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63 exemplaires des Livres saints dont plusieurs fort anciens, et tandis que le ministre de l'Instruction publique nous continuait ses dons, nous avions le privilége d'obtenir du gouvernement britannique, sur la gracieuse intervention du Rév. Brewer, les quatre rapports officiels sur les archives particulières de la Grande-Bretagne envoi que notre bienveillant correspondant accompagnait de ces lignes : « Je crois que votre Bibliothèque est la seule en France et peut-être ailleurs qui possède cette importante série. »

Qu'il nous soit permis de remercier publiquement trois généreuses donatrices, Mesdames de Billy et Courtois qui ont attaché au souvenir de M. Frank Courtois un envoi considérable de volumes, et Madame la baronne de Neuflize qui a enrichi la Bibliothèque de plusieurs ouvrages du XVI et du XVIIe siècle, aussi rares que bien conservés. La section des médailles en a reçu une dite de la Saint-Barthélemy, de M. Courtois de Viçose, et un méreau de M. le pasteur Sarrut, de Mazamet; la section des gravures quelques portraits modernes de M. Rossignol et une vingtaine de portraits, dont plusieurs extrêmement précieux, de M. Georges de Monbrison. Nous devons à Madame Thuret un portrait sur émail de M. Eug. Haag, et à M. Emile Oberkampf trois pièces manuscrites dont un sermon autographe de l'aïeul de notre illustre président honoraire, de Jean-Pierre Guizot, pasteur du désert.

Cette glorieuse et tragique époque du désert, on ne pourra plus en étudier l'histoire sans venir puiser dans nos collections. Elle gravite autour de deux noms, Antoine Court et Paul Rabaut. A Genève sont conservés les manuscrits du restaurateur de nos Eglises que M. Ed. Hugues, répondant à l'appel d'un de nos concours, a fait revivre devant le grand

pasteur Maulvault, pasteur Meyer, pasteur Muston, prof. Nicolas, pasteur Nogaret, Oberkampff, F. Puaux, Racine Braud, pasteur Rayroux, C. Read, R. Reuss, Roman, Rossignol, Roussy, pasteur Sarrus, pasteur Sarrut, F. Schickler, pasteur Schmidt, pasteur Sohier, Teissier, pasteur Vèzes, pasteur Weiss, pasteur Zipperlen. Mesdames de Billy, F. Courtois, baronne de Neuflize, Thuret, Mademoiselle de Kattendyke. Comme auteurs: MM. J. Bonnet, Berthault, pasteur Charruaud, pasteur Enjalbert, A. Franklin, pasteur Frossard, pasteur Galland, Loutchitzki, E. Paris, Read, Soulice, Vincens.

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public français. Les manuscrits de Rabaut, ce véritable apôtre sous la croix, avaient été sauvés par ses fils. La veuve du second d'entre eux, le pasteur Rabaut-Pomier, remit à M. Charles Coquerel ce dossier considérable « d'actes synodaux, de requêtes au roi, aux ministres, aux intendants, de brouillons de lettres adressées aux diverses autorités, de listes de condamnés, de correspondance journalière de Rabaut avec ses collègues. » L'historien des Eglises du désert, dès qu'il se vit en possession de ses richesses, s'occupa de les augmenter; des amis dévoués écoutèrent ses sollicitations. Il s'engageait à placer un jour cette collection agrandie et complétée dans un établissement public de nos Eglises françaises. A sa mort l'établissement n'existait point encore et le précieux dépôt passait entre les mains de son neveu, l'un des promoteurs les plus ardents de la Bibliothèque qui devait permettre l'exécution de la promesse. Lui aussi continua l'œuvre de pieuse préservation. Au fonds Rabaut il réunit tout ce que de son côté il put recueillir sur les Eglises sous la croix et sur nos martyrs du siècle dernier; il y joignit, sur une époque antérieure, une notable partie de la correspondance du pasteur de Metz, Paul Ferry, des autographes et des portraits. Ces manuscrits, ces gravures, ce fonds Rabaut et plus de quatre cents volumes d'histoire, dont plusieurs sont d'une excessive rareté, tout cela est à vous, Eglises protestantes de France. C'est un trésor sans prix qui est entré dans nos archives. Ah! pourquoi nous faut-il, après un intervalle de si peu d'années, inscrire pour la seconde fois au-dessus de nos rayons le grand nom d'Athanase Coquerel!

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Messieurs, il est un jour où le deuil semble doublement lourd à porter. C'est celui où nous avons mission de rendre hommage aux collègues que Dieu nous a redemandés, le jour où il nous faut parler au passé des amis qui sont encore présents à notre pensée dans tout l'éclat de l'intelligence, dans tout l'élan et le rayonnement de la vie. Vous n'attendez pas de moi une biographie de M. le pasteur Athanase

Coquerel fils. Le côté militant de sa carrière s'est écoulé sous vos yeux et c'est à nos successeurs qu'il appartiendra d'en déterminer le caractère, d'en constater la portée. Si nous devions faire appel à ceux que son ministère évangélique a soutenus, instruits, consolés, à tous ceux dont il a remué la conscience, élevé et agrandi le cœur, affermi la volonté, ce temple dont sa voix a souvent réveillé les échos, ce temple même, vous le savez, serait insuffisant à les contenir. Mais dans cette nature si largement douée, il y avait place encore pour une activité de plus. Epris de tout ce qui est grand et beau dans les œuvres du Créateur et dans celle des hommes, comment ne se serait-il pas attaché à cette histoire de la Réformation française dont chaque page raconte l'héroïsme du chrétien et les gratuités de son Dieu? Dès la fondation de la Société il s'y inscrivait le septième, entrait dans le Comité et depuis il ne s'est jamais désintéressé un seul instant de notre œuvre, prenant une part directe à sa vie intime, à ses débuts, à ses crises, à ses difficultés, ses succès et ses joies.

