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M. Emmanuel CHARDON DU RANQUET, cité à l'ordre du régiment et à l'ordre de l'armée. puis décoré de la légion d'honneur.

M. Jean CHILHAUD-DUMAINE, élève de droit, aspirant au 316e régiment d'infanterie « à la suite de reconnaissances faites de jour et de nuit en vue de l'attaque d'un petit poste allemand, y a sauté le premier, revolver au poing et, sans aucune perte française, a réussi à faire un prisonnier grâce à sa bravoure, à son sang-froid, à son intelligence. »

[Ordre de l'armée du 15 octobre 1915.

Journal officiel du 25 novembre 1915.]

M. Charles DUBRAC, étudiant en droit, brigadier au 32o d'artillerie.

Groupement de Nieuport,

Secteur Sud

Artillerie de la 8 division

Ordre 547

Le lieutenant-colonel commandant l'artillerie du secteur Sud cite à l'ordre du régiment le brigadier Dubrac de la 4 batterie du 32 pour le motif suivant :

« Chargé d'installer une ligne téléphonique a été blessé et a continué à diriger son équipe malgré sa blessure jusqu'à achèvement du travail. »

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M. Emmanuel LAMOTTE, lieutenant au 153 régiment d'infanterie : « très belle attitude à l'assaut des positions ennemies. A fait montre d'énergie et de sang-froid pour rallier, dans un moment difficile, quelques éléments privés de leurs chefs. S'est ensuite reporté immédiatement en avant pour couvrir un rassemblement, Tué au moment où il enlevait sa troupe pour un nouvel assaut. >>

[Ordre du 21 octobre 1915.

Journal officiel du 5 décembre 1915.]

M. William LEBOURQUE, ancien élève de droit, a été cité à l'ordre du 264* régiment d'infanterie :

S'est particulièrement distingué dans l'occupation difficile d'un entonnoir. »>

:

15 août 1915.]

M. Camille MACHEFERT, étudiant en droit,« sous-lieutenant à la 120 compagnie du 37e régiment d'infanterie grièvement blessé à la jambe en tenant tête à une contreattaque allemande, est resté debout au milieu de ses soldats, les encourageant de toute son énergie, jusqu'au moment où deux balles l'ont mortellement atteint à la tête. »

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M. l'Abbé Henri NINNIN, licencié en droit, ancien élève de philosophie et de lettres, élève du séminaire Saint-Sulpice à Issy, sergent au 147e régiment d'infanterie : le 28 août 1914, a, sous un feu violent d'infanterie et d'artillerie, porté son lieutenant blessé à 200 mètres en arrière à l'abri et est revenu prendre sa place. En septembre et en octobre n'a cessé d'être un modèle de courage. Tué le 11 novembre 1914 dans la tranchée. »

[Ordre de l'armée du 5 octobre 19

-Journal officiel du 13 novembre 1915.]

M. l'abbé PRESSOIR a été cité le 12 novembre à l'ordre de la division et décoré de la croix de guerre. Cette citation est ainsi conçue:

Ordre général no 7 1.

vision :

---

Le général commandant la 55e division cite à l'ordre de la di

PRESSOIR (Jean), Infirmier au train sanitaire 134 : « A fait partie pendant 6 mois du groupe de brancardiers de la 55° division où il s'est distingué par son zèle et son courage. A été cité à l'ordre de cette formation.

Le gén, commandant la 55′ division.
Signé DE LAPORTE D'HUST. »

La citation précédente, mentionnée dans le Bulletin du 25 février, se rapportait aux combats du 10 au 15 janvier autour de Soissons et était ainsi conçue : « Le médecin chef doit une mention toute particulière au brancardier PRESSOIR qui, avec son ami Maurice Chauveau, n'a cessé d'être sur la brèche et dont la conduite a provoqué l'admiration de

tous ».

M. Jean DU ROsel de Saint-GERMAIN, lieutenant de réserve au 228€ régiment d'infanterie: s'est fait remarquer en toutes circonstances par son sang-froid et sa bravoure; a été tué le 27 septembre 1915 en entrainant sa compagnie à l'attaque sous un feu extrêmement violent d'artillerie et de mitrailleuses.

[Ordre du 21 octobre 1915.

Journal officiel du 6 décembre 1915.]

