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Principes sur l'Instruction primaire. | qui en défendent le monopole redoutent au plus haut point la simple liberté, même en continuant à disposer entièrement des largesses de l'État.

Il a prouvé victorieusement que l'enseignement payé par les contribuables devait être en rapport intime avec leur Religion et non pas avec cette neutralité Religieuse, qui ne s'applique à l'État, que comme être abstrait quant au culte, et dont on n'a voulu et dù vouloir l'incompétence à l'égard de la Religion, qu'afin d'en préserver l'exercice de toute mesure arbitraire du pouvoir civil.

Si l'Etat au contraire est athée, l'éducation universitaire de France livrée à tout vent de doctrine est constitutionnellement logique. Monseigneur Parisis semble le croire, il réclame la liberté de l'enseignement, en admettant que l'éducation de l'État serait nécessairement athée comme lui. Malgré mon profond respect pour une si haute, si ferme et si généreuse intelligence, je pense qu'elle n'est pas sur ce point dans la vérité; et pourquoi ? Parce que Monseigneur Parisis n'a pas expliqué comme Monseigneur l'Évêque de Liége, la nature de la neutralité Religieuse attribuée au Gouvernement; parce qu'il la confond malheureusement avec l'athéisme et qu'il abandonne ainsi non pas la liberté, j'en conviens, mais toutes les ressources du trésor public à une éducation sans foi. Et qui donc, alimente ce trésor, si ce ne sont des contribuables Catholiques en majorité, (la Charte le dit), puis des Protestants, des Juifs, des Éclectiques si l'on veut. Et pourtant la part contributive de tous dans l'enseignement public s'absorbe exclusivement à l'avantage des derniers approprié qu'il est au vague de leur opinion. Les autres payent pour une éducation qui leur convient si peu que ceux

Que si nous passons maintenant à l'examen du Code civil, nous le verrons régler les conditions du mariage non pas selon l'athéisme mais selon l'esprit de la loi chrétienne. Il interdit la bigamie, et en France le divorce ainsi que le mariage du prêtre Catholique. Le mariage civil n'est qu'un ménagement nécessaire à la liberté de conscience, non pas un mépris du mariage religieux. Si le mépris existait, pourquoi le Clergé serait-il entretenu par l'État? Pourquoi chaque commune serait-elle obligée de réparer son Église à défaut de moyens suffisants dans le revenu des fabriques ? Pourquoi tant d'autres marques de l'importance qu'attache l'ordre légal au maintien de la Religion? Le salaire attribué à divers cultes semble néanmoins aux yeux de plusieurs un signe caractéristique de l'athéisme gouvernemental. C'était, il m'en souvient, contre la Charte l'un des principaux griefs du célèbre auteur de l'Indifférence en matière de Religion. Ce qui lui déplaisait surtout c'était la protection égale concédée à diverses religions, le traitement donné par l'État aux ministres des cultes dissidents. Il déclarait athée un Gouvernement qui payait un prêtre pour enseigner la vérité de la présence réelle dans l'Eucharistie et un pasteur calviniste pour nier ce dogme révéré de l'Église Catholique. Dans un écrit postérieur il expliquait lui-même sans s'en apercevoir cette contradiction apparente.

« On va, disait M. de La Mennais, on va "encore chercher contre elle (contre la re

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" concentrés en lui, il ne restera hors de lui« pratique qui conserve des droits précé

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« sier. qu'il lui plaira d'ordonner d'elle. Que si l'Etat n'est pas uniquement le souverain,

« mais encore et principalement la nation,

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« pour laquelle le souverain qui ne doit être, dit Fénélon, que l'homme des lois « et l'homme de Dieu, est établi, la Religion de l'Etat, dans cette hypothèse, est « la Religion professée par la généralité de << la nation, et conséquemment en France, « la Religion Catholique, Apostolique, Romaine, telle que tous les hommes l'ont toujours crue, comprise et pratiquée.... « Nous payons le Clergé, répète-t-on en« core: non, vous ne le payez pas; vous << acquittez en partie la dette contractée en«vers lui lorsqu'on le spolia de ses propriétés légitimes. Non, vous ne le payez « pas; vous régularisez la perception et « la distribution de ce que payent volontairement vingt-cinq millions de Catholique pour la conservation du culte, « que Dieu leur commande de perpétuer, « et dont la Charte leur garantit le libre «<exercice. En payant un traitement au Clergé, le Gouvernement ne fait ainsi que régulariser la perception et la distribu«tion de ce que payent volontairement

