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lui-même, annonçait le Père Duchesne, voulait « faire passer le goût du pain à tous les patriotes ». Ainsi sont amorcés et justifiés à l'avance les prochains massacres : c'est pour ne pas être tués que les « patriotes », tous menacés, tueront ces chiens d'« aristocrates >>!

Dans le numéro suivant, Hébert use d'un autre procédé d'affolement, celui qui a si bien réussi lors des émeutes d'octobre 1789; il consiste à attribuer au couple royal la disette, inhérente à pareille Révolution qui bouleverse la société tout entière. Le Père Duchesne dénonce donc « les coups de chien que Monsieur et Madame Veto préparent à la nation », « la conspiration des ministres, des marchands de sucre et des accapareurs, contre l'Assemblée nationale ».

En avril, la fête des galériens du régiment de Châteauvieux, ou Fête de la liberté, lui inspira d'autres fantaisies. Puisque Madame Veto avait voulu << se baigner dans le sang des sans-culottes », ceux-ci n'avaient plus à se gêner, et Hébert leur donnait à tous la « grande consigne >> « d'aiguiser leurs piques » pour « f... le tour » aux « animaux féroces de la ménagerie qu'on nomme cour».

Lorsque les hommes qui, selon le mot de Barbaroux, voulaient « du sang, de l'or, des places », se furent emparés des Tuileries, Hébert — qui était naturellement, le 10 août, resté auprès de sa religieuse défroquée et de sa bouteille se nomma lui-même « gardien du Temple pour surveiller la ménagerie royale ». Il enrage encore à la seule pensée que « la femme Capet» a voulu « se faire enlever avec le gros Louis par Lafayette et les chevaliers du poignard ». Il jubile de ce que la municipalité a fait rafle de toutes les coquines entourant Madame Veto, qui ne peut conspirer maintenant qu'avec les chauves-souris.

Le mieux serait de s'en débarrasser au plus tôt : « Il faut bien, écrit-il, qu'Antoinette compte sur quelque coup de chien, car elle est plus insolente que jamais. Il y a deux jours, j'étais de faction au Temple... Madame Veto et ses p... avaient l'air de nous gouailler. » On mettra ordre à tant d'audace: « Nous allons faire une bonne Convention nationale qui vous enverra, vous, à Orléans [où l'on tue], tout au moins à la Salpêtrière... Je n'avais pas achevé ces mots, ajoute-t-il, qu'un ordre de la municipalité arrive pour faire rafle de la Lamballe, de la Tourzel et des autres gueuses qui entouraient Madame Capet. »

Cette « rafle», c'était l'une de celles, qui alimentaient les torrents de sang dont l'impureté consolait Danton. Hébert s'en saoûlait délicieusement. Bien entendu, il ne mania point la massue du peuple, mais il applaudit à ses coups. Il habitait rue Saint-Antoine, en face du passage conduisant à la prison de la Force: il put donc assister de son toit au meurtre de la princesse, de la «gueuse » qu'il avait eu la joie de voir arracher du Temple.

(A suivre.)

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8 février. - Pour le mysticisme. — I. Fénelon et Mme Guyon.

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L'Allemagne et la Philologie, par M. l'abbé ROUSSELOT, directeur du laboratoire de Phonétique expérimentale au Collège de France.

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Mgr de Quelen, archevêque de Paris (1778-1839), par M. le chanoine PISANI. 2 février.

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Mgr de Quelen, coadjuteur de Paris (1819)..

9 février, Mgr de Quelen, archevêque (1821).

16 février. 23 février.

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Le Rôle de l'Allemagne dans la Philosophie moderne, par M. Jacques MARITAIN.

4 février.

Le jeudi, à 2 h. 1/4.

COURS SUPÉRIEUR DE RELIGION.

Les Sacrements, par M. l'abbé Prunel,

Le Baptême (suite). Les sujets du baptême. Ses ministres.

11 février. La Confirmation. Sa nature; ses effets.

18 février.

L'Eucharistie. Le dogme de la présence réelle.

15 février. L'Eucharistie. La communion. Ses effets.

Le jeudi, à 5 h. 1/4.

COURS D'HISTOIRE DES ORIGINES CHRÉTIENNES,

L'Espérance du Salut au début de l'ère chrétienne, par M. l'abbé D'ALÈS,
La doctrine de la « Récapitulation »en saint Irénée.
L'illuminisme phrygien.

4 février.

11 février.

18 février. Le rêve origéniste.

25 février.

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Le vendredi, à 5 h. 1/4.

COURS D'HISTOIRE DES RELIGIONS.

La Spontanéité du Sentiment religieux, par M. l'abbé de la Barre.
« Les lieux où souffle l'esprit.

5 février. Créations anthropomorphiques.

Comment l'esprit humain « projette sa personnalité » au dehors.

Comment certains objets lui révèlent la nature et l'intervention de personnalités étrangères.

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L'animisme de Tylor n'est point confirmé par les faits.

