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Les Communes accusèrent, et la Chambre haute des Lords eut à juger. Aucun des actes reprochés à Strafford ne pouvait être vraiment trahison d'après les lois du temps. Celles-ci ne connaissaient de trahison qu'à l'égard du souverain, et Strafford était en réalité accusé de trahir la nation, cas, non prévu par la loi anglaise. Le procès était donc sans issue. Strafford fit une maitresse défense; le nombre de ses amis crût chaque jour et, à mesure que se prolongeait le débat, les Lords paraissaient plus favorables au prisonnier. Les Communes, ces ardents défenseurs des libertés publiques, recoururent aux procédés abolis du plus absolu des monarques anglais, Henri VIII, et transformèrent le procès tel qu'il avait été poursuivi jusqu'ici en bill d'attainder (de proscription). Elles le votèrent par 204 voix contre 59 et firent pression sur les Lords pour le leur faire adopter (8 mai 1641). Le lendemain, 9 mai, le roi, après beaucoup d'hésitations, le signa en pleurant: « Si ma seule vie était en danger, dit-il, je la risquerais volontiers pour celle de lord Strafford; mais voyant que ma femme, mes enfants et tout mon royaume dépendent de mon acte, il me faut céder. »

Avec Strafford, tout le système politique dont il avait été la clé de voute s'écroulait sans retour. Le gouvernement absolu était fini. Les deux Chambres se mirent d'accord pour en prévenir le retour. Bientôt la Constitution anglaise, dans sa forme moderne, parut établie. Mais de tels changements ne sont pratiques qu'avec un nouveau roi ou une nouvelle dynastie. Charles, dont l'autorité avait été sans limite, croyait fermement que la loi ne l'engageait qu'autant qu'il lui était désavantageux de l'enfreindre Le coup d'Etat qui ouvrit l'année 1642 le montra bien. Le 4 janvier, il descendit au Parlement, suivi d'une escorte armée, pour réclamer cinq membres de la Chambre des Communes qu'il accusait de trahison. C'étaient les chefs de l'opposition. Les députés se turent. Le lendemain, il se rendit à la Cité où se cachaient les cinq membres, pour les demander aux autorités. On les lui refusa. Sur son passage, une multitude immense se pressait sur la route, houleuse, prête à la révolte. Charles, ne se sentant plus le maître dans sa capitale, quitta son palais de Whitehall et se rendit à York, pour y assembler ses partisans; le Parlement de son côté leva une armée. C'était le commencement de la guerre civile. Elle allait durer sept ans.

Parallèlement à l'attaque contre l'absolutisme royal de l'esprit d'indépendance, se livrait le combat de l'esprit puritain contre l'absolutisme de l'Eglise anglicane. Les puritains dominaient aux Communes. Ce sont elles qui vont abolir l'épiscopat anglican, comme elles ont supprimé le pouvoir absolu.

Au début du Long Parlement, la plupart, mécontents du système ecclésiastique de Laud, pensèrent à limiter la juridiction des évêques; beaucoup, à priver le clergé de tout pouvoir temporel. La Chambre basse, en mai 1641, présenta un bill qui privait les évêques de leurs sièges à la Chambre haute; mais on en vota un autre qui abolissait la Haute Cour de

commission ecclésiastique (8 juin 1641), laquelle avait si rudement poursuivi les puritains ces dernières années.

