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du maintien de la religion catholique. Des peines draconiennes furent ensuite décrétées contre les chefs calvinistes: l'exil ou la mort et la confiscation de leurs biens. Le soir de cette journée, des feux de joie brillèrent sur les montagnes, et des colonnes d'émigrés se dirigèrent vers les frontières, dans la direction du canton de Berne et du pays de Vaud.

C'est ainsi que les progrès du protestantisme furent arrêtés en Valais, La lutte continua sur le terrain politique jusqu'au renver, sement du pouvoir temporel des évêques. Depuis lors, les deux éléments en antagonisme se sont rapprochés. Il y a eu des concessions réciproques. La Constitution fixe à ces concessions des limites qui ne peuvent être dépassées.

Puissent, le rapprochement de deux époques différentes et les progrès réalisés dans la voie de la liberté religieuse dans notre canton, ne plus subir d'exception en Suisse, et les mêmes garanties. être accordées désormais à toutes les convictions sincères !

SÉANCES DU COMITÉ

EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX

L

SÉANCE DU 11 AVRIL 1876.

M. Ch. Read préside la séance en l'absence de M. F. de Schickler, retenu par une indisposition.

Fixation de l'ordre des lectures qui seront faites en séance annuelle. M. Henri Bordier relève quelques fautes commises dans les extraits des Procès d'hérésie sous François Ier. Elles seront l'objet d'un errata. Correspondance.-M. Alexandre De Lessert, du Havre, et M. Georges de Monbrison, de Paris, offrent, l'un de curieuses brochures du XVIe siècle, et l'autre une intéressante collection de portraits de personnages illustres de la Réforme, notamment un fort beau portrait de Jeanne d'Albret.

M. le pasteur Vielle, de Saint-Hippolyte (Gard), envoie quelques extraits d'un inventaire général des titres et papiers conservés dans les archives de l'intendance du Languedoc.

M. Alph. Lagarde, de Tonneins, transmet les statuts de la Société protestante de secours mutuels de cette ville, et applaudit à la formation

aussi complète que possible d'une collection des annales de la charité dans notre Eglise,

M. le pasteur Abelous, d'Aix en Provence, demande la date de la formation de cette Eglise. Les Lettres françaises de Calvin fournissent une réponse à cette question.

M. le pasteur Gaberel, en ce moment à Rome, donne d'intéressants détails sur le mouvement des esprits et le progrès des études historiques concernant la Réforme en Italie.

Bibliothèque.

M. Paul Marchegay signale quelques erreurs et omissions dans les mémoires de Charlotte-Amélie de la Trémoille, récemment publiés. M. W. Martin fait un rapport sur les manuscrits légués à la Société par M. Ath. Coquerel fils. Ils se décomposent ainsi: 1o Papiers qui ont servi à M. Charles Coquerel pour son Histoire des Eglises du Désert; 2o notes recueillies par le même pour son Histoire des protestants de France qui existe en manuscrit; 3° fragments de la correspondance du ministre Paul Ferri, acquise par M. Ath. Coquerel

fils.

Les papiers Paul Rabaut forment le fonds principal de cette collection. L'ordre naturel à suivre dans le classement de ces papiers est celui indiqué par M. Ch. Coquerel lui-même dans la liste sommaire qu'il a donnée à la fin du tome I de son ouvrage.

Par les soins du rapporteur, les pièces de chaque liasse ont été elassées selon l'ordre chronologique, puis timbrées et numérotées. Enfin on a dressé une liste générale qui sera placée en tête de chaque volume. Selon le vœu du Comité, trois de ces volumes sont déjà à la reliure.

Diplôme. Le titre de membre de la Société, avec diplôme, est quelquefois demandé. Ne pourrait-on en faire l'objet d'un règlement qui créerait des ressources nouvelles à la Société?

M. Franklin présente un projet en quelques articles, qui donne lieu à une première délibération et qui demeure à l'étude, sous forme d'addition prévue aux staṭuts.

CHRONIQUE

FÊTE DE LA RÉFORMATION

La fête de la Réformation a été célébrée dans les divers temples de Paris, et a inspiré d'éloquents discours en rapport avec la gravité des circonstances. Nous voudrions pouvoir reproduire les belles considérations de M. le pasteur Bersier sur l'unité de l'Eglise, et les pathétiques

appels de M. le pasteur Dhombres aux grands souvenirs de la Réforme française. La crise douloureuse que traverse l'Eglise réformée semblait communiquer aux orateurs du jour un accent plus ému, plus pénétrant, Jérusalem, si jamais je t'oublie!... C'est quand la patrie spirituelle est en péril qu'on se prend à l'aimer davantage. L'héroïque fidélité des pères, leur vivante union dans les jours d'épreuve, ne contiennent-elles pas une leçon pour les enfants?

Autant que nous pouvons en juger par les premières nouvelles des départements, c'est dans ce même esprit d'humiliation et de ferveur qu'a été célébré partout l'anniversaire du 5 novembre. Preuve en soient les lignes suivantes que nous recevons au moment de mettre sous presse: « Dimanche dernier, nous écrit M. le pasteur Benoît de Montmeyran, m'inspirant de ces paroles: Sauve-nous ! Seigneur, car nous périssons! j'ai essayé de montrer qu'à toutes les époques de crise qu'elle a traversées, sous les Valois comme à la Révocation, pendant la période du Désert comme dans les temps d'indifférence et de mort spirituelle qui signalèrent la fin du siècle dernier, l'Eglise réformée n'a jamais été abandonnée de son divin chef. Qu'il se souvienne encore aujourd'hui, et qu'il ait pitié de sa chère Sion! »>

La lettre suivante, qui nous arrive de Saint-Pétersbourg, mérite, à un autre titre, de trouver place dans le Bulletin:

<< Hier nous avons célébré la Fête de la Réformation. J'avais annoncé à mes paroissiens que la collecte faite à l'issue du service divin, serait distraite de sa destination ordinaire et consacrée à la Société de l'Histoire du Protestantisme français.

