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M. d'Epernon, fille du duc, et Carmélite sous le nom d'Anne-Marie de Jésus; il y a beaucoup de lettres de lui à M. de Pontac (Henriette-Gabriel de Thou), fille du premier président de ce nom, et femme du premier président au parlement de Bordeaux. C'étoit une personne de beaucoup de mérite, qui se donna entièrement à Dieu, et que le Père Surin dirigeoit; il continua de lui écrire pendant un voyage qu'elle fit à Paris, et il lui recommanda, entr'autres, unc affaire auprès de MADEMOISELLE, fille du duc d'Orléans. Enfin nous indiquerons ses lettres à la vicomtesse de Roussille, au conseiller Dussault, et à d'autres gens de bien de cette époque.

Depuis que le Père Surin avoit recouvré toute sa liberté d'esprit, il se livroit avec zèle au ministère; il aimoit à confesser les gens du peuple, à visiter les paysans dans les campagnes et les pauvres dans les villes, et à leur faire des instructions à leur portée. Il donnoit des soins aux malades les plus abandonnés et pansoit leurs plaies. On le voyoit aller de village en village, prêchant jusqu'à deux fois par jour. L'a bondance et la vivacité des sentimens dont il étoit péHétré ne lui permettoient pas d'être court, et il nous pprend lui-même que, prêchant la Passion à Bordeaux, en 1662, il demeura près de quatre heures en chaire. Son humilité et sa charité donnoient encore plus d'efficacité à ses paroles. Jusque dans ses dernières années, il pratiquoit l'obéissance, et il eut encore à souffrir sous la direction du Père Batide, homme pieux et estimable d'ailleurs, mais qui avoit d'autres idées sur les voies spirituelles, et qui contrarioit le Père Surin sur les pratiques intérieures. Celui-ci raconte cette épreuve dans le manuscrit cité, 3°. partie, chapitres 38 et 39. Sur la fin de sa vie, il étoit tout occupé de la passion de Notre-Seigneur, et dans ses dernières lettres il ne parloit presque que de cet objet ou de

l'eucharistie. Il raconte quelques faveurs que Dieu lui avoit faites, soit à l'autel, soit dans l'oraison, et expose avec simplicité ce qui se passoit dans son intérieur; voyez surtout les lettres 37, 41 et 46, II. volume de cette édition.

Sur la fin de janvier 1665, la Mère Jeanne des Anges mourut, à Loudun; le Père lui écrivit pour la fortidans ce dernier passage; sa dernière lettre à la Sœur est du 30 janvier, mais déjà Jeanne n'étoit plus. Le Père Surin raconte les détails de cette mort dans une lettre à M. de Pontac. Lui-même tomba malade peu après, et mourut le 21 avril 1665. Il s'y étoit préparé par un redoublement de ferveur et d'austérités.

Tous ses écrits montrent un homme intérieur, plein de sagesse, de zèle et de charité. Ses Lettres spirituelles surtout offrent une lecture attachante; on n'y trouve point une mysticité au-dessus de la portée du commun des fidèles. Les avis qu'y donne le Père Surin aux personnes qui le consultoient sont aussi solides que pieux, et peuvent être fort utiles aux chrétiens qui voudroient travailler à leur perfection. Ce livre convient surtout aux communautés, et peut former un bon sujet de lecture publique ou particulière.

L'édition est d'ailleurs faite avec soin; seulement plusieurs dates des lettres sont fautives, et cette partie auroit besoin d'être revue avec soin. Je crois avoir remarqué deux lettres datées de 1694, près de trente ans après la mort de Surin; il est probable qu'il faut lire 1664. Il y a d'autres erreurs de ce genre, quoique moins fortes. De telles fautes seront remarquées de peu de lecteurs, et ne nuiront point à l'utilité de l'ouvrage, cependant il seroit bon de les indiquer par un

errata.

· L'éditeur verra, j'espère, par cette analyse et par ces remarques, que j'ai lu avec quelque attention les Lettres spirituelles; puissé-je avoir aussi tiré quelque profit

des choses solides qu'elles renferment et des sages avis que le vertueux et expérimenté directeur donne à des fidèles de différentes conditions; avis où ne règne pas moins d'abondance et de vérité que de zèle, de discernement et d'onction!

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. On dit que le Roi a nommé à l'évêché de Viviers M. l'abbé Bonnel, grand-vicaire de Mende. M. l'abbé Bongel étoit chanoine de la cathédrale de Mende dès 1780. Il resta caché pendant la révolution, et gouverna le diocèse dans les temps les plus fâcheux. Il refusa l'évêché de Nantes. à l'époque du concordat de 1801. Il a été grand-vicaire sous. les trois évêques qui se sont succédés à Mende, et jouit de l'estime et de la confiance du clergé et des fidèles. Il est aussi connu à Viviers, l'Ardèche ayant été long-temps sous la même administration ecclésiastique que Mende.

-Le vendredi 2 septembre prochain, trente-troisième anniversaire de la fin glorieuse des évêques et des prêtres immolés dans la maison des Carmes, rue de Vaugirard, il sera prononcé, à deux heures, un sermon dans l'église, aujourd'hui occupée par les dames Carmélites; le prédicateur sera M. l'abbé de Ponchevron, aumônier ordinaire de MADAME, duchesse de Berri. Après le sermon, il sera fait une quête, comme à l'ordinaire, pour les enfans délaissés de l'établissement de feu Me, la comtesse de Carcado. Les enfans seront présens, ainsi que les dames qui s'appliquent avec tant de zèle et de persévérance à continuer cette œuvre intéressante.