En Australie, en Afrique, la découverte des « grands dieux » est venue l'ébranler sérieusement.

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Les faits coutumes et tabous. Les théories: prétentions pseudo-scientifiques et points acquis. — Caractère social et « sacré » des pratiques morales.

CHRONIQUE DE LA GUERRE DE 1914

I. Tués à l'ennemi (4 liste).

R. P. Gonzague MENNESSON, de la Compagnie de Jésus, licencié ès lettres (histoire), sous-lieutenant d'infanterie, tué d'une balle au cœur le 29 décembre dans l'Aisne, pendant qu'il administrait un de ses soldats blessés.

M. François LAURENTIE, licencié ès lettres et en droit, aneien élève de l'Ecole normale supérieure.

II. Blessés à l'ennemi (4 liste).

-

M. Pierre BAETZNER, ancien élève de droit (1909), soigné à l'hôpital de Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine).

M. Pierre BARAZETTI, licencié en droit, blessé d'une balle à la gorge.
M. Pierre BRAULT, docteur en droit, notaire, blessé au bras.

M. l'abbé Louis GOSSELIN, vicaire à Saint-Pierre d'Amiens, sergent au torial, interné à Gerdelegen, Altmarck.

12 Terri

M. Georges HUA, licencié ès lettres (1910-1911), interné à Wetzlar. M. l'abbé Frédéric LAMY, licencié ès lettres, directeur au grand séminaire d Amiens, promu sous-lieutenant et décoré de la médaille militaire, après avoir reçu cinq blessures en septembre, a été de nouveau grièvement blessé et emmené prisonnier à Metz. M. Alfred PAYEN, licencié ès lettres, lieutenant au 293e d'infanterie, blessé sur la Meuse est reparti au front (17 Compagnie, secteur postal 82).

M. Edouard PAYRÉ, étudiant en droit, blessé et prisonnier.

M. Pierre POTTIER, docteur en droit, prisonnier.

M. Yves LE TOURNEUR D'YSON, étudiant en droit, sergent au 1er régiment de zouaves, blessé le 10 décembre à Anzin-Saint-Aubin, au nord d'Arras.

Sur la mort de M. Jehan ABET, annoncée dans le numéro de novembre, Mgr le Recteur a reçu les renseignements suivants :

« Sa mort a été celle d'un brave; il a donné héroïquement sa vie et il en a fait le sacrifice à Dieu, nous laissant un admirable testament, digne de servir d'exemple, tant c'est noblement pensé, noblement exprimé et résigné.

«Il se savait perdu. Sans faiblir, il a entraîné ses hommes, après avoir vu tomber les autres officiers de sa compagnie; il est resté le dernier, donnant à tous le plus bel exemple de courage. Les 48 survivants de la compagnie sont allés d'eux-mêmes saluer sa dépouille, et le colonel, le lendemain, lui a fait rendre les honneurs et a prononcé sur sa tombe quelques mots. Il est à l'ordre du jour de l'armée.

<<< Son souvenir sera gardé fièrement par tous ceux qui l'ont connu, et j'espère que son jeune frère suivra sa trace. Il ne nous reste que cet enfant; il a quinze ans. L'heure venue, nous vous le donnerons comme son aîné, et si nous pouvons faire de lui l'image la plus ressemblante possible du héros que nous pleurons, notre œuvre aura été complète. Tous nos efforts vont tendre vers ce but. »

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S. Em. le cardinal Luçon à Reims. — D'une lettre privée publiée le 20 janvier par La Croix, nous extrayons le passage suivant :

« ... Comme vous le savez, la messe de minuit a été dite ici dans une cave, par Son Eminence le cardinal.

Jamais je n'oublierai cette nuit de Noël : l'autel était monté sur des caisses de champagne et chaque assistant avait la sienne lui servant de chaise. Il y avait d'abord les réfugiés qui n'ont plus de logement, puis ceux qui fuient les obus et qui n'ont pas de cave pour s'y abriter, enfin au moins 800 soldats et officiers de tout grade.

Les chants ont été exécutés par un groupe d'une cinquantaine de soldats; ils ont chanté tous nos cantiques populaires et beaucoup ont fait la sainte communion. Tout cela était très impressionnant : il nous semblait être revenus aux Catacombes

Ces caves sont complètement sous terre; on y descend par une cinquantaine de marches d'escaliers, toutes taillées dans la craie c'est vous dire comme on y est à l'abri des bombes...

La nuit du 17 décembre, les obus sont tombés sur la ville depuis 9 heures du soir jusqu'à 6 heures du matin. Toutes les dix minutes il en tombait deux ou trois. Vous pensez quelle nuit nous avons passée! Quand le bombardement est plus fort à certains moments qu'à d'autres, nous descendons à la cave. Tout le monde y couche, même Son Eminence; nos lits y sont montés jusqu'au débloquement de Reims.

