marchandises, à Livourne, pour les expédier et vendre à Marseille.

Il prend des arrangemens pour cette expédition avec le capitaine Angeli, français, commandant le navire l'Assomption, qu'il rencontre à Bastia, au moment où il allait partir pour Marseille.

Le capitaine Angeli s'engage à se rendre, après ce voyage, à Livourne, pour y prendre le chargement que devait lui remettre le sieur Natalini.

En attendant, le sieur Natalini fait part de son projet aux sieurs Estienne frères, négocians à Marseille. Il leur annonce qu'il leur consignera les huiles qu'il achètera, et qu'en anticipation sur le produit, il fera traite sur eux pour dix mille francs et les chargera de faire assurer. En même temps, il les prie de lui renvoyer par le capitaine Angeli des barriques qu'ils avaient à lui et de lui en prêter d'autres.

Une correspondance s'établit, à raison du chargement projeté par le sieur Natalini, entre lui et les sieurs Estienne frères.

Le sieur Natalini désirant avoir à Marseille un second consignataire pour les autres marchandises qu'il se proposait de charger, une correspondance s'établit aussi, à ce sujet, entre le sieur Natalini et le sieur Agostini, négociant à Marseille.

Le sieur Agostini procure pour second consignataire le sieur Louis Lagarde fils aîné.

Le sieur Natalini s'adresse pour les achats de marchandises au sieur Torre, négociant-commissionnaire à Livourne.

Les 27 et 29 juillet, il achète, par l'entremise de

ce commissionnaire, 82 futailles huile et 50 harriques potasse.

Afin de compléter les fonds nécessaires pour le prix de ces achats, et obtenir de ses consignataires des anticipations suffisantes, il décide le capitaine Angeli à lui signer des connaissemens, quoique le chargement ne fût pas encore effectué.

Les 7 et 11 août 1835, le capitaine signe deux connaissemens, l'un de 42 futailles huile et 30 barriques potasse à la consignation des sieurs Estienne frères, l'autre de 40 futailles huile et 20 barriques potasse à la consignation du sieur Louis Lagarde fils.

Le sieur Natalini envoie ces connaissemens aux consignataires avec ordre de faire assurer, et il fournit 17,200 fr. de traites sur Estienne frères et 15,000 fr. sur Lagarde.

Les sieurs Estienne frères acceptent les traites fournies sur eux et, sur la représentation du connaissement qu'ils ont reçu, ils font assurer, par police du 20 août, 26,000 fr. sur 42 futailles huile et 30 barriques potasse chargées à Livourne pour Marseille à bord de la tartane l'Assomption, capitaine Angeli.

Quant au sieur Lagarde, comme il s'était absenté de Marseille pendant le choléra, les traites fournies. sur lui sont protestées faute d'acceptation.

Cette circonstance empêche le sieur Natalini de solder en plein son vendeur, Torre.

Par suite, le départ des marchandises est retardé. Le sieur Natalini charge le sieur Agostini, son correspondant, de faire assurer la partie de marchandises adressée à la consignation du sieur

Lagarde, et d'obtenir de celui-ci qu'il fasse les fonds de nouvelles traites tirées sur Agostini.

Les choses sont ainsi arrangées.

Le 3 septembre 1835, le sieur Agostini fait assu rer, d'ordre et pour compte du sieur Natalini, 23,000 fr. sur 40 futailles huile et 20 barriques potasse chargées à Livourne sur le navire l'Assomption pour être consignées à Marseille au sieur Louis Lagarde fils aîné.

Tandis qu'on attendait à Livourne l'acceptation des nouvelles traites fournies par le sieur Natalini, et le 21 septembre, le capitaine Angeli, avant de charger les marchandises achetées par Natalini, fait procéder à la visite de son navire.

Le 23, des experts nommés par le consul de France opèrent cette visite et constatent que le navire est en état de prendre charge.

Le capitaine fait assurer à Livourne le corps de son navire.

Les 28 septembre, 6 et 9 octobre, le chargement du navire l'Assomption est effectué; mais, l'avis de l'acceptation des nouvelles traites de Natalini. n'étant pas encore arrivé, le départ est retardé par l'opposition du sieur Torre.

A raison de ce retard, le capitaine Angeli réclame et obtient du sieur Natalini paiement de 400 fr. pour surestaries.

Indépendamment des marchandises achetées par Natalini et chargées pour son compte, le sieur Torre avait chargé, en son particulier, sur le même navire, 14 futailles huile adressées par lui à la consignation du sieur Théophile Dumas à Marseille.

Sur le connaissement de ces 14 futailles, dressé et signé par le capitaine Angeli, à la date du 8 octobre, le sieur Dumas fait assurer cette marchandise à

Marseille pour 7,600 fr., par police du 14 du même

mois.

Le 15 octobre, l'avis de l'acceptation des traites fournies sur Agostini arrive à Livourne.

Enfin, le 21 octobre 1835, toutes difficultés se trouvant applanies, le navire l'Assomption part de Livourne, ayant à bord deux passagers.

Dans la nuit du au 22, il est assailli et tourmenté par une violente tempête; une forte voie d'eau se déclare; malgré le jeu des pompes et le jet à la mer de tout ce qui était sur le pont, l'eau augmentant toujours, le navire est près d'être englouti; le capitaine, l'équipage et les passagers, obligés de l'abandonner, s'embarquent dans la chaloupe et arrivent le 22 à Camogli.

Le lendemain, 23, le capitaine Angeli se présente devant l'autorité compétente du lieu et y fait son consulat.

Sur la nouvelle de l'événement, et le 4 novembre 1835, les sieurs Estienne frères font signifier à leurs assureurs le connaissement du 11 août et délaissement des facultés assurées, avec assignation en paiement de la perte.

Le 5 novembre, le sieur Dumas signifie également à ses assureurs délaissement avec demande à fins de paiement de la perte.

Le 14 novembre, le sieur Natalini dénonce la perte à ses assureurs; le 10 décembre, il leur signifie délaissement et les assigne en validité.

Les assureurs contestent les délaissemens et exigent de la part des assurés la communication de diverses pièces, outre celles déjà produites.

Ils discutent ces pièces; ils soutiennent qu'il en résulte la preuve matérielle qu'on a voulu rendre les assureurs victimes d'une baratterie, en leur faisant payer le prix d'une marchandise qui n'a jamais été exposée aux dangers de la navigation, et que cette baratterie aurait été concertée à Livourne entre les chargeurs et le capitaine Angeli;

Qu'en effet, d'une part, il y a invraisemblance de réalité de l'opération, invraisemblance qui s'induit des retards apportés à sa réalisation;

Que, d'autre part, le chargement des facultés assurées n'est pas justifié, puisque les connaissemens produits par les sieurs Estienne frères et Natalini sont aux dates des 7 et 11 août, époque à laquelle aucune marchandise n'était encore chargée. à Livourne sur le navire l'Assomption; que ces connaissemens sont donc faux; qu'il en est de même des factures d'achat produites à l'appui, aux dates des 27 et 29 juillet, et énonçant faussement des marchandises embarquées; tandis qu'il résulterait de pièces émanées du capitaine Angeli lui-même, la requête à fin de visite de son navire et le procèsverbal de cette visite, que le 21 septembre et jours suivans, rien encore n'avait été chargé sur l'Assomption.

Que vainement les assurés, pour fournir la justification du chargement, ont-ils produit ensuite de nouvelles factures dans lesquelles on a fait disparaître les expressions qui constataient l'embarquement;