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dit le 4 février 1790, je partage tous les fentimens du roi, je m'unis de cœur & d'affection à la démarche que fa tendreffe pour fes peuples vient de lui dicer: voici mon fils, je n'oublierai rien pour lui apprendre de bonne heure à imiter les vertus du meilleur des pères. Ah! qu'elle n'oublie jamais ces belles paroles, & la reine de France fera bientôt la reine chérie des françois.

(2) Et tout françois doit l'étre jufqu'à un certain point. Sans doute, car tout françois doit vouloir être libre, & par conféquent que le chef de l'Etat jouiffe de toute l'autorité néceffaire pour faire exécuter les loix, pour maintenir la sûreté & la tranquillité dans l'intérieur, & garantir l'empire des entreprises de fes ennemis. Voilà les bafes & les bornes de la puiffance royale; trop reftreinte, c'eft un vain fimulacre; étendue audelà de fes juftes limites, c'est un vrai defpotisme. Le patriote veut un roi, parce qu'il demande propriété, sûreté, liberté. L'ariftocrate veut un defpote, parce qu'il faut à fon orgueil des hommes à écrafer, & à fon avarice, des peuples à preffurer. Le patriote chérit le prince, & ne hait que la tyrannie; l'ariftocrate méprife le roi, & n'adore que le defpotifme. Et ne l'avons-nous pas vu avec indignation depuis quelques années? tandis que

la nation entière célébroit les vertus du monarque au nom duquel on l'écrafoit, les vils courtifans qui pilloient fon tréfor & dévoroient la fubftance du peuple, ne fe faifoient-ils pas un plaifir facrilège de couvrir de ridicule le prince dont ils furprenoient la religion & trahiffoient la bonté ? Et cette malheureuse reine qu'ils affectent de vanter aujourd'hui pour l'amorcer par de perfides louanges & l'entraîner dans leur chûte; cette reine qui n'a perdu l'amour de la nation que pour n'avoir jamais fu résister à leurs avides inftances, par combien de pamphlets, de chansons, de carricatures & de libelles n'ont-ils pas entaché fa réputation? Par combien de calomnies n'ont-ils pas exagéré fes fautes réelles ou fuppofées. Certes

ce n'eft pas le peuple, ce n'eft pas ce qu'on appeloit fi infolemment le tiers-état, qui a révélé les mystères du palais, qui en a divulgué la honte véritable ou prétendue : ce font ceux mêmes qui venoient, le dos courbé, y prostituer fi bassement leurs hommages, qui ont cherché à diffamer les dieux qu'ils adoroient, & à répandre leur impur venin fur la main qui les combloit de largesses & de faveurs. Ils feignent aujourd'hui de s'attendrir fur le fort de ces princes qu'ils ont fi indignement outragés. Ab! qu'ils fe gardent de fe laiffer toucher par ces larmes traîtreffes. Ce n'eft

pas Louis XVI & Marie-Antoinette qu'ils plai gnent, c'eft la fource tarie de leurs déprédations, c'est le defpotisme des ministres, c'est le règne des intendans, ce font leurs anciens brigandages qu'ils pleurent. Dans ce moment même où ils foupirent en public fur les débris du trône, où ils gémiffent fur l'aviliffement de l'autorité royale, où ils pouffent des cris douloureux fur les ruines de la monarchie; eh bien! en ce moment même, dans leurs converfations privées, ils accablent de farcasmes & de mépris ce prince, dont les plus ardens patriotes ne prononcent le nom qu'avec un faint refpect, & ils l'accufent d'une lâcheté stupide, parce qu'il veut être le roi & non le tyran de fon peuple, parce qu'il veut être le père & non l'affaffin de la nation. M. d'Artois & M. de Calonne, font les hommes auxquels ils adressent à présent tous leurs vœux, & qu'ils chargent de leurs dernières efpérances.

Nous n'ajouterons qu'un mot, c'eft que tout doit nous engager de part & d'autre à laisser repofer les haines & les divisions particulières pour concourir de concert au bien général. L'intérêt perfonnel qui fait jouer en tout fens les

refforts de tant de paffions, cet intérêt perfonnel lui-même l'exigeroit, fi le falut public ne le cómmandoit pas. Réfléchiffons fur les calamités que peuvent entraîner nos préventions & nos erreurs mutuelles, & hâtons-nous de prévenir les défastres dont nous fommes peut-être menacés. Nous fommes tous françois , foyons tous également les enfans de la patrie, & qu'un pardon généreux ne laiffe déformais dans nos cœurs d'autre fentiment que celui de la fraternité. Si le trône, comme l'a dit un illuftre orateur a des torts à excufer, la clémence nationale a des complots à mettre en oubli.

Fin du troisième Volume.

DES CHAPITRES

Contenus dans le troisième Volume.

CHAPITRE I. Convulfion de l'Empire François.
Etablissement des Adminiftrations Munici-
Changemens opérés dans la Capitale

pales.

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& le caractère de fes habitans. Fétes civi-
ques. Triomphe du premier Orateur de la li-
Affaire des poudres.

berté.

-

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Profcription

-

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Ré-

de M. de la Salle. Sa juftification.
flexions politiques fur cette affaire, page I
CHAP. II. Municipalité provifoire de Paris. — In-
fluence des préjugés ferviles fur le corps admi
niftratif & fur la liberté de la preffe. Syfteme
de M. Bailly, fes avantages & fes dangers.
Organisation de la Garde Nationale Pari-
fienne. Honneurs rendus aux Gardes-Fran-
coifes par les Diftrics. Belle réponse d'un
grenadier.- Empreffement des citoyens à mar-
cher fous les drapeaux de la patrie. Cérémo-
nies religieufes & militaires,
CHAP. III. Déclaration des droits de l'homme.

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15

Dangers de fa proclamation. - Projets de MM.
de la Fayette, l'abbé Sieyes & Mounier.
Altercations orageufes à ce fujet. Avantage
remporté par les partifans de la liberté.
Obfervations fur cette déclaration
CHAP. IV. Ouverture des travaux fur la Conftitu-
tion. Regrets des cafes privilégiées de leurs
facrifices du 4. août Leurs maneuvres inté-

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