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que les événements comtemporains doivent plus que jamais signaler à l'attention générale :

PENSÉES DE NAPOLÉON 1.

<< Les gouvernements provisoires placés dans des >> circonstances difficiles doivent exclusivement pren>> dre conseil du salut public et de l'intérêt de la patrie. >>

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(Lettre au gouvernement provisoire de Gênes du 28 prairial an V.)

<< Tout gouvernement qui est né et se maintient >> sans l'intervention d'une force étrangère est na» tional. » (Mémoires de Napoléon.)

« La propriété, les lois civiles, l'amour du pays, » la religion sont les liens de toute espèce de gou(Mémoires de Napoléon.)

» vernement. >>

« Quand on veut se mêler de gouverner, il faut » savoir payer de sa personne; il faut savoir se >> laisser assassiner. >> (Mémoires sur le Consulat.) «Toutes les institutions ici-bas ont deux faces » disait l'Empereur, celle de leurs avantages et celle » de leurs inconvénients; on peut donc, par exemple, >> soutenir et combattre la république et la monarchie. >> Nul doute qu'on ne prouve facilement en théorie » que toutes deux également sont bonnes et fort >> bonnes; mais en application, ce n'est plus aussi » aisé. Et il arrivait à dire que l'extrême frontière >> du gouvernement de plusieurs était l'anarchie; » l'extrême frontière du gouvernement d'un seul, le despotisme; que le mieux serait indubitablement

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» un juste milieu, s'il était donné à la sagesse hu» maine de savoir s'y tenir. Et il remarquait que ces >> vérités étaient devenues banales, sans amener >> aucun bénéfice; qu'on avait écrit à cet égard des » volumes jusqu'à satiété, et qu'on en écrirait grand nombre encore sans s'en trouver beaucoup >> mieux, etc., etc. >> (Mémorial).

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« La révolution française n'a pas été produite par >> le choc de deux familles se disputant le trône; elle » a été un mouvement général de la masse de la >> nation contre les privilégiés. La noblesse française, >> comme celle de toute l'Europe, date de l'incursion » des barbares qui se partagèrent l'empire romain. » En France, les nobles représentaient les Francs et >> les Bourguignons; le reste de la nation, les Gaulois. >> Le régime féodal qui s'introduisit établit le principe » que toute terre avait un seigneur. Tous les droits politiques furent exercés par les prêtres et les » nobles; les paysans furent esclaves, partie attachés » à la glèbe. La marche de la civilisation et des lu» mières affranchit le peuple. Ce nouvel état de >> choses fit prospérer l'industrie et le commerce; la majeure partie des terres, des richesses et des » lumières était le partage du peuple dans le dix>> huitième siècle. Les nobles cependant étaient encore >> une classe privilégiée : ils conservaient la haute et » la moyenne justice, avaient des droits féodaux » sous un grand nombre de dénominations et de for» mes diverses, jouissaient du privilége de ne sup>> porter aucune des charges de la société, de posséder >> exclusivement les emplois les plus honorables. Tous

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>> ces abus excitaient les réclamations des citoyens. » La révolution eut pour but principal de détruire >> tous les priviléges; d'abolir les justices seigneu» riales, la justice étant un inséparable attribut de » l'autorité souveraine; de supprimer les droits féo» daux, comme un reste de l'ancien esclavage du peuple; de soumettre également tous les citoyens >> et toutes les propriétés, sans distinction, aux charges de l'État. Enfin elle proclama l'égalité des >> droits. Tous les citoyens purent parvenir à tous les >> emplois, selon leurs talents et les chances de la >> fortune. Le royaume était composé de provinces, qui avaient été réunies à la couronne plus ou moins » tard elles n'avaient entre elles aucunes limites >> naturelles; elles étaient différemment divisées, » inégales en étendue et en population; elles avaient >> un grand nombre de coutumes ou lois particulières, » pour le civil comme pour le criminel, étaient plus » ou moins privilégiées, très-également imposées, >> soit par la qualité, soit par la nature des impositions, ce qui obligeait à les isoler les unes des au» tres par des lignes de douanes. La France n'était » pas un État; c'était la réunion de plusieurs États placés à côté les uns des autres sans amalgame.. » Les événements, les siècles passés, le hasard >> avaient déterminé le tout. La révolution guidée » par le principe de l'égalité, soit entre les citoyens, » soit entre les diverses parties du territoire, dé>> truisit toutes ces petites nations, et en forma une »> nouvelle il n'y eut plus de Bretagne, tle Nor» mandie, de Bourgogne, de Champagne, de Pro