Les Boches occupent le Nord et l'Est; ils ne sont qu'à 4 kilomètres, et leurs obusiers à 8. Leurs premières tranchées ne sont qu'à 10 mètres des premières maisons de la ville; et voilà trois mois sans pouvoir les déloger... Le cardinal ne peut recevoir aucune nouvelle ni de ses prêtres ni de leurs paroisses.

L'archevêché a été sauvé grâce au courage des grands vicaires qui, montés sur le toit, l'ont préservé en l'arrosant; sans cela tout était brûlé...

Voilà l'existence que nous menons à Reims depuis bientôt quatre mois. Nous en sommes surexcités, ahuris à un point extrême.

Malgré cela, notre vaillant cardinal va visiter les blessés, les réfugiés des caves; il établit des fourneaux économiques pour les malheureux, achète des couvertures et du linge. On ne peut pas le retenir; malgré le bombardement, il marche quand même; il marche sous les obus et la mitraille; il fait ici l'admiration de tous... »

Mgr Quilliet à Limoges.

-

Mgr le Recteur a reçu de Mer Quilliet, évêque de Limo. ges, et ancien professeur de l'Université catholique de Lille, la lettre suivante :

1er Janvier 1915.

Cher Seigneur,

Agréez d'abord, pour votre chère personne et pour l'Institut catholique de Paris, mes vœux les plus sincères et les plus dévoués. Je les dis à Dieu qui voudra les exaucer, et, pour ce qui me concerne, je ferai en sorte de vous prouver que ce ne sont point là paroles vaines.

J'ai reçu, au moment de votre départ pour Rome, la réponse de l'Université catholique de Paris à la Science allemande. Je vous félicite de ce beau geste, et tout spécialement de la justesse avec laquelle vous avez signalé, dans le subjectivisme kantien, le fondement d'un droit naturel égoïste et brutal, en même temps que le germe logique de la théorie de la force qui prime le droit. Les faits auront éclairé bien des tenants de la fausse et germaine philosophie en notre pays; il faut souhaiter les voir revenir à la vraie philosophie, la naturelle et la chrétienne, qui porte en ellemême les conséquences les plus heureuses pour l'ordre politique et l'ordre social.

Laissez-moi aussi vous dire que j'ai eu connaissance, par de mes anciens élèves, des paroles aimables par lesquelles vous avez salué mon vénéré prédécesseur et moimême. L'évêque de Limoges ne meurt pas il vous remercie, en son représentant actuel, de votre sympathie.

Et merci surtout du salut fraternel à l'Alma Mater lilloise! J'en ai été singulièrement ému. Je suis bien un des rares membres de la famille qui puisse vous adresser son merci pour cet hommage rendu à notre maison si durement éprouvée et si cruellement séparée des membres qu'elle abrite et nourrit.

Mer Charost s'est imposé là-bas, et les Allemands le traitent comme la première autorité. Par son ascendant, Mrr Charost a épargné de mauvais traitements à la cité. De même, Mr Chollet, plus étroitement enfermé. J'ai su par un médecin, revenu de captivité, que Mer l'Archevêque a sauvé la tête de Mr X... et d'un autre aumônier jésuite: ils avaient été tous deux condamnés, sous prétexte d'avoir fait des signaux à l'artillerie française. Une intervention de Mar C... près de Ruprecht de Bavière obtint la grace. Même, Mgr X... fut autorisé à rentrer dans les lignes françaises. Il ne put y parvenir. Les Allemands ont fortifié Cambrai et s'y défendront jusqu'au bout. Il n'en sera pas de même à Lille.

Avec mes vœux, cher Seigneur, l'assurance de mon dévouement; une prière, . v. p., pour les miens au pouvoir de l'envahisseur.

+ HECTOR RAPHAEL.

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Mgr le Recteur a reçu, à l'occasion du nouvel an, des nouvelles de la plupart des professeurs mobilisés.

M. André LEMAIRE, professeur suppléant à la Faculté de droit, est depuis le 20 octobre dans la Woëvre, à l'est de Verdun. « Que de fois, écrit-il, dans la vie errante et parfois si dure que nous menons, dans l'obscurité des granges où l'on cantonne, ou dans les tranchées, j'ai pensé à tous ceux que j'ai laissés, à vous, à nos collègues de la Faculté de droit, à nos chers étudiants, dont un si grand nombre, hélas ! sont tombés sur les champs de bataille. Quel brisement et quelle peine, quand j'ai appris des morts comme celle de Charles de Gibergues et bien d'autres! Mais c'est pour la France, et pour l'avènement du règne de Dieu. J'ai confiance (et c'est la pensée qui me soutient le mieux) que si Dieu a permis l'immolation de tant de nobles cœurs, de tant de victimes, c'est que nous pouvons espérer la miséricorde, et un renouveau de foi dans notre pays. Tant de sacrifices, et les souffrances quotidiennes et ignorées de tous ceux qui sont encore debout, sont sans doute une expiation.

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