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fut déclaré suspect; le tribunal révolutionnaire de Paris devant qui on le conduisit, le condamna, le 2 Juin 1794, à la peine de mort comme conspirateur, et ayant pratiqué des intelligences avec Lafayette, Dumourier, Le Brun, Roland, Pétion, Grangeneuve, Valazé et autres.

MAJORET (JEAN DE), né à Toulouse en 1601, se livra à l'étude de la jurisprudence vers laquelle son goût le portait, ainsi que la volonté de ses parens. Ses profondes connaissances parvinrent à le faire distinguer parmi les avocats du barreau de cette ville; ce fut avec l'assentiment universel qu'il obtint une chaire de professeur en l'université de Toulouse; il travailla beaucoup, et composa principalement de savans commentaires qui dans le temps furent consultés avec fruit sur les Institutes du droit canon de Paul Lancelot. Le fils de Majoret, successeur des talens et de la chaire de son père, publia en 1676 les œuvres de ce dernier, qui devait être mort sans doute avant cette époque.

MALAPEYRE. V. VENDAGES. MALLIOT (JOSEPH), directeur de l'académie royale de Peinture, Sculpture et Architecture, et membre de celle des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres, naquit à Toulouse le 10 Mars 1735. Ses parens le placèrent, dès ses plus tendres années, dans un collége qui était dirigé par les Jésuites. Après avoir soutenu avec éclat des thèses géné

rales de philosophie, Malliot s'appliqua pendant deux années à l'étude des lois, et il aurait peut-être mérité une place parmi les jurisconsultes dont les talens ont honoré Toulouse, si un penchant irrésistible ne l'avait entraîné vers la culture des arts. Des exemples domestiques semblaient justifier cette inclination. Son père, architecte et sculpteur habile, avait mérité par ses nombreux travaux l'estime de ses concitoyens. Jean Michel, son aïeul maternel (voyez MICHEL), était peintre; ses deux tantes suivaient aussi la même carrière. Il entra dans les écoles gratuites de l'académie des Arts, institution précieuse, et qui venait d'être créée. En 1763, il fut nommé professeur de dessin au collége de Sorèze; après cinq années d'exercice, il revint à Toulouse. N'ayant pu trouver l'occasion de faire connaître ses talens pour la peinture dans le genre historique, il s'adonna à celui du portrait. Ses contemporains assurent qu'il posséda l'art de saisir cet instant fugitif où le caractère de la physionomie se montre avec le plus d'avantages. En 1778, l'académie l'admit dans son sein; peu de temps après il fut nommé directeur de cette compagnie. Dévoué à l'instruction publique, il sacrifiait ses instans à donner des leçons aux jeunes gens peu fortunés, à leur prodiguer des secours, et à encourager leurs talens naissans, Lorsque M. Basian de Saffrané établit à Toulouse une école gratuite sous le

titre de Lycée, de Génie, d'Artillerie et de Marine, Malliot fut nommé professeur de fortifications. L'établissement des écoles centrales semblait annoncer la destruction de l'académie des Arts; mais grâces à la générosité peu commune de M. Suau père, nommé professeur (1), et des autres membres de ce corps utile, toutes les classes furent conservées, et Malliot continua son cours de fortifications; il y joignit un traité de l'attaque et de la défense des places. De nombreux élèves puisèrent dans ses leçons des principes dont l'application leur a mérité des titres honorables et les bienfaits du gouvernement. Malliot ne se borna pas à cette branche de l'instruction publique. Quoique la connais sance des costumes ne soit qu'une partie bien circonscrite de la science de l'antiquité, elle est encore immense, et ni les travaux des savans infatigables qui nous ont précédés, ni les découvertes nouvelles et fréquentes de monumens antiques, n'ont pu faire cesser entièrement l'obscurité qui en dérobe une partie à nos recherches. Présenter cette science dans son ensemble, la suivre dans tous ses détails, la développer graduellement, l'expliquer, l'enseigner enfin avec la précision, la clarté indispensables à son intelligence, c'était la tâche réservée à la sagacité, au jugement, à l'étude assidue. Joseph Malliot

(1) Voyez RIVALZ (le chevalier.)

