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La Mystique Italienne aux XIII et XIV' siècles, par M. Johannès JORGENSEN

3 juin.

Sainte Catherine de Sienne.

Le vendredi, à 5 h. 1/4

COURS D'HISTOIRE DES RELIGIONS

Le Bouddhisme contemporain, par M. ROUSSEL

5 juin. - Bouddhisme ésotérique. Les douze grandes sectes japonaises. Le Grand et le Petit Véhicule. Le Chemin Saint et la Terre Pure. Lois et théorie. Nirvâna japonais. Morale: son essence négative.

12 juin. Congrès de Bâle : Projet de conciliation entre le Bouddhisme et le Christianisme, rêve japonais. Bilan du Bouddhisme japonais sa crise actuelle. Une religion désirée au Japon. Education et mœurs japonaises. Crise sociale. Agonie et mort du dernier Mikado: ses funérailles. Le suicide de Nogi. Sa divinisation : il est placé au rang des Kamis,

19 juin.

Introduction du Bouddhisme en Birmanie. Son attitude vis-à-vis du culte des Esprits et celui des Ancêtres. Sa doctrine. Sa morale. Nirvana birman, Clergé. Talapoins. Organisation des couvents. Célibat religieux. Ordination d'un moine birman.

26 juin.

-

La journée d'un religieux birman. Talapoins instituteurs. Influence des monastères. Pagodes, Iconographie birmane. Culte et fêtes. Funérailles. Superstitions birmanes. Conclusion l'unification du monde bouddhique et la théo

sophie.

CHRONIQUE

Elections du Président et du Vice-Président de l'Association des étudiants. Les élections annuelles ont eu lieu le mardi 19 mai. M. Henri DE BONAND a été élu président pour l'année scolaire 1914-1915. M. l'abbé Bernard, du Séminaire des Carmes, a été élu vice-président.

Excursion interuniversitaire à Chantilly.

Le jour de l'Ascension, 21 mai, une réunion d'étudiants de l'Institut catholique de Paris et des Facultés catholiques de Lille a eu lieu à Chantilly. Nous en rendrons compte dans le prochain numéro du Bulletin.

BIBLIOGRAPHIE

R. d'Harcourt. C. F. Meyer, sa vie, son œuvre (1825-1898). Librairie Alcan, Paris, 1914.

M. Robert d'Harcourt vient de soutenir victorieusement à la Sorbonne ses thèses de doctorat ès lettres. Il est infiniment rare que des jeunes gens de la haute aristocratie affrontent ces sortes d'épreuves. Ils aiment mieux s'orienter vers le JockeyClub que du côté de la Sorbonne. C'est plus facile et cela donne moins de torture à leur esprit.

Ce qu'il y a de plus original dans le cas de M. d'Harcourt, c'est qu'il a su se faire recevoir docteur avec une thèse qui n'est pas une thèse. J'ajoute immédiatement qu'elle est mieux que cela. C'est un livre et un très beau livre.

Une thèse suppose une doctrine. Le style de l'auteur étudié, le genre littéraire auquel il s'adonne, les idées philosophiques ou esthétiques qui le dominent, soulèvent des questions d'ordre général, que la biographie peut négliger, que l'histoire touche d'une main légère, sur lesquelles la thèse appuie lourdement. C. F. Meyer, par exemple, le héros de M. d'Harcourt, n'a écrit que des nouvelles. Pas un seul roman. Le candidat au doctorat aura à se demander: Qu'est-ce que la nouvelle? en quoi diffère-t-elle du roman? N'est-elle, comme le dit Goethe, qu'un épisode intéressant, détaché d'une vie, tandis que le roman décrit cette vie elle-même, ou du moins une longue branche de cette vie, avec de larges perspectives sur l'époque où elle se déploie et qui lui sert de cadre? ou bien, comme le veut Spielhagen, les deux genres diffèrentils essentiellement en ceci : que le héros de la nouvelle est un « caractère fini », achevé, tandis que celui du roman est en voie d'évolution? Un « caractère fini », achevé, lancé brusquement en pleine crise, expliquerait pourquoi la nouvelle a cette allure rapide, ce mouvement dramatique, qui contraste si fortement avec le développement plus lent du roman et ses « retardierende motive ». Questions très graves, au gré des esthéticiens et sur lesquelles ils ont entassé des montagnes de volumes, sans être arrivés d'ailleurs à les élucider.

