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à l'étranger l'édition de quelque ouvrage que ce soit, sans avoir auparavant obtenu la permission d'imprimer du bureau de censure, rétend également aux memoires judiciaires et procédures, comme aussi à tout article, long ou court, que l'on voudroit faire insérer dans les gazettes, dans les journaux ou dans d'autres feuilles périodiques étrangères. Au sujet de cette ordonnance, le Constitutionnel reproche au gouvernement autrichien d'empêcher l'importation des lumières, et le menace de voir son nom descendre aux races à venir comme le synonyme de ce qu'il y a de plus ridicule et de plus odieux. -Le 20 août, la nouvelle association catholique d'Irlande a tenu une séance à laquelle ont assisté beaucoup de personnes distinguées. On a reçu environ trente membres. On a nommé ensuite un comité de sept membres chargé de choisir trente-un membres de l'association qui chercheront les moyens de répandre de plus en plus l'instruction religieuse parmi le peuple d'Irlande. Ce comité a été com posé d'ecclésiastiques et de laïcs; on y remarque surtout deux arche vêques et un évêque. L'association s'est ensuite ajournée jusqu'au premier samedi de novembre.

- Un journal de Dublin annonce que le manuscrit des Mémoires de Mungo-Park a été acheté au Sénégal par un Français à un homme de couleur pour 30 dollars; un Anglais en a offert 200, que le Français a refusé.

--Le comte de Donougmore, pair d'Angleterre, un des pairs-représentans de la pairie d'Irlande, vient de mourir. C'étoit un défenseur considéré et habile de la cause catholique d'Irlande dans la chambre des lords.

Lord Cochrane a quitté Londres, le 22, après avoir pris congé des agens grecs. Son plan d'opérations a été approuvé. Aussitôt la conclusion de la négociation entre lui et les ageus grecs, on a expédie un courrier chargé de porter en Grèce cette importante nouvelle:

-Il paroit qu'une réunion de souverains et de personnages de la plus haute distinction va avoir lieu à Spa, où le roi de Prusse est attendu. Un journal anglais conjecture que ces conférences diplomatiques sont relatives aux deux forteresses de Landau et de Philippeville, que la France, dit-il, avoit cédées pour dix ans, en 1815, comme une garantie; le terme étant expiré, et la France ayant rempli fidėlement les conditions du traité, le journal suppose qu'elle demande sans doute à être remise en possession de la forteresse de Landau et de celle de Philippeville. Mais cette assertion est démentic par la lecture du traite du 20 novembre 1815: rien n'y indique que la cession de ces deux forteresses n'ait été que momentanée.

- Bessières, qui étoit parvenu à réunir jusqu'à cent cinquante hommes, n'en a plus qu'une vingtaine avec lui. Il étoit, le 20, à Maroutehon, sur la route d'Aragon, suivi à deux lieues par soixante carabiniers de la garde.

-Le gouvernement péruvien a adopté un décret très-sévère pour empêcher l'introduction des produits espagnols, qui seront confisqués au profit de l'Etat, quel que soit le pavillon du navire à bord duquel on les trouvera.”

Réponse à de nouvelles attaques contre une société célèbre adressée aux hommes de bonne foi de tous les partis, par M. Henri de Bonald. Seconde édition.