l'a parfaitement remplie ; avant lui on ne possédait aucun ouvrage complet sur les costumes. Cependant les artistes réclamaient depuis long-temps un ouvrage de ce genre; et si l'école moderne avait su remonter aux origines, rejeter les traditions ridicules des maîtres qui avaient jeté quelque éclat sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV, elle le devait bien plus aux notes fournies par les archéologues, qu'aux ouvrages de Casaubon, de Saumaise, Ferrarius, Rubens et Bardon. Mais des notes fugitives ne pouvaient pas toujours suffire, et les recherches de Malliot assurèrent aux peintres et aux sculpteurs des autorités auxquelles ils devaient avoir la plus grande confiance. Ce n'était pas assez pour lui d'avoir ainsi servi, éclairé ceux qui cultivent les beaux-arts, il voulut laisser un monument de son zèle pour la gloire de sa ville natale. Dans des Mémoires sur les antiquités de Toulouse, sur les monumens qui y existaient, ou que l'on y possède encore, il a rassemblé beaucoup de faits intéressans, des notes précieuses sur les artistes nés à Toulouse ou dans les lieux voisins. Sa Notice sur le peintre Verrius, sa Dissertation sur le prétendu bouclier de Scipion, annoncent des connaissances variées, et cependant toujours dépouillées du faste pédantesque d'une érudition souvent déplacée. Les arts et la littérature ancienne ne l'occupaient pas tout entier. Il aimait les sciences physiques, et

il consacrait à l'histoire naturelle une partie de ses loisirs. Son herbier était, il est vrai, peu considérable; mais son cabinet de minéralogie était l'un des plus beaux de ceux qui existaient dans le midi de la France. Il a laissé, I. Recherches sur les costumes, les mœurs, les usages religieux, civils et militaires des anciens peuples, d'après les auteurs les plus célèbres et les monumens antiques, 3 vol. in-4., ornés de trois cents planches gravées au trait (1). II. Recherches historiques sur les antiquités, les curiosités, les établissemens, les principaux endroits, certains usages de Toulouse, et sur la vie de quelques artistes dont les ouvrages firent l'ornement de cette ville, manuscrit in-4. III. Quelques Dissertations imprimées dans des recueils académiques ou dans des journaux.Estimé comme savant, Malliot eut aussi, comme homme privé, des droits incontestables à l'estime des habitans de Toulouse: la franchise formait la base de son caractère; il était excellent citoyen, bon parent et ami fidèle. Malgré les infirmités qui accablent trop souvent la vieillesse des gens de lettres, il montra toujours beaucoup d'ardeur pour le travail, et même ces derniers instans furent en quel que sorte consacrés à la science archéologique. En démolissant les

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(1) Les planches des tomes II et III ont été gravées avec beaucoup de talent par M. Guillaume Roques fils, peintre, né à Toulouse, et élève du célèbre David.

murs du collége de Saint-Martial, des ouvriers avaient trouvé un buste antique en marbre, et beaucoup de médailles romaines. Prévenu de cette découverte, Malliot voulut aller recueillir ces monumens; il examinait ces précieux restes, lorsqu'une attaque d'apoplexie le frappa près du lieu jadis ombragé par l'orme des troubadours; il mourut peu de temps après, âgé de soixante-seize ans. Son éloge a été prononcé dans une séance publique de l'académie des Sciences, par l'auteur de cette notice. *

MALPEL. V. le Supplément. MALRAS (ANTOINE DE), né à Toulouse, et issu d'une noble famille, devint troisième président du parlement de cette ville, et donna un triste exemple de l'oubli où l'avarice peut entraîner un homme que sa fortune et son rang devaient être au-dessus des communes séductions. Malras, qui jouissait d'une grande considération, la perdit en un jour, comme nous allons le raconter. I surchargea dans des reconnaissances, les emphyteotes de sa terre de Beauville du double des devoirs portés dans les titres primitifs: le faux mal-adroitement conduit fut découvert ; le parlement se saisit de cette affaire, mais la cause fut évoquée à Paris au conseil par Malras luimême. Il s'y rendit pour se défendre, il l'essaya vainement; un arrêt le condamna à être dégradé de sa charge, et il fut ramené à Toulouse pour y subir la rigueur de ce jugement. Le 26 Août 1559,

il arriva conduit par des archers de la garde du roi; le 29 l'exécution eut lieu. On le revêtit de ses habits de magistrat dans la conciergerie où on le gardait, et de la il fut trainé au palais. Il entra dans la grand'chambre, où le parlement était réuni en robe rouge, sous la présidence de Jean Daffis, quatrième président. Malras, assis sur une escabelle au milieu du parquet, entendit lire, sans en mourir de honte, l'arrêt qui le déshonorait. Le premier huissier le dépouillant de son noble costume, lui jeta une vieille souquenille en place, et le ramena à pied à la prison qu'on lui avait donné. Qui eût pu croire qu'après une scène pareille, Malras siégerait encore dans ce tribunal qu'il avait profané, et que ses collègues le souffriraient parmi eux? La chose arriva néanmoins, tant l'intrigue á de force, tant les hommes changent dans leurs opinions. Malras, en 1563, se fit rétablir dans son office par le même conseil qui l'avait dégradé, et Laroche-Flavin, dans son histoire des parlemens de France, semble trouver l'affaire toute simple: car, dit-il, Malras n'avait pas délinqué en choses qui regardassent l'administration de la justice!!!.... Quelle excuse!! quels hommes!!! Et voilà les temps qu'on affecte sans cesse de regretter aujourd'hui ! Il est à remarquer que le président Laroche se garde bien de dire que Malras avait été injustement jugé; le crime existait toujours, et le coupable, dans son impunité,

osa depuis condamner d'autres coupables!! (Voyez ULMO. )

