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et so dautant qun nomat meste Henric (1) lo coàresme prochen passat ha feytes las predications en la glisia de lad. ville talles que nous semblen contre la determination de nostre maire Ste glisia et deus Sts decrets et per consequen erronees, au moyen de que plusiors demoren grandamen scandalisats et un bon nombre, segon es pretendut, divertit de la vray fee et union tiengude et observade en lo cristianisme de toute antiquitat, a cause de que es de doubtar quen advienguen grands inconveniens si per vostes R. M. no y est probedit, et affin de meilhor y advisar, considerar et provedir au tout, abem descriutes une partide de las opinions erronees per lod. meste Henric predicades en lad. gleysie, plus humblamen vous supplican las voler beder.

Lod. Me Henric a predicat publicament et per plusors begades que Jesus Christ no es point realament et veritable en lhostie apres la consacration, vituperan los caperas per so que celebren missas et canten a la elevation de la Ste hostie consecrade: Ave verum corpus natum de Maria-Virgine; disen davantadge que luy habe tale opinion en son entendemen dets ans ha, mes que no la habe gausade predicar entro a present, laquoale opinion es estade reprobade cum a heretique de toute antiquitat, cum apar per la determination deu canon: Ego Berengarius de consecra. distin. II capit. cum marte de celebra. missa.

A vituperat aussy et per plusiors vegades la missa, sefforsan de tout son poder aquere abolir et cassar, en parlan en gran vilipendi et vituperi disen los qui en disen et qui en audin estar idolatres, et diverteix tant que pot lo poble de ne en audir, combien deye estar tiengude en grande honnor et reverentie cum es estade et es entre los princes de la christiantat et instituide au commencement per sainct Jacques, canon Jacobus de consecra. distint. I.

Aussi a dit que touts aquets qui entren en la gleisia sins que per audir lo preche son idolatres.

Item a dit et reiterat souvent en sasdittes predications no y haber purgatori et que no debem pregar Nre Dame ny los saincts por nore intercession et qui los invoque es idolatre.

Davantadge sus lo baptisme ha predicat et se efforsat de tout son poder cassar et abolir toutes las solemnitats, ceremonies ecclesias

(1) Henri Barran, voir France protestante. Bordenave, Histoire du Béarn,

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tiques, orations et suffratges deu baptisme sauf laigue et las palaures Ego te baptiso, disen que no fail far autre cause sino meter laigue sus lenfant qui se baptise et diser Ego te baptiso, et que no reprobabe de mingar carn lo coaresme ny autres causes prohibides per la gleisia, que es estat cause plusors, segon es pretendut, en han mingat au grand scandale deu poble.

Aussy dits lodit meste Henric que las processions que se fen a l'honnor de Diu, aquero no es sino une grande mechancetat et idolatrerie.

A vituperat aussy la confession qui lom ha acostumat far aux prestres ordonnade per la gleisie.

Semblablement un qui lom dits ester estat a Geneve et demorat long temps en lad. ville ha feyt predications autant erronees cum las deud. Meste Henric en la gleisia et en plusiors maisons particulares de vostre ditte ville de Pau.

A cause de lasquoals errors et predications susd. podin aportar mal renom a vostre ditte ville de Pau.

Plusiors autres causes contrariantes a ladite determination de nostre maire saincte glaisie et saincts decrets son estades aussy dogmatisades et predicades per lodit meste Henric, talament que de tout son poder se es efforsat estremar et tollir toutes las suffrages et orations de la gleisia, et briebamen redusir lo tout en tale estat que no y agousse autres causes sinon predications et la oration Pater noster et lo credo.

En oultre plusors libres et autres papers imprimits a Geneve et suspects de heresie, compausats tant per Calvin que autres, son expausats vendables journalament en la carrere publique de vostre ditte ville de Pau, per lasquoals se menan plusors talles errors.