-Le dimanche 4 septembre, une retraite commencera, dans l'église de Bonne-Nouvelle, pour les membres de l'association de prières en l'honneur du saint Sacrement. Les exercices ouvriront à la suite de l'office du soir, et continueront chaque jour jusqu'au dimanche suivant. Le matin, à six heures, il y aura une instruction familière après la messe, et le soir, à six heures, glose et sermon. Le jeudi 8, au soir, on recevra les personnes qui se seront fait inscrire pour l'association. Dans le cours de la retraite, il y aura quelques autres cérémonies dont on sera instruit la veille.

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Toutes les instructions seront faites par les missionnaires de France ou par des ecclésiastiques de la paroisse.

Le samedi 20 août, M. le duc de Doudeauville, ministre de la maison du Roi, a présidé à la distribution des prix dans la maison d'éducation dirigée par les dames de la congrégation de Sainte-Clotilde, grande rue de Reuilly. S. Exc. étoit accompagnée de M. le baron de Walbock, son secrétaire, et de M. l'abbé de Rauzan, supérieur des dames de cette congrégation sous l'autorité de Mr. l'archevêque de Paris. Nous avons eu plusieurs fois occasion de parler de cet établissement, honoré de la protection du Roi et de Mme. la Dauphine. Mais dans un temps où s'ouvrent de toutes parts, plutôt par spéculation que par dévoûment, des maisons destinées à l'instruction de la jeunesse, nous aimons à rappeler le petit nombre de celles qui, formées sous les auspices de la religion, donnent aux familles honorables l'heureuse garantie d'une éducation chrétienne solide et distinguée pour leurs enfans. Grâce à la pieuse sollicitude de nos premiers pasteurs, et au zèle éclairé qui les dirige, on voit fleurir ces précieuses institutions où s'allient avec une sagesse prudente, à tous les genres de travaux et d'études né cessaires aux jeunes personnes, les leçons sacrées de la religion, plus nécessaires encore pour le repos et le bonheur de la société.

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Ce qui afflige surtout les pasteurs zélés de cette capitale, et tous les amis de la religion et des mœurs, c'est, dans le peuple, l'insouciance des parens pour l'instruction de leurs enfans, les mauvais exemples qu'ils leur donnent dans l'intérieur des familles, et les mauvaises habitudes qu'on leur laisse prendre dans un âge où elles ont tant d'influence sur le reste de la vie. Il devient plus urgent que jamais de soustraire au moins un certain nombre d'enfans à l'influence des vices qui les entourent, et de leur ménager des exemples et des instructions contraires. C'est ce qui a porté M. l'abbé Desgenettes, curé des Missious-Etrangères, à former un établissement destiné à recueillir des jeunes filles, et à les élever dans l'amour de la piété et du travail. Le zélé pasteur a acheté, rue des Brodeurs, deux maisons contigues, les a fait arranger, les a meublées, et y a ajouté un grand bâtiment pour les classes et les dortoirs. Une chapelle a été disposée avec beaucoup de goût, et M. l'archevêque l'a bénite le

lundi 22. Le prélat y a célébré la messe, et a adressé aux enfans une exhortation touchante, qui, en laissant apercevoir la douleur dont l'a pénétré un évènement cruel, indiquoit assez qu'il étoit venu chercher des consolations pour une si grande perte au pied d'un autel élevé par la charité. M. l'archevêque a ensuite visité la maison, et a vu avec intérêt et les dispositions faites dans le local, et l'ordre qui y règne. On ne peut, en effet, qu'applaudir au zèle du pasteur qui a conçu et exécuté ce projet, et qui le soutient à force de soins, de peines et de dépenses. Les Soeurs de la charité dirigent l'établissement; elles sont au nombre de neuf; les unes font l'école pour les jeunes filles du quartier, et leur apprennent en même temps à travailler.. Ces enfans sont plus de cent, et ont des classes et une cour séparées. Les autres Sœurs veillent sur le pensionnat gratuit, où sont recues plus de soixante jeunes orphelines qui sont à demeure dans la maison. Elles y couchent, y prennent leurs repas, y sont formées à différens travaux qui conviennent à leur sexe. Ces jeunes filles ont aussi des classes et une cour séparées. Nous n'avons pas besoin de dire que l'on forme principalement les enfans à la piété et aux vertus chrétiennes, et c'est là le grand avantage de cet établissement, si bien nommé la Maison de la Providence, véritable bienfait pour une paroisse qui compte beaucoup de familles de la classe laborieuse. C'est ainsi que le clergé répond aux plaintes de ses détracteurs: tandis qu'on le livre à des insultes et à des railleries également injustes et amères, il se venge par des actes de dévoûment, et il s'occupe d'une manière aussi efficace que généreuse des intérêts du pauvre, de l'éducation de la jeunesse, et du sort de ce peuple dont on veut lui enlever l'estime et la confiance.

-Quelques feuilles ont retenti dernièrement de déclamations et de plaisanteries sur les Frères de la charité. Qu'avons-nous besoin, disoit-on, de moines et de Frères? Nos hôpitaux ne sont-ils pas parfaitement administrés? tous les malades ne sont-ils pas secourus? la science et la philantropie ne suffisent-elles pas pour soulager l'humanité souffrante? faut-il donc absolument, pour soigner le pauvre, porter un froc ou un capuchon? Ces ingénieuses plaisanteries ont été tournées et retournées sous mille formes, et toujours de manière à nous présenter les Frères de la charité

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