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a dit un poète qui avait de la noblesse. M. d'Harcourt ne l'a pas oublié, et écartant d'un geste dédaigneux ces ennuyeuses choses, il les a abandonnées aux gens qui sont faits tout exprès pour elles: les gens de métier et les pédants de faculté.

Ce qui l'intéresse dans C. F. Meyer, c'est l'œuvre et la psychologie du personnage et la psychologie plus encore que l'œuvre. Si fine qu'en soit d'ailleurs l'analyse, dans l'œuvre il cherche surtout à retrouver et à dégager la physionomie morale de

l'auteur, et à sentir, sous la forme plastique et impersonnelle de l'artiste, les pulsations mêmes du cœur de l'homme.

C'est dans cette étude psychologique que réside le grand intérêt et la grande nouveauté du livre. L'analyse si pénétrante de l'âme et du tempérament de C. F. Meyer, qu'il renferme, le place de beaucoup au-dessus des meilleurs ouvrages parus en Suisse et en Allemagne.

M. d'Harcourt était admirablement préparé pour un travail de ce genre par sa fine culture intellectuelle, par sa curiosité éveillée des choses morales, par le milieu social dans lequel il est né et, le dirai-je? par sa vie mondaine elle-même. Le goût de l'observation,. de l'analyse psychologique n'est, je crois, nulle part aussi répandu et aussi affiné qu'en France, et nulle part plus que dans notre aristocratie. La jolie oisiveté à laquelle on s'y adonne, la vie de société très intense qu'on y mène, le petit jeu de passion auquel on s'y livre et où l'on s'observe soi-même, tout en observant les autres, les réflexions, généralement fort peu mélancoliques, que l'on y échange, sur les « accidents » dont on a été le témoin, l'auteur ou la victime: tout cela a singulièrement développé dans une sphère nettement déterminée l'acuité de l'esprit et la finesse du coup d'œil. Il y a plus de psychologie dans la petite tête d'une de nos jolies poupées mondaines que dans maint gros livre allemand tout encombré de citations de Kant et de Schopenhauer. Le professeur allemand étudie le monde du haut de sa chaire, de trop haut et de trop loin et les lunettes d'or n'élargissent guère son champ de vision. Notre petite poupée au contraire est en pleine fournaise et souvent quelle fournaise!

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C'est un bien singulier personnage que ce C. F. Meyer, auquel s'attache la curiosité d'analyse de M. d'Harcourt. Son cas relève de la pathologie autant que de la psychologie. Issu de deux familles de névrosés, les tares héréditaires s'unissent et s'exaspèrent dans son être et font de lui un curieux spécimen de neurasthénique. M. d'Harcourt a étudié avec un soin minutieux et décrit d'une main délicate les différentes phases du mal et le retentissement qu'il eut sur la vie littéraire et morale de l'artiste. Dans sa jeunesse une torpeur qui comprime son esprit et annihile sa volonté, un pessimisme qui désespère sa famille, de longues périodes de découragement, avec des sursauts maladifs d'énergie, une incapacité foncière à se livrer à un travail sérieux et suivi, un trouble de sa vie morale tel qu'il fallut l'envoyer dans une maison de santé. Puis peu à peu, sous des influences heureuses,sa personnalité se dégage; mais ce n'est qu'à cinquante ans que commence vraiment sa jeunesse. Sa période de production littéraire ne dure guère que vingt ans, pendant laquelle ses œuvres se succèdent rapidement et où il jouit de sa gloire avec une joie inquiète de malade.

Vie

Puis le réveil du mal, l'effondrement de sa personnalité, la folie et la mort. d'une suprême mélancolie malgré une période lumineuse et qui se déploie devant nos yeux en un tableau douloureux et poignant d'intérêt.

