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mandé, cette année, à la société d'agriculture plus de 400 kilogrammes de graines d'essences résineuses. (Cette société livre ces graines au prix de revient). Nous savons d'un autre côté que M. le préfet, qui encourage ces travaux, a établi un second employé pour les surveiller. Il y a donc maintenant, dans l'inspection de Clermont, un garde et un brigadier sans triage chargés de la surveillance des reboisements.

Si, comme l'ont annoncé divers journaux, ordinairement bien informés, M. le ministre de l'agriculture obtient, cette année, une subvention pour commencer le reboisement, il y a lieu d'espérer que le département du Puy-de-Dôme ne sera pas oublié et qu'il recevra une forte allo

cation.

Ce département, en effet, s'est occupé, un des premiers, du reboisement, et il convient de reconnaître et d'encourager ses efforts, dont le mérite et l'initiative sont dus en grande partie au conseil général, qui vote depuis trois ans 6,500 fr. pour cette importante amélioration; à la société d'agriculture, qui y affecte la plus grande partie de ses ressources (9,200 fr. sur 16,000 fr.); à M. l'inspecteur des forêts qui a donné l'impulsion aux agents qui le secondent de tout leur pouvoir, afin d'assurer le succès d'une œuvre si éminemment utile, et pour laquelle le pays leur devra une grande reconnaissance.

Nous faisons des vœux pour que le gouvernement et l'administration générale des forêts apprécient et récompensent tous ces travaux, que nous nous ferons toujours un devoir de signaler.

Un de nos plus habiles sylviculteurs, M. de Nau de Sainte-Marie, inspecteur-général des finances, vient d'obtenir de la cour royale de Caen un arrêt d'une grande importance pour la propriété forestière, dans un procès que lui avaient intenté des usagers, qui prétendaient que les semis, plantations et travaux d'assainissement opérés par lui dans la forêt de Saint-Évroult (Orne), lésaient l'exercice de leurs droits d'usage. Les prétentions des usagers déjà repoussées par un jugement du 4 mars 1844, rendu par le tribunal d'Alençon, ont été définitivement déclarées mal fondées par ledit arrêt, qui confirme sur tous les points le jugement du tribunal d'Alençon.

Il résulte de cet arrêt, comme de celui rendu par la cour de Rennes au sujet de la forêt de Paimpont, que quelle que soit la gêne que puisse en éprouver l'usager, le propriétaire d'une forêt grevée de droits d'usage a toujours la faculté d'y faire tous les travaux qui ont pour but l'amélioration et la conservation du sol forestier, sans que l'usager puisse prétendre à aucune indemnité pour le préjudice qu'il peut en éprouver.

Erratum du dernier numéro.

Pag. 151, 3 alin. re ligne, prés, bois, pâtures et pâturages, lisez sans virgules prés-bois pâtures et pâturages.

RECHERCHES

SUR LA COMPOSITION ÉLÉMENTAIRE DE DIFFÉRENTS BOIS

et sur le rendement annuel d'un hectare de forêts'.

2e MÉMOIRE LU A L'ACADÉMIE DES SCIENCES LE 20 JANVIER 1845.

En commençant ce travail, je demande à l'Académie la permission de jeter un coup d'œil rétrospectif sur les deux mémoires que j'ai eu l'honneur de lui soumettre sur la question forestière, et qu'elle a accueillis avec cette indulgente bienveillance que j'espère rencontrer encore près d'elle aujourd'hui.

Le premier de ces mémoires avait pour objet d'établir le plan de mon travail, le but que je me proposais et qui était la détermination du produit réel, c'est-à-dire du rendement moyen annuel d'un hectare de forêt en carbone, hydrogène, oxigène, azote et cendres, et la comparaison de ce rendement annuel pour différentes forêts suivant le climat, l'exposi tion, la nature du sol, celle des essences qui le couvrent, suivant le mode d'aménagement et d'exploitation adopté. Comme exemple de la méthode que je me proposais d'employer, je donnais ces calculs pour deux futaies de hêtre, situées dans les Vosges.

Dans le second mémoire, j'ai cherché à déterminer quelle pouvait être l'influence de l'eau sur la végétation des forêts.

Dans chacun de ces travaux, dans tous ceux qui me restent à faire pour remplir la tâche que je me suis imposée, l'unité statistique qui forme la base de tous les raisonnements, de tous les calculs, est le stère de bois de feu, dont la valeur comparative ne peut être déterminée qu'au moyen de deux éléments, le poids du bois sec qu'il contient, et la composition élémentaire de ce bois.