La première édition de cet écrit ayant été épuisée en peu de temps, l'auteur vient d'en donner une seconde, où il fait de nouveaux efforts pour détromper les gens de bonne foi. Il s'étonne, avec tous ceux qui sont de sang-froid, de l'acharnement et des cris dont les Jésuites sont l'objet. Comment supposer en effet que des hommes qui ne veulent pas passer pour timides soient réellement épouvantés de l'existence de quelques religieux? comment croire que la France est en danger, si on y souffre des établissemens pareils à ceux que l'on trouve en Angleterre et aux Etats-Unis? Ou l'opinion repousse les Jésuites, et alors il n'y a aucune raison de les redouter, ou elle les favorise; mais, dans ce cas, pourquoi attaque-t-on avec tant de violence des hommes environnés de l'estime et de la confiance? Comment ne s'aperçoit-on pas que la violence même de ces aftaques accuse la passion et la haine, et qu'elle est faite pour ouvrir les yeux à ceux qui seroient prévenus contre les Jésuites? N'est-il pas clair que tous les ennemis de la religion et de la monarchie le sont aussi des Jésuites? Le jésuitisme, dit M. H. de Bonald, est un voile fort commode, quoiqu'assez transparent, pour attaquer la religion catholique, dont tous les zélés défenseurs ne seront bientôt plus que des Jésuites; et n'estce pas en effet ce que nous voyons tous les jours dans les journaux qui crient à tout propos contre Montrouge et Saint-Acheul, qui voient de toutes parts l'influence des Jésuites, et qui supposent que les évêques, les ministres, les magistrats, les écrivains, sont partout les émissaires et les instrumens de la société?

M. Henri de Bonald a fait d'heureuses additions à un écrit déjà solide et piquant; il présente de nouvelles considérations et de nouveaux traits où l'on ne remarque pas moins de sel que de jugement. Il se moque un peu de nos libéraux, mais ses plaisanteries ont toujours la mesure convenable, et seront toujours avouées par le goût. Enfin il y a joint quelques pièces, entr'autres, une conversation entre un président et un conseiller à l'époque des arrêts contre les Jésuites. Ce petit morceau peint assez bien l'esprit de quelques personnages influens de ce temps.

(Samedi 3 septembre 1825.)

(N°. 1155.)

Relation d'un Voyage à la Trape du Fort du Salut, suivie d'une Notice sur le baron de Géramb, et d'une Leure sur les établissemens religieux de Laval (1). L'abbaye de Trapistes formée auprès de Laval, sous le nom du Port du Salut, étoit autrefois un prieuré de Génovéfains, appelé le Port-Ringeard. Elle fut achetée, en 1814, par M. Le Clerc de La Roussière pour servir d'asile aux Trapistes qu'il avoit reçus précédemment dans son château de la Doyère. Ces Trapistes étoient ceux qui avoient habité long-temps à Darfeld en Westphalie. Leur abbé, dom Eugène (de La Prade), fut présenté au Roi, le 20 août 1814, et ce Prince lui promit sa protection pour lui et pour son institut. Dom Eugène autorisa le Père Bernard de Girmont à fonder le nouveau monastère. Le 21 février 1815, les Trapistes prirent possession de la maison; nous rendimes compte de cette cérémonie dans le n°. 92 de ce journal. Ils n'étoient alors que tinq religieux de choeur et dix convers. M. de La Roussière fit tous les frais de leur installation, et le tombeau du pieux bienfaiteur se voit aujourd'hui dan's le cloître. L'arrivée de Buonaparte, qui eut lieu quelques jours après, ne renversa point la communauté naissante. Le 10 décembre 1816, Pie VII érigea, par un bref, le monastère en abbaye, et confirma l'élection du Père Bernard de Girmont pour abbé. Dom Bernard est né à Mirecourt en Lorraine, et étoit, avant la révolution, religieux à Morimont, abbaye célèbre

1 vol. in-18; prix, 1 fr. et 1 fr. 25 cent. franc de port. A Paris, Tourneux, libraire; et à la librairie ccclésiastique d'Ad. Le Glere compagnie, au bureau de ce journal.

Tome XLV. L'Ami de la Religion et du Ror. G

de l'ordre de Citeaux, dans le diocèse de Langres. Il se fit Trapiste à Darfeld, sous l'abbé dom Eugène, et gouverne encore aujourd'hui la maison.