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Plus d'une inconséquence défigure sans doute les institutions libérales de France et de Belgique. Je le sais trop bien et je le proclame hardiment. En effet, tous les citoyens de ces deux pays sont admissibles aux fonctions publiques. La liberté des cultes est garantie, et cependant plusieurs de ces fonctions, vu la manière dont on oblige les titulaires à les exercer, empêchent presque toute assistance aux offices divins. En France je connais dans les lieux où j'ai des relations intimes comme propriétaire, tel chef de gendarmes, hommes généralement mariés et pères de famille, qui défend à ses subordonnés d'assister à la messe, le dimanche, lors même qu'ils ne sont pas de service; j'ai vu destituer un brave et honnête employé des douanes qui s'était permis d'aller à la messe de sa paroisse, le dimanche, bien que le service n'en eût souffert ni pu souffrir aucun dommage. Aussi sur vingt mille douaniers qui gardent la frontière et dont un grand nombre sont Catholiques au fond du cœur, il n'en est peut être pas cent qui paraissent à l'Eglise autrement que pour quelques cérémonies

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tiques pieuses, que la famille les avait accoutumés à observer, et qu'on envoie mourir. loin du sol natal sans prêtre, sans secours religieux. Qu'un soldat quitte sa guérite, c'est aux yeux du pouvoir un cas de peine énorme, mais le pousser à déserter sa Religion après qu'il a dû changer la veste ou la blouse contre un habit liseré de rouge ou de jaune, ce n'est là qu'un acte systématique licite et loyal dont le Gouvernement ne prend nul souci. Faire l'exercice on la faction, brosser avec soin des vêtements, rendre luisant des boucles et des boutons, obéir sans sourciller aux chefs de tout grade, voilà ce dont l'ordre social actuel dit pro

officielles comme à saint Philippe, ou le service célébré pour les victimes de juillet. C'est un fait certain que les employés de l'Etat se distinguent d'ordinaire par leur éloignement habituel des réunions religieuses. Une sorte de réprobation administrative, tacite pèse sur ceux qui obéissent sans respect humain aux prescriptions de l'Eglise. Cette mauvaise tendance existe également en Belgique bien qu'à un moindre degré et inquiète vaguement les esprits. En Angleterre, l'activité commerciale et industrielle est poussée au plus haut degré; cependant on y respecte scrupuleusement le repos de Dimanche. En France les travaux publics vont leur train le sep-gressif en Belgique et en France, demande tième comme le premier jour de la semaine. En Belgique une foule d'employés du chemin de fer de l'État sont tenus à l'attache, tous les dimanches ; et j'en connais plusieurs qui m'ont déclaré n'avoir pu se rendre à l'Église afin d'y remplir leurs obligations une seule fois pendant deux ou trois mois consécutifs. Si ce n'est le progrès il faut croire que l'homme a été créé et mis au monde, non pour connaître Dieu, l'aimer, le servir, et par ce moyen obtenir la vie éter nelle comme nous l'enseigne le catéchisme, mais pour faire voler des marchandises et des allans et venans à huit ou dix lieues à l'heure sans interruption quelconque du premier janvier au trente et un décembre.

Un autre scandale, c'est celui que présentent les armées où l'acte de Religion accompli par le soldat semble pusillanime et ridicule, où l'on incorpore de force par la conscription de bons jeunes gens soit des villes, soit des campagnes qu'on détourne pendant six à huit années de toutes les pra

l'accomplissement exact de la part des milliers d'êtres humains, destinés à donner au besoin leur vie pour le pays. Je n'y trouve rien à redire. Quant aux rapports de leur âme avec Dieu qu'importe qu'on s'en moque, si le mouvement mécanique des corps, des bras, des jambes marche régulièrement. Et ici je ne saurais trop dire, trop blâmer.

La presse peut se permettre impunément un dévergondage effréné. Tandis que le plus léger vol expose à une peine assez grave celui qui le commet. que la moindre faute militaire est sévèrement punie, d'odieuses calomnies, de criminelles provocations au désordre, à l'immoralité sont en Belgique affranchies de toute répression. En France il est permis à l'écrivain le plus absurde, le plus menteur, à tout homme, fût-il perdu de mœurs, qui sait tenir une plume, d'ajuster des phrases dans une feuille quotidienne, d'endoctriner au-dehors, chaque jour, des multitudes de lecteurs dont le plus grand nombre est ignorant ; et le prêtre qui a subi

les épreuves par lesquelles on arrive au sacerdoce ne peut apprendre la Grammaire ou le Rudiment à quelques élèves réunis dans sa maison avec le consentement de leurs parents.