Ce fut à l'occasion de l'assemblée générale de 1854 que M. Coquerel écrivit sa première étude d'histoire protestante. Il la consacrait à Wolfgang Schuch, le curé de Saint-Hippolyte en Lorraine, martyr oublié qu'il tenait à replacer « sur la liste des grandes âmes qui sont la noblesse d'une nation. » Ces injustices des contemporains que la postérité ne répare que lentement, l'ont toujours profondément ému. Dès notre assemblée de 1856, il exquissait en traits rapides mais frappants le drame des Calas dont il préparait un récit définitif; en 1865, il nous racontait le dévouement filial de Jean Fabre « l'honnête criminel. » Trois ans plus tard, le Comité lui confiait le soin de relever les étranges inexactitudes d'une récente biographie de Bernard Palissy : nos lecteurs n'ont certainement oublié ni le mémoire étendu dont il dota le Bulletin, ni la réponse passionnée que provoqua cette énergique revendication.

Notre collègue avait déjà rendu hommage au potier sain

tongeais dans la monographie de l'Eglise réformée de Paris, dont la première partie, insérée d'abord dans la Revue de théologie, fut réunie en volume en 1862. « Si je n'ai pas intitulé ce travail histoire, » dit-il dans sa préface, « quoiqu'il soit le fruit de longues et laborieuses recherches, c'est que j'ai une haute idée de la dignité de l'histoire. J'ai bien moins cherché à juger le passé qu'à en être le fidèle et respectueux rapporteur. » Ce que l'auteur intitulait trop modestement Précis est un de ces livres qui resteront; basé sur des documents en grande partie inédits, il embrasse quatre-vingt-deux années « d'enfantement douloureux et de cruelles persécutions, » de 1512 à 1594, depuis les débuts de la Réforme jusqu'à l'avénement de Henri IV, et il traite avec une impartialité rare le lugubre problème de la Saint-Barthélemy. La suite de ce beau travail appartient au Bulletin (tomes XV, XVI, XVIII): il devait conduire notre Eglise jusqu'à la Révocation. Nous la voyons d'abord recueillie chez Madame, sœur du roi; nous l'accompagnons ensuite à Grigny, Ablon et Charenton.

Dans cette monographie qui s'arrête à l'incendie du temple en 1621, M. Coquerel s'était efforcé de faire revivre, en même temps que le caractère des personnages, la physionomie même des lieux. Il aurait voulu que le Paris d'aujourd'hui nous rappelât plus souvent le Paris d'autrefois et, dans une autre de nos réunions, il déroulait devant vous l'histoire de la plus protestante des rues de la capitale, évoquant les vestiges du passé avec le talent de l'archéologue, la grâce du conteur et l'émotion du descendant des huguenots.

En 1866, paraissait le livre des Forçats pour la foi, titre saisissant que justifiaient des notices sur Marteilhe, Jean Fabre, le régime des galères, et la liste aussi complète qu'il avait pu la dresser de tous les protestants de France mis à la chaîne pour cause de religion de 1684 à 1762. Jean Calas et sa famille eut un retentissement plus grand encore. La première édition est de 1858; la seconde, considérablement augmentée, de 1869. Jamais le drame de Toulouse n'avait été

aussi approfondi, appuyé sur plus de preuves, éclairé d'une lumière plus vive et plus sûre. Michelet appelait ce livre un chef-d'œuvre : ne devrait-il pas se trouver dans toutes nos bibliothèques de familles, d'Eglises ou d'écoles?

Citerai-je encore, dans l'œuvre historique de M. Ath. Coquerel fils, l'article Réformation, rédigé pour le Dictionnaire général de la politique de notre collègue M. Block, et le sermon : « Pourquoi la France n'est-elle point protestante? » prêché dans le temple de l'Alliance évangélique de Neuilly le jour où fut célébrée la première fête annuelle de la Réformation? Dans les loisirs forcés que lui imposait la maladie sa pensée retournait à ses travaux interrompus, à l'histoire de l'Eglise de Paris, à l'histoire des Eglises du désert qu'il comptait rééditer, à une biographie de Rabaut et de ses trois fils dont nous parle une lettre écrite un mois à peine avant son retour vers Dieu...

Les éléments de ces biographies, légués par M. Coquerel, le Comité désire vous les rendre accessibles; mais dans l'état de vétusté de ces pièces qui ont traversé tant d'orages il Ꭹ aurait danger à les communiquer. Il a été résolu qu'elles seraient d'abord reliées avec soin, et l'un des membres de la commission a bien voulu se charger de la mise en ordre et de la classification du fonds Rabaut. Déjà sept volumes sont à la reliure, et en le remerciant de son dévouement nous ne pouvons que reconnaître une fois de plus combien un bibliothécaire en titre nous serait indispensable.

Depuis six ans, Messieurs, la Société de l'Histoire du Protestantisme français est reconnue comme Etablissement d'utilité publique, mais jusqu'ici les droits que ce titre lui confère n'ont été pour elle qu'une lettre morte. Un de nos meilleurs amis, M. Froment, a décidé qu'il n'en serait pas ainsi plus longtemps. Il a voulu, dans un legs offert de son vivant, préparer et consolider l'avenir. Il nous a envoyé la somme de mille francs, à la condition expresse que ces mille francs seraient placés au nom de la Société et commenceraient son

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