C'est cette abbaye qui fait l'objet de la Relation que nous annonçons; elle est située à deux lieues de Laval, paroisse d'Entrammes. Le nombre des religieux s'étant fort augmenté, il a fallu augmenter aussi les bâtimens; on a construit une église et une aile qui doit être continuée. Il y a aujourd'hui près de soixante religieux; le plus connu est le baron de Géramb, gentilhomme hongrois, mais né à Lyon, où son père s'éloit marié. Il servit long-temps dans les troupes d'Autriche, se maria en Hongrie, devint chambellan de l'empereur, et entra ensuite au service du roi d'Espagne. Il étoit général lorsque Buonaparte le fit arrêter et mettre à Vincennes. M. de Géramb s'y lia avec le Père Fontana, et y apprit à se dégoûter du monde et des hommes. Rendu à la liberté par la restauration, il se décida à se faire Trapiste, alla passer quelque temps à Darfeld, et vint ensuite au Port du Salut. Sa femme étoit morte à Palerme; de six enfans qu'il avoit eus, quatre vivoient encore, deux garçons et deux filles. Les premiers étoient, l'un officier dans les gardes-nobles de l'empereur de Russie, l'autre élève dans l'école militaire à Vienne. Les deux filles étoient, l'une dans un couvent, l'autre chez une sœur du baron. Il recommanda ses enfans à cette sœur, la baronne de Ledl, et à son frère Léopold de Géramb, général au service d'Autriche, et le 13 avril 1817, il fit ses vœux au Port du Salut, où il continue d'édifier par sa vie humble et pénitente. Nous avons parlé plusieurs fois de ce religieux, spécialement à l'occasion des quêtes qu'il fut chargé de faire, il y a quelques années, pour bâtir l'église de l'abbaye.

L'auteur de la Relation d'où nous tirons ces détail est un ecclésiastique qui ne s'est pas nommé, mais que

nous savons être M. l'abbe B., du diocèse de Rennes. Son voyage ent lieu au mois d'octobre dernier, et dura très-peu de jours. Il fait bien connoître l'esprit et les pratiques du monastère, et son récit est semé de réflexions pieuses et de détails pleins d'intérêt. A la Relation du Voyage, qui est en forme de lettre, cst jointe une autre lettre sur le Père Marie-Joseph ou baron de Géramb; c'est celle dont nous avons donné Pextrait. L'auteur remarque, comme une singularité, que la révolution, qui avoit détruit l'abbaye de la Trape, n'a pas empêché qu'il se soit formé depuis plusieurs maisons de Trapistes; il y en a aujourd'hui neuf; savoir, à la Trape dans le Perche, berceau de la réforme; au Gard, diocèse d'Amiens; au Port du Salut; à Melleray, diocèse de Nantes; à Bellefontaine, dans la Vendée; à Aiguebelle, diocèse de Valence; à SaintAubin, diocèse de Bordeaux, et enfin en dernier lieu les établissemens formés à la Sainte-Baume en Provence, et à Bricquebec, diocèse de Coutances; ce dernier est dû au rèle de M. l'abbé Onfroy et de M. de La Martinière. Il y a en outre des maisons de femmes du même ordre.

· Outre les deux lettres, le petit volume que nous annonçons contient encore des fragmens d'une autre lettre sur les établissemens religieux de Laval. Peu de villes paroissent aussi favorisées sous ce rapport. Il y a d'abord à Laval l'hospice Saint-Louis et l'Hôtel-Dieu. L'hospice Saint-Louis est pour les infirmes, les vieillards et les enfans trouvés; il fut fondé, en 1678, par les ducs de La Trémoille, et augmenté par les libéralités de plusieurs négocians de Laval, morts en pays étranger, et qui ont laissé leurs biens à cette maison. L'hospice est desservi par les Sœurs d'Evron, et on a fait venir dernièrement, pour soigner les garçons, des Frères de Saint-Joseph, établis par M. Dujarié. L'HôtelDien, consacré sous le nom de Saint-Joseph, est des

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