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souhaitons qu'ils viennent ces jours meilleurs et nous sommes prêts à nous associer à tout ce qui sera fait pour fonder la paix sur l'arbitrage.

Mais aussi longtemps qu'ils ne seront pas là, et nous savons que les beaux fruits ne mûrissent pas en un jour, nous restons sur le terrain de la réalité qui nous enserre, et puisque dans l'état imparfait de notre civilisation, celui qui est sans force et sans défense, se trouve sans sécurité et plus facilement menacé qu'un autre dans son indépendance et dans sa dignité, nous voulons rester aussi forts que possible en nous disant qu'une bonne organisation militaire est encore la plus solide ga. rantie de notre indépendance et de notre neutralité!

Nous allons réformer notre organisation militaire; un projet de loi a été élaboré; il va faire l'objet de vos discussions et de vos critiques. Il vise à une préparation plus solide des divers éléments de notre armée, à lui donner à la fois plus de souplesse et de cohésion, à mettre mieux en valeur toutes les bonnes volontés, les intelligences, les forces vives qu'elle renferme et à mieux l'adapter aux besoins de notre défense. Il nous permettra aussi d'extirper certains germes fâcheux, l'esprit de caste et de coterie et certaines conceptions et exagérations militaristes qui ne cadrent pas avec les aspirations d'un pays démocratique.

Mais le souci de notre défense nationale ne doit pas nous détourner des progrès qu'il nous reste à accomplir dans d'autres domaines.

Notre devise était jadis: Une armée et un droit! Nous allons réaliser plus complètement le premier terme de cette devise! Il s'agit de réaliser le second, de sortir du labyrinthe de vingt-cinq législations et coutumes disparates et incohérentes, de conquérir enfin le bienfait inappréciable de pouvoir vivre sous une loi commune, de nationaliser un code civil!

Cette loi commune qui gouvernera seule les confédérés dans leurs rapports civils de tous les jours, qui les rendra plus égaux qu'ils ne sont et dans laquelle les jeunes générations pourront puiser les règles d'une com

mune justice, viendra consolider nos institutions .et affermir le sentiment de notre unité!

Grande et pacifique révolution, que d'autres ont accomplie avant nous, mais qui s'accomplira chez nous, nous en avons la ferme confiance, par la volonté souveraine et consciente de notre peuple qui voudra élever ce monument à la gloire de la science et de notre petite patrie. Ce sera le plus bel héritage que nous puissions léguer à la postérité.

A côté de l'unification du droit, n'est-il pas temps de réaliser aussi une unification nécessaire dans le domaine de nos intérêts économiques et financiers?

N'est-il pas temps, pour la solidité de notre crédit et le développement de notre richesse de doter enfin notre patrie d'une banque unique d'émission, capable d'exercer une action efficace sur notre circulation, sur l'escompte, sur le change et qui nous donne enfin un billet unique, remplissant mieux sa double fonction de monnaie et d'instrument de crédit que les billets de nos banques actuelles, dont la circulation se fait mal, au préjudice de notre crédit et du public?

Et s'il est reconnu que le nouveau projet de loi nous permet d'atteindre pratiquement ce but, sans que les cantons aient à souffrir dans leurs ressources budgétaires, ne pouvons-nous pas formuler le légitime espoir que les Confédérés, plaçant l'intérêt supérieur du pays au dessus des stériles compétitions, arriveront enfin à résoudre ce problème par une politique féconde de concessions et d'entente?

A côté de ces problèmes, chers Confédérés, que nous devons résoudre et auxquels il faut ajouter le plus considérable et le plus difficile de tous, celui de l'assurance populaire, il est pour nous une tâche de tous les jours. et qui ne doit jamais nous lasser, celle de cultiver et de fortifier dans notre peuple l'esprit de concorde et de solidarité nationale!

Trop longtemps il a été obscurci par l'égoïsme des uns et des autres, par les préjugés et les méfiances, ne

se réveillant que par intermittence aux heures de crise et de danger, mais il est aujourd'hui bien vivant, planant au-dessus des partis, au-dessus de nos rivalités et de nos dissidences passagères et faisant briller l'image inaltérable de la patrie une et indivisible. Qu'il devienne toujours plus vivant et toujours plus fort dans la conscience de notre peuple, qu'il soit notre bon génie et que nous, les enfants de la plus vieille démocratie du monde, nous puissions toujours montrer avec une légitime fierté comment de petits peuples, d'origine, de race, de langue différente, sont arrivés à se souder étroitement les uns aux autres et à constituer une nation dans laquelle l'unité morale est plus forte, le sentiment national plus intense, l'esprit de solidarité et de sacrifice plus développé que dans aucun pays et dont le faisceau est pour toujours indissoluble.

