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aux traités politiques de mon gouvernement impérial ni à mes droits de souveraineté sur le pays, la convention avec les puissances étrangères pour les douanes et le commerce; il l'aura également pour toute transaction avec les étrangers concernant les affaires intérieures, et cela pour développer le commerce, l'industrie et l'agriculture; pour régler la police des étrangers et tous leurs rapports avec le gouvernement et la population. Ces conventions devront être communiquées à la Sublime Porte aprés leur promulgation par le Khédive. Il aura la disposition complète et entière des affaires financières du pays mais il n'aura pas le droit de contracter des emprunts, sauf pour ce qui concerne exclusivement le règlement de la situation financière présente et en parfait accord avec ses créanciers ou les délégués chargés officiellement de leurs intérêts. Le Khédive ne devra sous aucun prétexte, abandonner à d'autres en tout ou en partie, les privilèges accordés à l'Égypte qui lui sont conférés et qui sont une émanation des prérogatives inhérentes au pouvoir souverain, ni aucune partie du territoire. L'administration égyptienne aura soin de payer le tribut annuel fixé à 750,000 livres turques. La monnaie sera frappée en Égypte au nom du Sultan. En temps de paix 18,000 hommes suffiront pour la garde intérieure de l'Égypte. Ce chiffre ne devra pas être dépassé. Cependant comme les forces égyptiennes de terre et de mer sont aussi destinées au service du Gouvernement Impérial dans le cas où la Sublime Porte se trouverait engagée dans une guerre, l'armée égyptienne pourra être augmentée. Les drapeaux des forces de terre et de mer et les insignes des différents grades des officiers seront les mêmes que ceux des armées turques'. »

Le firman d'investiture adressé à Abbas-Hilmy-Pacha est exactement le même que celui de 1879. (Livre Jaune, affaires d'Égypte. 1892, p. 469.)

Aucun des firmans que nous avons examinés ne change la situation juridique de l'Égypte créée par celui de 1841. Dans ces firmans, le Sultan modifie l'ordre de succession des gouverneurs, élargit ou restreint leurs pouvoirs et privilèges; mais n'abdique nullement sa souveraineté sur l'Égypte.

DEUXIÈME PARTIE

Situation de l'Égypte sous l'occupation Anglaise

CHAPITRE PREMIER

Les événements qui ont amené l'occupation anglaise

SECTION I

LE GOUVERNEMENT D'ISMAÏL

ET LE CONDOMINIUM FRANCO-ANGLAIS

Par la richesse que les inondations périodiques du Nil déposaient sur son sol, par les phases fantastiques de son histoire, par son climat doux et bienfaisant, l'Égypte avait attiré quantité d'Européens que la grande expansion du développement industriel du XIXe siècle avait obligé de chercher, dans des pays lointains, un champ d'action à leur activité productrice.

Ismaïl-Pacha, Khédive d'Égypte, favorisait cette immigration. Lors de son voyage en France, il avait constaté l'activité de la nation française, mue par le sentiment de la liberté. Il avait une grande admiration pour cette nation qui, le lendemain même d'une défaite qui

parraissait désastreuse, se redressait triomphalement, et, dans sa grandeur et sa prospérité, prêchait la liberté à toute l'humanité. A son retour en Égypte, Ismaïl ne rêvait qu'une chose : importer en Égypte les institutions françaises pour lui donner la grandeur et la prospérité qu'il avait admirées en France.

Mais Ismaïl était imbu des idées conservatrices et poussé par le désir de se rendre populaire. Il croyait que l'application en Égypte des institutions françaises donnerait les mêmes résultats qu'en France, tout en satisfaisant ses idées de despote omnipotent.

Il n'avait donc pas pu se corriger de son caractère de prince oriental, mais il avait acquis une certaine sympathie pour la civilisation occidentale.

Il ne se rendait pas compte que la base de la prospérité d'un pays c'est l'instruction du peuple, la liberté et l'économie. Il gaspillait les deniers publics uniquement pour satisfaire ses caprices de prince, qui l'entraînèrent de bonne heure, d'ailleurs, dans la voie des emprunts.

En 1863, la dette de l'Égypte ne dépassait guère 3 millions de livres; en 1876, elle atteignait le chiffre considérable de 98 millions.

Nous avons vu que le Khédive avait obtenu du Sultan, le 25 septembre 1873, un firman lui conférant le droit de contracter des emprunts à l'extérieur au nom du Gouvernement égyptien et sans demander l'autorisation de la Porte 1.

1 NOURADOUNGHIAN, t. III, p. 343.

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