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Le parti presbytérien, qui se recrutait surtout dans les classes moyennes, industrielles et commerçantes, dans Londres et les grandes villes, réclamait l'abolition de l'épiscopat. Les Communes, à l'instigation d'Olivier Cromwell et de Vane, préparèrent un bill en ce sens, le 27 mai 1641; mais il n'alla pas jusqu'à la Chambre des Lords. C'est durant la guerre civile, alors que les évèques eurent pris tous le parti du roi, que fut solennellement abolie la hiérarchie épiscopale, par la loi de janvier 1643. Au mois d'août suivant, une assemblée de 130 ministres et de 30 laïques choisis dans les deux Chambres se réunit à Westminster, pour discuter la Constitution définitive de l'Eglise et fixer un nouveau rituel. On n'adopta qu'avce réserve le système presbytérien d'rcosse. Le 2 février 1644, la Ligue solennelle ou Covenant entre l'Ecosse et l'Angleterre fut proclamée par le Parlement. Avec le papisme, la superstition, l'hérésie et le schisme, on y déclarait supprimé l'épiscopat. La plupart des ministres anglicans furent expulsés de leurs églises et bénéfices. En octobre 1644, l'assemblée de Westminster décréta une forme nouvelle de culte, qui entra en usage le 3 janvier suivant. Toutefois l'organisation presbytérienne ne s'étendit jamais au royaume tout entier et ne devint guère complète qu'à Londres et dans le comté de Lancastre.

L'hiver de 1644 à 1645 vit une sorte de terreur puritaine, dont le vieux Laud fut la plus illustre victime. Depuis quatre ans, il languissait en prison. Il ne put échapper plus longtemps à la vengeance de ses ennemis et des Ecossais, chez qui il avait voulu introduire le culte anglican. Strafford avait été condamné en haine de l'absolutisme royal; Laud devait l'être en haine de l'absolutisme épiscopal.

Le 12 mars 1644, il comparut à la barre des Lords. On l'accusait de trahison pour avoir voulu changer la religion et les lois fondamentales d'Angleterre. Comme pour Strafford, nul ne put prouver qu'il eût commis quelque acte de trahison reconnu tel par la loi. Comme pour Strafford, les Lords hésitaient, et les ennemis de l'accusé eurent recours à la pression. Comme pour Strafford, les Communes abandonnèrent l'accusation devant la Chambre haute pour un bill d'attainder. Les Lords, conscients de leur humiliation, eurent la velléité de résister; mais ils étaient réduits à un nombre infime (beaucoup ayant suivi le roi) et incapables de tenir tête aux passions des presbytériens, des Écossais et de toutes les sectes puissantes aux Communes. Ils votèrent la condamnation de Laud, le 4 janvier 1645, à une majorité de six voix. L'exécution eut lieu le 10.

L'archevêque se soumit avec résignation à son sort et mourut avec la fermeté et la dignité d'un homme qui se sent innocent. En allant au supplice, il répéta ces mots de l'Apôtre : Cupio dissolvi et esse cum Christo; puis il ajouta : « Seigneur, je viens à toi aussi vite que je pui s; je sais qu'il me faut passer à travers l'ombre de la mort avant de te voir, mais ce n'est qu'une ombre, une légère obscurité de la nature... Seigneur, reçois mon àme et aie pitié de moi; comble ce royaume de paix et de bonheur,

d'amour fraternel et de charité, afin que parmi eux il n'y ait point d'effusion de sang chrétien. » Puis après un silence, il redit : « Seigneur, reçois mon âme. » Et le bourreau fit son œuvre.

Le jour où avait été condamné Laud, fut supprimé le service liturgique de l'Eglise établie : ce qui fit dire « que l'archevêque et le culte anglican moururent le même jour ».

3 mai. 10 mai. 17 mai. ses amis.

31 mai.

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CONFÉRENCES ET COURS PUBLICS

DU MOIS DE MAI 1915

Le lundi à 5 h. 1/4

COURS D'APOLOGÉTIQUE

Une Apologétique vivante : Maine de Biran,

par M. l'abbé De la Valette-MONBRUN, docteur ès lettres.

Du stoïcisme au christianisme, ou un sous-préfet philosophe et éducateur.
Maine de Biran et son groupe philosophique. -

Le spiritualisme biranien. Un philosophe directeur de conscience, ou Maine de Biran, sa famille et

-

L'évolution religieuse de Maine de Biran. Influence de Fénelon et de Pascal sur cette évolution.

4 mai.

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Le mardi, de 3 h. à 5 h.