Et plusors personadges qui son estimats comunament de tal sorte deudit meste Henric se son retirats en laditte ville et lom presumeix une partide dequets estar vienguts de Geneve, losquoaux se assemblen en tropa et no entren en la gleisia entro que ladite predication se vol commensar, et alasbets et apres que lodit mestre Henric es entrat, tals personatges lo sequechen et entren en nombre de quoate vingts a cent, aucuns armats despades et dagues, et feyte lad. predication tout incontinent sen sorten, seinx se curar de audir missa ny se attender a la elevation deu Corpus Domini.

Et que plus losd. personadges quoant entren et sorten de lad.

gleise se moquen deus personadges qui acesteixen a audir las misses, los aperen idolatres.

Semblablement lod. meste Henric ha dit et reiterat en plen auditori plusors vituperis et vilipendis de nostre sainct payre lo Papa en son grand mesprets et contemnement et au grand scandalle deu poble de que plus amplement Mons de Lascar vous ha podut advertir cum souvent de vegades y sie estat present.

Per que Syre et Madame, cum sie question de l'honnor et servicy de Diu et de Vostres R. M., salut de consciences, bien et repaux de vostres subjets et republique de vostre d. ville et pays de Béarn, suppliquen tres humblament vous plaire de y voler remediar et probedir lo plus promptament que far se poyra, en sorte que toutes mauvaises sectes, errous et opinion heretiques sien extirpades et touts inconvenients qui sen poiren inseguir evitats, mayorament que segon se dits, semblables errors pullulen et se son dogmatisades lo coaresme passat et continuen jornalament en aucunes autres villes et viladges de vostre d. pays; En pregan Diu lo creator, Syre et Madame, longament vous próspere en salut et en sa saincte glory. De vostre ville de Pau lo second de may mil Ve lviij. Vostres tres humbles et tres obediens subjets,

LOS JURATS DE VOSTRE VILLE DE PAU.

Telle était la requête des Jurats effrayés des progrès de l'esprit nou→ veau qu'ils se sentaient impuissants à conjurer: «Quoique les ministres de Béarn pussent plus facilément répandre leurs doctrines, ils ne laissoient pas quelquefois de trouver des obstacles. Le conseil souverain avait l'œil sur leurs actions et, s'il ne faisoit pas tout ce qu'il devoit, on voyoit qu'il avoit à cœur la conservation de la religion catholique. Il donna le 8 juin (1558) un arrest qui enjoignoit à tous les habitants de Pau d'assister à la procession qui se feroit le jour de la feste du saint Sacrement en la manière accoutumée, ordonnant que l'édit du feu roi Henri concernant la religion, seroit publié, gardé et observé; défendant à toute personne de rien enseigner de contraire, exhortant l'évêque de Lescar à révoquer la mission de Barran dont les prédications avoient causé des troubles; et le 12 juin il donna un autre arrêt pour défendre directement à ce ministre de prêcher jusqu'au retour du roi et de la reine, permettant cependant au ministre David de prècher les dimanches et bonnes fêtes, pourvu qu'il ne dit rien contre la croyance de l'Eglise romaine, et défendant toute assemblée clandestine et prêche particulier. Cet arrêt fut notifié à l'évêque de Lescar par le procureur général. Malgré cela, Barran continua de prêcher comptant sur la protection du roi et

de la reine qui peut-être avoient permis au conseil souverain de donner cet arrêt, par crainte du roi de France, que la paix qu'il étoit sur le point de conclure avec ses ennemis devoit mettre plus en état de s'opposer à l'hérésie. »