M. Emile TAUDIÈRE, fils de notre regretté professeur de droit, a été cité à l'ordre de la division en ces termes :

«Ordre de la division n° 70

Le Général Gallet commandant la 88e division cite à l'ordre de la division :

Le sous-lieutenant TAUDIÈRE, Sous-lieutenant à l'Etat-major de la 1760 brigade. << Officier ardent et plein d'entrain.

A exécuté comme officier de troupe des missions périlleuses, notamment devant Beaucourt et au Translay (septembre 1914). Affecté depuis à l'Etat-major de la division, puis d'une brigade, n'a cessé d'y rendre les meilleurs services. >>

Au Q. G., le 16 novembre 1915.

M. Paul Mozer, employé au laboratoire de M. Collin, soldat au 147° régiment d'in fanterie, a été cité à l'ordre de la brigade.

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M. CANAT DE CHIZY, licencié en droit, est maréchal des logis fourrier au régiment de chasseurs à cheval.

M. Pierre BOUDIER, écrivait le 27 novembre à M. Lemaitre : « Nous organisons nos secteurs avec ardeur et en faisons autant de petits fortins qui coûteraient cher aux Boches, s'ils voulaient y toucher. Mais ils ne semblent guère en avoir l'intention.

En ce moment, l'ennemi c'est l'hiver qui s'avance et s'annonce comme rigoureux. Quel froid! Dans les granges percées à jour où nous cantonnons, le vin gèle dans les quarts pendant les repas. On accumule les effets de laine, on s'enfouit dans la paille et on finit par s'y habituer, mais c'est le côté le moins drôle de la guerre. Enfin ne nous plaignons pas. En Serbie on a encore plus froid... »

M. Vanard, quoique sous le feu de l'ennemi, demande des livres de droit « pour réparer les brèches que 15 mois de campagne ont faites dans ses connaissances, et aussi pour se mettre sérieusement au courant des nouvelles situations de droit privé créées par les événements. >>

M. Pierre BOULIC, employé de la Bibliothèque, soldat au 118° régiment d'infanterie, a été nommé caporal.

Décès. M. Gaston CHARBONNELLE, 43 ans, ancien élève de lettres, professeur à l'Ecole Rocroy Saint-Léon, décédé à la fin du mois d'août 1915. Les fatigues endurées à la suite de la mobilisation ont achevé de ruiner sa santé ébranlée depuis plusieurs années. Réformé en janvier 1915, il a essayé de faire son cours jusqu'à Pâques, A cette époque, il dut se retirer chez une parente en Champagne où il est mort, très regretté de son supérieur et de ses collègues.

Nous avons appris également la mort de M. François GAHIDE, licencié d'anglais et d'allemand, professeur à l'Ecole supérieure des Sciences économiques et commerciales.

CHRONIQUE DE L'INSTITUT CATHOLIQUE

Services funèbres.

A la Chapelle des Carmes. Allocutions de Mgr Baudrillart. Pendant le mois de novembre, notre Chapelle de l'Institut Catholique a vu se succéder plusieurs cérémonies religieuses pour les soldats tombés au champ d'honneur. Le 14 novembre, le syndicat des employés de commerce, dit des Petits Carreaux, faisait célébrer un service funèbre pour ses 250 membres morts cette année, et Mgr le Recteur avait accepté de prendre la parole en cette circonstance. Il sut émouvoir profondément la foule qui remplissait la chapelle, en commentant les paroles de Job: Miseremini mei, saltem vos amici mei. « O vous qui avez été nos amis, ayez pitié de nous! » Tel est l'appel que nous adressent nos chers morts.

Que pouvons-nous pour eux ? Que nous demandent-ils? Ils nous demandent d'abord de nous souvenir. Le souvenir, c'est la vie d'un autre en nous. Ils ont droit à survivre dans notre cœur. Ils se sont sacrifiés pour nous; ils sont morts pour nous; tout ce qu'ils avaient, ils l'ont donné pour nous. Oui, nous nous souviendrons.

Mais ce souvenir, cette immortalité que nous leur assurons dans nos cœurs, ce n'est pas assez. Ils nous demandent encore de prier. C'est le seul service vrai, efficace que nous puissions leur rendre. La foi nous dit qu'ils ont à expier. Sans doute ils ont expié par leur mort dans une certaine mesure; mais il faut être si pur pour être admis à voir Dieu face à face! Quel bonheur pour nous de pouvoir leur rendre ce service inestimable de hater leur entrée dans la gloire du Ciel! Quel bonheur aussi de penser que si nous leur donnons, nous recevons d'eux à notre tour!

