l'Ecole Polytechnique qui étoit de trois ans, fut réduite à deux, ce qui exigea une nouvelle organisation, qui date du 16 décembre 1799 ( 25 frimaire an VIII), et qui diffère des deux premières par le nombre des agens et par la formation d'un Conseil de Perfectionnement.

Par cette organisation on supprima deux professeurs de géométrie descriptive appliquée, un professeur de physique, trois professeurs de chimie, un préparateur général de chimie, trois substituts de l'inspecteur des études, un conservateur des modèles et son adjoint; enfin les deux places de bibliothécaire et de secrétaire du Conseil d'Instruction furent réunies en une seule.

Le titre 7 de la même organisation du 25 frimaire an VIII règle la composition d'un Conseil de Perfectionnement qui doit s'assembler chaque année pour examiner la situation de l'école, en perfectionner l'instruction, et établir des relations avec les écoles des services publics (1).

On a vu dans les trois organisations précédentes le mode d'instruction bien établi, les heures de travail fixées, et une police sévère entretenue dans les salles d'étude; mais les lois n'avoient rien statué sur l'existence des élèves hors de l'enceinte de l'Ecole. Le danger qu'une jeunesse livrée à elle-même couroit au milieu de Paris, avoit déjà alarmé le fondaleur de l'Ecole; les articles 4, 5, 6 et 7 du titre III de la première organisation du 26 novembre 1794 avoient pour objet de diminuer ce danger en confiant les élèves à des amis de leur famille ou à des maîtres de pension honnêtes. L'expérience démontra bientôt que ces mesures étoient insuffisantes. Depuis long-temps on méditoit le projet de les caserner. D'ailleurs les services publics militaires employant environ les trois quarts des élèves sortans de l'Ecole Polytechnique, on regarda comme indispensable de les habituer de bonne heure à un régime militaire; ce qui détermina l'organisation suivante.

Quatrième organisation de l'Ecole Impériale Polytechnique.

Un décret impérial du 16 juillet 1804 (27 messidor an XII) détermine l'organisation militaire de l'Ecole Polytechnique. (Il est inséré dans la Correspondance, pag. 69.)

Un rapport de M. le Gouverneur à S. M. 1'Empereur fait connoître la situation de l'Ecole au 27 février 1806.

Le rapport du Conseil de Perfectionnement, d'après sa session de l'an 1805 (an XIV), contient les programmes des différens cours, et donne tous les développemens nécessaires sur l'objet et

(1) Voyez la Correspondance, pag. 168.

la durée des études de l'Ecole Polytechnique. En comparant ce rapport à ceux qui l'ont précédé, on voit que les principaux changemens dans l'instruction consistent :

1o. Dans la création d'une chaire de grammaire et belleslettres, occupée par M. Andrieux.

2o. Dans la réunion du cours des mines à celui des travaux et constructions civiles.

3o. Dans l'addition d'un cours sur les élémens des machines à celui de géométrie descriptive.

4. Dans l'addition d'un cours de topographie à celui d'art militaire.

Le rapport du Conseil de Perfectionnement, d'après sa session de l'an 1806, donne la série complète des programmes d'instruction, suivant les bases adoptées dans la session précédente.

Les sujets nombreux fournis aux services publics à la fin de l'année, et les résultats avantageux qu'offrent les comptes de l'administration, sont la preuve la plus certaine que le régime actuel de l'Ecole, loin d'avoir nui aux études, n'a servi qu'à les favoriser. Les élèves ont d'ailleurs trouvé dans ce régime la santé et l'habitude du travail; les parens, la conservation des mœurs de leurs enfans; l'état enfin, des hommes habitués à la subordination, instruits dans les exercices militaires, et susceptibles, quelle que soit la carrière qu'ils suivent, de le servir à-la-fois de la plume et de l'épée.

NOTICE HISTORIQUE

Sur les Ecoles de services publics.

Artillerie. Une école d'artillerie avoit été établie à Douay en 1679; elle subsista peu de temps. Ce ne fut qu'en 1720 que Louis XV en forma dans toutes les villes de garnison des troupes d'artillerie, telles qu'elles existent encore actuelle

ment.

