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» debaud, il nousest entièrement >> inconnu. Préparez-vous donc, » et si le duc Didier veut nous » forcer à le recevoir, traitons-le >> comme nous avons traité Si» gulfe, » ( ambitieux qui peu de temps avant voulut s'emparer de Toulouse, et qui fut repoussé par les habitans); « qu'il périsse » comme lui, et que Gondebaud à l'avenir serve d'exemple à >> tous les étrangers qui voudront

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vrir jusqu'à présent que trois exemplaires sur vélin, qui sont, l'un dans la bibliothèque du Vatican à Rome, un second qui était il y a quelques années dans la bibliothèque des Capucins de Montefiascone, et celui-ci, qui est le seul qui ait jamais été vendu, a été acheté 16,000 francs. C'est un Anglais nommé M. Hibbert quien est l'acquéreur. II. Psalmorum codex moguentia, Joannes Fust et Petrus Schoiffer de» envahir le trône des Français. » Gerusham, 1457, in vigilio Assumptionis, in-folio, goth. sur vélin (marroquin rouge.) Ce livre, qui est le premier qui porte une date, est de la plus grande rareté; il a été vendu 12,000 francs. S. M. Louis XVIII l'a fait acheter pour la bibliothèque royale. MAGNULFE, évêque de Toulouse, assista au concile de Macon en 584. Il se rendit célèbre par sou dévouement à la dynastie des Mérovingiens, lorsque Gondeband, batard de Clotaire I, et aidé des ducs Didier et Monmole, voulut usurper le royaume d'Aquitaine qu'il disait lui apparte nir. Ce prétendu prince, à la tête d'une nombreuse armée, marcha vers Toulouse; ses députés vinrent trouver Magnulfe, et l'engagèrent à ménager l'entrée de la ville à leur maître. Le prélat assembla les Toulousains pour délibérer sur cette proposition, et quand ils furent réunis, il leur parla en ces termes : « Nous sa» Vons bien que Gontrand et >> son neveu Childebert ont droit » à la couronne; mais pour Gon

Ce discours anima les Toulousains; ils se mirent en défense, mais leurs efforts furent vains. Gondebaud était trop formidable par le secours des seigneurs de son parti, pour qu'on pût lui résister; il fallut lui ouvrir les portes, et la puissance de fait l'emporta sur celle de droit. L'usurpateurétablit son autorité dans Toulouse. Magnulfe se vit contraint à le loger dans son palais, et à lui donner un grand souper le soir même de son arrivée. Mais malgré ces marques de soumission, Magnulfe prit la liberté de lui dire: « Vous nous, assurez, sei>> gneur, que vous êtes fils du >> roi Clotaire, nous n'en savons » rien; permettez-moi du moins » de vous dire qu'il est comme

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impossible que vous puissiez » réussir dans votre entreprise. » Gondebaud se tournant avec dédain vers l'évêque, répondit « Oui, je suis fils du roi Clotaire, » et en cette qualité une partie >> de la France m'appartient; je » me rendrai bientôt à Paris, et » j'y établirai le siége de mon

» royaume. » A ces mots, le gé néreux Magulfe s'écria: « Pour >> réussir dans votre projet, il >> faudrait qu'il ne restât personne » de la race des Français. « Le duc Monmole, indigné de ce discours, donna plusieurs soufflets à ce prélat, en disant : « N'avez» vous pas de honte de répondre » d'une manière si extravagante à » un grand roi ? » Le duc Didier, instruit de ce qui venait de se passer, se jeta aussi sur lui, et le traita avec beaucoup d'indignité, jusqu'à lui donner des coups de pied et de poing, et à le frapper du bâton. On se saisit ensuite de Magnulfe; il fut lié comme un criminel, et on l'envoya en exil. On s'empara de ses biens, de ceux de son église, et l'on promit son évêché à un prélat nommé Sagistaire, déposé du siége de Gap à cause de l'infamie de sa conduite. L'évêque de Toulouse, ainsi traité pour sa fidélité, fut rétabli après la mort de Gondebaud, qui eut lieu la même année par suite de la trahison des ducs Monmole et Didier (voyez DIDIER), ceux-là même qui s'étaient montrés si barbares envers Magnulfe. Les perfides sont toujours cruels; la vertu seule ne peut donner dans aucun excès. On ignore l'époque de la mort de Magnulfe.