« Bien que notre petite congrégation ne puisse pas être considérée tout à fait comme une Eglise du Refuge, et que la majorité de ses membres ne soit française que de langue, la collecte (50 roubles) a dépassé mon attente, et j'ai été tout heureux de pouvoir ainsi constater d'une manière palpable que l'œuvre à laquelle vous vous êtes dévoués est hautement appréciée et trouvera toujours de l'appui parmi nous. »

Si quelque chose peut ajouter du prix à ce témoignage de fraternelle sympathie accordé de si loin à l'œuvre historique que nous poursuivons depuis un quart de siècle, c'est le nom du signataire de la lettre qu'on vient de lire, M. E. Crottet, pasteur de la congrégation réformée française de Saint-Pétersbourg, et fils du docte pasteur qui a si bien mérité de notre Eglise par sa Petite Chronique protestante du XVIe siècle.

P.-S. Nous avons à cœur de réparer ici un oubli, qui n'est pas de l'ingratitude, en ajoutant Lille sur la liste des Eglises qui ont collecté au profit de notre œuvre en 1875, ce qui porte à 53 le chiffre des Eglises donatrices inscrites sur le Bulletin.

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SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE

DU

PROTESTANTISME FRANÇAIS

ÉTUDES HISTORIQUES

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DIX ANS DE LA VIE DE FRANÇOIS HOTMAN

(1563-1573)

M. Rodolphe Dareste présentait, en 1850, à la Faculté des lettres de Paris, une thèse sur François Hotman, dans laquelle il appréciait le rôle et marquait l'influence du célèbre publiciste réformé du XVIe siècle. Les détails biographiques occupaient moins de place dans cet essai que les théories et les écrits politiques auxquels Hotman a attaché son nom. De nouvelles sources se sont ouvertes depuis aux investigations de M. Dareste. Les bibliothèques de Genève, Zurich, Bâle, Gotha, etc., lui ont fourni de nombreuses lettres inédites qui ont élargi le cadre de sa première étude. Un seul dépôt, celui des archives de Hesse à Marbourg, lui a été fermé par la rigueur de ce formalisme germanique qui se croit une vertu. Il n'en a pas moins réuni dans une nouvelle étude (Revue historique de juillet et octobre 1876) de précieux extraits épistolaires où revit Hotman, avec son existence si pleine et si agitée. C'est le professeur de droit, l'émule de Dumoulin et de Cujas, qu'on retrouvera dans les pages suivantes, au moment où la paix d'Amboise vient de rouvrir à l'exilé les portes de la patrie, que lui refermera sans retour XXV. 34

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la Saint-Barthélemy. Nous laissons ici la parole à M. Dareste, ou plutôt à Hotman lui-même :

La paix fut enfin signée à Amboise le 17 mars 1563, et Hotman se prépara à rentrer en France avec sa famille. Dès le mois de novembre 1561, Montluc, évêque de Valence, avait offert à Hotman la première chaire de droit à l'Université de cette ville (1). Cette fois encore, Hotman avait été en concurrence avec Baudouin. Il l'emporta sur son rival, grâce à la recommandation de Théodore de Bèze. La paix d'Amboise lui permit d'aller prendre possession de sa chaire; toutefois, il ne quitta Strasbourg qu'au mois de septembre. Le 24 mai, il écrit encore à Bullinger (2):

« Il n'y a pas de nouvelles bien certaines. Le Roi s'est tenu quelque temps près de Paris. Quelques-uns écrivent qu'il est entré dans la ville, que la populace a mis bas les armes et que les tumultes s'apaisent. Mais que va-t-il se passer en Allemagne? Il y a guerre entre le Danemark et la Suède, et les reîtres qui devaient se rendre en France se dirigent de ce côté là. »

L'électeur palatin venait de se déclarer pour le calvinisme, mais en revanche le lutheranisme triomphait à Strasbourg, et l'Église française établie dans cette ville se trouvait menacée. C'était pour Hotman un nouveau motif pour quitter Strasbourg. Il rentrait en France plein d'espoir et de confiance dans l'avenir.

Le 15 août 1563, il écrit à l'électeur palatin (3) :

« La paix est faite entre les Anglais et les Français, et les Français sont entrés dans le Havre de Grâce le 1er août. Ils avaient fait beaucoup de mal à la ville au moyen d'une redoute élevée à une très-grande hauteur, et le 16 juillet, après avoir balayé à coups de canon tous les obstacles qui les séparaient de la ville, ils avaient donné l'assaut et peu

(1) Beza Calvino, 25 nov. 1561 : « Putabat fore (Balduinus) ut Valentiæ doceret cum' amplo stipendio, et hâc spe Palatinum deseruerat. Sed episcopus a me admonitus tempestive de Hottomano cogitavit, quem etiam per litteras accersivit. »

(2) Hot. Bullingero, 24 mai 1563 (Zurich).

(3) Cette lettre est publiée dans Kluckhohn, Briefe Friedrichs des Frommen t. I, 1862, p. 439, d'après une copie conservée aux archives de Munich.

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