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Gabriel BEAUCHESNE, Libraire-Editeur

Rue de Rennes, 117 PARIS (6)

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Ce que l'influence individuelle s'avère incapable de réaliser, peut-être l'influence du « milieu » serait-elle assez efficace pour l'opérer? D'après l'école sociologique, la société n'est-elle pas «< la cause objective, universelle et éternelle de ces sensations sui generis dont est faite l'expérience religieuse»? Et n'est-ce pas elle qui « éveille ce sentiment d'appui, de sauvegarde, de dépendance tutélaire qui attache le fidèle à son culte »? (Durkheim.) Et l'on saisit immédiatement le lien qui rattache ces conceptions nouvelles à l'objet de notre étude. Ce sentiment d'appui, de sauvegarde, de dépendance tutélaire, où donc se manifeste-t-il davantage sinon dans la conscience de nos convertis? La force qui agit en eux n'est-elle pas ce fluide impalpable qui s'appelle « l'âme collective », source directe des sensations » dont est faite « l'expérience religieuse »?

La conversion envisagée de ce point de vue devient un simple chapitre de la psychologie des foules. Car c'est à l'état de foule que la mainmise de la collectivité surl 'individu s'affirme à son plus haut degré de puissance. Et nous avons intérêt à savoir, de suite, jusqu'où peut aller l'entraînement, l'ascendant irrésistible du milieu, jusqu'à quel point l'« àme collective >> peut réagir sur la conscience individuelle. Par cela même nous accordons d'emblée la part la plus large et la plus belle à ce facteur psychologique. Or la foule, suivant la définition donnée par le Dr Gustave Le Bon, offre les caractères suivants : elle est impulsive, suggestible, crédule, à la merci du meneur qui connaît le secret de la conduire en recourant à trois procédés toujours identiques : l'affirmation, la répétition et la contagion. Ce mécanisme ne le voyons-nous pas fonctionner dans tous les mouvements de conversion? Le missionnaire qui galvanise la population d'un village, Newman qui lance à travers l'Angleterre la campagne des tracts, l'Eglise catholique enfin, ne sont-ils pas des « meneurs » ? Et la conversion à toutes

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les époques de l'histoire, qu'est-elle sinon l'acte par lequel un individu subit la contagion » chrétienne, se laisse embrigader dans la foule anonyme des croyants? Lorsqu'il se sent « investi» d'une force qui le soulève au-dessus de lui-même, le converti communie à l'âme collective de l'Eglise!

Si séduisante que paraisse cette hypothèse, elle est insoutenable. Pourquoi? Pour cette raison très claire que la foule est « un être provisoire formé d'éléments hétérogènes qui, pour un instant, se sont soudés ». Et non seulement ce caractère des foules est un fait d'observation, mais un phénomène dont la cause est obvie. Au fond, l'état de foule constitue un état violent, un état dans lequel l'homme perd en quelque sorte conscience de sa personnalité pour se fondre et s'anéantir dans la vague furieuse qui l'emporte. Et voilà pourquoi chez lui le sentiment se substitue à l'exercice. de la raison, pourquoi il devient suggestible jusqu'à l'hallucination, impulsif jusqu'à la brutalité, pourquoi le meneur fait de lui tout ce qu'il veut. Bref, entre l'état de foule et l'état de personnalité autonome il y a antagonisme absolu. Situation anormale, sorte de poussée hystérique qui ne peut durer parce que chez les tempéraments sains la personnalité ne tarde pas à récupérer ses droits.

Nos missionnaires catholiques, quel que soit le terrain de leur action apostolique, l'ont bien compris. Ce serait une singulière erreur de se les représenter comme des meneurs, usant de leur prestige, escomptant la contagion pour provoquer un effervescence dont ils connaissent trop bien les suites. Et lorsqu'ils cherchent, comme par exemple S. François de Sales en Chablais, à éveiller l'attention de la foule, à créer un courant d'opinion, c'est pour atteindre, par ce moyen, les individus. L'« âme collective », qu'ils voient se former sous leurs yeux, ils n'ont qu'un seul souci après lui avoir emprunté sa force limitée de pénétration, la dissocier et la résoudre en ses éléments individuels. Toute mission bien comprise est un mouvement qui commence du haut de la chaire et s'achève au confessionnal. Et il n'y a rien de plus nettement individualiste qu'une confession. En résumé la psychologie collective a son rôle, sa part dans la psychologie de la conversion. Mais nous n'avons pas le droit d'identifier celle-ci avec celle-là, parce que, avant tout, la conversion, comme telle, est un produit de la conscience individuelle. Et quand la conscience individuelle est abolie dans la mesure où elle est abolie — la conversion abdique ce double caractère de profondeur et de stabilité qui dépose en faveur de sa sincérité. Il nous faut donc écarter l'hypothèse sociologique. Le magnétisme social pas plus que le magnétisme de l'affection ne sauraient expliquer pourquoi l'on se convertit. Il nous faut chercher ailleurs.

