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<< BULLETIN DE L'INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS »

paraît le 25 de chaque mois, sauf en août
et en septembre

Chaque numéro contient 24 pages. Il renferme, o, tr les informations officielles de l'Institut catholique, des analyses de Cours publics et la chronique des Facultés libres, des Etudiants, des Anciens Élèves.

'Il sera rendu compte des ouvrages composés par les Professeurs et anciens élèves de l'Institut catholique.)

De le mois de février 1912, le Bulletin publie, en suppement de 16 pages par chaque numéro, l'analyse du Cours supérieur de religion pour les jeunes femmes et les jeunes filles.

LES PRIX D'ABONNEMENT SONT AINSI FIXÉS :

Pour le Bulletin seul: Paris et Départements, 5 francs. - Etran ger, 6 francs.

Pour le Supplément seul: Paris et Départements; 5 francs. Etranger, 6 francs.

Pour le Bulletin avec le Supplément: Paris et Départements, 8 francs. Etranger, 9 francs.

On peut acheter au numéro :

Le Bulletin seul : 0 fr. 60.
Le Supplément seul. O fr. 60.

Le Bulletin avec le Supplément: 1 franc.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse M. PRUNEL, Vice-recteur, et tout ce qui concerne l'administration à M. LEMAITRE, secrétaire général de l'Institut catholique, 74, rue de Vaugirard.

BULLETIN

DE

L'INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS

HISTOIRE DE L'ÉGLISE

La réforme et le catholicisme en Angleterre sous les Stuarts

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A l'avènement de Charles Ier, l'Eglise catholique, en Angleterre, était officiellement abolie. Elle le resta, durant son règne. Toutefois sa position fut considérablement améliorée', et ceux qui lui étaient restés fidèles commencèrent à respirer.

Charles n'eut point le tempérament d'un persécuteur, et ses sentiments à l'égard du catholicisme furent toujours empreints de tolérance, sinon de sympathie. C'est à une princesse catholique, l'infante d'Espagne, qu'il pense d'abord se marier. Et c'est une princesse catholique, la sœur de Louis XIII, qu'il épouse, en 1625. Par là, il heurtait de front les préjugés de son époque. Ses sujets ne comprirent pas qu'un roi d'Angleterre prît pour femme une « papiste », et sa popularité en souffrit beaucoup. « Par votre acte, déclara l'archevêque Abbot, vous travaillez à relever la damnable et hérétique doctrine de l'Eglise de Rome... Vous vous montrez le patron de ces mêmes doctrines que votre conscience vous dénonce comme superstitieuses, idolâtres et détestables. »

Lorsqu'il sollicite à Madrid la main de l'infante, Charles ose demander à son père de reconnaître l'autorité pontificalė, << car nous pensons que, si vous consentiez à reconnaître le Pape comme chef de l'Eglise de JésusChrist, le mariage se ferait aisément » (19 mars 1623). A la même époque, il n'hésite pas à promettre à Urbain VIII qu'il s'abstiendra de tout acte d'hostilité contre la religion catholique et qu'il cherchera toutes les occasions d'effectuer la réunion des deux Eglises. « Ceci, dira au roi lord Clarendon, est plus qu'un compliment. » Et le Pape trouvera que Charles a donné là la preuve manifeste de sa sympathie à l'égard du Pontife romain.

1. Voir la première Leçon.

Le roi ne songea point à se convertir. Ses principes religieux le satisfaisaient assez et il appréciait trop son autorité comme chef de l'Eglise d'Angleterre, pour souhaiter quelque rapprochement avec Rome. Mais il ne ressentit contre le catholicisme aucune haine aveugle et il afficha toujours son mépris pour la répugnance que professait le vulgaire à l'égard de tout ce qui était romain.

Par son traité de mariage avec Henriette-Marie de France, le jeune roi s'engagea à trois choses: les catholiques emprisonnés pour cause de religion, depuis l'ouverture du dernier Parlement, seraient mis en liberté; toutes les amendes levées sur eux, depuis cette époque, seraient restituées; et à l'avenir ils pourraient, sans être inquiétés, exercer leur culte dans les maisons privées.

Tenir semblables promesses n'était pas aisé. Charles avait dû auparavant faire le serment tout contraire de ne pas tolérer les catholiques en ses Etats, et les Parlements de 1625, de 1626, de 1628 et de 1629, blâmèrent comme un « mystère d'iniquité toute tolérance cachée », réclamèrent l'exécution rigoureuse des lois pénales qui frappaient les papistes, voulurent que l'on dénonçât tout fonctionnaire suspect d'incliner, lui, sa femme ou ses enfants, vers la religion catholique, et réclamèrent que, « pour l'entière extirpation du papisme, les enfants des réfractaires fussent élevés dans les principes du protestantisme ». Les puritains, poussés par leur zèle intolérant, reprochaient au roi comme une apostasie sa modération et l'accusaient de nourrir en secret le dessein de rétablir l'ancienne foi et l'ancien culte.

