez-nous cette pierre du fondement, ó nos frères sépares, et toutes pierres ajoutées ensuite sur la première, car c'est ainsi que l'on batit; oui, montrez-nous cette suite de pierres ailleurs qu'à Rome, où nous vous la montrerons nous-même, ainsi que la dernière pierre posée par Jésus-Christ dans la personne de Léon XII, jusqu'à ce qu'il en surajoute de nouvelles; car Jésus-Christ doit bâtie Sinși jusqu'à la fin du monde, et toujours sur la même pierre, et sux

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