L'astre cher s'en allait, ayant le vaste orgueil Et le marin, pleurant, à genoux le bénit D'avoir versé la vie à pleins bords au doux nid Et la fleur et le nid le bénissent encor D'avoir, aux pauvres gens que l'implacable sort Et tous les pauvres gens donnent un salut grave A cette majesté que nul affront ne brave, Qui monte en descendant parce qu'elle a bien fait ! Bientôt, dans le ciel vaste où le Roi triomphait, Les pensers généreux et les chastes idylles Eclosent par essaims sous leurs regards tranquilles ; Tous ceux en qui fermente un levain de rancœur, Y viennent apaiser la flamme de leur cœur... Les étoiles, c'est vous, doux bardes sympathiques, Paris, juillet 1885. J. F. THALÈS MANIGAT Né au Cap-Haitien, le 23 décembre 1860. Commença ses études dans sa ville natale et les acheva au Lycée National de Port-au-Prince, où il eut successivement pour directeurs M. Camille Bruno et M. Guillaume Manigat, pour émules et camarades de classe Lara Miot, Tertullien Guilbaud, Emmanuel Edouard, Auguste Bonamy, Luxembourg Cauvin. Ses premières compositions littéraires remontent à l'époque où, sorti récemment du Lycée, il s'exerçait dans des réunions hebdomadaires, en compagnie de quelques-uns de ses anciens condisciples, à la critique et à l'art oratoire. Plus tard, il collabora à plusieurs journaux du pays : « Les Mousquetaires », « Le Vigilant », « Le Ralliement », « Le Peuple L'Avant-Garde ». En 1882, il réunit ses poésies en un recueil, sous le titre d'Antileennes. Depuis, M. Manigat s'est surtout livré à des études et travaux historiques. Citons, en ce genre, sa grande monographie du Roi Henry Christophe, son Histoire des Campagnes de l'Est et ses Vingt années d'histoire contemporaine d'Haïti, de 1859 à 1879, ouvrage annoncé pour paraître prochainement. M. Manigat a consacré une grande partie de sa vie à l'enseignement. Il dirigeait en dernier lieu le College Grégoire, au Cap. LE PAPILLON O le gracieux papillon, Et dont l'œil, comme un diamant, Reluit, chatoie à la lumière Du matin ! Dis, être charmant, Né près des clairs ruisseaux, au calice des fleurs A la corolle satinée, Puisque tu vis d'éther, de parfums, de couleurs, Auras-tu donc leur destinée ? . . . . . « Ainsi dois-je mourir en ma force et beauté, Ivre de senteurs, de verdure, <«< Au milieu du concert d'amour, de volupté, De cette riante nature. «Fils du printemps et du sillon, « Je ris de l'avenir, ajoute l'être ailé. Et les chansons des bois, et le ciel constellé. Homme, toi, tu n'as que des rêves ! » |