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Protestans une nouvelle forme de se marier (par l'abbé de Caveirac, 1756).

De M. Frossard : XXXe Synode général de l'Eglise Réformée de France, Procès-Verbaux et Actes; Paris, 1873, 2 vol. in-4o, exemplaire sur papier de Hollande.

De M. Jules Bonnet, trois publications de M. Fick: Jean Kessler, Paulus Odontius, la Conspiration de Compesières. La Biographie de François Bonivard, par E. Chevrier. Mâcon, 1868. Lefèvre d'Etaples, par H. de Sabatier-Plantier, 1870. A de Castro, Historia de los Protestantes espanoles y de su Persecution por Felipe II; Cadix, 1851, in-4o; ouvrage devenu rare et qui compléte notre collection sur la Réformation en Espagne.

De M. Emile Lesens, pour nos Archives, la transcription des Lettres de Basnage, conservées aux archives de la préfecture de Rouen.

UN DES BIBLIOTHÉCAIRES.

VARIÉTÉS

LE CHATEAU DE TALCY

M. le pasteur Th. Boissard ayant publié, au tome XII, p. 42 et suiv. du Bulletin, l'extrait d'un manuscrit inédit relatif à l'ancienne Eglise réformée de Marchenoir, il n'est peut-être pas sans intérêt de compléter ces documents par quelques renseignements concernant le château de Talcy (Loir-et-Cher), situé à 9 kilom. de Marchenoir, et qui présente cette particularité qu'après avoir appartenu, au XVIe siècle, à une famille catholique du nom de Salviati, apparentée à Catherine de Médicis (si bien que la Saint-Barthélemy passe pour avoir été ourdie dans ce château), il est devenu, dès 1704, et n'a pas cessé d'être depuis la propriété de familles protestantes.

Voici d'abord trois faits remarquables au point de vue du protestantisme. Le premier, déjà mentionné par M. Th. Boissard, est la conférence de Talcy, qui eut lieu, le 29 juin 1562, entre la reine Catherine de Médicis, d'une part, et le prince de Condé, d'autre part : la reine, contrairement à ses promesses antérieures, y fit entendre clairement « qu'il ne fallait point que les réformés s'atten

L

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dissent à voir l'édit de janvier observé, et que, pour en finir avec ces différends, ils devaient sortir à l'instant du royaume. » Aussi le prince revint-il en toute hâte à son camp, et se décida-t-il à continuer la guerre. On peut lire, du reste, tous ces détails dans l'Histoire ecclésiastique de Théodore de Bèze (1).

Le second fait se passa en 1572; le même historien le raconte en ces termes : « François Chassebœuf, dit de Beaupas, ministre à Mer, se trouvant à Beaugenci, y fut descouvert, et pris avec un diacre et trois ou quatre autres. Etant donc amenés les prisonniers, le chevalier de Villegagnon leur demanda qui les avait faits ministres, et se vanta que tous les ministres n'entendaient rien en la religion, et surtout en la matière de la cène. Chassebœuf, lui voulant répondre de point en point, non-seulement en fut empesché, mais qui plus est fut ramené en prison, où il fut pillé de tout ce qu'il avait, et de là mené à Chasteaudun pour y être jugé passant à Talsy lié à la queue d'un cheval, il fut présenté au duc de Guise, lequel après l'avoir ouï parler le fit pendre sur leschamps à un noyer; et ce principalement en l'instigation du maréchal Saint-Jacques de Bloys, qui n'eut point de honte d'affirmer de lui avoir ouï dire en ses prédications, qu'il voudrait avoir mangé du cœur du duc de Guise et de tous ceux qui lui ressemblaient. »