En effet, le souvenir par lui-même nous élève, parce qu'il est désintéressé. C'est une protestation contre l'égoïsme qui nous ramène sans cesse à nous-même. De plus, prier pour les morts, c'est affirmer sa foi dans la survivance de l'âme, dans la justice et dans la bonté de Dieu. C'est faire un acte méritoire pour le ciel. S'ils n'ont pas besoin de nos prières, nos prières nous servent à nous.

Mais nous recevons de nos chers morts une aide plus directe. Ils peuvent prier pour nous, et par là nous soutenir dans le dur combat de la vie.

Ils nous donnent enfin l'aide de leur exemple. Comprenons la leçon de leur vie et de leur mort. Ecoutons-les nous dire : « Nous étions chrétiens; nous avions un idéal; nous nous étions séparés de la masse mauvaise. Nous étions cette jeune génération sur qui la France chrétienne comptait. Et la mort nous a couchés, nous et nos frères, par milliers. Manus Domini tetigit nos... Pourquoi nous et non pas vous ? En une minute, nous nous sommes vus en face de la mort. Que nous restait-il alors? Nos bonnes œuvres, la joie d'avoir servi Dieu et observé ses commandements. C'est tout ce qui vous restera à vous aussi. Comme la mort éclaire la vie!... Ce que nous eussions fait, qui le fera? vous. Ne soyez pas découragés, déconcertés, surtout désespérés. Travaillez après nous, comme nous, avec nous. Elevez nos enfants pour Dieu, pour la Patrie. »

Au-dessus de cet autel, contemplez la croix qui rappelle nos deuils; à côté, ces trophées de drapeaux qui disent nos luttes. Que ce rapprochement de la Croix et du Drapeau soit le symbole de la France nouvelle! >>

Le 27 novembre, la « Mutuelle des Veuves de la Guerre » fondée par M. Frédéric Masson faisait également célébrer un service funèbre dans l'église des Carmes, et Mgr Baudrillart y parlait de nouveau après l'Evangile. S'adressant à ces veuves désolées, il commentait éloquemment la parole de l'Ecclésiastique, (XIV, 17): « Quæ est anima mea in tam immensa creatura? » et les mettait en garde contre le doute et le découragement qui pourraient s'élever en elles, à la pensée de leur isolement dans la vie.

I. Ne pas douter. La vie et la mort ont un sens. La philosophie nous le dit, mais combien plus le christianisme! Notre vie est supérieure à celle des plantes, à celle des animaux ; c'est une vie intellectuelle et morale, une vie d'esprits destinés à l'immortalité. Dieu nous a, de plus, élevés à la vie surnaturelle, avec pour terme la béatitude, au moyen de l'épreuve de la vie. Alors peu importe la durée du chemin; ce qui importe, c'est d'arriver au but. Or Dieu nous en a donné les moyens. Lisez l'Evangile vous y trouverez les préceptes divins et le modèle à imiter. Regardez la Croix; vous y apprendrez le secret de supporter la souffrance. Ouvrez le tabernacle; vous y trouverez le divin compagnon de votre vie. Oui, Dieu est avec nous; partout il a placé la force qui doit nous soutenir et à côté de la force la consolation qui l'accompagne. S'il a fait tout cela pour nous, nous ne sommes pas rien pour lui, et reprenant les paroles du texte sacré Quæ est anima mea?.., nous pouvons répondre: Combien est-elle grande, pour que Dieu l'ait aimée ainsi!...

II. Ne pas se décourager. « A quoi bon vivre, agir, faire effort désormais? » Voilà la parole de découragement. Attendre courageusement l'autre vie, résignés et sans faire le mal: voilà ce que dit le christianisme. Notre vie vaut la peine d'être vécue, pour le bien des autres; pour le nôtre.

Pour le bien des autres. Il y a entre nous et nos semblables une telle solidarité, une telle répercussion des actes bons ou mauvais ! Dans la bataille, un mot : « Tout est perdu DI et c'est la panique. Un mot : << Suivez-moi », et tout est gagné. Votre œuvre à vous, veuves de la guerre, c'est de vivre pour vos enfants d'abord et pour d'autres encore.

