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CHRONIQUE FORESTIÈRE.

SOMMAIRE. Revue administrative. Examen d'admission à l'Ecole forestière. — Chambre des députés. Discussion sur le crédit de 93 millions demandés par le ministre de la marine. Approvisionnement en bois. Questions de la durée et de la conservation des bois. Régime du martelage et régime actuel. Chambre des pairs. Commission nommée pour le projet de loi sur le défrichement. Rapport de M. Beugnot. Revue scientifique. Société d'agriculture. Prix et récompenses pour travaux forestiers. - Société d'encouragement. Prix à décerner en 1846. Congrès central d'agriculture. Session de 1846.

Revue industrielle. Continuation de la hausse du prix des bois. Approvisionnements en bois des chemins de fer. Cours des fers.

Revue administrative.

Examen d'admission à l'Ecole forestière. L'affluence des candidats qui se présentent au concours d'admission pour l'Ecole forestière, devient de jour en jour plus considérable. Les demandes qui sont parvenues à l'administration centrale annoncent que, cette année, les candidats ne seront pas moins nombreux que les années précédentes. Nous croyons devoir rappeler aux familles qui auraient l'intention de présenter leurs enfants au concours prochain, qu'il est nécessaire que la demande d'admission et les pièces qui doivent l'accompagner soient parvenues pour le 10 juin au plus tard, à l'administration centrale, à Paris, où elles doivent être directement adressées sans passer par l'intermédiaire des préfectures. Les pièces qui doivent accompagner la demande sont :

1o L'acte de naissance dûment légalisé, constatant que l'aspirant aura, au 1er novembre, dix-neuf ans accomplis et n'en aura pas plus de vingtdeux;

2o Un certificat dûment légalisé d'un docteur en médecine, attestant que l'aspirant est d'une bonne constitution, qu'il a été vacciné, ou qu'il a eu la petite vérole et qu'il n'a aucun vice de conformation ni infirmité qui le rende impropre au service forestier;

3o Le diplôme de bachelier ès lettres. Néanmoins, le candidat qui ne serait pas encore pourvu de cette pièce, pourra y suppléer par un certificat constatant qu'il a fait ses études classiques jusqu'à la rhétorique inclusivement, à charge par lui de produire le diplôme à l'administration des forêts le 15 octobre au plus tard.

4o La preuve qu'il possède un revenu annuel de 1,500 fr. au moins, ou, à défaut, une obligation par laquelle ses parents s'engagent à lui fournir une pension de pareille somme pendant son séjour à l'Ecole forestière, et une pension de 600 fr. depuis le moment où il sera employé comme garde général en activité.

Les demandes d'admission au concours, et les pièces justificatives ci

dessus indiquées, devront être parvenues à l'administration des forêts le 10 juin au plus tard.

Les aspirants ne peuvent être examinés que dans l'arrondissement d'examen où le domicile de leur famille est établi, ou dans celui où ils ont achevé leur première instruction, pourvu qu'ils y aient étudié au moins une année.

← CHAMBRE Des députés. Discussion sur le crédit de 93 millions demandés par le ministre de la marine. Approvisionnements en bois. Questions de la durée et de la conservation des bois. Régime du martelage et régime actuel. Comme nous l'avions prévu dans la dernière chronique, la discussion qui a eu lieu à la Chambre des députés sur les approvisionnements de la marine, a soulevé plusieurs questions qui touchent aux intérêts forestiers. Ainsi, parmi les orateurs qui ont pris la parole pour attaquer ou défendre l'administration de la marine, il en est plusieurs qui ont signalé incidemment la différence de durée des bois conservés dans les chantiers d'approvisionnements, ou employés dans les vaisseaux à la mer, et qui ont parlé des moyens actuellement en usage pour conserver ces bois et augmenter leur durée. Mais il n'est sorti de ce débat aucun fait de nature à répandre quelque lumière sur cette question importante et sur les avantages des procédés mis en usage par l'administration de la marine '. La question de l'approvisionnement des bois a donné lieu à MM. de Lasteyrie, Billault, Chasseloup-Laubat, D'Angeville et Thiers d'attribuer, la déplorable situation de nos chantiers maritimes, aux fautes et à la longue incurie de l'administration de la marine. Ces accusations, vivement formulées, n'étaient peut-être pas toutes d'une égale justesse. Les défenseurs de la marine en ont repoussé quelques-unes avec succès. Mais il ne faut pas que l'unanimité du vote, qui a alloué les 93 millions, fasse illusion sur l'impression qu'ont laissé ces débats, impression peu favorable en dedans comme en dehors des chambres, à la manière dont nos intérêts maritimes sont administrés, surtout en ce qui concerne les approvisionnements, et dont la marine, si elle est sage et prudente, doit tenir grand compte pour l'avenir.

