PoЁ м Е. Par M. RACINE, de l'Académie Royale des Inscriptions & belles Lettres. LES Cachia AB Chez JE AN-BAPTISTE COIGNARD, Imprimeur du Roi. MDCCXL I I. PRÉF A CE. L A Raison qui me démontro avec tant de clarté l'existence d'un Dieu, me répond fi obf curément lorsque je l'inter roge sur la nature de mon Ame, & garde un silence si profond quand je lui demande la cause des contrariétés qui sont en moi, qu'elle-même me fait sentir la nécessité d'une Révélation , & me force à la desirer. Je cherche parmi les différentes Religions, celle dont cette Révélation doit être le fondement. Par le premier de tous les Livres, que me donne le premier de tous les peuples, & pat la suite de l'Histoire du monde, je trouve à la Religion Chrétienne tous les cara&eres de certitude que je souhaite. Plein d'admiration pour elle, je m'y soumettrois auffi-tôt, si je n'étois arrété par l'obfcurité de ses mystéres, & par la sévérité de la morale. J'examine la foibleffe.de mon esprit , & je reconnois que ma Raison ne doit pas être ma seule lumierę. J'examine mon cour, & je reconnois que la morale chrétienne est conforme à ses besoins. J'embrasse avec joie une Religion aussi aimable que respectable. Tel.eft le plan de cec ouvrage, que j'ai conduit sur cette courte pensée de M. Pascal: A ceux qui ont de la répugnance pour la Religion , il faut commencer par leur montrer qu'elle n'est pas contraire à la Raison , ensuite qu'elle est vénérable ; après, la rendre aimable, faire souhaiter qu'elle soit vraie , montrer qu'elle est vraię , don enfin qu'elle est qimable. Cette pensée est l'abrégé de tout ce Poëme, dans lequel j'ai souvent fait usage des autres pensées du même Auteur ausfi-bien que des sublimes réflexions de M. de Meaux sur l'Histoire Universelle. En suivant ces deux grands Maîtres , j'ai choisi les deux grands hommes qui ont écrit sur la Religion de la maniere la plus convaincante, la plus noble & la plus digne d'elle. Quoique chaque Chant contienne une matiére différente, & fasse , pour ainsi dire, un Poëme particulier; ils doivent tous cependant répondre au dessein général, & être liés ensemble, de façon que |