Pour notre bien. Nous avons notre éternité à gagner. Tout est important, eu égard à

l'éternité. Aussi devons-nous bien remplir notre vie et tendre à la perfection. Souvenonsnous des leçons de nos morts. Ils nous voient, ils nous conseillent... Ne pleurons pas sur la brièveté de notre vie : nous avons devant nous des jours éternels, et nous les préparons ici-bas. Préparons-les vaillamment; nous en serons plus vertueux et aussi plus heureux.

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A la Réunion des Etudiants. Le service du 21 novembre. Toutes nos œuvres de jeunesse ont déjà leur Livre d'or. La Réunion des Etudiants du Cercle Montalembert comptait déjà le mois dernier 53 de ses membres morts pour la Patrie. Le 21 novembre, les parents et amis de ces héros se pressaient à la chapelle, où M. l'abbé Plazenet célébrait à 9 heures le Saint-Sacrifice à leur intention. M. Georges Goyau, un des fidèles amis de la maison, y assistait au milieu d'officiers blessés, anciens élèves, revenus du front, et de jeunes étudiants de la classe 1917, espoir de l'avenir. L'Institut catholique était représenté par Mgr le Recteur, M. le Vice-Recteur et M. Lemaître, secrétaire général.

A l'Evangile, Mgr Baudrillart, s'inspirant de la fête de la Présentation de la SainteVierge, établit un parallèle si touchant entre la donation que Marie fit à Dieu ce jour-là et le sacrifice de nos héros chrétiens, que l'assistance fut émue jusqu'aux larmes.

Le choix du texte sacré que devait commenter l'orateur était déjà saisissant : « Domine Ieus, in simplicitate cordis mei, lætus obtuli universa; Seigneur Dieu, dans la simplicité de mon cœur je vous ai tout offert avec joie; omnis haec copia de manu tua est; tua sunt omnia; tous ces biens nous viennent de votre main; toutes choses sont à vous; Domine Deus, custodi in æternum hanc voluntatem. Seigneur Dieu, entretenez à jamais cette bonne volonté. » (Paralip., xxix, 16-18).

La donation de Marie à Dieu a été totale. Elle lui a donné son esprit, sa volonté, son corps et toute son âme. Elle s'est séparée du monde pour être toute à Dieu; elle l'a fait joyeusement lætus obtuli universa. Pourquoi? Parce que tout est à Dieu, tout doit lui revenir Les fruits, l'arbre, le fonds. Dans quel but? Pour le salut et la Rédemption du monde. Elle a dit: Omnia tua sunt, et son divin Fils lui dira à son tour: Omnia mea tua sunt. Et finalement, consumée d'amour, elle le rejoindra au Ciel et sera honorée comme corédemptrice du genre humain.

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Ce n'est pas un sacrilège que de comparer à la Sainte Vierge les héros chrétiens. Leur donation, à eux aussi, a été totale: Ils ont tout offert; ils ont tout donné leur esprit leur volonté, leur cœur, leur corps; ils vont jusqu'à la consommation du sacrifice, par la consomption de l'hostie... Ils ont été séparés du monde pour être unis à Dieu toute l'éternité. Ils ont donné, et joyeusement. Pourquoi ce sacrifice? Pourquoi cette joie? «Parce qu'il s'agissait de la patrie, nous disent-ils. Elle avait sur nous des droits souverains. Elle était notre mère... Il s'agissait de son salut.

Mais au delà de la Patrie, il y avait Dieu. Pourquoi ? Parce que notre cause est juste, nous mourons pour la justice. Parce que nous étions chrétiens, et que nous savious que le but du chrétien est de servir Dieu. Il fallait que notre sacrifice fút acceptable pour Dieu.

« Et au terme, nous entrevoyions la rédemption de la France chrétienne, son retour à Dieu. Et voilà pourquoi nous avons dit : Omnia tua sunt! »

«Et après nous, d'autres, ceux que nous laissions derrière nous, pères, mères, veuves, enfants, out prononcé les mêmes paroles et ont dit aussi : Seigneur, Seigneur, nous vous avons tout offert, nous vous avons tout donné. Omnia tua sunt. Et tous ces sacrifices, nous aussi, c'est pour la Patrie et pour vous, Seigneur,que nous les avons acceptés... >>

Mais que tout cela est dur à la nature! Comme tous doivent faire monter vers Dieu

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