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fi néceffaire à l'appui de fon droit & de fon autorité, qu'une affemblée d'Etats, & qu'il lui importe infiniment que cette affemblée foit tenue de fon plein gré & entiere volonté ; qu'elle ne foit point requife par aucun Corps 3. qu'elle prévienne & précède tous les troubles & toutes les divifions, qui pouroient naître; que la nomination des Députés lui foit pleinement agréa→ ble, & que les Gouverneurs des Provinces ayent le tems de donner une attention fuffifante au choix qu'il en faut faire de forte que, tout confi deré, il n'y a aucun tems à perdre, pour en former la Déclaration.

La forme & deliberation d'une telle affemblée ne doivent caufer aucun embarras. S. A. R. y fera la maitreffe abfolue, & le fuccès en eft auffi certain que le zèle de ceux qui la propos fent, eft ardent & fidele pour fa gloi re & fon interêt.

II. ME.

II. MEMOIRE,

Pour rendre l'Etat puissant & invincible, & tous les Sujets de ce même Etat heureux & riches.

mes voies

cheffes.

N ne peut acquerir de ri- Légiti cheffes légitimes que par les d'acquearts, l'agriculture & le rir des ricommerce. Toutes autres voies, pour acquerir du bien, doivent être banies de la fociété civile, puisqu'il ne s'y rencontre qu'ufure & mauvaife foi, qui conduifent indifpenfable ment l'Etat le plus floriffant à fa ruine totale.

Plus le commerce fleurit, plus un Etat eft riche, puiffant & invincible: & au contraire, plus les Financiers y prennent d'empire, plus l'ufure s'y introduit, & plus cet Etat eft près de

fa

Suites

fâcheufes

nanciers.

fa décadence. La richeffe des marchands eft l'ame de la Monarchie, & celle des Partifans en eft la ruine. Le fuccès du négoce porte partout l'abondance & la joie; & le fuccès du Parti y porte la pauvreté, le chagrin & le defefpoir. Les fortunes fubites des Financiers de celles ont excité plufieurs marchands à quides Fi- ter le commerce; d'autres à borner leur négoce au commerce ufuraire de l'argent, & une infinité d'autres à quiter l'agriculture, pour pofféder des emplois, ou fe faire pourvoir de charges onereufes à l'Etat en forte qu'abandonnant l'agriculture, la fabrication & le commerce des denrées & marchandifes, ceux qui l'ont voulu continuer aïant été obligés de paffer par la main de ces ufuriers, lorfqu'ils ont eu befoin d'argent, ils ont été rançonnés. De là vient que tant de fabriquans & laboureurs, ou fermiers, ont été ruinés; que les terres font incultes ou mal façonnées, & que les banqueroutes font fi fréquentes.

Soins de

Louis

Le Roi Louis XIV. de glorieuse meXIV. moire, Bifaïeul de S. M. dans le def

pour le

fein

com.

fein de faire fleurir le commerce dans fes Etats, a ordonné l'établissement de plu- merce fieurs Compagnies de commerce, pour négocier dans toutes les parties du Monde, & fait venir les plus habiles ouvriers de l'Europe, pour y établir les belles manufactures que nous y voyons; & enfin S. M. a établi un Confeil de commerce, à la fuite de fa Cour, pour être toujours à portée de le protéger, & de lui accorder de nouvelles graces.

Mais comme les guerres qui font furvenues, ont étouffé de fi heureux commencemens, & en même tems donné lieu aux Financiers, & Traitans, de prendre le deffus du commerce, on ne doit pas être furpris, fi l'ufure y règne avec tant d'empire; fi les banqueroutes font fi fréquentes dans le commerce, & fi tous les peuples gemiffent.

Si la Hollande, en moins d'un fiècle & par le feul négoce, a élevé à une puiffance formidable un petit coin de terre prefque caché fous les eaux, quel foin ne doit pas prendre celui qui gouverne une Monarchie comme celle de la France, fituée avec tous les avantages nécef Tom. I. B faires

Leur nél'égard de

ceffité à

la Franc

ce.

Néceffité que le

tége le

commer

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faires pour établir un commerce univerfel, & qui en foi-même a un fonds inépuifable de fécondité, à l'égard de differentes chofes dont les Etats voifins ne fe peuvent passer.

Quelques avantages que le RoyauRoi pro- me de France ait, foit par fon heureufe fituation, ou par l'industrie de fes habitans, jamais le commerce n'y fera confiderable, tant qu'il n'y aura point d'établiffement qui en foit connu. Le pere commun du commerce eft en état de favorifer les entreprifes des Négocians, tant en general qu'en particulier; foit en foutenant les foibles, pour empécher qu'ils ne faffent banqueroute; ou en protégeant les forts, afin de leur donner moyen d'augmenter leur commerce, & de le porter auffi loin que leur genie poura s'étendre.

bien

Le Confeil de commerce peut protéger les Négocians auprès du Roi, contre les entreprises des Fermiers & Financiers, mais il ne fournira pas de l'argent aux Fabriquans & Manufacturiers, pour foutenir le travail de leurs fabriques, ou manufactures: il n'en four

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