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Si l'on pense à l'étendue et à la difficulté d'un tel travail, à l'attention minutieuse qu'il impose, aux vérifications multipliées qu'il exige, on nous saura quelque gré du temps, des peines et des soins qu'il nous a

coûtés.

Le tome Ier, est termine par une table alphabétique des matières; il y a aussi une Table des titres et chapitres.

Le tome II a deux tables, l'une des noms des auteurs, avec des renvois aux numéros où leurs ouvrages sont annoncés; l'autre, des matières dont ces ouvrages traitent, afin que, sur un sujet quelconque, on puisse trouver à l'instant même les auteurs qui s'en sont occupés. Cette dernière table manquait tout-à-fait aux précédentes éditions: et celle des noms des auteurs, outre qu'elle était incomplète et souvent fautive, avait encore cet inconvénient, qu'à la suite du même nom se trouvaient souvent plusieurs numéros, auxquels il fallait successivement recourir avant de rencontrer l'article qu'on cherchait. Nous avons paré à cet inconvénient par le soin que nous avons pris de faire précéder chaque numéro de l'indication sommaire de l'ouvrage auquel il renvoie.

On n'a rien épargné, du reste, pour que cette 4. édition remplit son objet.

Elle est sur papier collé, propre parconséquent à recevoir des notes.

On a tiré quelques exemplaires du second volume sur papier in-4°., pour faciliter les additions aux amateurs de bibliographie.

J'avais annoncé, tome II, page 190, des Notices sur quelques-uns de nos plus anciens livres de jurisprudence, tels que Pierre de Fontaines, Beaumanoir, Montluc, Guillaume du Breuil, Jean Des-Mares, le grand Coûtumier de Charles VI, Bouteiller, les Assises de Jérusalem, les Lois anglo-normandes, les Etablissements de St.-Louis, etc., etc.; mais le volume se trouvant déjà singulièrement grossi par les tables, il a fallu renoncer au projet d'y faire entrer ces notices. Je les publierai séparément.

Nous avons

cru devoir enrichir cette nouvelle

édition de l'Éloge de M. Camus, par M. Toulongeon; c'est un hommage que nous rendons à l'un et à l'autre. A la suite de l'Éloge se trouve placé le Discours prononcé par M. Frochot, préfet de la Seine, lors des funérailles de M. Camus.

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DE A. G. CAMUS,

PAR F. E. TOULONGEON,

MEMBRE DE L'INSTITUT ET DU CORPS-LÉGISLATIF.

.....

Tout en croyant avoir à se plaindre de sa sévérité, ils n'ont pu se défendre d'admirer et d'estimer le caractère. de cet homme trop rare, qui ne comprit jamais qu'il existât un moyen terme entre le juste et l'injuste.....

(Discours funèbre par M. FROCHOт, préfet du dépar tement de la Seine.)

Le caractère de cet homme trop rare, qui ne comprit jamais qu'il pút exister un moyen terme entre le juste et l'injuste, est un problême dont la solution intéresse la morale et l'esprit public.

En parcourant les événements qui ont rempli le cours de sa vie, on trouve un contraste entre la philosophie et les opinions religieuses, entre les préjugés et le raisonnement, entre la froide raison et l'esprit de parti, entre les devoirs civils et l'esprit de corps; celui qui, avec tous les moyens que donnent les lumières acquises, est toujours parvenu à concilier ces contraires, à mettre sa conscience en repos dans le conflit de tous ces devoirs souvent opposés, est l'homme de bien que peint Sénèque, luttant avec la mauvaise fortune. Un précis historique

des époques de la vie de M. Camus, qui ont précédé ou produit cette lutte intérieure dans une ame forte, pure, suffira pour expliquer et motiver sa conduite.

Armand-Gaston Camus est né en 1740; son père était procureur au Parlement de Paris, jouissant d'une grande réputation de savoir et de probité, et ayant la confiance de plusieurs familles illustres, telles que les Rohan, et de plusieurs maisons souveraines, telles que l'électeur de Trève et les princes de Salm.