L'histoire de cette vie est admirablement documentée. M. d'Harcourt ne s'est pas contenté d'étudier son héros dans ses livres, dans sa correspondance, dans les nombreux ouvrages qui lui ont été consacrés. Il est allé vivre à Zurich dans l'atmosphère morale qu'a respirée le poète. Il a interrogé les maisons, les rues, les paysages dans lesquels Meyer a vécu, les personnes qui l'ont connu et surtout celle dont l'existence a été si intimement unie à la sienne, qui a contribué plus que toute autre à faire de Meyer ce qu'il est devenu, parce qu'elle a été la première et longtemps la seule à croire en lui, parce qu'elle a su donner à ce malade, à ce « débile » ce qui lui manquait: la confiance en lui-même, je veux dire sa sœur Betsy Meyer.

Ce dut être un amusant spectacle que la première rencontre du jeune gentilhomme de Paris avec la vieille puritaine de Zurich, le jeu diplomatique et serré de l'un pour obtenir de l'autre des confidences, jusqu'à ce que Betsy, séduite et charmée, se décida

à ouvrir les trésors de ses tiroirs et de sa mémoire et à livrer des documents inédits. Cela fait, elle mourut et j'imagine qu'avant de s'éteindre, dans une dernière vision, dans un dernier sourire elle entrevit le jeune Parisien qui allait si bien parler de son frère et qui ne l'oublierait pas elle-même.

Et M. d'Harcourt ne l'a pas oubliée pas plus qu'il n'a oublié les principaux amis de Meyer, ceux du moins qui eurent une réelle influence sur sa vie. C'est toute une galerie de personnages qui figure dans le livre, chacun avec sa physionomie individuelle, dans l'helvétique originalité de son visage. Et comme M. d'Harcourt a emprunté à Meyer quelque chose de sa technique littéraire, cette habitude de placer ses héros dans un cadre précis et concret, de les peindre par leurs mouvements et leurs gestes, tous ces personnages vivent devant nous dans leur décor habituel de jolis chalets parsemés sur de belles collines, avec le lac de Zurich à leurs pieds. Une étonnante sensation de vérité et de vie se dégage de la foule des détails caractéristiques, des jolis épisodes, brillamment racontés, Parmi ces épisodes, il y en a de tragiques, par exemple la mort de la mère de Meyer, qui, dans un accès de folie, se jette dans la Sihl. Il y en a d'amusants, comme l'ahurissement de ce monsignor belge, caméricr du pape, qui, rencontrant en voyage les deux protestants fanatiques que sont Meyer et sa sœur, prend l'un pour un curé catholique et demande à l'autre si c'est chez les Dames du Sacré-Cœur qu'elle a fait ses vœux.

Et tous ces détails ne sont pas là pour eux-mêmes ou le seul plaisir du lecteur. Ils ont leur rôle et leur place dans l'économie du livre; ils servent à montrer les différents aspects de la physionomie de Meyer ou l'évolution de son caractère et de son talent.

Et cela même montre le soin avec lequel le livre fut composé, et, sous les grâces mêmes du récit, la préoccupation de l'idée et la belle ordonnance du plan. Les jours de soutenance, c'est d'ordinaire sur le plan de la thèse que portent les critiques. Ilest si facile d'ergoter sur un plan. On n'a pas même besoin de lire le livre pour cela, un simple coup d'œil sur la table des matières suffit on n'ergota pas sur le plan de la biographie de Meyer. Le livre a des lacunes: quel livre n'en a pas! Ici ces lacunes sont voulues, subordonnées — il serait facile de le montrer à une conception artistique spéciale. Mais le livre, tel qu'il a été conçu, n'a ni hors-d'œuvre, ni lignes brisées, ni digressions, ni détails inutiles. Tout y est d'un dessin très ferme et d'une solide architecture.