A la Patrie suisse! Qu'elle vive!

Beilage II.

Die Encyclica Papst Pius X. vom 2. Februar 1904.

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Ad diem iilum laetissimum, brevi mensium intervallo, aetas nos referet, quo, ante decem quinquennia, Pius IX decessor Noster, sanctissimae memoriae pontifex, amplis sima septus purpuratorum patrum atque antistitum sacrorum corona, magisterii inerrantis auctoritate, edixit ac promulgavit esse a Deo revelatum beatissimam virginem Mariam, in primo instanti suae Conceptionis, ab omni originalis culpae labe fuisse immunem. Promulgationem illam quo animo per omnium terrarum orbem fideles, quibus iucunditatis publicae et gratulationis argumentis exceperint nemo est qui ignoret; ut plane, post hominum memoriam, nulla voluntatis significatio data sit tum in augustam Dei Matrem tum in Iesu Christi Vicarium, quae vel pateret latius vel communiori concordia exhiberetur. Iam quid spe bona Nos prohibet, Venerabiles Fratres, dimidio quamvis saeculo interiecto, fore ut, renovata immaculatae Virginis recordatione, laetitiae illius sanctae veluti imago vocis in animis nostris resultet, et fidei atque amoris in Dei Matrem augustam praeclara longinqui temporis spectacula iterentur? Equidem ut hoc aveamus ardenter pietas facit, quam Nos in Virginem beatissimam, summa cum beneficentiae eius gratia, per omne tempus fovimus: ut vero futurum certo expectemus facit catholicorum omnium studium, promptum illud semper ac paratissimum ad amoris atque honoris testimonia iterum iterumque magnae Dei Matri adhibenda. Attamen id etiam non diffitebimur, desiderium hoc Nostrum inde vel maxime commoveri quod, arcano quodam instinctu, praecipere posse Nobis videmur, expectationes illas magnas brevi esse explendas, in quas et Pius decessor et universi sacrorum antistites, ex asserto solemniter immaculato Deiparae Conceptu, non sane temere, fuerunt

adducti.

Quas enimvero ad hunc diem non evasisse, haud pauci sunt qui querantur, ac Ieremiae verba subinde usurpent: Exspectavimus pacem, et non erat bonum: tempus medelae, et ecce formido.') Ast quis eiusmodi modicae fidei non reprehendat, qui Dei opera vel introspicere vel expendere ex veritate negligunt? Ecquis enim occulta gratiarum munera numerando percenseat, quae Deus Ecclesiae, conciliatrice Virgine, hoc toto tempore impertiit? Quae si praeterire quis malit, quid de vaticana synodo existimandum tanta temporis opportunitate habita; quid de inerranti pontificum magisterio tam apte ad mox erupturos errores adserto; quid demum de novo et inaudito pietatis aestu, quo ad Christi Vicarium, colendum coram, fideles ex omni genere omnique parte iam diu confluunt? An non miranda Numinis providentia in uno alteroque Decessore Nostro, Pio videlicet ac Leone, qui, turbulentissima tempestate, eâ, quae nulli contigit, pontificatus usurâ, Ecclesiam sanctissime administrarunt? Ad haec, vix fere Pius Mariam ab origine labis nesciam fide catholica credendam indixerat, quum in oppido Lourdes mira ab ipsa Virgine ostenda fieri coepta: exinde molitione ingenti et opere magnifico Deiparae Immaculatae excitatae aedes: ad quas, quae quotidie, divina exorante Matre, patrantur prodigia, illustria sunt argumenta ad praesentium hominum incredibilitatem profligandam. Tot igitur tantorumque beneficiorum testes, quae, Virgine benigne implorante, contulit Deus quinquagenis annis mox elabendis; quidni speremus propiorem esse salutem nostram quam cum credidimus? eo vel magis, quod divinae Providentiae hoc esse experiendo novimus ut extrema malorum a liberatione non admodum dissocientur. Prope est ut veniat tempus eius, et dies eius non elongabuntur. Miserebitur enim Dominus Iacob, et eliget adhuc de Israël 2); ut plane spes sit nos etiam brevi tempore inclamaturos: Contrivit Dominus baculum impiorum. Conquievit et siluit omnis terra, gavisa est et exultavit3). 1) Ir. 8, 15.

2) Is. 14, 1.
3) Is. 14, 5, 7.

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