Il eut pour parrain un cardinal, Armand-Gaston de Rohan, que M. d'Argenson disait avoir été le plus parfait modèle d'un grand seigneur aimable; il eut pour instituteurs plusieurs professeurs célèbres dans l'Université; ce temps était celui des bonnes études, qui ont tant d'influence sur le cours de la vie, parce qu'elles développent les facultés diverses de l'esprit, et portent l'activité vers celles de ces facultés que la nature a privilégiées en nous. Camus se destina d'abord à la noble et libre profession d'avocat, et se fit connaître au début par quelques éditions d'ouvrages classiques, et par des Règles pour former un ävocat; écrit dönt Boucher-d'Argis fait un grand éloge. Il y avait alors plusieurs jurisprudences qui formaient chacune un code particulier et souvent opposé, sous le nom de droit public, droit romain, droit français, droit coûtumier, droit ecclésiastique; celui-ci, par des circonstances, peut-être aussi par suite de la première éducation, dévint l'objet principal de ses études. Vainement alors un esprit sain eût voulu se dégager de toutes ces enveloppes: c'étaient les langes du barreau, et J.-J. ne les avait pas encore ôtés à l'enfance.

A cette époque, et par suite commencèrent ces prétentions litigieuses de la cour et des parlements, qui furent aussi les premiers tocsins de la révolution en France, lorsque Maupeou, chancelier, s'arma de l'autorité royale et absolue contre la magistrature insurgente et tutélaire. Camus, jeune avocat, se rangca d'abord avec ses confrères du parti qui ressemblait à la liberté publique, et qui la promettait; il écrivit contre le ministre, puis ferma son cabinet, et se retira à Auteui!. C'est dans cette retraite qu'il entreprit de traduire le Traité des ani

maux, d'Aristote, en 2 vol in-4°. Cette traduction lui valut une place à l'académie des belles-lettres.

Bientôt la cour, usant encore de són autorité incertaine et versatile, regretta et rétablit les parlements, qu'elle avait détruits et exilés : les avocats reprirent leurs fonctions. Camus obtint des places honorables. qu'il ne sollicita point; il fut nommé avocat du clergé, et reçut, sans l'avoir demandée, une des pensions que le Roi donnait aux anciens avocats. Si, dans la suite, il ne se crut pas obligé de défendre le clergé et les pensions, c'est qu'il avait des principes antérieurs à ces engagements.

La vie politique de Camus commença avec les troubles de la France, avec ce temps où chacun prit le parti, ou de ses préjugés, ou de ses intérêts, ou de ses opinions politiques. Camus se rangea du parti de sa conscience; il était non seulement croyant de cette religion que Newton aussi croyait, et qu'avait défendue Pascal; Camus était ce qu'on appelle dévot, c'est-à-dire, religieux par principes et par pratiques habituelles; il était plus, il était janseniste. Ce parti, dans l'Eglise (car ce n'était point une secte), occupa long-temps nos pères; nous en rions aujourd'hui; mais les savants solitaires de Port-Royal, les Arnaud, les Pascal, y pensaient sérieusement et profondément; et, sous-de telles autorités, plusieurs familles, surtout dans la robe et dans la haute bourgeoisie de Paris, avaient pu se faire une professión de foi qu'avaient scellée et cimentée d'absurdes et ridicules persécutions. Le jansenisme était dans l'Eglise romaiue ce qu'était le stoïcisme dans l'école des philosophes, et les mœurs de Sparte dans les institutions politiques; une surabondance de principes et d'actes dans la voie de la perfection, un rigorisme scrupuleusement recherché; tout y était assorti dans l'intérieur des familles, les usages, les costumes, et aussi les mœurs; les spectacles, les danses, les parures, étaient prohibés comme des mondanités; les heures étaient réglées, les formes prescrites, les devoirs circonscrits dans une étroite observance; et de ces institutions, quelquefois même exagérées, jaillissait une source féconde de vertus privées et une disposition prochaine aux vertus publiques. Camus arriva aux affaires avec

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