L'Allemagne et la Philologie, par M. l'abbé Rousselot.

Expériences de phonétique et projections.

11 mai. Langues et races.

18 mai. 25 mai,

6 mai.

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Le Rôle de l'Allemagne dans la Philosophie moderne. Le Kantisme,
par M. Jacques MARITAIN.

Le jeudi à 2 h. 1/4

COURS SUPÉribur de Religion

Les Sacrements, par M. l'abbé PRUNEL.

Le Mariage et la Vocation religieuse.

Le jeudi à 5 h. 1/4

COURS D'HISTOIRE DES ORIGINES CHRÉTIENNES

L'Espérance du salut au début de l'ère chrétienne, par M. l'abbé D'ALÈS.
Saint Augustin, docteur de la grâce.

6 mai.

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Le samedi à 5 b. 1/4

COURS DE LA REVUE DE PHILOSOPHIE

L'Imagination en Pathologie, par M. le D' DE GRANDMAISON.

L'Imagination et les Intoxications.

Les Déséquilibrés.

L'Imagination et les lésions cérébrales et sensorielles.

L'équilibre mental et l'Imagination.

CHRONIQUE DE LA GUERRE DE 1914-1915

I. Tués à l'ennemi (7° liste)

M. Pierre DE CHARPIN, ancien élève de Sciences, du 134° d'infanterie, tué le fé17 vrier 1915, à l'âge de 25 ans.

M. Jean Le Moine de BLANGERMONT, licencié en droit, décédé à Châlons le 18 mars 1915, à l'âge de 22 ans, des suites de blessures reçues au feu trois jours auparavant.

M. André LEROLLE, ancien élève des sciences, âgé de 40 ans, parti dès la mobilisation quoique père de huit enfants; blessé, fait prisonnier et décédé à Cologne des suites de ses blessures.

André PRIEUR, sergent au 124° d'infanterie, blessé au bras à Virton (Belgique), et décédé le vendredi-saint 2 avril, à l'âge de 26 ans, à l'Hôpital Saint-Julien de Laval. « Cette blessure sans gravité, écrit son père, avait laissé inertes deux doigts de la main droite; après plusieurs tâtonnements on a décidé de recourir à une intervention chirurgicale le 26 décembre. Sur le choc de l'opération est venue se greffer une fièvre scarlatine apparue le 28 décembre, dont les complications ont entraîné la mort... Il a supporté chrétiennement avec résignation et courage les longues et cruelles souffrances qu'il a plu à Dieu de lui envoyer, trouvant encore de bonnes paroles pour consoler ses parents. En toute connaissance de cause, il a fait le sacrifice de sa vie pour la victoire de la France et pour que ses amis soient épargnés.

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M. Albert DROUHOT, étudiant en droit, âgé de 19 ans, engagé volontaire dès le début de la guerre, au 10° d'infanterie, décédé à Dijon le 14 avril 1915 d'une pleurésie compliquée de pneumonie.

A la Maison de famille de la rue Cassette, comme à l'Institut catholique, Albert DROUHOT a laissé par sa piété, son amour du travail, et son affabilité envers ses camarades, le meilleur souvenir. M. Poussy, aumônier de l'Ecole Saint-Joseph, dont il fut l'un des plus brillants élèves, en annonçant sa mort dès le 15 avril à M. le Vice-Recte ur, écri vait : « C'est certainement l'une des âmes les plus délicates et les plus pures que j'aie eu le bonheur de connaitre dans ma vie sacerdotale... Son seul regret, disait-il quelques instants avant de mourir, était de n'avoir pas pu mieux servir la France en succombant sur le champ de bataille. En tout cas, il a bien été réellement une victime de la guerre. Et maintenant il prie pour nous, n'en doutons pas ! »

Sur la mort de M. Gabriel TAILLIEZ, annoncée dans le Bulletin du 25 mars, sans aucun détail, Mgr le Recteur à reçu le 5 avril les renseignements suivants :