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Sixième conférence. -Le Dualisme dans l'âme des convertis

Ici commence une nouvelle étape de notre enquête à travers les convertis et les conversions. Jusqu'à présent nous avons suivi deux routes parallèles. Nous avons placé le fait de la conversion en regard de chacune des

hypothèses qui s'offraient à l'expliquer. Ni l'intelligence, ni la volonté, ni l'affection, ni l'influence anonyme de l'âme collective ne nous apportent de réponse satisfaisante. De ce côté-là nous ne sommes guère plus avancés qu'au premier jour, sinon en ce sens que les facteurs psychologiques auxquels nous nous étions adressés, ayant décliné leur compétence, se trouvent, par cela même, définitivement écartés. Devant nous la route est libre. Mais voici qu'au terme de nos analyses nous sommes riches d'une acquisition positive, infiniment précieuse. Tandis que nous scrutions l'âme de nos convertis, invinciblement nous étions ramenés en face d'une activité étrangère qui se mêle au jeu de l'activité humaine sans jamais s'identifier totalement avec elle. Chez l'un, elle déchaîne une inquiétude douloureuse et chez l'autre elle est un encouragement, une excitation, un branle imprimé à tous les ressorts de l'âme. Chez celui-ci elle est lumière, chez celui-là elle est énergie. Tantôt son intervention est tellement efficace qu'elle précipite, en un instant, le converti aux pieds de l'Eglise catholique. Tantôt elle se livre avec mesure, par une sorte de rythme qui sc ande chacun des pas du néophyte vers le but où il tend. Tantôt elle apparaît au début de la crise religieuse, et tantôt elle se réserve d'intervenir au dernier instant. Quelquefois il lui plait de revêtir, dans un même sujet, toutes les modalités à la fois, et alors nous saisissons sur le vif l'ampleur de son action, la souplesse étonnante de ses moyens. Chez tous elle produit le même effet, toujours identique à lui-même, avec une intensité plus ou moins prononcée la joie et le renouvellement intérieurs. Si bien que la conscience des convertis nous apparaît comme le théâtre d'un véritable conflit, parfois violent, puis d'un accord entre deux puissances dont l'une est enfin subjuguée par l'autre qui semble venir de l'extérieur. En un mot, le converti n'est pas seul sur le chemin qui le conduit à la vie catholique. Il est deux, il se sent deur. Et ce dualisme est tellement universel qu'on n'hésitera pas à y reconnaître l'un des traits fondamentaux, sinon le trait essentiel, de la conversion.

Et voilà coûte que coûte ce qu'il faut expliquer. On n'aura pas éclairé le phénomène de la conversion, aussi longtemps qu'une obscurité planera sur les causes de ces étranges états d'âme. Or, depuis quelque temps, les points de vue de la psychologie expérimentale se sont accrus et modifiés. A l'heure actuelle, par delà le jeu des activités conscientes, le regard scrutateur des psychologues s'en va fouiller les replis les plus cachés de l'âme. On nous fait assister à l'éclosion de certaines activités jusqu'alors inconnues ou méconnues, d'origine morbide, qui se développent à l'insu du sujet et donnent à celui-ci l'illusion d'être deux alors qu'en réalité il n'est qu'un pauvre halluciné. On nous dénonce, d'autre part, l'existence d'un trésor de sensations, de sentiments et d'idées emmaganisés par-dessous le seuil de la conscience et dont le déclanchement automatique suffirait à créer la même erreur de perspective. Nous serons donc obligés de suivre la psychologie moderne sur son propre terrain. Et si nous réussissons à prouver que nos convertis ne sont pas, ne peuvent pas être des malades, s'il est avéré que la subconscience ne peut non plus leur suggérer l'illusion

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