Assurément l'athéisme ne produirait rien de pire que ces anomalies si choquantes. Heureusement elles ne dérivent point des institutions. Le droit sans limites de dénigrer, d'insulter, de calomnier soit les par ticuliers, soit des classes respectables de citoyens n'est point une liberté, c'est une tyrannie. L'interdiction qui pèse sur l'enseignement le plus digne de confiance n'est point une liberté, c'est une tyrannie. La mauvaise volonté ou l'insouciance que mettent les Administrations supérieures à procurer aux individus placés dans leur dépendance quelques facilités pour remplir leurs devoirs religieux ne sont pas des causes de liberté, mais de tyrannie. La privation de

tout culte imposée au soldat qu'on en écarte. soit par un service expressément et inutilement commandé aux jours et heures réservés pour le service Divin, soit par les dérisions qu'on lui laisse subir lorsqu'on punit tant d'infractions légères à l'ordre ma. tériel n'est point une liberté, c'est une tyrannie. Exposer le même soldat à mourir sur une terre étrangère sans consolations, sans secours religieux, ce n'est pas une liberté, c'est une tyrannie. Non, l'athéisme n'est point dans les Constitutions libérales de France et de Belgique. Il est dans l'infraction perverse des principes qu'elles ont posés. Reconnaître, affirmer qu'il a pour lui la nature de la loi fondamentale, ce serait augmenter bénévolement sa force, ce serait l'appuyer sur l'axiome de droit dura lex sed lex, auquel on pourrait ajouter impia lex sed lex.

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Comte FÉLIX de Mérode.

DU MINISTÈRE ACTUEL.

Le Cabinet a couru quelques dangers sérieux dans ces derniers temps: d'abord, il y a eu contre lui, une très-vive opposition de la part de quelques membres de la Chambre des députés; M. Mercier et M.Nothomb ne se sont pas entendus sur un point de politique internationale; puis la loi des céréales est devenue un texte de blâme et d'un blâme très-direct,

même au Sénat, puisqu'elle n'y est passée qu'à la majorité de cinq voix ; le traité avec le Zolleverein a donné à M. De Haussy, à M. d'Hoop l'occasion de témoigner un trèsvif mécontentement; M. Cassiers est allé jusqu'à lui refuser son vote. Ceci signifieraitil que le Cabinet est menacé; ou le contraire, puisqu'il dure?

CHARLEMAGNE ET LA BELGIQUE ACTUELLE

A L'ÉGARD DE LA FRANCE.

Tous les hommes qui s'occupent un peu d'histoire savent que la famille des Pepin était d'Herstal ou d'Héristal près de Liége; tous ces hommes savent donc que si la France a eu une si grande puissance matérielle dans une partie du passé, c'est à une famille belge qu'elle le doit. Eh bien, ce que la famille belge d'Herstal fit pour la gloire et la puissance matérielle de la France, la Belgique actuelle est appelée à le faire aujourd'hui pour la France, sous le point de vue des idées, des principes.

Sur quoi en effet, peut s'appuyer la France, en dehors du Catholicisme et de la liberté, qui servent de base à notre nationalité? Sur des princes guerriers qui ont gagné des épaulettes de général ou d'amiral, en Algérie? Le souvenir de l'Empire efface toutes ces gloires et puis le temps n'est plus à la guerre.

Sur la propriété? mais les légitimistes ont la grande propriété; et la petite propriété ne donne que des idées vulgaires, triviales qui sont tout à fait antipathiques au génie français.

Sur des hommes de talent? mais quelle autorité réelle peut avoir le talent sans principes fixes, sur une nation catholique depuis plus de quinze siècles?

Sur des personnages de second ou de troisième ordre? il est évident que c'est impossible.

Sur l'industrie, le commerce, les capitaux? Mais les Anglais manient plus d'argent que toutes les nations de l'Europe ensemble, et

ils peuvent sous ce rapport ne faire de la France qu'une annexe de leur pays.

Sur une alliance avec l'Angleterre? Mais depuis quelques années, l'Angleterre dans son orgueil ne fait que protéger la France, la traiter comme une nation d'enfants qu'elle peut faire disparaître à volonté.

Sur des alliances avec d'autres puissances? Mais la France n'en a pas, et n'en aura pas de longtemps.

Sur l'amour du peuple? Le peuple n'est qu'indifférent, et les ministres de ce pays depuis quinze ans, semblent n'avoir qu'une seule idée, de placer leurs créatures et de faire toute espèce d'ennemis à la royauté et à la révolution de 1830.

Sur la force de l'administration? Mais elle regorge de favoris qui serviraient le premier Gouvernement venu, pourvu qu'on leur payât régulièrement leurs appointements.

Sur l'armée? Mais n'adore-t-on pas tout ce qui est le plus en opposition avec ce qui fait la grandeur de l'esprit et du dévouement militaire? n'est-on pas à genoux devant le mercantilisme et les banquiers? Rotschild n'est-il pas mille fois plus puissant, plus considéré que tous les généraux passés et présents?

L'ordre de choses qui existe en France. n'a donc pour se soutenir, aujourd'hui, que des moyens tout à fait factices, tout à fait fugitifs ; il ne peut vivre que par l'esprit dont les Catholiques Belges ont pris l'initiative en 1850, c'est-à-dire en comprenant le Ca

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