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» vence, de Lorraine, etc.; et il y eut une France. >> Une division de territoire homogène, prescrite par >> les circonstances locales, confondit toutes les limites » de toutes les provinces: même organisation judi» ciaire, même organisation administrative, mêmes » lois civiles, mêmes lois criminelles, même orga>>nisation d'impositions : le rêve des gens de bien de >> tous les siècles se trouve réalisé. L'opposition que » la cour, le clergé, la noblesse, mirent à la marche » de la révolution, et la guerre des puissances étrangères amenèrent la loi de l'émigration, le séquestre des biens des émigrés, que par la suite » on dut vendre pour subvenir aux besoins de la » guerre. Une grande partie de la noblesse française » se rangea sous la bannière des princes de la mai» son de Bourbon, et forma une armée qui marcha » à côté des armées autrichiennes, prussiennes et

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anglaises; les gentilshommes élevés dans l'aisance. >> servirent comme simples soldats : la fatigue et le » feu en firent périr un grand nombre; beaucoup périrent de misère dans l'étranger; la guerre de » la Vendée, celle de la chouannerie, les tribunaux » révolutionnaires en moissonnèrent des milliers. Les >> trois quarts de la noblesse française furent ainsi » détruits : toutes les places civiles, judiciaires ou >> militaires furent occupées par des citoyens sortis » du sein du peuple. Le bouleversement que produi

sirent, dans les personnes et les propriétés, les » événements de la révolution fut aussi grand que >> celui qui avait été opéré par les principes mêmes » de cette révolution il y eut une nouvelle Église;

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» les diocèses de Vienne, de Narbonne, de Fréjus, » de Sisteron, de Reims, furent remplacés par >> soixante nouveaux diocèses dont le territoire fut >> circonscrit dans le nouveau concordat par de nou>> velles bulles appropriées à l'état actuel du terri>>toire. La suppression des ordres religieux, la vente >> des couvents et de toutes les propriétés du clergé >> furent sanctionnées; celui-ci fut pensionné par >> l'État. Tout ce qui était le résultat des événements depuis Clovis cessa d'être. Tous les changements » étaient si avantageux au peuple, qu'ils s'opérèrent » avec la plus grande facilité, et que, en 1800, il ne >> restait plus aucun souvenir ni des anciens priviléges des provinces, ni de leurs anciens souverains, »> ni des anciens parlements et bailliages, ni des an>> ciens diocèses; et pour remonter à l'origine de tout >> ce qui existait, il suffisait d'aller rechercher la loi » nouvelle qui l'avait établi. La moitié du territoire » avait changé de propriétaires; les paysans et les bourgeois s'en étaient enrichis. Les progrès de l'agriculture, des manufactures et de l'industrie surpassèrent toutes nos espérances. La France pré>> senta le spectacle de plus de trente millions d'ha>>bitants circonscrits dans les limites naturelles, ne >> composant qu'une seule classe de citoyens gouver» nés par une seule loi, un seul règlement, un seul >> ordre. Tous ces changements étaient conformes » au bien de la nation, à ses droits, à la justice et >> aux lumières du siècle.» (Manuscrit de l'île d'Elbe.) << Rien ne saurait désormais détruire ou effacer les grands principes de notre révolution; ces grandes

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