MANDINELLI ( ADEMAR ), docteur en droit, homme recommandable par ses lumières et par la modération de ses sentimens, fut nommé capitoul pour l'année 1562. Il était catholique, et sincèrement attaché à ses devoirs. Le sang des protestans avait déjà coulé à Vassy, à Rouen, à Sens, à Vendôme, à Loches, dans l'Anjou, dans le Maine, à Castelnaudary, à Toulouse même. On comptait dans cette grande ville plus de vingt mille réformés. Insultés, menacés à chaque instant, malgré les édits et la volonté du roi, ils voyaient les catholiques appeler à leur secours de nombreux soldats étrangers; le zèle de leur religion, les prédications de leur ministre, le désir de préserver leurs familles du fer ennemi, tout sembla se réunir pour engager les sectaires à prendre à leur tour une attitude imposante, et à s'emparer de quelques postes d'où ils pussent repousser les attaques qu'on voulait diriger contre eux. Pendant la nuit du 11 au 12 Mai, ils pénétrèrent dans l'hôtelde-ville et dans les colléges de Saint-Martial, de Périgord et de Sainte-Catherine, où ils s'établirent avec des forces et de l'artillerie, ainsi qu'aux portes de Matabiau et de Villeneuve. Cette opération faite avec le plus grand secret, et sans avoir éprouvé aucune résistance, donnait des avantages bien marqués aux religionnaires; en sorte que, comme

l'observe l'annaliste de Toulouse, « si le lendemain, au moment où le jour parut, on eût donné le signal du carnage, c'en était fait des catholiques. Ces dispositions si bien dirigées devinrent inutiles, parce qu'au lieu d'attaquer sur le champ, ils préférèrent traiter avec leurs ennemis, espérant qu'après avoir prouvé qu'ils auraient pu donner la loi, et s'immoler autant de victimes qu'ils comptaient d'ennemis, on traiterait avec eux avec plus de docilité. » Les capitouls entrèrent dans l'hôtel-de-ville, et c'est à la sagesse de leurs conseils, à leurs exhortations répétées, qu'on devait attri buer la modération des sectaires. Mandinelli harangua les plus emportés, et sur-tout les étudians formés en compagnies sous les ordres de Stopinien, de la Popelinière et de George Mignot. On pouvait espérer que la paix. ne serait point troublée; mais tout à coup le parlement fit sonner le tocsin, et de longs et sanglans combats portèrent bientôt le deuil et le ravage dans presque toutes les parties de cette populeuse cité. Enfin, les protestans proposèrent un traité de pacification, et l'on convint qu'ils laisseraient leurs armes dans l'hôtel-de-ville, se retireraient en toute sûreté où bon leur semblerait, ou bien demeureraient dans la ville. Une trève fut conclue le 16 Mai. Le lendemain, les protestans devant se retirer dans la soirée, firent le matin la cène et leurs prières, pendant lesquelles le trompette de

la ville chauta quelques psaumes qui furent entendus dans toutes les rues voisines. Les réformés comptaient sur la bonne foi de leurs adversaires; ils se trompaient. Poursuivis dans leur rctraite, ils tombèrent sous les coups de ceux qui naguères leur donnaient les titres sacrés de pareas, d'amis et de concitoyens. Ceux qui restèrent dans les murs de Toulouse furent réservés pour une mort infame. Mandinelli fut du nombre de ces derniers. On le trouva dans l'hôtel-de-ville, revêtu de la robe consulaire : les cachots s'ouvrirent pour lui; il y trouva le capitaine Saux, qui d'abord avait commandé les protestans, mais qui, devenu suspect aux siens, avait été chargé de fers par ordre du ministre Barelles. Le viguier Portal, Jean Teronde, avocat célèbre, et une foule d'autres personnages distingués par leurs charges, vinrent partager cette horrible et sombre demeure, que l'on désignait par le nom d'infernet. Bientôt l'appareil des supplices fut déployé de toutes parts. Le parlement, réduit à un petit nombre de membres, ne pouvait suffire au jugement de tous les prisonniers : le premier président était soupçonné d'hérésie par les catholiques zélés; on suspendit de leurs fonctions les présidens Dufaur et Bernuy, ainsi que vingt-huit conseillers, parce que ces magistrats ne voulaient point consacrer par des jugemens iniques les meurtres qu'une populace effrénée demandait à grands

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