En 1756 on institua à la Fère une école d'élèves du corps d'artillerie. Un académicien les examinoit tous les six mois, et sur son rapport ils passoient aux emplois d'officiers. Cette école d'élèves, détruite en 1772, fut rétablie à Châlons-sur-Marne en 1790; elle a été réunie à celle du génie (établie à Metz) en octobre 1802.

Ponts et Chaussées. L'école des ponts et chaussées a été créée en 1747 par M. de Trudaine. M. Perronet en a été nommé le directeur à l'époque de sa création.

Génie militaire. L'école du génie a été créée en 1748, sous le ministère de M. d'Argenson. MM. Chatillon et Duvignau en ont fondé l'institution. Cette école compte parmi ses professeurs les Nollet, Bezout, Bossut, Monge, etc.

Génie maritime. L'école des ingénieurs constructeurs a été établie à Paris en 1765; elle a été transférée à Brest en 1802. Mines. L'école des mines a été créée en 1794. Les premiers professeurs de cette école étoient MM. Vauquelin, Hassenfratz, Hauy, Schréiber; les cours se faisoient à Paris, à l'administration des mines. Une loi du 12 février 1802 a transformé l'école des mines de Paris en deux écoles pratiques établies l'une à Moutiers, département du Mont-Blanc, et l'autre à Greeslautern, département de la Sarre.

LISTE des Membres du Conseil d'Instruction et d'Administration de l'Ecole Polytechnique, à l'époque de sa formation (frimaire an 3, novembre 1794).

(Lamblardie...... (1) Directeur.

Administration. C. Gardeur Lebrun. (2) Adjoint, chargé du

personnel des élèves.

(1) Jacques-Élie Lamblardie, inspecteur général et directeur de l'École des Ponts-et-Chaussées, est mort le 6 frimaire an 6 ( 26 novembre 1797), àgé de 58 ans. Ayant quitté la direction de l'Ecole Polytechnique, il avoit remplacé M. Delorme, instituteur de cette Ecole, chargé du cours des Ponts-etChaussées.

(2) Charles Gardeur Lebrun, inspecteur des études de l'Ecole Polytechnique, est mort le 7 fructidor an 9 (25 août 1801), âgé de 57 ans. Il a été remplacé dans les mêmes fonctions par M. Claude Lebrun, son frère.

Secrétaire du Conseil, M. Jacotot.

Le Conseil étoit présidé par l'un de ses membres choisi au scrutin. M. Lagrange a le premier occupé la place de président; M. Guyton présidoit le conseil, avec le titre de directeur, à l'époque de la création d'un gouverneur.

(1) Bernard Pelletier, membre de l'Institut, mort le 21 juillet 1797, âge

de 35 ans.

Voyez les articles Nécrologie, dans le Journal de l'Ecole, 5•. cahier, pag. 179, et 11. cahier, pag. 356.

DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO.

Solution analytique de la pyramide triangulaire, comprenant la Trigonométrie sphérique, et son application à la mesure du méridien, par M. Hachette.

Sur le mouvement d'un fluide, pesant, incompressible et homogène, qui s'écoule d'un vase par un orifice horizontal, en admettant l'hypothèse du parallélisme des tranches horizontales, par M. Poisson.

Note sur le bélier hydraulique, par M. Hachette.

Sur la théorie des ombres et de la perspective; sur les points brillans des surfaces courbes, par MM. Monge et Hachette. Problème de géométrie, résolu graphiquement, en ne faisant usage que de la règle. ( Article de M. Hachette.)

Des courbes du second degré, par M. Brianchon, officier d'artillerie, ancien élève de l'Ecole Polytechnique.

Démonstration analytique d'un théorême de géométrie donné par M. Hachette; par M. Puissant, professeur de mathéma`tiques à l'école militaire de Fontainebleau.

De la perspective linéaire par la méthode des points de concours, par M. Hachette.

Enoncé de problèmes à résoudre.

Lettre de M. Français, officier du génie, ancien élève de l'Ecole Polytechnique.

Du cours de grammaire et de belles-lettres, fait à l'Ecole Polytechnique par M. Andrieux, membre de l'Institut. Annonce d'ouvrages faits par d'anciens élèves de l'Ecole Polytechnique.

Extrait du rapport du conseil de perfectionnement, session de 1806, sur l'admission à l'Ecole Polytechnique.

Personnel.