Quant au chiffre des approvisionnements en bois, M. Thiers a trouvé demande du ministre insuffisante, et a soutenu que, pour arriver à un résultat sérieux, il fallait élever le chiffre de 180,000 stères à 300,000. A ce sujet, il a signalé la disparution des bois en France et dans tous les autres pays; et, comme remède, il a demandé, avec la marine, le rétablissement du droit de martelage et le retour à l'ancien mode d'approvi

'Les Annales maritimes viennent de publier un discours que l'honorable M. Nozerau, se proposait de prononcer à la tribune, et dans lequel il entre dans des détails techniques sur les meilleurs procédés de conservation en usage aujourd'hui. Nous reviendrons sur ce discours qui n'a pas été prononcé, mais auquel l'organe officiel de la marine donne une certaine importance en le reproduisant in extenso à la suite du compte-rendu de la discussion.

sionnement. Nous croyons que cette partie de l'opinion de l'honorable député, sous l'administration duquel une portion des bois de l'Etat a été aliénée, présente plus d'une sorte d'erreurs, et qu'un examen plus approfondi de la question amènerait promptement un esprit aussi clairvoyant et aussi net à reconnaître que les ressources forestières de la France sont plus que suffisantes pour satisfaire à tous les besoins de la marine, et que, sous le régime actuel, la marine pourrait faire, si elle le voulait, ses approvisionnements avec plus de facilité et à meilleur marché que sous le régime du martelage.

C'est ce que l'honorable M. D'Angeville a cherché à démontrer en répondant à la fois aux assertions de M. Billault et de M. Thiers ; cependant, comme il paraît rester encore des doutes sur cette question dans certains esprits, nous y reviendrons au moment où elle sera portée à la Chambre des pairs, et les documents que nous produirons dissiperont, nous avons lieu de l'espérer, toutes les incertitudes qui peuvent encore exister à ce sujet.

M. le contre-amiral Le Ray, pour justifier la commission d'avoir proposé un chiffre insuffisant pour l'approvisionnement des bois de chêne, a annoncé qu'elle était disposée à élever ce chiffre, mais que M. le commissaire du roi avait déclaré que les localités, où il était possible de conserver les bois de chêne, ne permettaient pas d'augmenter l'approvisionnement de plus de 10 à 12,000 stères.

En résumé, par suite des changements apportés dans le projet ministériel, il restait une somme de 13 millions sans emploi sur les 93 millions demandés par le ministre; par un amendement présenté par MM. Thiers et Janvier, cette somme a été appliquée aux approvisionnements en bois. Le projet ainsi modifié a été adopté à l'unanimité.

Sur une interpellation de M. Vatout, dans la séance du 16 mai, M. le ministre des finances a déclaré que la commission mixte du reboisement avait achevé son travail, et que l'administration se trouvait en mesure de proposer un projet de loi, dès la session prochaine. Pourquoi donc ne serait-il pas joint au projet de loi sur le défrichement, avec lequel il a une telle connexion, qu'on comprend difficilement comment et pourquoi il a pu en être détaché?

CHAMBRE DES PAIRS. Commission nommée pour le projet de loi sur le défrichement. Rapport de M. Beugnot. La commission nommée par la Chambre des pairs pour examiner le projet de loi sur le défrichement a achevé son travail, et son rapporteur, M. le comte Beugnot, a déposé son rapport qui a été imprimé dans le Moniteur. L'importance de ce document nous a déterminé à le publier dans ce numéro, en l'accompagnant toutefois de quelques observations. La commission n'a pas seulement amendé le projet ministériel; elle l'a démoli jusqu'à la base pour lui en substituer un autre qui repose sur des principes tout opposés. Il

serait à regretter que le débat ne s'ouvrît pas cette année à la Chambre des pairs. Bien que la session soit trop avancée pour que le projet de loi pût être porté à la Chambre des députés, l'examen de ce projet dans la Chambre haute, où se trouvent de grands propriétaires et d'anciens administrateurs que leur position a mis à même d'étudier de longue main ces matières difficiles, appellerait la lumière sur cette question importante qui touche à la fois aux intérêts de la propriété et de l'agriculture, comme à ceux de l'industrie et de la marine.

Revue scientifique.