J'ai été obligé de supprimer, pour l'impression de ce mémoire dans les Annales forestières, la plus grande partie des tableaux qui l'accompagnaient, et qui se sont trouvés réduits de 27 à 5.

Cette réduction a amené la suppression de tous les chiffres exprimant les poids individuels des 636 stères sur lesquels j'ai opéré, ainsi que ceux des fagots, excepté toutefois pour le bois de quartier de hêtre conservé comme exemple de la marche suivie pour les autres bois. Il en est résulté forcément aussi la suppression de tous les détails relatifs aux 112 analyses qui ont été faites sur les divers bois, et aux dosages d'azote correspondant à ces analyses.

En outre, dans les calculs relatifs à la puissance calorifique d'un stère de différents bois, j'avais adopté d'abord pour puissance calorifique du carbone le chiffre donné par Dulong, soit 7170. Depuis, MM. Favre et Silberman ont fait connaître le chiffre résultant de leurs expériences, qui est 8086. J'ai introduit cette correction dans les tableaux que je publie aujourd'hui, et qui different par là en quelques points de ceux que j'avais présentés à l'Académie des sciences.

MAI. 1846.- 1.

(Note de l'auteur.)

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J'ai déjà donné le poids du stère pour quelques espèces de bois et dans certaines circonstances limitées, mais sans rapporter le détail des expériences, et en priant l'Académie de vouloir bien admettre des chiffres que je prenais l'engagement de justifier plus tard. Aujourd'hui je viens remplir cet engagement et soumettre au jugement de l'Académie les tableaux des expériences qui m'ont servi à déterminer, dans des circonstances variées de sol, d'exposition et d'âge, le poids d'un stère des différentes essences forestières qui croissent sur le versant occidental des Vosges. J'y joindrai en même temps le complément des analyses que je n'avais données dans mon premier travail que pour quelques espèces de bois, tous venus dans le grès bigarré, et qui bien que m'ayant permis de considérer ces bois comme ayant une composition constante pour chaque espèce, ne pouvaient encore faire préjuger si cette uniformité de composition se maintiendrait pour les mêmes bois venus dans des terrains différents. Et, je me hâte de le dire, les nouvelles analyses qui ont été faites sur des bois venus dans le grès bigarré, le grès vosgien et le muschelkalk, ont confirmé, à très-peu d'exceptions près, ce résultat déjà trouvé dans les premières, que la composition élémentaire du bois, écorce comprise, peut être considérée comme constante pour presque toutes les essences quels que soient l'âge du bois analysé, le terrain et l'exposition dans lesquels il a végété.

En combinant les chiffres qui représentent le poids du stère des différentes espèces de bois avec ceux qui expriment la composition élémentaire de ces mêmes bois, j'ai été amené à déterminer la quantité de carbone et d'hydrogène libre contenue dans un stère, et par suite, la puissance calorifique du stère des différents bois, abstraction faite de l'eau hygrométrique et de celle qui entre dans la composition même de la matière ligneuse.

Tous ces résultats sont résumés dans le tableau no 1, où les bois sont rangés suivant leur puissance calorifique, calculée pour un stère, et où leur valeur comparative est représentée ensuite par une série de coefficients, disposés de telle sorte que l'unité correspond au stère de chêne à glands sessiles, dont la puissance calorifique, différant au reste bien peu de celle du hêtre, a été reconnue supérieure à celle de tous les autres bois. L'Académie me pardonnera cette digression nécessaire pour lui rappeler la marche des travaux successifs qui me restent à lui présenter, et peut-être aussi pour bien préciser le point auquel ils sont arrivés et ce qui reste à faire pour en atteindre le but. Mais avant de rentrer dans mon sujet et de passer aux chiffres qui se rapportent à chacune des espèces de bois, je lui dois compte encore de la manière dont j'ai procédé dans les expériences qui ont servi à déterminer ces chiffres.

Les forêts sur lesquelles je pouvais expérimenter sont situées, partie dans le grès vosgien, partie dans le grès bigarré et partie dans le mus

chelkalk. J'ai fait couper dans chacun de ces terrains et, autant que possible, dans les expositions les plus variées, un certain nombre de stères de chacune des espèces de bois qui y croissent.

Pour le grès vosgien, où les pentes des montagnes me le permettaient, j'ai pu me placer dans cinq circonstances différentes ;

1o Sur des crêtes arides et battues des vents;

2o Sur des pentes arides exposées au sud;

3o Sur des pentes fertiles exposées au sud-est ou au sud-ouest;

4o Sur des pentes fertiles exposées au nord, au nord-est et au nordQuest;

Et 5o dans des terrains fangeux.

