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somme de vingt-sept mille deux cents livres; dépouillement particulièrement intéressant puisqu'il écœura tous les artistes dignes de ce nom et provoqua, deux ans après, la solennelle protestation du Conseil des bátiments civils.

A l'entrée du choeur, furent démolis deux autels avec leurs pilastres et leurs frontons de marbre. Le maître-autel de marbre fut enlevé et par derrière fut construit un nouveau « mur d'appui en moellons et plâtres ». Quatorze inscriptions de marbre, vingt-six panneaux d'arcs doubleaux, d'autres panneaux placés entre les archivoltes des arcades et la corniche de l'entablement, tous les médaillons circulaires furent remplacés par des attributs allégoriques analogues aux circonstances » faisceaux, niveaux, couronnes de chêne, initiales R. F., bonnets de liberté, piques ou badigeonnages plus vulgaires encore. Vingt-deux grands tableaux furent descellés, douze autels en bois démolis.

Après le chœur et la nef, les chapelles autels, tableaux, statues, croix fleurdelysées, trophées, attributs de la passion, tiares, chapes, tout fut saccagé.

On arracha les fonts baptismaux et dix bénitiers dont six en marbre; on démolit trois tombeaux de marbre, parmi lesquels celui de l'illustre savant Jérôme Bignon.

Ce qui avait quelque valeur marchande fut transporté en dix-sept voitures aux Petits-Augustins.

Et pourquoi tant de ruines? La lettre que l'architecte Poyet avait adressée, le 25 brumaire an II, à la Commission des travaux publics, nous l'apprend: Les citoyens de la Section des Sans-Culottes « se plaignent tellement des défauts de suppression des objets dont il a été question, qu'il a été préposé des ouvriers par ladite Section pour y procéder ». Une statue de la Vierge ayant déjà été brisée sur l'autel où on l'avait précipitée, des tableaux ayant été crevés, l'architecte de la Commune observe bien que « le peu de goût et l'inexpérience de ceux qui ont été employés à ces travaux les ont mis dans le cas de mutiler des objets intéressants pour les arts et par conséquent utiles à la République » ; mais on sait maintenant à quoi rimaient le « goût» et la sollicitude d'un Poyet, et la postérité souscrit à la condamnation prononcée deux ans après par Chalgrin: dans leur << aveuglement forcené », les barbares du siècle de la philosophie, à la solde d'ignobles trafiquants, « avaient surpassé les barbares des antiques invasions ».

CONFÉRENCES ET COURS PUBLICS

DU MOIS DE MARS 1914

Le lundi, à 3 h. 1/4

CONFÉRENCE JULES LAIR

Les Institutions et la Société au temps de Louis XIV, par M. Léon LECESTRE

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3 mars. 10 mars.

17 mars.

COURS D'HISToire de l'égLISE

La Réforme et le Catholicisme en Angleterre sous les Stuarts,
Charles Ier (1625-1649), par M. l'abbé CONSTANT

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Le réveil du Catholicisme.

L'effervescence du Puritanisme.
L'absolutisme de l'Anglicanisme.

24 mars. Vers l'abîme.

31 mars. La catastrophe.

4 mars.

11 mars.

18 mars.

25 mars.

5 mars.

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La vision béatifique.

-

La justification et le mérite.

-

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5 mars. Date de la naissance du Sauveur. Le recensement de Quirinius.
Objections et réponses. - Quel est le jour de la naissance du Sauveur ?
La naissance de Jésus., Bethleem et la prophétie de Michée.
Accomplissement de l'oracle de l' « Almah ». Anges et bergers. La Nativité

12 mars.

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6 mars. 13 mars.

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Exposé et solution des difficultés.

Le vendredi, à 5 h. 1/4

COURS D'HISTOIRE DES RELIGIONS

L'Etude comparée des religions, par M. l'abbé Pinard

Méthode historique.

- Méthode anthropologique, 1o Méthode ancienne : le « non-civilisé » tenu pour un « primitif » tout court. 2o Méthode nouvelle ou historico-culturelle : détermination de cycles de civilisation parmi les peuples sauvages; leur ordre de succession; conséquences.

20 mars.

Méthode philologique. 1o Ses caractéristiques, 2o Services qu'elle peut rendre pour l'intelligence des notions religieuses, la détermination des relations entre les cultes, etc. 3o Danger d'arbitraire et d'allégorisme outrancier.

27 mars.