Si l'on n'a pas à la Sorbonne critiqué le plan, en revanche on a loué sans restriction le style. On en a vanté la fermeté, la grâce, l'élégance, la « joliesse ». On a usé largement du vocabulaire de l'esthétique. On a même ce que je n'ai jamais vu faire à aucune soutenance lu des passages entiers du livre, afin sans doute que le public pût constater le bien fondé des éloges. Le charme a tellement opéré sur ces juges, tous politiquement très hauts en couleur, qu'aucun n'a noté un léger défaut, qui n'est que l'envers de brillantes qualités : par-ci, par-là, uue nuance de préciosité. Petit défaut de jeunesse et qui passera.

Tous ces éloges sont mérités et pourtant si j'avais à choisir, je dirais que ce que je préfère, c'est la souplesse plastique d'un style qui se plie à toutes les exigences litté raires les plus variées, qui décrit avec un égal bonheur d'expression le pessimisme mystique de Mme Meyer, le prosaïsme prétentieux de Zurich, les embarras comiques du naïf camérier, l'agitation inquiète et douloureuse de la vie du poète, les brillantes et solides qualités de son œuvre, malgré des erreurs d'idées et de procédés.

Ce livre, écrit dans une langue souple et élégante, plein d'observations très fines, d'idées fort ingénieuses, où se remarque une critique littéraire très avertie, que je me reproche de n'avoir pas assez mise en lumière,

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ce livre est un brillant début. Nous espérons que M. d'Harcourt n'en restera pas là. Ses juges à la Sorbonne ont exprimé

le même espoir. M. d'Harcourt connaît fort bien les pays de langue allemande qu'il a pu étudier à loisir pendant ses longs séjours en Suisse, en Autriche, en Allemagne, Il sait quelle vie littéraire intense s'y déploie, avec quelle ardeur passionnée, trop peu connue en France, on y travaille à conquérir dans le domaine des arts et des lettres la prépondérance qu'on y a acquise dans d'autres domaines. Il a montré dans son premier volume avec quelle pénétration il sait analyser et peindre les états d'âme les plus compliqués, juger et noter les qualités comme les défauts d'une œuvre littéraire. Nul n'est dans de meilleures conditions pour servir d'intermédiaire entre la France et l'Allemagne. Qu'il fasse chez nous pour la littérature allemande ce que M. de Vogüé a fait pour la littérature russe. Je sais bien que ce sont là d'ambitieuses perspectives et que le modèle qui s'offre à lui n'est pas banal. Mais je sais aussi que M. d'Harcourt est assez bien armé pour réaliser de très fières espérances et pour arriver un jour à n'être pas au-dessous, même d'un très grand modèle.

Victor MÜLLER.

Abbé F. Vallée, ancien élève de l'Ecole des Carmes. Chômage (octobre 1912, octobre 1913), avec un glossaire de quelques termes empruntés au parler de Paimpont (Ille-et-Vilaine). Paris, Albert Messein, éditeur, 124 p. Prix : 2 fr. 50.

Quiconque ouvrira ce petit volume de poésies ne pourra le fermer avant de l'avoir lu en entier. Deux heures y suffiront au maximum; mais cette lecture chassera la mélancolie, et laissera dans l'âme un parfum délicieux. Le morceau : Etre correct et bref! lu en public provoquera le fou rire; Haillons et dentelles, Le Petit Prévenu, La Mort et l'Enfant, toucheront jusqu'aux larmes; Le Petit Patourd :

Ah! le joli métier que de garder les vaches!

a la fraicheur d'une églogue de Virgile.

L'auteur, dans sa dédicace, offre « ce bouquet d'automne » à sainte Anne,

Grand'mère de Jésus, mère de la Madone;"

il ajoute :

C'est un bouquet d'enfants... Oh! ma bonne Maîtresse,
Pour l'amour des petits, laisse-moi te prier,

Même si la Critique est fondée à médire,

D'y donner un regard, si ce n'est un sourire.

M. Vallée peut se rassurer; son (euvre obtiendra le sourire de sainte Anne... et celui de la Critique.

L. P.

Le Gérant: CH. BAULÈS.

Paris. Imp. LEVÉ, rue Cassette, 17.

S.

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