MAIGNAN (RAYMOND), l'un des plus grands philosophes du XVIII. siècle, naquit à Toulouse, en 1601, d'une famille distinguée. A peine avait-il fini ses humanités au collége des Jésuites,

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qu'il entra dans les Pères Minimes pour donner des leçons, taut encore âgé que de dix-huit ans. Il étudia ensuite la philosophe sous un maître très-attaché à la doctrine d'Aristote, et il ne perdit aucune occasion de disputer vivement contre tout ce qui lui était suspect d'hétérodoxie dans la physique de cet ancien philosophe. D'un autre côté, on le vit prendre plaisir à se créer à luimême différens problèmes de géométrie, dont il donnait la solution avec autant de netteté que s'il eût parcouru et étudié profondément les ouvrages d'Euclide, qu'il n'avait pourtant pas encore vus. On commença à juger dèslors qu'il deviendrait un plus grand mathématicien de son siè cle, et l'on ne se trompa pas. Les preuves qu'il donna de son esprit pendant les six années qu'il fut sur les bancs, le firent juger capable de monter en chaire pour y remplir les fonctions de professeur, et il s'acquitta si bien de son emploi, que sa réputation dépassa les Pyrénées et les Alpes; aussi le général des Minimes ne tarda pas à l'appeler à Rome en 1636, pour y professer dans leur maison de la Trinité du Mont. Ce fut là que le Père Maignan parut avec éclat, sur-tout pour les mathématiques et les expériences physiques; en sorte que les plus habiles en cette science, après l'avoir écouté avec admiration, allaient le consulter avec confiance. Le Père Kircher fut même jaloux de ses ouvrages; il

alla jusqu'à vouloir lui disputer la gloire de les avoir inventés; mais après une longue discussion, le Père Maignan en fut reconnu pour l'auteur.. Son livre de Perspectiva horaria, fut imprimé à Rome en 1648; il le dédia au cardinal Spada, protecteur de son ordre. C'est dans cet ouvrage estimé qu'il donna la méthode de polir les cristaux pour les lunettes d'approche; il en avait fait des plus longues qu'on eût encore vues, et bien éloigné de ces gens qui veulent que leur secret meure avec eux, il se fit un plaisir de le communiquer aux meilleurs ouvriers de Rome, qui profitè rent de ses heureuses recherches. Le Père Maignan, après avoir enseigné la philosophie et la théologie à Rome pendant quatorze ans, en partit en 1650 pour revenir en France. Ferdinand II, grand duc de Toscane, qui l'honorait de son estime, ainsi que le cardinal de Médicis, l'avait invité de passer par Florence; mais les passe-ports nécessaires lui ayant manqué, il prit sa route par Venise, Bologne et Milan, et dans ces trois villes il reçut la visite des gens de lettres, qui auraient bien désiré le retenir parmi eux. En 1651 il fut élu provincial de la province d'Aquitaine ; mais il accepta avec peine un emploi qui le mettait pour ainsi dire dans la nécessité d'interrompre ses études. Aussitôt qu'il fut installé dans sa charge, il s'ap pliqua tout entier à maintenir la régularité religieuse, encore

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plus par son exemple que par ses discours. il ne lui fut pas difficile de gagner les cœurs de ses inférieurs ; il sut s'en faire aimer; il entra dans leurs peines, compatit à leur faiblesse, les ranima, les fortifia, et les consola par tout ce qui dépendait de lui. La seconde année de son provincialat, Maignan fit imprimer son cours de philosophie, et il eut en même temps la satisfaction de le voir approuver par l'université de Toulouse, avec permission de l'y enseigner. Il est vrai que le système qu'il y établit, et par lequel il attribue à la différente combinaison des élémens tous les efforts de la nature que Descartes avait attribués à ses matières organiques, et Gassendi à ses atomes quoiqu'il tienne beaucoup de celui d'Empedocle, ou plutôt à celui de Platon, fit peine aux pastisans d'Aristote. Ils essayèrent alors de prouver qu'il serait impossible à son auteur d'accorder avec son opinion les vérités théologiques; ce fut alors qu'il publia un autre ouvrage, qu'il intitula Philosophia sacra, où il chercha à discuter ce qu'il avait déjà avancé. Le travail en fut pourtant interrompu par une maladie qui faillit l'enlever en 1664; puis, par une députation au chapitre général, par les fonctions de visiteur général dont il fut chargé, et par un voyage qu'il fit en 1657 à Paris, où il se concilia l'estime de Henri-Louis Habert de Montmort, maître des requêtes, l'un des protecteurs des arts et des belles-letsres, qui se

fit un plaisir de lui faire remplir dans l'académie des savans qu'il assemblait chez lui, la place qu'y avait occupée le Père Mersenne, religieux de son ordre. En 1660, Louis XIV , passant à Toulouse, voulut visiter la cellule du Père Maignan; il fut frappé du grand nombre d'instrumens de mathématiques, et des différentes machines dont elle était ornée. Ce monarque crut qu'un tel savant était fait pour briller dans la capitale; le cardinal Mazarin, qui était présent, confirina le roi dans cette pensée, et chargea Fieubet, premier président du parlement de Toulouse, d'en parler au Père Maignan; mais ce. ce dernier supplia instamment qu'on le laissat dans sa retraite. Le cardinal, charmé de sa vertu, n'insista pas davantage, et le Père Maignan n'en fut que plus ardent à se livrer à un travail d'où dépendait toute sa gloire. Maignan, après avoir passé la plus grande partie de sa vie à s'occuper sans cesse de l'instruction de la jeunesse, y consacra encore ses derniers momens. Il eut la consolation à soixantedix ans passés, de former d'excellens élèves, parmi lesquels on compte le Père Amat-Joseph de Villeneuve, provincial, le Père Charles Plumier et le Père Jean Saguens. (Voyez SAGUENS.) Ce dernier, professeur de théologie à vingt-un ans, fut envoyé à Rome, où il fit connaître par différens ouvrages, qu'il n'était pas moins subtil philosophe que