Pour le grès bigarré et le muschelkalk, je ne pouvais opérer que sur des plateaux où les mouvements du sol sont, en général, peu sensibles. J'ai donc été obligé de partager les bois coupés en trois classifications seulement, mais dont le rapport avec les cinq autres est facile à établir.

1° Terrains secs et arides;

2o Terrains fertiles;

3o Terrains fangeux.

Le nombre de stères coupés a été de 650, comprenant 9 essences différentes, savoir : Le hêtre, le chêne, le charme, le bouleau, le tremble, l'aune, le saule, le sapin et le pin; mais par suite de différents accidents arrivés pendant le cours des expériences, les résultats obtenus ne comprennent plus que 636 stères. Ces bois ont été coupés et empilés par les mêmes ouvriers, surveillés et suivis pendant toute l'opération, qui a duré plusieurs mois, par les mêmes agents; ils ont tous été pesés en forêt, par le même homme, avec la même balance et les mêmes poids. Ces précautions étaient nécessaires pour rester dans des circonstances comparables, et c'est ici le cas de faire observer que toute la partie forestière de ce travail a dû être faite avec le même soin minutieux que la partie chimique, car sans cela la base eût cessé d'en être exacte, et les résultats d'être comparables entre eux.

Les branches et brindilles au-dessous de 3 centimètres de diamètre ont été mises en fagots de 0 mètre 645 de circonférence sur 0 mètre 906 de longueur. Ces fagots ont été l'objet des mêmes soins que les stères de bois, et soumis ensuite aux mêmes expériences qu'eux.

Les pesées en forêt ont eu lieu à mesure du façonnage des bois; au moment même de la pesée, on a pris, à différentes hauteurs, dans chaque stère, trois buchettes de grosseurs différentes, pour en représenter la composition moyenne. Dans les fagots on a pris de même un certain nombre de brins. Ces buchettes et ces brins, préservés immédiatement de l'humidité extérieure et pesés avec soin le même jour au laboratoire, pouvaient être considérés comme contenant en moyenne

la même quantité d'eau hygrométrique que le stère ou le fagot dont ils avaient été extraits, et servir par conséquent, après une dessication convenable, à déterminer la quantité de bois sec contenue dans ce stère ou ce fagot. Je les ai placés, pendant six semaines, dans une étuve dont la température a été maintenue en moyenne, du matin au soir, de 40 à 46°. Au bout de ce temps, des dessications complètes, faites sur le tiers environ des échantillons placés dans l'étuve, ont prouvé que tous ceux appartenant à une même qualité de bois étaient arrivés à un degré de dessication sensiblement égal. Ces dessications complètes ont été faites en sciant transversalement les échantillons, et plaçant, pendant plusieurs jours, les sciures dans le vide sec, après les avoir préalablement et à plusieurs reprises chauffées à 140 degrés. Connaissant ainsi la quantité d'eau hygrométrique qui restait encore dans chacun des échantillons et le poids de ceux-ci, il a été facile d'en déduire le poids de bois sec qu'ils contenaient, puis, au moyen de proportions, le poids de bois sec contenu dans chacun des stères ou des fagots dont ces échantillons avaient été primitivement extraits.

Quant aux analyses, j'ai opéré de même sur des sciures parfaitement sèches, obtenues avec une scie très-fine et ayant très-peu de voie, de manière à éviter d'entamer l'écorce ou les parties tendres plus que les parties les plus dures. Pour chaque stère, ces sciures ont été prises proportionnellement dans chacune des trois buchettes représentant ce stère, et comme celles-ci étaient elles-mêmes, ou des sections entières de la tige ou de la branche, ou des prismes dont la base avait un de ses angles au cœur de l'arbre, et pour côté opposé à cet angle l'écorce elle-même, il en résulte qu'en donnant les traits de scie transversalement, les sciures obtenues représentaient exactement la composition moyenne des bois analysés en écorce, aubier, bois et cœur. Des précautions analogues ont été prises pour les analyses des fagots. Le dosage du carbone et de l'hydrogène a été fait par la méthode ordinaire. Celui de l'azote par le procédé de M. Dumas. Et je saisis avec empressement l'occasion qui s'offre à moi de prononcer son nom, pour le remercier ici de nouveau de l'appui et des conseils que j'ai trouvés près de lui, durant le cours de ce long travail, dont toute la partie chimique a été faite sous ses yeux, dans son laboratoire, et ainsi que pour mes premières recherches avec la collaboration de M. Melsens.

Bois de Hétre.

Le nombre de stères coupés dans le grès bigarré a été de
Dans le grès vosgien, de
Dans le muschelkalk, de .

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48

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80

25

Ensemble 153 stères.

Le tableau B (no 2) contient le poids de tous les stères de bois de

quar

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