Poussé par le sentiment public et par le désir d'affirmer son orthodoxie, Charles Ier, à diverses reprises, ordonna d'exécuter les lois contre les catholiques. Mais il répugnait à ces mesures persécutrices. Si quelques prêtres furent bannis ou moururent en prison, la plupart obtinrent leur liberté sous caution. En 1625, soixante-dix d'entre eux, renfermés dans les prisons de la capitale, furent remis à Bassompierre, l'ambassadeur extraordinaire de Louis XIII. Un seul, durant le règne, subit la peine capitale, et cela, à cause du zèle intempestif du juge Yelverton. Le roi ne voulut pas que la religion fùt un motif suffisant pour verser le sang de ses sujets.

La situation des catholiques devint meilleure. Au lieu d'exiger d'eux les trois quarts de leur revenu annuel, on se contenta du tiers, et les réfractaires pauvres, s'ils ne furent exempts de toute amende, ne subirent plus les vexations de jadis. Tous ceux qui le désiraient purent entendre la messe chez eux, et le prêtre qui la célébrait ne courut plus de sérieux danger.

Ce n'était pas la liberté du culte, mais une tolérance discrète, que les catholiques regardèrent comme un bienfait et les protestants zélés comme an crime. Rien ne fut aboli des lois persécutrices; mais, sauf quelques cas exceptionnels, elles cessèrent d'être mises en vigueur.

L'influence de la reine sur son mari ne fut pas pour rien dans le traiterent plus humain des catholiques anglais.

A peine àgée de quinze ans et complètement étrangère à tout ce qui était

anglais, Henriette-Marie n'était d'abord qu'une enfant, jolie et mutine, que Charles essayait d'intimider et de dompter. Mais après la mort de Buckingham, en 1629, elle commença à le dominer; à mesure qu'elle devint plus femme et que crût l'affection de son mari, elle fut un de ses conseillers les plus écoutés. Douée de tous les charmes d'une royale beauté, de la grâce et de la gaieté de son pays natal, Henriette était née pour avoir de l'empire sur la cour magnifique de Charles. Son autorité fut bienfaisante pour le catholicisme anglais dont elle devint la protectrice et comme le centre.

Bossuet, dans son oraison funèbre, la compare à Esther « qui gagna le cœur du roi son mari, et fit d'un prince infidèle un illustre protecteur du peuple de Dieu. Par un conseil à peu près semblable, ce grand Dieu avait préparé un charme innocent au roi d'Angleterre, dans les agréments infinis de la reine son épouse. Comme elle possédait son affection... elle employait son crédit à procurer un peu de repos aux catholiques accablés. Dès l'âge de quinze ans, elle fuf capable de ces soins; et seize années d'une prospérité accomplie, qui coulèrent sans interruption avec l'admiration de toute la terre, furent seize années de douceur pour cette Eglise affligée. » Sa chapelle de Somerset-House, le seul sanctuaire catholique d'Angleterre officiellement toléré, devint le centre d'où l'ancienne foi rayonna sur le royaume entier. Elle fut ouverte à tous; et si parfois le gouvernement en interdit l'entrée aux Anglais, la reine eut toujours assez de pouvoir sur Charles pour obtenir la suppression de telles mesures. Les Capucins, qui avaient remplacé les Oratoriens dans le service de sa chapelle, visitaient assidûment les malades et portaient à ceux qui les acceptaient le secours de leur religion. Leur zèle fut récompensé par de nombreuses conversions. Henriette prenait sous sa protection les nouveaux convertis. Par les raisonnements, les prières et, au besoin, les larmes, elle s'efforçait d'émouvoir le roi et d'arrêter les conséquences de la violation ouverte de lois rigoureuses, écrites dans le code pénal et approuvées par l'opinion publique. Il fut un temps où elle passa toutes ses matinées à rechercher, avec l'agent du pape, Conn, les moyens les plus capables d'influencer Charles en faveur des catholiques.

Le pape Urbain VIII profita des bonnes dispositions de Charles ler et de l'influence qu'avait sur lui la reine, pour entrer en relation directe avec l'Angleterre. En 1634, il envoya un Oratorien, Grégorio Panzini, avec qui le roi consentit à traiter par l'intermédiaire de son secrétaire d'Etat Windebank. Panzini obtint que le pape envoyât un agent résider près de la reine et que la reine en déléguât un autre près du Pape. Cette reprise des négociations avec Rome, quoique dissimulée, était un fait considérable pour le catholicisme anglais. Jamais roi anglican, depuis le schisme de Henri VIII, n'avait fait une telle concession.

La présence des nonces apporta beaucoup de soulagement aux catholiques. Les visites domiciliaires, faites indécemment et méchamment au gré de la police, n'eurent plus lieu. Jamais la messe ne fut plus publiquement célébrée dans les chapelles des ambassadeurs; jamais elle ne fut moins.

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