profond théologien, et c'est à lui que le public est redevable d'une excellente traduction grecque des homélies du pape Clément XI. Le Père Maignan, non moins recommandable par ses mœurs que par sa vaste érudition, termina sa longue carrière à Toulonse en son couvent le 29 Octobre 1676, dans sa soixante-seizième année, estimé des savans, regretté des gens de bien, ainsi que de son ordre. Berthier, de Fieubet et Donneville, tous trois présidens au parlement de Toulouse, avaient été ses protecteurs. Il fut lé et entretint un commerce de lettres avec les plus habiles physiciens et mathématiciens ses contemporains, entre autres avec les Digbi, Magnasi Graindorge, Kircher, Fermat (voyez FERMAT), La Chambre, Regis, Dupré, Riccioli, Bayle et Carcavi, etc.; tous ces savans firent mention de lui dans leurs ouvrages. La ville de Toulouse plaça son buste dans la salle des Illustres, avec une inscription. Voici le catalogue de ses œuvres: I. Perspectiva horaria, sive de horagraphia gnomonica, tum theorica, tum practica, libris iv, Romæ 1648, in-folio. C'est un des bons ouvrages de l'auteur; il est encore recherché; l'astronome Lalande en faisait grand cas. II. Cursus philosophicus Tolosa 1652, 4 vol. in-8. id. Lugduni 1673, in-folio. Cette seconde édition est augmentée non seulement dans le corps de l'ouvrage, mais encore de quel

ques pièces particulières, entr'autres d'une critique des Tourbillons de Descartes, et d'une dissertation sur la Trompette parlante, inventée par le chevalier Morland. III. Sacra philosophia, sive cutis supernaturalis, Lugduni, in-folio, 2 vol., le premier en 1662, et le second en 1672. Les objections qu'on fit contre le premier volume, et auxquelles il fut obligé de répondre, retardèrent de dix ans la publication du second. IV. Dissertatio theologica de usu licito pecuniæ, Lugduni 1673 et 1675, in-12. Cette dissertation, qui semble autoriser l'usure, a été censurée par les évêques. V. Philosophia Maignani scholastica, sive in formam concinniorem et auctiorem scholasticam digesta et coordinata complectens, etc. in tomos qua tuor distributa. R. P. Joanne Saguens, ejusdem ordinis Minimorum, et urbis Tolosanæ alumno, Tolosa 1703, in-4.°, quatre tomes fort minces, faisant en tout 1300 pages. Le Père Saguens ayant été disciple du Père Maignan, a été plus à même qu'un autre de mettre en ordre son système de philosophie. Ce dernier a donné une vie du Père Maignan sous ce titre : De vita moribus et scriptis R. P. Emanuelis Magnani, etc. à Joannes Saguens, Tolosa 1697. Cet éloge est plein de verbiage et de minuties. La bibliothèque du CollégeRoyal possède quelques manuscrits du Père Maignan.

MAILHAT (RAYMOND), né

ой

dans le comté de Foix en 1611, fut Dominicain à Toulouse, il enseigna avec succès la philosophie et la théologie. Caulet, évêque de Pamiers, le prit en grande considération, et lui accorda son amitié. Envoyé à Rome, il reçut d'Innocent XI des marques distinguées de bienveillance; ce pape le fit consulteur du saint office. On a de lui un Cours de philosophie, imprimé jusqu'à quinze fois. L'auteur était grand partisan de la doctrine de saint Thomas. Il mourut à Rome le 15 Février 1693, âgé de 82 ans.

MAINDOUZE, né à Toulouse en 1741, quitta sa patrie de bonne heure, et voulant utili ser les talens qu'il avait reçu de la nature, se rendit à Paris, ой on sait si bien les apprécier. Il travailla long-temps avec succès à diverses entreprises, et se trouva, lors de la révolution, commis principal au bureau des affaires étrangères. Maindouze commença par embrasser avec chaleur, ainsi que Toulan (voyez ce nom) son compatriote et son ami, les nouvelles opinions; mais amené, après le fatal 10 Août, à la tour du Temple, l'aspect des augustes victimes renfermées dans cette prison, le changea en entier. Dès-lors ardent royaliste, il ne rêva plus que les moyens de sauver la famille royale. Ce fut en vain, la destinée devait l'emporter. Maindouze ni Toulan ne réussirent pas dans leur dessein, et la mort devint le prix de leur résolution généreuse. Maindouze, surveillé,

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