Méthode psychologique, 1o Sa nécessité pour atteindre l'intime du fait religieux. 2o Ses conditions subjectives. 3° Ses procédés : l'introspection, l'observation externe, l'expérimentation et ses limites. 4° Conclusions générales.

Le vendredi, à 5 h. 1/4 (Salle rouge)

Le Spiritualisme est nécessaire au médecin, par le D' DE GRANDMAIson de Bruno

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7 mars.

14 mars.

Clubs.

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Le samedi, à 4 heures

COURS D'HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION

L'Agonie de Marie-Antoinette, par M. G. GAUTHEROT

Marie-Antoinette à la Conciergerie.

La préparation du procès de la Reine dans les Sections et dans les

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CHRONIQUE

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S. Em. le Cardinal Lorenzelli, Préfet de la S. Congrégation des Etudes. Le Souverain Pontife vient d'appeler S. Em. le Cardinal Cassetta, depuis 1911 Préfet de la S. Congrégation des Etudes, à la haute charge de Préfet de la S. Congrégation du Concile. C'est pour l'Institut Catholique de Paris un devoir très doux d'exprimer à cet éminent prince de l'Eglise sa plus affectueuse reconnaissance pour l'intérêt si bienveillant qu'il lui a toujours porté. Un de ses derniers actes avant de quitter ses hautes fonctions n'a-t-il pas été l'envoi à Mgr le Recteur de la lettre du 7 février que nous reproduisons en tête du Bulletin, et qui remplit d'une joie très vive, en même temps que d'une légitime fierté, le Recteur, les professeurs et tous les amis de l'Institut Catholique ?

En même temps que nous exprimons à S. Em, le Cardinal Cassetta notre reconnaissance, nous prions son successeur S. Em. le Cardinal Lorenzelli d'agréer nos plus respectueux hommages. Le nouveau Préfet de la S. Congrégation des Etudes est né à Badi, au diocèse de Bologne le 11 mai 1853. Docteur en théologie, in utroque et en philosophie, il fut ablégat à Vienne en 1889, internonce en Hollande et Luxembourg en 1893, nonce en Bavière en 1896, archevêque titulaire de Sardes le 30 novembre 1896 et nonce à Paris en 1899; il y resta jusqu'à la rupture diplomatique définitive, 31 juillet 1904. Il fut ensuite nommé archevêque de Lucques, puis créé cardinal-prêtre du titre de Sainte-Croix de Jérusalem en 1907; il est Cardinal de Curie depuis 1910, Pendant sa nonciature à Paris, S. Ex. Mgr Lorenzelli témoigna à l'Institut Catholique le plus amical intérêt. A la rentrée scolaire de 1899, le 3 novembre, il voulut bien célébrer la messe du Saint-Esprit, et Mgr Péchenard, alors recteur, le salua en ces termes : « C'est pour notre Université, Excellentissime Seigneur, un bien grand honneur d'ouvrir ses cours, cette année, sous les auspices d'un illustre Prélat qui fut lui-même un maître éminent de la jeunesse, et dont les idées philosophiques font autorité dans le monde savant. C'est aussi pour nous une grande force de nous sentir publiquemeut soutenus et encouragés par le représentant de Celui que Dieu a constitué ici-bas le gardien de la vérité. »

En 1900, S. Ex. le nonce apostolique ne crut pas indigne de sa haute fonction officielle de donner à l'Institut Catholique une conférence qui attira l'élite de la capitale. Le Bulletin de mars 1900 en parle en ces termes : « L'éminent philosophe avait pris pour sujet : Du naturel et du surnaturel dans l'ordre de la connaissance et dans l'ordre de la réalité. La péroraison de cette leçon magistrale n'a pas seulement ému l'assistance, elle a eu au dehors et dans la presse un écho qui est un hommage. Mgr Lorenzelli, reprenant une pensée qu'il développait quelques semaines auparavant, y rappelait avec une chaleureuse éloquence, la vocation naturelle et la vocation surnaturelle de la France, gages de son « immortalité ».

Ces souvenirs du passé, qui forment entre l'Institut Catholique de Paris et S. Em. le Cardinal Lorenzelli un lien très cher nous rendent agréable le devoir d'adresser au nouveau Préfet de la S. Congrégation des Etudes nos très respectueuses félicitations et notre hommage de cordiale déférence.