← Société d'agriculture. Prix et récompenses pour travaux forestiers. La Société royale et centrale d'agriculture, dans sa séance publique du 19 avril dernier, tenue sous la présidence de M. le ministre de l'agriculture, a distribué les prix qu'elle accorde, avec trop de parcimonie peut-être, aux travaux agricoles qui méritent d'être signalés à la re connaissance publique. Parmi ces prix, cinq ont été décernés à des travaux forestiers. M. Jaubert De Passa a obtenu un prix de mille fr., pour avoir replanté 300 hectares en chênes et chataigners sur des pentes abruptes, au pied du Canigou. La plantation de 800 hectares dans la Sologne a valu à M. de Mainville la grande médaille d'or. Des médailles d'argent ont été accordées à MM. Mahul, Hemelot, Du Sablon, pour des plantations. d'essences résineuses; à MM. Eugène Robert, Chassériau, de Rochefort et Blisson, du Mans, pour des expériences sur la destruction des insectes nuisibles aux arbres. Mais la récompense que nous mentionnons avec le plus de plaisir est celle qui a été accordée à M. Chevriey, brigadier forestier, à la Croix-aux-Bois, forêt des Colettes, cantonnement de SaintPourçain, auquel la société a décerné une médaille d'argent, pour avoir, tout en remplissant son service ordinaire avec une exactitude exemplaire, semé et planté 85 hectares de terrains vagues, en friche, jusqu'alors improductifs et aujourd'hui couverts d'un peuplement serré, vigoureux, et dans un état de prospérité qui ne laisse rien à désirer. Nous nous plaisons à signaler, entre toutes les autres, la mention des travaux de M. Chevriey, autant pour rendre hommage aux services utiles et modestes de ce préposé, que pour engager MM. les agents à se faire un devoir de désigner aux récompenses proposées par les différentes sociétés, ceux de leurs subordonnés qui y ont des droits.

Société d'encouragement. Prix à décerner en 1846. Nous rappelons aux forestiers qui auraient à se mettre sur les rangs pour les prix que la Société d'encouragement se propose de décerner pour des travaux de reboisement et de plantations d'essences résineuses, qu'ils doivent se hâter de faire parvenir les pièces qui constatent leurs travaux au sécrétariat de la Société. Nous engageons vivement les agents et les préposés par les soins desquels des repeuplements et des plantations d'arbres résineux ont été

effectués, soit dans les forêts de l'Etat, soit dans celles des communes, à se mettre sur les rangs et à remplir sans retard toutes les formalités nécessaires pour cela. Nous leur offrons avec plaisir notre intermédiaire pour faire parvenir leurs pièces au secrétariat de la Société et pour toutes les démarches à faire auprès d'elle.

Congrès central d'agriculture. Session de 1846. Le congrès central d'agriculture s'ouvrira le 18 mai, à dix heures du matin, dans la grande salle de la Sorbonne, que M. le ministre de l'instruction publique a bien voulu mettre à sa disposition. La session durera huit jours et finira le 25 mai. Pour utiliser tous les moments, la commission d'organisation a cru devoir proposer au congrès de discuter, dès la première séance, question des engrais, puis celle des bois. Nous tiendrons nos lecteurs au courant des résultats de cette dernière discussion, qui est indiquée en ces termes dans le programme. Bois: Moyens d'améliorer la production et l'exploitation forestières. Défrichement.

Revue industrielle.

Continuation de la hausse du prix des bois.

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Approvisionnement en bois des chemins de fer. La hausse continue sur les prix des bois de service. Ces bois deviennent de plus en plus rares. Aussi trouve-t-on difficilement, pour les besoins du charronnage, des arbres assez vieux de coupe pour promettre un bon usage.

Cette rareté est le résultat des immenses approvisionnements demandés par les chemins de fer, et encore les administrations des lignes de Lyon et de Strasbourg n'ont-elles passé leurs marchés que sur quelques parties de leur parcours.

Pour éclairer à la fois les propriétaires de forêts et le commerce de bois sur l'influence que cette consommation, en dehors des besoins ordinaires, peut exercer sur les marchés, nous avons cru devoir publier dans cette livraison, le résultat de nos recherches sur la quantité des bois nécessaires à cette ligne et sur les limites du cercle des forêts qui sont appelées, par leur position, à fournir cet approvisionne

ment 1.

Les causes qui influent sur le prix des bois de service agissent aussi sur celui des fers dont les cours se maintiennent toujours fort élevés. En Angleterre, la situation n'est pas différente. Le Stendard annonce que les circulaires des principales maisons, engagées dans l'industrie métallurgique, font connaître que, pour le mois de mai, aucune réduction n'a eu lieu et n'aura probablement lieu sur les prix des fers récemment fixés.

1 Voir page 246.

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