MORT DE GASPARD DE HEU, SEIGNEUR DE BUY 1er SEPTEMBRE 1558

Encore une victime du Tigre si heureusement exhumé par M. Ch. Read, et que poursuivront à jamais les invectives vengeresses d'Hotman. Gaspar de Heu, seigneur de Buy, et ancien échevin de Metz, fut le principal introducteur de la Réforme dans cette ville impériale, où il appela Farel en 1543. La persécution le contraignit à se retirer en Suisse. Il rentra dans sa patrie en 1552, sur les pas des Français, et ne contribua pas peu à y faire accepter l'autorité de Henri II, qui venait de conquérir les trois évêchés. Cet événement, sur lequel il fondait tant d'espérances, ne fit que rendre plus pénible la position de ses coreligionnaires. Gaspard de Héu chercha dès lors un appui dans les princes. protestants d'Allemagne, et devint un des plus actifs intermédiaires entre ces princes et le roi de Navarre, qui semblait gagné à la Réforme. Arrêté, par ordre des Guises, au retour d'un de ses voyages au delà du Rhin, il fut amené à Vincennes et appliqué à la question. On ignorait la date et les circonstances de sa mort, sur lesquelles le procès-verbal qui suit jette une douloureuse clarté. C'est moins une exécution qu'un assassinat à huis clos, comme le dit si éloquemment l'auteur du Tigre en vers dans cette apostrophe au cardinal de Lorraine :

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Procès verbal de l'exécution à mort de Caspar de Heu, Sr de Buy (1).

Cejourd'huy premier jour de septembre 1558, nous lieutenant soubzsigné, avons reçu par les mains de Monseigneur le reverendissime Cardinal de Sens, Garde des Seaux de France, certain arrest

(1) Voir sur Gaspard de Heu, l'article de Haag, t. V, p. 515 et 516, ainsi que les Mémoires de Condé, t. I, p. 333, 334, et de Thou, La Place, Regnier de la Planche, et les Lettres françaises de Calvin, t. I, p. 86.

et jugement de mort donné contre Caspard de Heu, Sr de Buy, prisonnier au Chasteau du boys de Vincennes; ensemble certaines lettres de commission du Roy, attachées audit arrest, soubz le contre-seel de la Chancellerie, par lesquelles nous étoit mandé mettre icelluy arrest à exécution, qui selon sa forme et teneur ensuyt, ledit arrest signé HENRY, et au dessous DE L'AUPESPINE, et ladite commission aussi signée Par le Roy, DE L'AUBESPINE, et seellee du grand seel.

Au moyen de quoy, pour satisfaire au contenu de ladite com mission, le iiije jour dudit moys, accompagnez de Thomas Guay, prins pour greffier en cette partie, et de Ian Corneille, sergent royal en ladite prevosté, nous sommes transportez audit Chasteau du boys de Vincennes. Où estans arrivez, avec et en la compagnee de noble homme Me Michel Viallard, conseiller du Roy et lieutenant civil en ladite prevosté de Paris, a esté par ledit Sr Viallard et nous fait entendre au cappitaine du Chasteau, nommé de Belloy, les choses qui nous menoyent : à ce qu'il eust à faire retirer ses gens et nous ayder à exécuter secretement ladite commission, suyvant le vouloir du Roy, et, affin qu'il n'en pretende cause d'ignorance, luy avons commandé de faire ouverture de certains lieux et endroits dudit chasteau, affin d'adviser lieu propre et commode pour l'exécution dudit jugement de mort, et après en avoir advisé par l'executeur de la haulte justice, auquel avions commandé se trouver là, nous serions allez et transportez en une chambre basse où estoit ledit Viallard, affin d'assister avec luy à la torture qu'il debvoit bailler, avant l'exécution de mort audit de Heu.

Où avons esté jusques environ les quatre heures du soir, qu'estant ladite question baillée, se seroit ledit Viallard retiré et party dudit chasteau et serions nous et nostre greffier demeurez seuls, en ladite chambre basse, avec ledit de Heu, auquel nous aurions. dit qu'il estoit besoin qu'il veint avec nous jusques en une autre chambre prochaine de là.

Sur quoy il nous auroit demandé pourquoy, faisant reffuz d'y venir. Luy aurions respondu que luy ferions entendre, si tost qu'il seroit en l'autre chambre, finallement l'aurions doucement et par moyens fait sortir de ladite chambre, et allans au lieu où entendions le mener, se seroit plusieurs foys arresté, demandant si le voullions faire mourir, nous regardant souvent à la face. Auquel

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