Mgr Gardey. Nos lecteurs ont appris par les journaux la mort de Mgr Gardey, curé de Sainte-Clotilde, décédé à Maubourguet, au diocèse de Tarbes, le 27 janvier. Né en 1836, il avait commencé ses études au petit séminaire de Saint-Pé, non loin de Lourdes, et les avait achevées à Notre-Dame-des-Champs et à Saint-Sulpice. Ordonné prêtre en 1860, M. Gardey fut d'abord vicaire de Saint-Jacques-SaintChristophe de la Villette, puis de 1863 à 1873, vicaire à Saint-Thomas-d'Aquin; second

vicaire de Saint-François-Xavier pendant deux ans, il devint en 1875 premier vicaire de Sainte-Clotilde, où il fut le collaborateur de l'abbé Hamelin, fondateur de la paroisse. Au mois d'octobre 1883 il lui succéda dans sa charge pastorale; il a donc passé trente-neuf ans au service de cette paroisse.

S. E. le cardinal archevêque de Paris, dans une admirable lettre adressée au clergé de son diocèse, a fait du défunt le plus bel éloge, en lui appliquant les traits indiqués par Mgr Gardey lui-même, comme caractéristiques des curés de Paris. « Ils sont, disaitil, laborieux, désintéressés, patriotes, aimant l'Eglise, le Pape et leurs archevêques. » << Tant de dons éminents de nature et de grâce, continue le cardinal Amette, semblaient désigner Mgr Gardey pour occuper les premiers rangs de la sainte hiérarchie. Plusieurs fois l'autorité ecclésiastique avait songé à lui pour l'épiscopat. Le pouvoir civil lui fit l'honneur de l'écarter; il ne s'en plaignit pas. Il était si heureux de demeurer à la tête de sa chère paroisse! A bon droit, il était fier d'elle, de sa foi, de sa piété, de sa générosité. Il aimait et admirait son église, qu'il ne se lassait pas d'embellir. A l'occasion du centenaire du baptême de Clovis, il avait obtenu pour elle le titre de basilique, et, il y a six ans, il voulut célébrer, par des fêtes superbes, le cinquantenaire de sa dédicace. »

Si tout le clergé de Paris regrette profondément la disparition de cette grande figure, l'Institut catholique est spécialement atteint par ce douloureux événement, Mgr Gardey a toujours manifesté à notre égard la plus grande bienveillance et la plus efficace générosité; c'est pour ce motif qu'il avait été nommé président de la Commission du denier de l'Institut Catholique, et chargé également de présider le comité d'érection du monument de Mgr d'Hulst. Il assistait à toutes nos grandes séances, et complétait chaque année par de larges subsides les dons déjà généreux des fidèles de sa paroisse.

Nous recommandons ce cher bienfaiteur aux prières de nos amis.

M. Félix Prénat. Nous venons d'apprendre avec la plus vive douleur la mort d'un de nos anciens élèves, M. Félix PRÉNAT, emporté par une méningite cérébrospinale à Saint-Etienne, où il faisait son service militaire.

Fils d'un des avocats les plus distingués de Saint-Etienne, qui lui-même est ancien élève de l'Institut catholique de Paris, M. Félix PRÉNAT avait fait à la Faculté libre de Droit sa deuxième et troisième année de licence et sa première année de Doctorat. Il était membre de la Réunion des étudiants du Cercle Montalembert.

Dans cette maison si édifiante par sa tenue et son esprit chrétien, il se montra un véritable apôtre au milieu de ses camarades. Il n'était pas de ceux qui craignent de manifester leur foi. Un jour qu'un étudiant étranger d'une nation voisine ne paraissait, dans une conversation au réfectoire, estimer que le succès humain et la satisfaction procurée par les choses matérielles, Félix Prénat lui dit avec douceur: « Mais alors, que faites-vous de la vie intérieure? » Et son interlocuteur comprit la leçon. D'une délicatesse de conscience et d'une pureté d'âme vraiment virginales, recteur du Tiers Ordre de la Réunion, cet étudiant modèle, devenu soldat, restait en correspondance suivie avec M. l'abbé Plazenet et ses camarades de Paris. Le 25 janvier, dans une des dernières lettres qu'il ait écrites, il exprimait à M. Plazenet son regret de ne pas assister à la fête patronale de la Conversion de S. Paul, au 104 de la rue de Vaugirard. « Je songe, écrivait-il, que pendant que ma plume court, vous en êtes à l'heure des toasts. Par imagination mon souvenir prend la chaleur communicative spéciale à cet instant. Dites bien au prochain conseil à tous nos amis mes regrets d'avoir manqué la fête. Certes je n'oublie pas que je suis tertiaire, mais X... fera un excellent recteur. »

Huit jours après, le 2 février, au matin de la fête de la Purification, Félix Prénat

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