Le troisième fait date de la même époque, peut-être du même jour que le précédent : pendant que le malheureux ministre de Mer subissait ainsi le dernier supplice sous les fenêtres du château, ses murs donnaient asile au fameux huguenot Théodore-Agrippa d'Aubigné, qui raconte lui-même dans ses Mémoires comment il y devint amoureux de la fille aînée du seigneur de Talcy, la jeune Diane Salviati, et comment, malgré le beau trait de désintéressement qui lui valut la main de Diane, l'oncle de celle-ci, le chevalier Salviati, rompit le mariage sous le prétexte de la diversité de religion. D'Aubigné en tomba malade de chagrin et s'éloigna; quant à Diane, elle fut promise à un autre seigneur, et quelque temps après, ayant revu d'Aubigné à Paris, dans un tournoi où il s'était fort distingué, elle « amassa une mélancolie dont elle n'eut santé jusques à la mort (2). » Les trois faits que nous venons de rapporter s'appuient, on le voit, sur des témoignages historiques; mais il n'en est pas de même de ce que nous avons dit plus haut au sujet de la Saint-Barthé

(1) Voy. t. II, p. 157 et suiv. de l'édit. Lille, 1841. Voyez aussi France protestante, art. Chassebœuf.

(2) Voy. Mémoires d'Agrippa d'Aubigné. Voy. aussi France protestante, art. d'Aubigné.

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lemy: c'est seulement une tradition locale, et rien ne la justifie.

En 1704, le château passa aux mains d'un protestant connu sous le nom de Jérémie Burgeat, conseiller au parlement de Metz, seigneur de Roches et de Talcy. Cette famille Burgeat le posséda jusqu'à la fin du siècle dernier, époque à laquelle il échut à une autre famille protestante dont les descendants le possèdent encore aujourd'hui.

Voici maintenant quelques détails inédits, trouvés dans les archives du château de Talcy, et concernant les familles protestantes qui ont habité le château de Briou dont il ne reste plus actuellement que des pans de murs: «Au XVIIe siècle, la terre de Briou appartenait à Guillaume Wildigos, protestant, banquier à Paris. Il avait eu d'Elizabeth Aschurse, sa première femme, Elizabeth Wildigos, qui épousa Benjamin de la Haye, écuyer. Il contracta un second mariage, le 26 décembre 1661, avec Catherine Pineau, dont il eut trois enfants, Théophile, Joseph et Anne. Wildigos, persécuté pour la religion, se réfugia en Angleterre avant la révocation de l'édit de Nantes, et y mourut en 1680. Sa veuve se réfugia aussi en Angleterre avec ses trois enfants. Après plusieurs contestations, la terre de Briou fut adjugée aux enfants d'Elizabeth, fille du premier mariage de Guillaume Wildigos, comme professant la religion catholique romaine, et ce fondé sur l'édit de décembre 1689. Daniel Duvan acheta ensuite la terre de Briou pour 29,200 livres. Mais en 1706, cette terre rentrait aux mains d'une famille protestante, la veuve et les fils de Daniel Duvan l'ayant revendue à Jean-Baptiste Burgeat, frère de Jérémie Burgeat, seigneur de Talcy, et beau-frère de Pierre du Candal, seigneur du Heaume, Concrier, etc. JeanBaptiste Burgeat ayant dissipé une grande partie de sa fortune, fut, d'après avis de parents, interdit par sentence du Châtelet du 2 mars 1728, et on nomma pour son curateur Pierre Denis, procureur au parlement, et la terre de Briou fut vendue au sieur Parcaval de la Brosse. Jean Burgeat avait pris les grades de bachelier et de licencié en droit à Orléans, les 31 août 1711 et 9 avril 1712. »

Non loin de Talcy et de Briou, il y avait naguère un autre château, celui de Lorges, qui pendant longtemps appartint aux plus hautes familles protestantes; mais malheureusement, il ne reste plus rien ni du château, ni des documents qu'il pouvait contenir.

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LÉON STAPFER, pasteur.

LES MARTYRS DE TOULOUSE (1)

(1762)

COPIE DE LA LETTRE D'UN ÉTUDIANT EN DROIT [DE TOULOUSE, SUR LA MORT DE ROCHETTE ET DE SES COMPAGNONS] A SON FRÈRE, ABBÉ DANS LE VELAY.