« Gabriel TAILLIEZ, âgé de 22 ans, a été tué de deux balles en Champagne, au cours d'une charge à la baïonnette. Ancien élève de notre Faculté des Lettres en 1912, il y commença ses études de licence, pour aller les poursuivre à Grenoble, quand il fut nommé secrétaire de la Rédaction du Réveil Savoyard, de Chambéry, fondé par M. Challamel. II aimait à parler de l'Institut catholique et à dire l'admiration qu'il avait éprouvée à l'audition de certains cours dont la hauteur et la profondeur le ravissaient en vérité. » (Lettre de son père, M. Paul Tailliez, du 5 avril 1915.)

A cette liste nous ajouterons le nom de

M. Paul FOUCHER, caporal pilote aviateur, cité à l'ordre du jour de l'armée, tué près de Reims, en revenant d'une reconnaissance au-dessus de l'ennemi, le 18 avril 1915; il était àgé de 21 ans, et était le neveu de M. l'abbé FOUCHER, directeur de la Maison de famille de la rue Cassette, à qui nous offrons nos affectueueuses condoléances.

II.

Blessés à l'ennemi (7° liste)

M. Jean SOURDAT, docteur en droit, blessé et prisonnier.

M. René VIOLAS, licencié en droit, élève de lettres, du 130e d'Infanterie, blessé le 22 août 1914 à Virton, à la jambe droite; prisonnier à Alten-Grabow.

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M. François LEROLLE, 35 ans, ancien élève de droit, lieutenant d'infanterie, disparu le 29 août 1914 au combat de Proyard.

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M. Bernard DE FRANCQUEVILLE, 30 ans, ancien élève de droit, ancien président de la conférence Olivaint, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur, pour faits de guerre.

V.

Citations à l'ordre du jour de l'Armée

M. l'abbé PRIEUR, aumônier militaire du groupe divisionnaire des brancardiers. « A fait preuve d'une grande bravoure, en se rendant pendant le bombardement intense d'un village, au poste de secours qui s'y trouvait. A failli perdre la vie sous les décombres de ce dernier. Il s'y était déjà rendu la veille.» (Extrait du journal La Croix du 25 mars 1915.)

M. l'abbé Prieur, ancien élève de l'Institut catholique, licencié ès sciences physiques, est professeur au collège Saint-Etienne de Châlons-sur-Marne.

M. SAINT-CLAIR DELACROIX, licencié en droit, dont nous avons annoncé la mort dans le Bulletin du 25 mars :

<< Mortellement frappé, en examinant à la jumelle les tranchées ennemies qu'il devait attaquer; avait toujours donné l'exemple de la vaillance et de l'énergie. » (Ordre n° 67 de la V armée : 5 novembre 1914).

Lieutenant A. C. SALLANDRouze Le MoulLEC, élève de la Faculté de Droit: Dans la nuit du 12 au 13 janvier, le lieutenant Sallandrouze Le Moullec s'est emparé d'une tranchée allemande qui était minée s'y est maintenu malgré deux explosions et

a bouché la communication ennemie. >>

VI. Nos évêques protecteurs

S. Em. le Cardinal Amette, archevêque de Paris, a reçu de S. Em. le cardinal Mercier la lettre suivante :

Eminentissime Seigneur,

Malines, le 15 mars 1915.

Que de fois, ces dernières semaines, je me suis pris à regretter mon long silence à votre égard! Et quand je dis « à votre égard », je voudrais comprendre dans l'éminente personnalité de l'archevêque de Paris, mes chers et vénérés collègues du Sacré-Collège en France, les nombreux archevêques et évêques de l'épiscopat français, les catholiques. les patriotes de France et ils sont légion qui m'ont témoigné soit eu public, soit dans des lettres privées, leur sympathie, leurs encouragements, et au réconfort de leur exemple ont ajouté le secours de leurs aumônes ou de leurs prières pour leur alliée la plus faible, mais la plus complètement dévouée, je crois, à notre cause commune, pour notre chère Belgique.

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