(Tiré des archives de la famille Chalamet, à Vernoux.)

«Des spectacles tragiques se présentent journellement dans cette ville à mes yeux. Je fus hier au soir témoin oculaire de la scène la plus triste, la plus touchante et la plus curieuse du monde.

« Un ministre de la religion protestante, ayant été condamné à mort, étant en haut de l'échelle, prêt à mourir, reçut toutes les exhortations possibles tant de la part de nos prêtres que de l'exécuteur; il resta toujours ferme et inflexible; il affectoit un air doux et tranquille; il avoit le visage riant; il sembloit que la mort étoit un plaisir et une consolation pour lui. Sa contenance, son visage toujours serein fesoit l'admiration du peuple. Les protestants spectateurs le prenaient pour un homme divin, et je puis dire qu'il eut toujours un air gai et content. Il fit plusieurs fois la prière en levant les yeux au ciel et la joie peinte sur son visage.

Celui-ci fut exécuté le premier. Trois autres frères, gentilshommes protestants, ayant été condamnés à être décapités, ne voulurent jamais changer de religion; ils furent tous trois inébranlables et aussi fermes que le ministre. L'aîné fut décapité le premier; les deux autres frères, qui virent cette seconde exécution, n'en furent point émus; il sembloit qu'ils prenoient plaisir à se voir mourir les uns les autres; ils n'étoient du tout point tristes, ils avoient au contraire une contenance fière et hardie. Les prêtres qui les exhortoient perdirent leur peine et demeurèrent tout interdits et confus. Jamais courage n'a été plus grand. De gaieté de cœur, ils bravoient tous la mort. Jamais on n'a vu tant de monde. La place sur laquelle on les exécuta, quoique spacieuse, n'étoit

(1) Voir sur ce même sujet le Bulletin, t. II, p. 182 et suivantes.

pas assez grande pour contenir la sixième partie du peuple. Les fenêtres des maisons étoient toutes occupées; la plupart du monde étoit monté sur les toits. On ne voyoit, de quelque côté qu'on se tournât, qu'hommes et femmes. Les places des fenêtres étoient louées jusqu'à six livres par personne. Pour en avoir une parmi la foule, je fus obligé de l'aller prendre avec quelques autres étudiants trois heures avant l'exécution. Toute la ville étoit sortie et beaucoup d'étrangers étoient venus à Toulouse ce jour-là pour voir faire cette exécution. Il y avoit deux régiments d'infanterie pour donner main forte aux cavaliers de la maréchaussée et aux soldats du gué. Tous les soldats avoient la bayonnette au bout du fusil, et on fit la visite pour savoir si ils étoient tous chargés à balle. On n'a jamais vu à Toulouse trois hommes décapités à la fois. Tous les protestants sont fiers de la grandeur d'âme de ces quatre personnes. Ils les comparent aux Macchabées. Le ministre avoit 28 ans, fort beau de figure, mais la jambe un peu de travers. Il ne perdit jamais sa couleur naturelle, si ce ne fut après qu'il fut pendu.

« L'aîné des gentilshommes avoit 43 ans, de belle taille; le second avoit 32 ans, bien fait, et le troisième, 22 ans, n'ayant point de barbe et de la taille de 5 pieds quelques pouces. Quand on les décapita, ils avoient tous trois leurs habits boutonnés, leurs chemises garnies et des bas aux pieds. »

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E. ARNAUD.

CORRESPONDANCE

UN PROCÈS EN 1774

INTÉRESSANT LE PROTESTANTISME FRANÇAIS

A Monsieur le président de la SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE
DU PROTESTANTISME FRANÇAIS,

Monsieur et très-honoré confrère,

Permettez-moi, tout en m'en référant aux communications instructiyes de M. le pasteur Dardier insérées dans le Bulletin du protestan

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